chapitre 14

Je pense pouvoir dire que je n'ai jamais lu autant de surprise sur un visage qu'en cet instant. Je vois bien que ma révélation la prend de cours, et je ne vois pas vraiment pourquoi. Si elle l'avait mieux regardé, elle aurait compris que je n'étais pas une femme pour lui. Il mérite bien plus, et surtout une femme au visage différent du mien.

- Oh! Je pensais que... vous avez l'air tellement amoureux et le petit vous appelle maman donc...

C'est plus fort que moi, ses remarques me font rire. Elle a bien vu sur mon dossier de santé que je n'étais pas la maman de Diego, du moins pas la vraie. Pourtant jusqu'à présent elle n'a rien dit à ce sujet. Je l'ai déjà entendu parler de lui en disant qu'il était mon conjoint et là, c'est moi qui me suis tus, c'est l'habitude. Depuis que Diego est né, c'est moi qui suis chargée de lui en l'absence de son papa. J'aime me promener avec lui au parc, qu'il m'accompagne aux courses... Ce n'est pas la première fois qu'on me prend pour sa maman, c'est d'ailleurs en partie de ça qje le surnom de "la petite mère" est venu à l'esprit de mon frangin. Surnom qui s'est vite transformé en "petite maman" car plus facile à prononcer pour Diego.

- je l'ai vu grandir nous vivons sous le même toit. Diego est mon neveu. Son papa travaille beaucoup, ça le force à voyager un peu trop souvent pour un enfant de cet âge. Alors, en son absence c'est moi qui m'occupe du petit trésor. Je le considère comme mon fils.
- ils ont de la chance de vous avoir. J'ai appris pour votre famille. Tout est noté dans votre dossier médicale et l'histoire a fait le tour de la région à l'époque. Je suis désolée, ça n'a pas dû être simple à vivre pour votre jeune âge.

Je ne trouve plus les mots, les souvenirs se déchaînent. En effet, ça n'a pas été simple mais si c'était à refaire je recommencerai encore et encore. J'ai mûri après tout ça, et j'ai découvert pleins de belles choses comme ce qu'est l'amour d'une maman pour son enfant. Je l'avais effleuré avec la mienne car nous étions heureux mais ce n'est pas pareil que de le vivre à notre tour. C'est indescriptible ce sentiment, c'est un mélange de trop plein d'amour, de tendresse, et de doutes. C'est flippant de devoir éduquer quelqu'un, on craint sans cesse de mettre les pieds à côté du plat et pourtant on est obligé de se battre pour le bien-être de ce petit être qui nous est cher.

- vous savez, je ne suis pas la seule à avoir pensé que vous étiez un couple. Quand vous étiez inconsciente, il vous à bordé si souvent. Il venait dès que son fils dormait pour vous tenir la main et vous souffler des mots doux. Vous êtes peut-être la tata de son enfant mais cet homme vous aime. Ça crève les yeux.
- La maman du petit et moi nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau.

Pour la première fois depuis tout ça, j'ose parler d'elle. J'ai tout fait pour éviter le sujet jusqu'à présent mais aujourd'hui, devant cette dame, je ressens le besoin d'en parler. Ça fait bizarre de songer à elle autrement qu'avec une haine intense.

- oui, j'ai lu que votre jumelle avait...
- est-ce qu'ils en ont pour longtemps?

Le moindre prétexte est bon pour changer de sujet. Il n'est jamais bon de ressasser le passé.

- une petite demie heure tout au plus. Est-ce que vous avez besoin de quelque chose?
- je... Je me demandais si...

Elle me regarde avec compassion et fait tout pour me donner le courage de poser les questions qui me ronge. Je sais qu'ils se posent des questions sur les raisons qui m'ont mises dans cet état, mais je sais aussi que personne ne comprendrai. Hormis Jimmy. Lui il sait et il a toujours su, il m'a toujours compris. Il est bien le seul à y être parvenu. Mais maintenant il n'est plus là et j'ai peur de demander pour combien de temps.

Une forte pression s'exerce sur ma poitrine sans que je ne puisse les contrôler, les larmes dégoulinent sur mes joues irritées. J'essaie de les essuyer mais l'infirmière me devance. Munit d'un papier mouchoir qu'elle vient de récupérer sur ma table de chevet,  elle efface toute trace de ma tristesse puis me sourit.

- c'est normal de pleurer quand on souffre mais il faut parfois apprendre à s'ouvrir ma jolie. Ça ne te dérange pas si je te tutoie, au fait? Je trouve ça plus sympa, après tout tu as l'âge de ma fille Samantha. Au fait, si tu as un problème appelle moi. Tu dis: "je veux Michèle car elle, elle excelle et je rapplique".

Elle n'est pas sérieuse pour un sous en se présentant ainsi à moi mais c'est réconfortant.

- où est Jimmy?

Voilà j'ai posé la question c'était pas trop tôt.


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