Le Colisée
Les trompettes sonnèrent, signe que la bataille commença. D'un coup, le monde se remit à vivre : bon nombre de combattants se ruèrent sur les boucliers au centre de l'arène, pensant naïvement que ces protections pourraient leur octroyer du sursis. Zeus ne succomba pas à cette pulsion, il connaissait trop peu son corps de mortel, son endurance, sa résistance, et opta l'économie de ses forces. Déjà, un ennemi s'approchait de lui. Armé d'un coutelas dentelé, celui-ci n'avait pas l'air de vraiment savoir s'en servir. Il se rua vers Zeus en hurlant quelque chose dans une langue que le dieu ne connaissait pas, et frappa grossièrement vers sa tête. D'un habile mouvement de jambes, Zeus évita facilement l'assaut. Son ennemi fut simplement emporté par son élan, et Zeus n'eut qu'à planter sa lance entre les omoplates du gladiateur. Il fut perforé de part en part, et s'effondra, mort. Des corps commençaient à joncher l'arène autour de lui, teintant le sable d'une sombre couleur rubis. Le râle des mourants se mêlaient aux acclamations de la foule qui rugissait à chaque mise à mort. Non seulement Zeus ne se sentait pas en danger, mais il s'amusait à faire vibrer le peuple, effectuant chaque meurtre avec style. Même le plus expérimenté des guerriers ici ne devait avoir qu'une trentaine d'années d'expérience martiale, au mieux. Que pouvait-il faire contre un être qui faisait la guerre avant même l'apparition des humains ?
Il n'éprouvait que peu de scrupules à les tuer, après tout, ce n'était que des créatures artificielles créées par les Titans, même si eux-mêmes n'en n'avaient pas conscience. Quel honneur se devait être pour eux d'être tué par le dieu qu'ils vénéraient. Sa lance virevoltait autour de lui, semant la mort avec précision et efficacité. Les autres gladiateurs commençaient à voir que Zeus était un réel danger pour leur avenir proche, aussi quelques-uns décidèrent de s'unir. Il fut ainsi encerclé par quatre hommes, positionnés de façon à ce que deux d'entre eux soient toujours hors de son champ de vision. Ses ennemis se déplaçaient en fonction de lui, à l'aide de jeux de jambes incroyables. Ils possédaient une stature impressionnante et semblaient savoir comment tenir un glaive.
Ceux-ci sont sans doute d'anciens soldats, enfin un peu de défi !
« Que comptez-vous faire face à moi, leur cria-t-il en latin, moi qui ai terrassé des cyclopes et des chimères par la seule force de mes poings ! »
Les gladiateurs ne lui répondirent pas, peut-être ne parlaient-ils pas la langue, mais ils virent bien cependant que leur adversaire n'avait nullement peur d'eux. Zeus fit tournoyer sa lance autour de lui pour empêcher ses adversaires de trop s'approcher, puis étira son bras au maximum pour aller planter celui qui se trouvait en face de lui à ce moment là. Son ennemi réagit suffisamment tôt pour éviter la mort, mais il fut tout de même touché à l'épaule. Il grogna de douleur et se jeta en arrière pour prendre de l'air, emportant la lance avec lui. C'est à ce moment là que les autres se jetèrent sur le dieu. Zeus se retrouvant désarmé, il choisit de se placer dans une stature d'esquive. Les lames de fer virevoltaient dans sa direction, cherchant à lui trancher la tête ou des membres, mais il parvint à les éviter, usant d'une mobilité hors du commun. Tout en dansant sur ses pieds, il projetait ses poings et ses jambes sur ses assaillants. Ici, il cassa un nez, là il en fit chuter un autre. Autour d'eux, ne restait plus dans le Colisée qu'une poignée de gladiateurs, et il avait remarqué du coin de l'œil que certains d'entre eux réalisaient des miracles de combat.
Finalement, Zeus réussit à s'emparer d'un glaive en réalisant une habile clé de bras à l'un des hommes, et il lui transperça le cœur dans le même mouvement. Les adversaires restant se trouvaient bien amochés, mais étaient toujours capable de se battre. Zeus ne s'en rendit pas compte tout de suite, mais ses mouvements ralentissaient peu à peu, son souffle devenait plus rapide, ses coups perdaient lentement en puissance. Le soleil brillait haut dans le zénith, et son corps mortel commençait à fatiguer. Ses ennemis se ragaillardirent de la perte de leur compagnon, et oubliant toute prudence, se jetèrent sur le dieu en hurlant, les visages tordus par la haine, les yeux lançant des éclairs de colère. De nouveau armé, Zeus arrivait à parer leurs coups simultanément, et lors d'une ouverture, trancha le ventre d'un des deux, mais emporté par son élan, il offrit trop son dos à l'adversaire, qui le tailla de haut en bas. Un éclair de douleur parcouru alors le dieu, qui ne put retenir un hurlement de douleur. Zeus n'avait jamais ressenti cette désagréable sensation, et cela le perturba. Une étincelle de peur s'alluma au fond de lui, sa confiance s'effrita quelque peu. Il se retourna vers son ennemi et sans réfléchir, animé par une volonté renouvelée, il lui trancha la tête dans le même mouvement. Le sang jaillit et éclaboussa le dieu.
Le sang humain a un goût ferreux.
Il ne savait pas pourquoi cette pensée lui traversa l'esprit. La chaleur, la fatigue et son sang qui commençait à goûter l'affaiblissait de plus en plus. Il décida de s'asseoir un moment pour reprendre des forces, et eu l'idée de se tourner et se mettre dos au mur pour avoir l'ensemble des combats en face de lui dans son champ de vision, pour être prêt si un nouveau gladiateur voulait tenter sa chance.
Son changement de posture lui sauva la vie. Une vive brûlure se mit à irradier sur son flanc droit, et il vit sa lance au travers de sa hanche. Il tourna la tête, et vit le premier gladiateur qu'il avait blessé tenir fermement l'arme de son bras valide. Celui-lui lui éructa des paroles dans une langue inconnue.
Finalement, je vais mourir ici, comme un simple mortel. Quel meilleur endroit pour mourir dans le monde des hommes que le Colisée ?
Il hésita à abandonner, et à se laisser aller aux ténèbres. Il se demanda une nouvelle fois si Hadès serait clément avec lui lors de leur rencontre imminente. Sa vision commençait à se brouiller, mais une seconde douleur le raviva quelque peu. Le gladiateur avait violemment retiré la lance de sa chair, et se préparait pour le coup fatal. Zeus put voir que son ennemi n'allait pas hésiter un seul instant, et qu'il allait devoir payer par sa mort d'avoir tué ses compagnons. Il se surpris à fermer les yeux et à attendre le coup. Au lieu de cela, il entendit son adversaire crier de surprise. Zeus rouvrit les yeux et vit qu'il était tenu en l'air par un autre guerrier. Celui-ci était un véritable colosse, qui parvenait sans peine à porter l'autre homme à bout de bras. Des muscles puissants, divinement taillés, saillaient de tout son corps. Comme il n'avait pas d'autre protection qu'une jupe de cuir et un casque qui lui recouvrait le visage, Zeus put noter que son sauveur potentiel n'avait pas la moindre égratignure. Le colosse raffermit sa prise sur sa proie, et, avec un hurlement puissant, déchira le corps de l'homme en deux, par la seule force de ses bras. Le sang gicla de partout, des os, des organes, volèrent en tout sens. Bien qu'il avait vu beaucoup de choses dans sa longue existence, Zeus n'avait jamais assisté à une telle scène, et il en resta béat. Si bien qu'il ne fit rien quand le colosse lui projeta son pied dans la poitrine. Le roi des dieux fut projeté à terre, le souffle coupé. Le colosse ramassa un glaive au sol et plaça la pointe sur la gorge de Zeus, la pointe effleurant sa pomme d'Adam, tout en retirant son casque. Sa vision brouillée et le contre-jour empêcha le roi des dieux de discerner les traits de son sauveur.
« La vie ! La vie ! La vie ! » criait la foule du Colisée. Zeus regarda autour de lui et remarqua qu'ils ne restaient plus qu'eux deux. Les cadavres jonchaient le sol. Il tenta de puiser dans ses dernières forces pour se relever et mourir debout.
« Joue le jeu, lui intima celui-ci."
Zeus reconnut la voix. Arès.
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