27 ~ One Step at a Time
Assise dans le camion où elle avait été traînée par Killian, Eryn regardait droit devant elle sans vraiment voir quoique ce soit. Elle avait à peine conscience des secousses créées par la conduite effrénée du jeune soldat de feu. Killian avait pris le volant du véhicule en voyant l'état dans lequel se trouvait la jeune soigneuse. Il ne savait pas où il devait aller, mais il roulait. Il ne pouvait pas s'empêcher de tourner la tête vers la jeune fille en état de choc assise à côté de lui. Il essayait de lui parler, d'obtenir une réaction, n'importe quoi, mais Eryn distinguait à peine quelques sons étouffés provenant des paroles que lui adressait le jeune homme.
Elle n'arrivait plus supporter le flot incessant d'émotions qui la ravageait. Elle n'arrivait plus à gérer ce qu'elle ressentait. La jeune fille essayait coûte que coûte de bloquer ce surplus émotionnel qui la paralysait.
Elle avait d'abord commencé par tenter d'arrêter de penser à ce qui venait de se passer. Cela ne pouvait pas être arrivé. Tout ceci n'était pas réel. Il ne pouvait s'agir que d'un cauchemar. En voyant qu'en mettant un terme à ses pensées assaillantes elle ne se sentait pas mieux, elle se concentra sur ce qu'elle ressentait. Plus précisément, sur ce que ses émotions provoquaient sur son organisme. Elle focalisa son attention sur l'angoisse diffuse qui la rongeait suite à ce qu'elle avait potentiellement pu voir et faire il y a de ça quelques... Minutes, heures ? Elle ne savait plus. Le temps avait arrêté de s'écouler normalement. La jeune fille avait complètement perdu cette notion.
L'angoisse faisait battre son cœur bien trop vite et de façon trop irrégulière dans sa poitrine. Elle se concentra ensuite sur la peur qui lui nouait l'estomac en lui coupant toute envie de manger puis sur sa respiration chaotique qui lui donnait le sentiment d'étouffer. Peu importe la manière dont elle essayait d'engouffrer de l'air dans ses poumons, rien ne parvenait à lui procurer la sensation d'inspirer de l'oxygène. Chaque respiration était douloureuse, brûlante. L'air qui pénétrait dans ses narines et qui descendait le long de sa trachée ne réussissait qu'à lui assécher la gorge en la rendant incapable de prononcer un mot. En plus de cela, un poids oppressant s'acharnait sur sa cage thoracique sans lui laisser une seule seconde de répit.
Ses émotions se déchaînaient à l'intérieur. Elles lui tordaient les entrailles, lui broyaient le cœur et bloquaient sa respiration. Elles ne demandaient qu'à sortir et éclater. Pourtant, cela était impossible. Son propre corps l'emprisonnait. Il retenait ces émotions ingérables en se contractant de toutes parts, ce qui donnait l'impression à la jeune fille de glace d'avoir des entraves sur chaque centimètre carré de la peau.
Bientôt, les sons que captaient ses oreilles devinrent incompréhensibles et se transformèrent en un bourdonnement dérangeant. Pour finir, sa vue se brouilla progressivement. Son regard se perdit dans le vide. Elle ne distinguait plus du tout ce qui l'entourait, cela n'avait tout simplement plus d'importance.
Une tristesse insurmontable faisait couler des larmes le long de ses joues sans qu'elle ne puisse parvenir à les retenir. Ces gouttes salées lui piquaient les yeux et quelques-unes d'entre elles vinrent s'échouer sur le dos de ses mains tremblantes posées à plat sur ses cuisses.
Après un certain temps, Eryn se décida finalement à orienter son regard à l'endroit où les perles humides de sa tristesse s'échouaient. Elle n'était pas prête à voir ce qu'elle avait sous les yeux. Alors qu'elle avait plus ou moins réussi à s'enfermer dans un état semi-cataleptique pour ne pas avoir à endurer la souffrance des récents événements, ce qu'elle vit la sortit immédiatement de son calme apparent.
Les mains qu'elle avait négligemment posées sur ses cuisses étaient couvertes de sang, qui sur certaines zones, n'était même pas encore sec. La jeune fille de glace était pourtant habituée à la vue de ce liquide rouge, mais c'est de savoir à qui il appartenait qui la perturbait à ce point. C'était la dose de réalisme qui prouvait que ce cauchemar n'en était pas un. Tout ceci était vraiment arrivé. Elle ne se réveillerait pas. Le sang de ses récentes coupures s'était mélangé avec celui de Mélodie et s'était répandu sur l'ensemble de ses mains et de ses avant-bras. Celui du meurtrier de sa meilleure amie qu'elle avait sauvagement poignardé à plusieurs reprises s'y trouvait probablement aussi.
Elle ressentit soudain le besoin de se débarrasser de tout le sang qu'elle avait sur les mains, au propre comme au figuré. Elle les frotta énergiquement contre ses vêtements mais ne fit qu'étaler le liquide à l'odeur métallique qui lui soulevait le cœur. Elle ne voulait plus voir ces maudites tâches rouges. Le manque de contrôle la fit paniquer à vitesse grand V.
Killian fut alerté par la respiration erratique de la jeune fille qui tentait par tous les moyens possibles de s'essuyer les mains pour faire disparaître le sang qui s'y trouvait. Il lui répéta plusieurs fois de se calmer mais cela n'eut aucun impact sur Eryn qui était en proie à une crise de panique fulgurante. Son teint de porcelaine était devenu livide.
Voyant que l'état dans lequel se trouvait la jeune fille de glace ne faisait qu'empirer et qu'elle avait de plus en plus de mal à respirer, Killian stoppa le camion médical, jugeant qu'ils avaient roulé assez loin de la scène de crime. Aucun soldat ne pourrait les trouver ici alors qu'ils s'étaient enfoncés en pleine forêt. Le jeune homme de feu ne supportait plus de voir Eryn s'affoler à ce point sans pouvoir l'aider.
Il descendit rapidement du véhicule pour aller chercher de quoi s'occuper de sa soigneuse dans le compartiment arrière.
— Calme-toi, je vais t'aider, lui expliqua le jeune homme en commençant à la faire sortir du camion.
Il attrapa ses mains tremblantes et y déversa le contenu d'une bouteille d'eau afin de laver tout le liquide rouge qui la terrorisait tant. Il les lui essuya ensuite avec une serviette bleue un peu rêche pour retirer les quelques résidus.
— Voilà, il n'y a plus rien. C'est terminé, l'informa-t-il calmement.
Eryn avait presque réussi à retrouver le contrôle de ses inspirations mais elle restait toujours en état de choc. Killian ne savait pas comment réagir face à sa jeune soigneuse brisée. Il n'avait jamais eu à s'occuper d'une personne ayant perdu un être cher. Au contraire, il était celui que les autres avaient essayé de réconforter lors de la mort de sa mère. Par expérience, il savait donc que les phrases bateau comme "ça va aller" ne servaient à rien, tout simplement parce que non, ça n'allait pas aller. Lorsque son entourage avait appris le décès de sa mère Abigaëlle, il n'avait pas cessé de l'inonder de non-sens comme celui-ci. Cela n'avait fait que décupler la rage qu'il ressentait déjà. S'il avait pu, le jeune homme de feu aurait envoyé son poing dans la figure de chaque personne qui ne comprenait rien à son calvaire mais qui essayait tout de même de le convaincre que tout irait bien. Killian savait parfaitement que rien ne serait en mesure de changer ce qu'il s'était passé, rien de ce qu'il pourrait dire ne parviendrait à atténuer ce qu'Eryn ressentait en ce moment.
Le jeune soldat de feu aurait bien aimé avoir quelqu'un près de lui. Une personne qui n'aurait pas dit un mot mais qui aurait été là tout simplement. Son père était dans un état pitoyable suite à la mort de sa femme. Il avait dû être mis de force sous tranquillisants à cause de ses crises d'hystérie à répétition, passant d'un état destructeur à une léthargie persistante. Quant à son frère Aïden, il s'était investi corps et âme dans son travail afin d'éviter de penser, condamnant Killian à rester seul et en colère. À cette époque, le jeune homme s'était complètement renfermé sur lui-même et ne voyait presque personne hormis son ami Émeric et Aurore à de rares occasions.
Oui, Killian comprenait la douleur que ressentait Eryn. Lui aussi avait vécu ce terrible choc émotionnel. Il savait que dans un moment pareil, il n'y avait rien à dire et que parfois, une présence parlait mieux que les mots. Tout ce qu'il pouvait faire pour l'instant, c'était d'être là et de serrer sa jeune soigneuse dans ses bras.
Il entoura la jeune fille de glace d'une couverture qu'il avait précédemment récupérée dans le camion médical dans l'espoir de faire cesser les frissons qui parcouraient son corps. Il l'attira ensuite contre lui pour lui apporter tout le réconfort dont il était capable.
Eryn se laissa entraîner par les bras protecteurs du jeune soldat de feu. Elle posa son front contre l'épaule de Killian et finit par éclater en sanglots.
Elle pleurait à chaudes larmes mais ça ne suffisait pas. La douleur qu'elle ressentait ne voulait pas sortir. Sa meilleure amie était morte. La personne avec qui elle avait tout partagé depuis ses cinq ans était morte. Elle ne pourrait plus jamais lui parler, rire ou même pleurer avec elle. Tout était terminé. Elle refusait d'imaginer une vie sans Mélodie à ses côtés. À qui pourrait-elle se confier dorénavant ? Comment ferait-elle pour supporter son absence ? Mélodie était présente dans la quasi-totalité de ses souvenirs et Eryn n'arrivait pas à réaliser que désormais, sa meilleure amie n'en ferait plus jamais partie. Qu'en cet instant précis, elle ne partagerait plus rien avec Mélodie. Elle ne retrouverait jamais quelqu'un avec qui elle pourrait être elle-même, avec qui elle pourrait se faire comprendre par un simple regard et avec qui elle se sentait aussi heureuse.
Dans une tentative désespérée, Eryn releva la tête et plaqua sauvagement ses lèvres sur celles de Killian. Elle avait besoin de ressentir autre chose. Malgré lui, le jeune homme répondit au baiser presque violent de sa jeune soigneuse. Pouvoir goûter à ses lèvres fraîches de nouveau était délicieux. Avoir cédé à la tentation une première fois n'avait fait qu'empirer les choses. Depuis leur premier baiser à l'auberge, Killian était obsédé par l'idée de recommencer, bien qu'il dise le contraire pour faire bonne figure. Cependant, quelque chose semblait aller de travers dans celui-ci. Contrairement à la première fois, il ne percevait pas le désir et le plaisir d'Eryn, non, dans ce baiser, tout ce qu'il pouvait sentir était le désespoir et les larmes de la jeune fille. Elle ne l'embrassait pas pour les bonnes raisons. Il savait très bien qu'elle se servait de lui et qu'elle n'en avait pas réellement envie comme lui à cet instant. Il ne voulait pas être une distraction post-mortem.
— Non. Pas comme ça. Quand ça arrivera de nouveau, je veux que ça ait un sens. Je veux pas que ça arrive pour les mauvaises raisons, lui dit Killian en mettant un terme à ce baiser salé.
Eryn s'écarta brusquement du jeune homme. Elle n'analysa pas vraiment ce qu'il venait de lui dire. Tout ce qu'elle comprit, c'est qu'il la rejetait et que le rejet faisait mal. Très mal.
Elle était à la fois gênée de s'être jetée sur lui de cette façon, mais également en colère de se faire repousser à cause de ce qu'elle était. Pour elle, il était clair que Killian ne voulait pas d'elle puisqu'elle n'était rien de plus qu'une abomination de glace. Mais avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche, elle vit le jeune homme de feu fermer les yeux subitement et saisir sa tête entre ses mains. Il poussa ensuite un gémissement de douleur, perdit l'équilibre et tomba à genoux devant elle.
La jeune soigneuse avait été si impactée par la perte de sa meilleure amie qu'elle n'avait pas fait attention à l'état dans lequel se trouvait Killian.
La multitude et la force des coups qu'il avait reçus sur le crâne l'avaient affecté plus que ce qu'il croyait. Ce n'est que maintenant qu'il en ressentait les effets. Son taux d'adrénaline avait atteint des sommets durant sa lutte contre Ivan. Ce surplus d'hormone avait totalement inhibé la souffrance qu'aurait dû ressentir le jeune homme. Grace à ce pic d'adrénaline, il avait pu continuer son combat contre le cruel général de glace et conduire le camion à travers la forêt durant une vingtaine de minutes. Mais à présent que celle-ci s'estompait, Killian se prenait de plein fouet la douleur de ses nombreuses blessures.
Un bruit strident lui vrilla les oreilles et une pression insupportable se propagea dans sa tête en lui donnant l'impression qu'elle allait exploser. Son mal de tête était si intense qu'il ne parvenait plus à se tenir debout et ouvrir les yeux. La douleur ascendante lui avait fait perdre l'équilibre et lui donnait la nausée.
Eryn prit peur en voyant son jeune soldat de feu hurler de douleur. Elle constata avec effroi qu'une plaie à l'arrière de son crâne saignait encore. Il avait besoin de soins de toute urgence.
La jeune fille réagit au quart de tour. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre quelqu'un d'autre. Elle était terrifiée à l'idée de ne pas réussir à le soigner, comme ce fut le cas pour Mélodie.
Sans plus attendre, elle lui fit une injection d'antalgique afin d'atténuer la douleur qui le terrassait. Cela ne la ferait pas disparaître mais permettrait de le soulager quelque peu. Elle voulait éviter de lui donner un analgésique jugeant que cela serait trop fort. Le jeune homme devait rester conscient, l'assommer avec de la morphine n'était pas une bonne idée. Ses pupilles dilatées, les céphalées intenses et la plaie sanglante située à l'arrière de sa tête laissaient à penser qu'il souffrait d'un traumatisme crânien assez important. La jeune fille savait qu'elle devait le maintenir éveillé à tout prix car dans le cas contraire, Killian pourrait tomber le coma.
Elle s'occupa ensuite de son imposante coupure ruisselante de sang. Elle la nettoya délicatement avec une compresse imbibée d'eau fraîche avant de la désinfecter. Voyant que le saignement ne s'arrêtait guère, elle décida de lui faire des points de suture. En plus de refermer la plaie, cela aurait le mérite d'empêcher le jeune homme de feu de s'endormir.
Eryn avait pu constater que Killian guérissait à une vitesse spectaculaire contrairement à elle. Elle espérait que cela serait pareil cette fois-ci. Les complications d'une commotion cérébrale pouvaient entraîner des lésions permanentes, voire même être fatales. Elle ne pouvait pas le perdre lui aussi.
Une fois que la jeune fille eut terminé de traiter toutes les blessures sérieuses du jeune soldat de feu, elle l'amena avec difficulté à l'arrière du camion. Killian avait beaucoup de mal à se déplacer seul au vu son état actuel, mais grâce au soutien d'Eryn, le jeune homme était parvenu à parcourir la distance nécessaire pour venir s'asseoir contre la paroi interne du camion médical. Eryn s'était également placée à côté de lui après avoir fermé les portières arrières, récupéré plusieurs couvertures ainsi que deux oreillers trouvés sur les brancards médicaux et allumé l'une des lampes à pétrole pour ne pas qu'ils se retrouvent dans le noir complet.
La faible luminosité était appréciée par le jeune homme de feu. Il commença à se détendre peu à peu et à se laisser happer par les havres du sommeil.
— Je suis fatigué, murmura Killian en penchant dangereusement sa tête vers l'avant.
Eryn plaça l'une de ses mains sur le front du jeune homme et fut troublée par la chaleur qu'il dégageait. Elle savait que Killian avait une température corporelle élevée d'ordinaire mais celle qu'elle sentait sous ses doigts l'était trop à son goût. La peau du jeune homme de feu était brûlante. Cela ne devait pas être normal. Elle diffusa progressivement quelques vagues de froid sur son front en espérant que cela pourrait lui faire du bien.
— Moi aussi, finit-elle par lui répondre après l'avoir entendu soupirer d'aise au contact de sa main fraîche.
En disant cela, Eryn ne parlait pas de fatigue physique, bien que son corps soit sur les rotules, mais de fatigue mentale. Elle n'en pouvait plus. Sa seule envie était de pouvoir fermer les yeux sans penser à toutes les choses qui avaient eu lieu.
— Pourquoi c'est si dur pour toi de me considérer autrement que comme 'une abomination de glace' ? lâcha la jeune soigneuse pour continuer à le stimuler et l'empêcher de fermer les yeux.
Elle était également soucieuse de connaître la réponse à cette question. Le récent rejet qu'elle avait subi de la part du jeune homme l'avait blessée.
— Pourquoi c'est si facile pour toi d'accepter ce que je suis ? la contra aussitôt le jeune soldat.
— Parce que nos différences n'ont pas d'importance. La première fois que je t'ai vu, je n'ai pas su dire que tu étais un être de feu. Pour moi, tu étais juste un soldat qui avait l'air d'avoir vécu l'enfer et qui surtout, avait besoin d'aide, lui répondit Eryn sans même avoir pris le temps de réfléchir. Killian fronça les sourcils et elle poursuivit., C'est vrai que quand je me suis aperçue que tu avais la peau chaude, j'ai eu peur. Non, en fait j'ai paniqué à mort. Tu me foutais la trouille. J'étais terrifiée à l'idée que tu te réveilles et que tu sois exactement ce que tout le monde me répète en boucle : un monstre qui essaye de brûler tout ce qui bouge.
— Mais je t'ai brûlée ! lui rappela le jeune homme sans montrer un seul signe de remords, même si au fond, il s'en voulait un peu d'avoir réagi de la sorte.
Lui aussi avait eu peur. Il avait eu besoin de ses flammes pour se sentir en sécurité. En y repensant, il était soulagé de ne pas avoir fait mal à Eryn. Il avait été trop faible pour lui causer de réelles brûlures.
— Oui..., commença Eryn en posant sa main sur l'endroit où Killian l'avait brûlée lors de leur rencontre. Plus aucune marque n'était visible. Mais avant ça. Quand tu as ouvert les yeux et que tu m'as vue. Tu m'as regardée et tu m'as souri avant même de savoir qui j'étais. Tu avais l'air tellement heureux de me voir alors que tu ne me connaissais pas. Tu semblais si soulagé d'être là avec moi et d'être en vie. Je ne sais pas comment te l'expliquer, mais quand j'ai vu ta réaction et que j'ai constaté que tu souffrais, ma peur s'est envolée. J'ai arrêté de te considérer comme un démon de feu. Tu étais une personne, comme moi.
Eryn fut émerveillée de voir un sourire sincère se dessiner sur le visage de Killian. Cependant, le jeune homme de feu ne mit pas longtemps à réagir à l'un des propos de sa soigneuse.
— Attends, si je comprends bien, pendant que j'étais en train de souffrir le martyr sur le lit d'une chambre médicale délabrée, toi tu te disais "Oh, que c'est génial de voir qu'il a mal" ?
Eryn sourit en essayant de ne pas rire. Ce que venait de lui demander Killian avec un regard outré était en partie vrai, mais mal interprété.
— Tu déformes mes paroles. Oui, c'est vrai que c'est un peu près ce que j'ai pensé mais pas pour les raisons que tu crois. Ça ne me faisait pas plaisir de voir que tu souffrais, disons que ça m'a rassurée. Ça a complètement détruit l'image que j'avais de toi. Après tout ce qu'on me rabâche sur les êtres de feu, je m'attendais à voir une espèce de créature assoiffée de sang insensible à la douleur, Eryn fit une pause et plongea son regard bleu ciel dans celui de Killian avant de reprendre la parole.,
Bon, après, tu t'es révélé être un véritable connard mais quand même, je suis contente de t'avoir sauvé la vie. Je suis heureuse d'avoir appris à te connaître, termina la jeune fille de glace avec un sourire mutin.
Killian ricana suite à son insulte. Il se décida également à lui avouer une chose.
— Tu sais, ça fait un moment que je ne te vois plus comme une abomination.
Eryn mourait d'envie de lui demander comment il la considérait à présent, mais elle avait également très peur de la réponse qu'il pouvait lui donner. Elle se contenta de lui sourire en se concentrant sur la douce chaleur que la confession de Killian avait fait naître dans sa poitrine.
Son inquiétude à l'égard du jeune homme s'envola lorsqu'elle observa ses yeux océans plus attentivement.
— Tes pupilles sont redevenues normales, l'informa-t-elle en posant une main sur sa joue avant de la caresser délicatement avec son pouce.
Entre temps, Eryn et Killian s'étaient laissés glisser le sol recouvert d'une couverture assez épaisse. Ils s'étaient allongés l'un à côté de l'autre en utilisant les oreillers pour ne pas avoir à poser leur tête sur sol dur et glacé du camion médical.
L'envie d'embrasser le jeune homme se fit de nouveau sentir. Ils étaient si proches qu'Eryn pouvait sentir le souffle chaud de Killian sur ses lèvres fraîches. Elle ne pouvait pas s'empêcher de fantasmer sur le jeune homme allongé à côté d'elle. Elle imaginait ses bras s'enrouler autour de sa taille pour ensuite la plaquer fermement contre lui et le sentir pleinement. Elle voulait ressentir ses mains chaudes parcourir son corps avec envie, comme lorsqu'ils avaient échangé ce baiser passionné à l'auberge de Rose-Marie. Elle avait envie de lui tout entier et sans interruption cette fois. Pourtant, elle ne céda pas à la tentation. Le jeune homme de feu l'avait repoussée quelques instants plus tôt, et un second rejet de sa part serait trop dur à encaisser.
De son côté, Killian aussi avait fortement envie de toucher sa jeune soigneuse. Il voulait sentir sa poitrine contre son torse, pouvoir la sentir frémir de désir sous ses caresses et étouffer ses gémissements de plaisir avec ses baisers. Le jeune homme de feu la voulait pour lui et lui seulement. Toutefois, il ne tenta aucun rapprochement physique malgré son désir considérable car il ne voulait pas profiter de la vulnérabilité d'Eryn. La mort de Mélodie l'avait bien trop chamboulée, elle n'était pas dans son état normal. Il ne voulait pas abuser de la situation en la tournant à son avantage égoïstement pour assouvir ses pulsions.
L'appel du sommeil fut plus fort. Eryn et Killian s'endormirent rapidement. Ils avaient besoin de retrouver des forces avant de décider de la suite des événements. Pour l'instant, ils ne voulaient pas se préoccuper de ce qui les attendait, seule la présence de l'autre leur importait. Après tout, demain serait un autre jour, ils géreraient les choses ensemble, un pas à la fois.
❄️ Fin du chapitre 27. 🔥
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