Une St-Valentin gâchée
coucou !
cette fois-ci c'est au tour du shin soukoku, avec une collaboration assez fructueuse et longue entre Yoru (nightmaretiger230) la petite nouvelle de la FSA et moi-même, c'est à dire Tsuuki :)
vous allez voir on s'est un peu lâchées mais on espère que ça vous plaira ! :3
bonne lecture !
.::.
Paquebot de luxe Eleanor, baie de Yokohama, 23h17
– Disparaissez de ma vue ! Comment avez-vous pu oser ?!
– Cette force... Qui es-tu ?
– A-Akutagawa ?!
Mais comment en est-on arrivés là ?
Quelques jours auparavant, dortoirs des Détectives Armés, 11h42
– Mais qu'est ce que c'est que ces merdes ?! cria Chuuya.
– Des chocolats, mais on ne peut pas dire qu'ils sont réussis hein ? répondit Atsushi avec un rire gêné.
–Ils sont délicieux.
–Merci, Kyouka-chan.
–Faut que tu travailles sur l'apparence. Bordel, qu'est ce que je fais là ? dit Chuuya en se facepalmant.
– Excusez-moi, Chuuya-san.
– Oh ! Arrête de t'excuser ! C'est à cause de cette gentillesse que les gens, surtout cette machine à bousiller les bandages, profitent de toi, cria ce dernier.
– M-Mais, je vous dois vraiment des excuses. Dire que vous êtes venu exprès pour m'aider et que je n'arrive à rien malgré vos efforts...
– Si je peux me permettre, je crois qu'il y a une autre raison à la venue d'Anii-san, dit soudainement Kyouka.
– M-Mais non ! répliqua-t-il en rougissant légèrement.
– Chuuya-san, est ce que vous ne seriez pas venu pour préparer des chocolats pour quelqu'un, vous aussi ? constata calmement Atsushi avec un léger sourire.
– QUOI ? Je... oui. Je voulais en faire et je me suis dit que je pourrais t'aider en passant , répondit Chuuya en baissant les yeux.
– Merci beaucoup, remercia le détective avec un doux sourire.
– Ne me remercie pas. C'est rien..., répliqua le mafieux en rougissant encore un peu, gêné.
Atsushi observa ses deux camarades, en songeant à quel point la scène pouvait sembler choquante pour quiconque n'aurait pas suivi les récents événements survenus à Yokohama. Un détective qui s'entendait assez bien avec un mafieux pour faire des chocolats avec lui, la scène avait de quoi surprendre.
En tout cas, son entourage ne s'y attendait pas. Les détectives de l'Agence furent tellement surpris, la fois où Chuuya ramena le jeune homme capable de se changer en tigre à l'Agence, après son apprentissage des arts martiaux à ses côtés en parlant amicalement avec lui, que Ranpo ouvrit les yeux, chose rare, et que Dazai revêtit un air complètement ahuri. Chuuya en rigolait encore et Atsushi devait l'avouer, il avait adoré l'air abasourdi qu'avait arboré son mentor.Il fallait dire que ce n'était pas souvent qu'on arrivait à surprendre l'ancien capitaine de la mafia. Le patron, qui était sorti de son bureau pour comprendre les raisons du soudain silence de ses employés les plus bruyants, avait retenu de peine un léger rire à cette vue.
Pour en revenir au pourquoi du comment, peu après que Akutagawa et le tigre eurent battu Ivan de la maison des rats, Dazai avait décidé de mettre en place le "nouveau double noir" et de rendre définitive l'alliance de l'ADA et de la Mafia portuaire.
Evidemment, ça ne s'était pas fait sans protestations des deux camps mais Fukuzawa et le boss de la mafia ne leur avaient pas laissé le choix.
Finalement, les protestations s'arrêtèrent peu après et certains des détectives devinrent amis avec des mafieux. On pouvait citer Yosano qui était devenue amie avec Kaiji, le poseur de bombes, ou Gin qui s'entendit tout de suite avec Naomi même si elle ne partageait pas les penchant incestueux de cette dernière.
Par contre, ce que notre jeune détective n'avait pas prévu, c'était la décision que Dazai avait prise du jour au lendemain : "Vu que votre duo est encore très loin du niveau de l'ancien Double Noir, j'ai décidé de t'envoyer à la mafia pour que la limace qui me sert d'ancien partenaire t'entraîne aux arts martiaux". Ladite "limace" n'étant bien sûr pas au courant et contre.
Malgré ce refus catégorique, il changea d'avis quelques jours après (bizarrement le lendemain d'une énième disparition de Dazai), et débarqua dans les locaux de l'Agence par la fenêtre pour embarquer le jeune tigre en le mettant sur son épaule comme un sac à patates. Par contre, aucune des personnes présentes ce jour-là ne rata ni le léger boitement du capitaine ni son rougissement à la vue de son ancien partenaire.
Étonnamment, une amitié s'était vite installée entre eux, au point de devenir une relation presque fraternelle. Ils s'étaient en effet découverts pas mal de points communs, comme une exaspération commune envers leur partenaire respectif. Après ce "stage", Chuuya se mit à régulièrement rendre visite à Atsushi, non sans la présence de Kyouka, qui était très heureuse de passer du temps avec ses "grands frères". C'est ainsi qu'ils s'étaient retrouvés pour préparer des chocolats pour la Saint-Valentin, Kyouka faisant des chocolats d'amitié pour les personnes qu'elle aimait à la différence de ses deux frères qui, eux, avaient une personne précise en tête.
Quelques heures plus tard, dortoirs des Détectives Armés, 14h24
– Terminé ! s'exclama le jeune homme de 18 ans.
– C'est pas mal ! Mais des chocolats en forme de Rashômon, sérieusement ? demanda son aîné pour le taquiner.
– Vous dites ça, mais doit-on parler de vos chocolats en forme de poissons, Chuuya-san ? taquina à son tour le détective.
– Touché... Bon, il faut juste les emballer maintenant. C'est pour après-demain donc ne tardez pas, prévint le capitaine.
– Ne vous inquiétez pas , Anii-san, je m'occupe d'aider Atsushi si le besoin se fait sentir, le rassura Kyouka.
– Merci à vous, Kyouka-chan et Chuuya-san
– De rien. Je dois partir, alors à la prochaine, salua Chuuya.
– Au revoir.
Le jeune détective était soulagé d'avoir terminé la préparation mais le plus dur s'annonçait : la remise des chocolats à un certain mafieux aux cheveux noirs. Il était stressé rien que d'y penser mais espérait réussir à ne pas se décomposer sur place au moment venu.
Ce fut sur ces pensées qu'il s'endormit, en espérant que la nuit lui porterait conseil.
Le lendemain, Agence des Détectives Armés, 09h12
– Atsushi-kun, appela Dazai.
– Oui, Dazai-san ? répondit-il à son supérieur.
– Approche.
– Qu'y a-t-il ? questionna le subordonné.
– J'ai une mission à vous confier, à toi et à Akutagawa-kun, annonça-t-il. Puisque vous avez pris la relève en tant que "nouveau Double Noir", je me suis dit qu'il faudrait vous habituer à différents types de missions. C'est pour ça que je vous envoie en mission de gardes du corps.
– Je vois, mais quand se déroule la mission ?
– Demain ! s'exclama le suicidaire.
– Hein ?
– Oui, je sais que c'est limite et que tu devais avoir des choses à faire demain, mais cette mission est venue à la dernière minute ce matin et c'était une urgence. Peux-tu t'en occuper avec ton partenaire ? demanda très sérieusement l'ancien mafieux.
– Je comprends... Je prends la mission.
– Je te suis reconnaissant. Pour les détails, adresse-toi à Akutagawa-kun, vu qu'il est déjà au courant. Mais si j'étais toi, je chercherais d'abord une tenue de soirée , lança-t-il joyeusement.
– U-Une tenue de QUOI ? M-Mais où se passe la mission ? demanda le tigre, ayant peur de la réponse.
– Sur un bateau de luxe !
– QUUOOIII ? hurla le détective.
Paquebot de luxe Eleanor, baie de Yokohama, 19h58
Notre protagoniste soupira. Mais qu'est-ce qu'il faisait là ? Il admira un peu la vue de Yokohama mais il n'oubliait pas sa mission. L'objectif ? Protéger Rainbow Rowell, une demoiselle de l'élite américaine qui était visée pour son pouvoir : Carry on. Ce dernier lui permettait de changer la "perspective" des gens sur la ou les personnes de son choix. Ce pouvoir pouvait créer des scandales et plonger des pays dans la guerre civile, donc il ne devait se retrouver sous aucun prétexte entre de mauvaises mains.
Hein ? Vous vous demandez pourquoi cette demoiselle faisait la fête au Japon, alors qu'elle était menacée ? Tout simplement parce qu'elle voulait aller au Japon pour ses 19 dix-neuf ans et que son père (multimilliardaire) était complètement gaga de sa fille. Il avait donc accepté son caprice, à la condition que, bien sûr, il choisisse ses gardes du corps.
Cela expliquait la mission, vu que ni l'ADA ni la mafia ne pouvait refuser, et donc la présence du nouveau Double Noir sur le bateau.
D'ailleurs, la cliente en question n'était toujours pas là. Atsushi décida alors de retourner à l'intérieur pour voir si elle était arrivée. Dans le couloir, il passa devant un miroir et s'observa un petit moment. Kyouka avait vraiment fait du bon travail avec sa tenue, à tel point qu'il la trouvait trop belle pour lui.
Elle lui avait choisi une tenue composée d'une chemise bleu ciel, d'une veste noire à queue de pie sans manches, d'un pantalon de la même couleur et de bottes noires un peu bleutées. Il portait aussi des mitaines noires très courtes, n'arrivant pas au poignet, qu'il s'était mis à apprecier tout particulièrement. Cette tenue avait eu au moins le mérite de plaire à son partenaire qui avait légèrement rougi à cette vue, même s'il était à noter que notre détective avait aussi rougi à la vue du mafieux.
Ce dernier portait une chemise rouge sang sous un ensemble noir composé d'une veste en cuir, d'un pantalon et de chaussures de soirée ébènes.
Après cela, ils s'étaient séparés pour faire du repérage et ne s'étaient pas revus depuis.
Perdu dans ses pensées, Atsushi ne remarqua pas l'arrivée d'Akutagawa et lui rentra dedans sans le vouloir. Il faillit tomber en arrière mais fut retenu par le bras de son partenaire. Il devint rouge comme une tomate en comprenant sa position (lui collé au mafieux qui avait passé son bras autour de ses hanches) et recula tout en s'excusant.
Il eut pour toute réponse un toussotement et un "Notre cliente est arrivée, Jinko. Suis-moi".
Paquebot de luxe Eleanor, baie de Yokohama, 21h04
– Ravie de vous rencontrer, mon nom est Rainbow Rowell. J'espère bien m'entendre avec vous, se présenta la demoiselle en faisant une révérence.
– Nous de même, Mademoiselle Rowell. Nous ferons de notre mieux pour vous protéger, répondit Atsushi en s'inclinant.
– Je suis sûre que vous le ferez, mister Nakajima et mister Akutagawa.
– ...
– Mister Akutagawa ? demanda-t-elle en ne comprenant pas les raisons d'un tel silence.
– Je suis désolé. Mon partenaire n'est pas très bavard, s'excusa Atsushi.
– Ne vous inquiétez pas. J'apprécie les hommes peu bavards, ça les rend mystérieux, dit la riche avec un ton amusé.
– Je vous remercie du compliment, Mademoiselle, répondit galamment le mafieux, sous l'air ébahi de son partenaire.
– A-Akutagawa ?
– Mais de rien, Mister.
Atsushi était bouche-bée. Il ne s'attendait pas à ce que le mafieux puisse être aussi poli et galant. Qui plus est, son partenaire et leur cliente commencèrent une conversation dont il ne comprenait pas tous les mots. Il pensait que c'était incroyable et que lui ne pourrait pas jamais fournir ce genre de conversation à l'assassin, ce qui le découragea un peu.
Il enserra légèrement sa poche droite. Il avait pris ses chocolats avec lui pour les donner à son partenaire. La conversation se termina et la cliente se retira pour se préparer en leur souhaitant un bonne soirée, sans avoir fixé quelques secondes Akutagawa, en tout cas du point de vue d'Atsushi.
Ces derniers décidèrent donc de se séparer pour surveiller les invités et de se contacter s'ils trouvaient quelqu'un de louche.
Paquebot de luxe Eleanor, baie de Yokohama, 23h02
Le jeune tigre songea que les soirées et lui, cela faisait deux. Entre les invités complètement ivres et les gloussements des filles le trouvant "à croquer tellement il est mignon", il était épuisé.
Et, même s'il ne l'avouerait sous aucun prétexte au concerné, il ne pouvait pas supporter l'attention des invitées donnée à son partenaire. La jalousie le rendait possessif et il se demandait souvent pourquoi il n'allait pas embrasser le jeune homme devant ses admiratrices, pour qu'elles arrêtent de tourner autour de SON mafieux.
Il remarqua soudain que l'assassin s'était éclipsé, sûrement pour s'éloigner de la foule.
Atsushi décida donc de se lancer car c'était probablement sa seule chance.
Il s'approcha du couloir sombre où Akutagawa s'était réfugié mais se cacha en entendant des voix. Il jeta un coup d'oeil, se demandant qui pouvait bien parler au mafieux.
Ce qu'il vit lui glaça le sang. Il s'agissait de leur cliente, et elle était en train de donner des chocolats à son partenaire.
Le remerciement de ce dernier lui serra la gorge mais le pire fut le bisou sur la joue que Rainbow donna à l'assassin. Cela acheva de briser le coeur du détective. Il se sentit bête d'avoir espéré quelque chose de la part du mafieux. "Après tout, il est normal, lui" pensa-t-il.
Ne voulant pas savoir la suite des événements, Atsushi s'enfuit, en se fichant de savoir si on l'avait remarqué.
Le jeune détective courut à vive allure, sans même regarder devant lui. Il manqua de heurter plusieurs invités, qui l'invèctivèrent violemment, mais il ne leur accorda pas un regard. Il prenait tant sur lui pour garder un visage à peu près impassible qu'il craignait, au moindre écart, d'éclater en sanglots devant les invités.
Oh, bien sûr, il savait que c'était parfaitement ridicule, de réagir ainsi. Il savait que c'était enfantin, puéril, et qu'il ne montrait de cette manière que toute l'immaturité qu'il possédait, celle que – tiens donc ! – Akutagawa lui reprochait souvent. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
Depuis qu'ils étaient arrivés sur ce bateau, son cœur était gros et enserré par des barbelés qui le blessaient de plus en plus. Tout autour d'eux, ces gens étaient riches, ces gens étaient heureux, ces gens avaient réussi car ils étaient extrêmement matures et intelligents. Atsushi se sentait à des années-lumières d'eux.
En théorie, au début, il pensait pouvoir obtenir du soutien – ou au moins quelque chose s'en approchant – de la part d'Akutagawa, mais il avait tellement l'impression que le jeune homme avait sa place malgré tout dans ce monde doré qu'il se sentait d'autant plus seul. Il avait le sentiment d'être le seul à être à l'écart. Le seul à être en toc, alors que les autres étaient faits de matériaux précieux.
De telles pensées le renvoyaient à ses souvenirs d'enfance, à l'orphelinat. Quand il était isolé, et que les autres enfants le laissaient toujours dans sa solitude. Aucun d'eux n'esquissait jamais le geste de venir le voir, de défier le directeur de l'orphelinat qui avait ordonné son isolement. Atsushi était enfermé à l'époque dans une cage invisible, une cage que personne ne franchissait jamais, et il n'en était jamais réellement sorti.
Il courut encore un bon moment, avant de retrouver le chemin de sa cabine et de s'y enfermer à double tour. La mission qu'il devait accomplir ? Akutagawa pouvait s'en charger seul, après tout il n'avait cessé de le lui rabâcher ! Lui, il avait besoin de se calmer. Hors de question d'exploser en sanglots devant quelqu'un, surtout pas devant le responsable de son désarroi ou leur cliente qu'il était supposé rassurer et protéger.
Il se laissa tomber sur sa couchette et laissa échapper un profond soupir empli de tristesse, comme s'il essayait par ce moyen de laisser sortir toute la tristesse qu'il ressentait justement. Mais cela ne fut pas très efficace, car il se sentait toujours désemparé. Son cœur gros pesait dans sa poitrine.
Il avait été stupide aussi, se flagella-t-il mentalement. Comment avait-il pu croire qu'Akutagawa était attiré par quelqu'un comme lui ? Pourquoi avait-il voulu espérer que derrière leurs conflits qui avaient perdu de leur intensité, il y avait d'autres sentiments ? Il avait vraiment été idiot.
Il était un détective impuissant, qui ne contrôlait son pouvoir que grâce à celui de son supérieur. Il était tout ce qu'Akutagawa détestait. Faible, stupide, naïf. Lui même se blâmait en utilisant ces termes également, parce qu'il savait qu'ils étaient vrais. Il était faible, naïf, et complètement stupide de s'être entiché de son ennemi. Tout le monde le savait, et si certains avaient des doutes, ils seraient bien vite balayés s'ils apprenaient qu'il avait commencé à éprouver des sentiments pour le mafieux Ryunosuke Akutagawa, et qu'il s'était senti misérable en voyant une autre lui offrir des chocolats le 14 février.
Complètement stupide, il n'y avait rien d'autre à dire. Il était idiot, stupide, et tous les synonymes qui venaient avec. Ce n'était pas parce qu'il était parvenu à accomplir des choses en tant que détective qu'il avait fait du chemin depuis l'orphelinat, il s'en rappelait désormais.
Il roula sur le côté pour observer l'extérieur du bateau par le hublot, et poussa un profond soupir une nouvelle fois. Il manquait totalement de professionnalisme. Si monsieur Kunikida avait été là, il lui aurait crié dessus fortement. Cette pensée le requinqua quelque peu, et il prit une profonde inspiration avant de se redresser. Il ne devait pas se laisser abattre ainsi, en pleine mission. Il devait d'abord s'assurer que tout se passe sans le moindre problème. Ensuite, une fois que tout serait terminé, eh bien... Il aviserait.
Atsushi sortit de la cabine, plus déterminé qu'auparavant, et une secousse ébranla soudainement le bateau. Il sursauta et leva son regard doré vers les étages supérieurs, d'où avaient paru provenir l'impact. Il ignorait où se trouvaient Akutagawa et Rainbow Rowell, mais il espérait que ce n'était pas dans un endroit exposé et facile à repérer.
Il gravit les escaliers rapidement, évitant cette fois avec assurance les invités et stewards qui venaient en sens inverse, visiblement paniqués. Il n'eut qu'à refaire leur trajet dans le sens contraire pour trouver le lieu d'où ils s'enfuyaient tous : le pont supérieur avant.
Un grand nombre d'hommes armés venait en effet de surgir à cet endroit et incitait les autres passagers à fuir avant que l'envie ne leur prenne de tirer une pluie de balles sur eux. Atsushi surgit brutalement face à eux, sans engager l'affrontement dans un premier temps. Il se contenta de les observer, et de les jauger silencieusement.
Il observa aussi les personnes environnantes qui continuaient de fuir, et remarqua ainsi que ni Akutagawa ni Rowell n'était parmi elles. Tant mieux, songea-t-il. Leurs ennemis avaient donc frappé au hasard, sans vraiment savoir où ils allaient trouver leur cible.
– T'es qui toi ? se moqua l'un des hommes, probablement leur chef. Atsushi se souvenait avoir vu son visage dans la liste des ennemis de celle qu'ils protégeaient, mais son nom ne lui revenait pas. Un invité qui se prend pour un super-héros ?
Plus le jeune homme réfléchissait à la situation, plus il songeait qu'il aurait peut-être d'abord dû retrouver Akutagawa avant de foncer contre leurs ennemis. Cela aurait été plus intelligent, car il se retrouvait désormais en position d'infériorité numérique totale, et les hommes face à lui étaient tous armés. Les capacités de régénération du tigre seraient-elles suffisantes ?
Il hésita un bref instant avant de répondre :
– Qu'est-ce que vous êtes venus faire ici ?
– On cherche quelqu'un, alors ne nous gêne pas, gamin.
La réponse était un aveu clair : ils étaient bien venus chercher Rainbow. Atsushi, qui voulait à tout prix gagner du temps pour mettre en place une stratégie, essaya de le faire parler un peu plus :
– Quelqu'un ? Il y a un grand nombre d'invités ce soir vous savez. L'autre tira une balle vers le ciel en guise d'avertissement.
– Tu m'as pas compris ? Ne nous gêne pas.
Atsushi déglutit, puis réalisa qu'il n'avait pas d'autre choix que d'intervenir physiquement. Akutagawa n'était toujours pas arrivé, et le détective ignorait où il pouvait bien se trouver. Peut-être avait-il préféré rester aux côtés de Rainbow Rowell... Le jeune homme ravala cette pensée amère et activa son pouvoir pour changer ses deux bras et jambes en pattes de tigre, sous les yeux surpris des hommes.
– Un détenteur de pouvoir, cracha le meneur. Tu te crois supérieur à nous pour ça ?
Une pluie de balle s'abattit soudainement sur le détective, qui bondit rapidement pour les éviter. Il entreprit ensuite de mettre tous ses ennemis hors d'état de nuire, avec le moins de violence possible, même si pour les raisonner, il n'avait pas d'autre choix que de leur donner un bon coup de poing.
Il parvint à neutraliser une partie des hommes avec plus de facilités qu'il ne le pensait, mais il restait encore de nombreux ennemis, qui se défendaient aussi plutôt bien au corps à corps. Atsushi encaissa plusieurs coups bien placés, qui lui firent perdre l'équilibre et lui coupèrent le souffle.
L'un d'eux le fit reculer de plusieurs pas, et entraîna sa collision avec un mur. Le choc n'était pas très violent mais il sentit quand même une douleur l'élancer brutalement dans le dos, et il perçut également grâce à ses sens aiguisés par son pouvoir un bruit de craquement, qui n'était heureusement pas osseux, mais plutôt alimentaire.
Les chocolats, comprit-il immédiatement, et cette pensée manqua de lui faire perdre l'équilibre une nouvelle fois. Dans le feu de l'action, il avait oublié qu'il avait toujours sur lui le cadeau qu'il comptait offrir à Akutagawa. Si le craquement qu'il avait entendu provenait bien d'eux, alors il supposait que c'était réellement fichu.
D'une certaine façon, au moment où il avait vu Rowell offrir ses chocolats à Akutagawa, il avait songé que lui ne le ferait sûrement pas au final. Il s'était résigné. Mais ce choc, et le fait qu'il ne pourrait véritablement pas les offrir puisqu'ils étaient brisés, achevèrent de remplir le jeune tigre-garou d'amertume.
Il repartit au combat en essayant de chasser ces sentiments parasites, mais encaissa de nouveaux coups brutaux. Les adversaires qu'il lui restait se défendaient bien, et il songea qu'il ne faisait probablement pas le poids seul. Mais son "partenaire" était toujours porté disparu, et Atsushi n'espérait même plus qu'il vienne. Il devait régler le problème seul et, au moins, s'il y parvenait, il pourrait prouver à tout le monde – et surtout au mafieux – qu'il savait quand même se débrouiller seul.
À un moment du combat, alors qu'il avait de nouveau repris le dessus, il entendit un cri qui le figea. Un enfant, en pleurs, s'était visiblement perdu sur le navire et cherchait désormais ses parents sans trop savoir où aller. Les hommes armés qui restaient le mire en joue, et Atsushi dut utiliser toute sa célérité pour l'atteindre à temps et le protéger ; tandis que les balles transperçaient sa peau, il fit signe à l'enfant de détaler le plus vite possible.
Celui-ci ne se le fit pas répéter et disparut à toute vitesse. Le détective, lui, tomba lourdement sur le parquet ciré du bateau, tandis que les hommes l'entouraient et le mettaient en joue.
Il n'avait pas pour autant l'intention d'abandonner tout de suite, et essaya tant bien que mal de se relever. Ses blessures se refermaient déjà, mais il faudrait quand même plus de temps – et de repos – pour qu'il soit réellement en état de se défendre. La situation lui échappait, il le sentait.
Alors qu'il réfléchissait aux options qu'il lui restait, il vit les hommes s'envoler subitement, entraînés par une chose rouge et noire qui les transperçait sans la moindre délicatesse. Atsushi cligna des yeux en comprenant ce qui se produisait.
– Disparaissez de ma vue ! Comment avez-vous pu oser ?
La voix dégoulinante de mépris d'Akutagawa résonna derrière lui, et le détective constata en se retournant que le mafieux était effectivement bien présent, un regard noir sur le visage – pour changer – et des débris à ses pieds que le jeune homme identifia comme du chocolat. Bon sang, il avait dû perdre son cadeau lorsqu'il avait protégé l'enfant... Il croisa les doigts pour que le mafieux n'y ait pas prêté attention.
– T'es qui toi ? Le leader, toujours debout malgré la tâche rouge qui s'élargissait sur sa poitrine, dévisageait le nouveau venu avec une peur palpable.
– Cette force..., souffla un autre homme, bien vite coupé par une quinte de toux ensanglantée.
– A-Akutagawa ? s'exclama Atsushi, une fois remis de sa surprise. Je croyais que tu... protégeais mademoiselle Rowell. Le mafieux posa sur lui un regard froid, mais il semblait y avoir d'autres émotions derrière, que le détective ne pouvait pas analyser cependant.
– Tu t'imaginais pouvoir les arrêter seul ? lâcha-t-il en secouant la tête avec mépris.
– Il fallait bien, puisque tu n'étais pas là ! riposta Atsushi.
– Je restais professionnel ! Notre mission consiste en priorité à protéger Rainbow Rowell, pas à foncer la tête la première vers les ennemis !
Atsushi ne pouvait pas croire que le jeune homme était en train de lui dire ça, lui qui était pourtant le premier à attaquer les autres sans réfléchir. Cette mission était vraiment en train de les rendre fous. Les autres hommes s'étaient pétrifiés en entendant le nom d'Akutagawa et semblaient en train de chercher une façon moins douloureuse de périr. Le jeune homme aux cheveux bicolores ne l'entendait pas de cette oreille cependant.
Il déploya une nouvelle fois son pouvoir en direction de ceux qui bougeaient encore, bien décidé à les éliminer ; Atsushi le retint en s'écriant :
– Arrête ! Tu n'as pas besoin de les tuer ! Le regard qu'Akutagawa posa sur lui lui donna l'impression que c'était sur lui que le mafieux allait déverser ses envies meurtrières, mais fort heureusement, il n'en fit rien et se contenta de planter sa créature dans les jambes de leurs ennemis.
– Impressionnant ! s'exclama alors une voix féminine enjouée.
Les deux hommes firent volte-face et aperçurent Rainbow Rowell en train d'applaudir un peu plus loin. Atsushi songea avec consternation qu'elle ne rendait pas sa protection simple, quelle idée de venir à l'endroit où se trouvaient des gens qui voulaient votre peau... Mais leur cliente était sûrement trop occupée à admirer leur combat – surtout l'action d'Akutagawa bien sûr – pour réaliser cela.
– Je savais que je pourrais compter sur vous, continua-t-elle en les rejoignant. Vous avez été fantastiques.
Ses éloges s'adressaient sûrement autant à Atsushi qu'à Akutagawa, mais son regard restait plutôt fixé sur le mafieux. Le détective la remercia doucement avant d'ignorer son aide pour marcher et de se diriger de lui-même vers l'intérieur du bateau à la recherche d'un endroit calme où il ne verrait pas les deux individus.
– Tigre-garou !
Il entendit Akutagawa l'interpeller, mais ne se retourna pas. Il ne s'en sentait pas le courage pour le moment. Et il ignorait à quoi s'attendre de la part du mafieux.
Il n'avait qu'une envie : que le bateau accoste pour qu'il puisse rentrer chez lui et oublier cette désastreuse soirée.
Il ignorait en revanche qu'Akutagawa n'avait pas dit son dernier mot, que le mafieux avait bien l'intention de lui faire comprendre qu'il avait repéré les chocolats brisés sur le sol, et qu'il ne comptait pas laisser son partenaire imposé faire comme si de rien était vis-à-vis d'eux...
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