L'Olympe
Au sommet de l'Olympe, cette montagne sacrée pour tous les grecs, existait un lieu mystique, un des rares points du monde des mortels où les réalités se confondaient : le Domaine des Dieux. Là, la voûte céleste arborait un azur limpide, du soleil, globe doré aux milles reflets, jaillissaient une éclatante lumière, qui se reflétait gracieusement sur de paresseux nuages roses. Les concepts de la physique comme ceux du temps ayant court chez les humains ne s'appliquaient pas à ce monde. Le Domaine possédait la particularité d'être à la fois aussi vaste que la Terre sans pour autant en subir les distances. Chaque habitant, dieux majeurs comme mineurs, possédait son propre temple, bâtiments de colonnades et d'arches d'un blanc nacré, dont la majesté allait de pair avec la place de son propriétaire dans la hiérarchie des Olympiens. Ainsi, celui de Zeus s'étendait sur des proportions inconcevables, dont les dimensions extérieures ne reflétaient en rien les dimensions réelles.
Mais aujourd'hui, le Domaine connaissait une agitation comme il n'y en avait pas eu depuis les guerres contre les Titans, il y avait de cela une éternité. La capture de leur patriarche fit grand bruit chez les dieux, et il fut convenu d'organiser un conseil parmi les entités majeures pour décider de la marche à suivre. Tous les olympiens s'étaient réunis dans les grands jardins luxuriants, aux milles senteurs embaumantes, afin de prendre une décision. Le roucoulement apaisant des fontaines de nectar jurait avec la tension ambiante. Même Poséidon avait quitté sa demeure marine pour se joindre à l'événement. Le seul absent restait Hadès, qui ne sortait des Enfers que très rarement. Une multitude de petits dieux, de nymphes, de satyres et autres créatures divines, formait une masse en périphérie du cercle, à l'ombre des cyprès, pour observait le conseil. Certains portaient des instruments de musiques en argents, tels des harpes ou des flûtes. La reine des reines, Héra, arriva depuis sa demeure au sein du cercle, la tête cerclée de son fameux diadème doré.
« Salutations, olympiens. Pour ceux qui l'ignorent encore, mon très cher frère, et père de certains d'entre vous, est prisonnier du monde des mortels, et plutôt dans une fâcheuse posture. Pour une raison que nous ignorons, il ne put revenir parmi nous, alors qu'il s'était rendu à Rome pour... une affaire personnelle. »
Quelques-uns, dont Poséidon, ricanèrent dans leur coin. Héra les ignora avec dignité et poursuivit :
« Est-ce que l'un d'entre vous à une idée de ce qui a pu causer ce chamboulement ? Athéna, toi qui es la plus sage, et la plus proche de ses enfants lui, as-tu une estimation? »
La déesse protectrice d'Athènes, accoutrée comme toujours de son armure rutilante et de son casque de sagesse, se leva à son tour. Ses yeux gris témoignaient d'une intelligence hors du commun.
« Rien dans les archives ne relate une situation similaire. Et je pense que personne ici n'en sait davantage.
- Nous devons ainsi établir un ordre des priorités, proposa Poséidon, je connais mon frère et il peut être très tête brûlée quand il le veut. Tout le portrait craché de notre père. Nous devons le ramener parmi nous, avant que son enveloppe charnelle ne lui face défaut.
- La priorité est d'empêcher sa mort en effet, avoua Héra, nous pourrons nous pencher sur cette perte de sacralité - ou quoique ce soit - qui l'accable, une fois qu'il sera ici en sûreté.
- Je suis prêt à aller le rejoindre pour lui porter secours, déclara la déesse de la sagesse, je sais très bien comment fonctionne les mortels. Quel malheur qu'il ne se trouve pas à Athènes. Les athéniens n'ont pas ce caractère flamboyant et arrogant qu'ont les romains..
- Tu iras donc, Athéna, et ton frère ira avec toi. »
Le puissant Arès, dieu de la guerre et de Sparte, secoua la tête, faisant virevolter sa crinière sombre. Il déclara qu'il refusait de faire équipe avec celle que les athéniens vénéraient, sa rivale en tout. Criant au déshonneur, il ne se calma seulement que quand Poséidon, tapant le sol de son trident, le rappela à l'ordre. Il se mura dès lors dans un mutisme profond.
« Maintenant que ceci est décidé, nous devons nous rendre au Purgatoire : il nous faut prendre contact avec les autres sphères.
- Décidément, tout ceci me rappelle bons nombres de souvenirs, et pas forcément les meilleurs, s'exclama Déméter, déesse de l'agriculture. »
Les tâches furent réparties. Hestia, déesse du foyer, veillerait sur l'Olympe en l'absence de ses frères et sœurs. Les prêtres et les sibylles le rappelaient souvent : les dieux, tantôt cruels, souvent tolérants, possédaient un défaut inhérent à leur condition : l'arrogance. Sachant pertinemment que les vieilles rancœurs sont éternelles sur l'Olympe, Héra se hâta de rejoindre son fils, Arès, après la tenue du conseil.
Héra trouva celui-ci faisait les cent pas dans sa demeure, tel un lion en cage, à la lueur du crépuscule. Il s'arrêta tout net en la voyant, surpris.
« Ne comprends-tu donc pas, demanda-t-elle de but en blanc, peu importe d'où vient cette affliction qui l'accable, elle sert nos intérêts, cette mince opportunité que je ne pensais jamais voir venir.
- Je ne comprends pas, grogna Arès, à quoi penses-tu, mère ?
- Si mon cher mari est prisonnier dans le monde des mortels, il subira l'humiliation suprême, il paiera pour tous les affronts qu'il m'a fait en ne me respectant pas. C'est l'occasion de le bannir à jamais de l'Olympe, clama-t-elle en jubilant.
- Mère, je n'ai aucune affection pour mon père non plus, mais enfin, c'est lui.
- Ne t'en fais pas mon chéri, lorsque tout ceci sera fini, tu n'auras plus personne à craindre, toutes ces anciennes railleries seront oubliées, tu seras le plus fort. Contente toi de le protéger pour le moment, comme nous te l'avons ordonné, n'abattons pas notre main trop tôt..
- Beaucoup n'accepteront pas sa mise à l'écart, les jumeaux l'adorent, et Héphaïstos ne t'a jamais vraiment pardonné de l'avoir banni.
- Deux enfants et un infirme, ils ne sont rien face à nous. Dionysos se moque de qui gouverne ici, Déméter passe la moitié de l'année à penser à sa fille perdue. Hermès, Hestia, que veux-tu qu'ils fassent ?
- Aphrodite sera avec nous je pense, elle et moi sommes liés, bien plus que tu ne peux l'imaginer, ajouta Arès.
- Ses charmes pourront nous être utiles c'est vrai, continua Héra, pensive, il nous reste pourtant quelques gros morceaux, Poséidon ne sera pas facile à convaincre.
- Peut-être pouvons-nous... lui demander son soutien, suggéra Arès, hésitant.
- Je sais de qui tu parles, mais il est imprévisible. »
Un changement subtil s'opéra alors dans l'atmosphère, que pas même Héra ne décela. Une voix comme sorti d'outre-tombe résonna dans le hall, de partout et nulle part à la fois.
« La place du maître des Dieux sera donc bientôt vacante ?
- Quand on parle du loup.. Hadès, mon frère bien aimé, dit Héra avec un léger sourire."
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