Le Sonnet du Trou du Cul

Hey, ici Lily et Eiei aux commandes pour un Rimbaud X Verlaine :3

En espérant que ce texte vous plaise ;)

(Et ne vous posez pas trop de questions sur ce titre un peu particulier, faites simplement quelques recherches et vous comprendrez :3)(ou pas et imaginez X))

(Notez simplement que tous les dialogues seront donc en français ;) et que l'italique indiquera une scène passée, au cas où vous ne comprendriez pas.

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Fantôme pris au piège sur Terre et assis sur les quais d'une ville portuaire japonaise, un jeune adulte regarde les rayons du soleil se lever pour une journée bien particulière.

Un jour de saint Valentin en pays étranger. Une toute nouvelle expérience, dans le cadre des cultures de ce pays. Quelque chose de fantastique et de merveilleux, qui n'appartenait qu'à eux.

Aujourd'hui est une autre journée pour se rappeler des moments révolus, qu'ils soient bons ou mauvais. Les veufs et veuves pleurent, certains célibataires aussi.

Ils étaient assis sur un banc, dans un petit parc tranquille de la ville de Yokohama. Le vent faisait lentement bruisser les feuilles des cerisiers, qui commençaient tout juste à bourgeonner à cette période de l'année.

Il se lève, et marche. Marche loin du port, loin des entrepôts et s'approche du centre ville. Là où les gens se tiennent la main, mal à l'aise d'un contact encore peu familier avec leur compagnon. Comme il aimerait que son amant soit là lui aussi...

Ils étaient occupés à regarder le ciel tranquillement. Ils avaient enfin repéré leur objectif, celui pour lequel ils étaient venus. Après tout, ce n'était pas pour le tourisme de la ville portuaire qu'ils étaient ici, loin s'en fallait. Ils étaient là en tant qu'espions européens, et ils avaient une tâche au combien importante à réaliser. Alors, pour le moment, ils profitaient juste pleinement de la journée ensoleillée, la dernière avant longtemps sûrement, comme un couple normal en ce jour un peu particulier, bien que commercial.

Arthur regarde la foule, se laisse bercer et ferme les yeux. Il souhaite vraiment se rappeler du goût des chocolats que Paul lui avait offert, il y a des années de cela. Bien avant leur mission qui avait tourné au vinaigre. La toute première fois.

Tels les espions qu'ils étaient, Arthur Rimbaud et Paul Verlaine n'étaient pas du tout du genre à afficher leurs sentiments en public, si bien que l'on pouvait parfois se demander s'ils étaient vraiment ensembles. Pourtant, en les observant d'un peu plus près, on pouvait voir dans leur manière d'être et leur attitude vis-à-vis de l'autre qu'un lien invisible mais très solide et puissant les unissait. De toutes manières, s'afficher dans ce pays, le Japon, alors qu'ils étaient homosexuels, serait très mal vu. Encore que Rimbaud, avec ses cheveux arrivant dans le milieu de son dos, pouvait bien se faire passer pour une femme.

Arthur frissonne, se rappelant du froid constant qui le suit depuis la soi-disante mort de son partenaire. Il aimerait que des bras soient là pour le serrer, triste fantôme qu'il est.

Paul frissonna subitement et arrêta sa contemplation tranquille du ciel pour se relever et s'entourer de ses bras. Malgré le beau temps, on était tout de même en plein hiver.

-Il fait beaucoup trop froid ici, on ne pourrait pas rentrer ?

Comme le destin aime l'ironie : avant, c'était Paul qui s'habillait avec dix couches de pulls et de doudounes d'hiver. Désormais, c'est au tour de Rimbaud de ressentir ce froid constant. Et contrairement au passé, il n'a personne qui puisse le réchauffer. Cruelle ironie.

Son compagnon releva la tête vers lui en pouffant de rire. Lui ne portait qu'une veste simple, tandis que Verlaine était emmitouflé dans plusieurs pulls cachés par un manteau long.

-On vient à peine d'arriver, ce serait dommage quand même, non ? sourit presque narquoisement Arthur en fixant ses yeux dorés sur son petit-ami.

Le fantôme se blase peu à peu de voir tous ces couples et tous ces câlins, alors que ses souvenirs reviennent un peu trop brutalement pour son bien-être. Il avait pendant longtemps souhaité les retrouver, mais désormais ils étaient plus un poids qu'autre chose. Il part donc, explorant une énième fois les ruelles. Il connaîtrait presque mieux la ville qu'un exécutif de la mafia. Enfin, il en était tout de même un ancien membre. Sombre période.
En parlant de la mafia, peut-être qu'il y jetterait rapidement un coup d'œil plus tard, voir comment elle avait évoluée.

Paul soupira, avant de se rasseoir sur le banc, grelottant à moitié. Son compagnon l'entoura alors de ses bras, le réchauffant un peu, et il s'abandonna l'espace de plusieurs minutes à cette étreinte calme et sobre. D'ordinaire, leur relation était beaucoup plus agitée. Mais, d'un autre côté, ils étaient en public.

Même dans les ruelles sombres de la ville menant vers l'un des territoires les plus hostiles, Arthur réussit à tomber sur une paire d'amoureux se câlinant un peu trop au goût du spectateur-qui-ne-voulait-pas-l'être.
Inutile de dire qu'il sortit précipitamment de l'endroit. Il avait déjà vu sa dose quotidienne de niaiserie.

Après quelques minutes, Rimbaud se releva et sortit un paquet de sa besace, posée juste à côté du banc.

-Tu deviendrais sentimental ? se moqua Paul.

Comme c'est inattendu. Rimbaud tombe sur celui qui possède un chapeau si précieux pour lui : l'hôte d'Arahabaki. N'ayant rien d'autre à faire -et parce-qu'il est curieux, vraiment curieux-, Rimbaud a l'idée magnifique de le suivre.
Peut-être qu'il rencontrera son partenaire brun, le protégé du boss de la mafia.

-C'est la saint Valentin, et ce sera peut-être la dernière que l'on fêtera ensemble.

Cette phrase signifiait de nombreuses choses, mais était surtout un rappel de leur mission potentiellement mortelle. De plus, ils formaient un couple plutôt atypique et fortement critiqué, et pas seulement parce qu'ils étaient deux hommes. En effet, Rimbaud n'avait pas encore la majorité européenne, tandis que Verlaine avait plus d'une dizaine d'années que lui. Néanmoins, il s'avérait que le plus jeune était très précoce -que ferait-il ici sinon- et qu'ils se fichaient bien des critiques. Toujours est-il que leurs entourages respectifs étaient persuadés -et espéraient même- qu'ils se sépareraient bien vite. Dire cela revenait donc également à les envoyer se faire voir avec leurs préjugés.

Suivant tranquillement le rouquin, Rimbaud ne peut s'empêcher de sourire légèrement face à Nakahara Chuuya, et en même temps il garde rancune -même si ce n'est pas de sa faute, plutôt celle du gouvernement-.
C'est ainsi que sa moue presque boudeuse est revenue : à trop réfléchir au passé, son humeur fait des chutes libres.

Paul sourit face à cette remarque, mais repoussa le cadeau que lui offrait l'autre, et se rapprocha de sorte qu'il n'y ait plus d'espace entre eux.

-Je suis d'accord, mais tu as oublié une petite chose. Ici, les hommes offrent en premier, et les femmes répondent seulement le mois suivant, murmura-t-il tout près de l'oreille du jeune homme.

Puis, une voix agaçante attire l'attention des deux énergumènes : Dazai Osamu arrive dans toute sa splendeur, avec son trench-coat beige volant dramatiquement à chacun de ses pas.
Inutile de dire que Rimbaud a assisté une nouvelle fois aux querelles du couple -même s'ils sont apparemment dans le déni-.

Arthur rougit tout en s'énervant, le rendant adorable avec son visage aux traits encore enfantins. Il tenta tant bien que mal de répondre quelque chose de cinglant à cette remarque, comme il le faisait habituellement, mais n'y parvint pas, soit trop gêné, soit trop énervé pour. C'était d'ailleurs le but recherché, et Verlaine y prenait un malin plaisir. Et malheureusement pour le plus jeune, impossible pour lui de détecter le mensonge de son compagnon, il ne s'était pas réellement renseigné sur ce genre de coutumes locales.

Pour être honnête, Rimbaud se sent comme la cinquième roue d'un carrosse entre le duo explosif -il sait que Dazai est surnommé maquereau et Nakahara semble être une limace, mais ne comprend pour pourquoi de tels surnoms-.
Ah, et puis les deux s'offrent les fameux chocolats de Saint Valentin.

A son tour, le plus âgé saisit son sac, et commença à en sortir un objet.

-Tu ne t'es même pas donné la peine de l'emballer ? dit boudeusement Rimbaud, encore vexé par la précédente remarque, bien qu'il en eût l'habitude avec ses cheveux et cet insupportable compagnon de route.

S'il est honnête avec lui-même, il regrette les choses qui se sont passées. Sans cette mission, peut-être qu'ils auraient pu être toujours ensemble et avoir d'autres fêtes comme celle-ci, juste entre-eux. Il jalouse donc quelque peu tous ces amoureux transis, mais ne peut encore une fois qu'être observateur.

-A quoi bon ? Je n'avais pas de papier, répondit l'autre en haussant les épaules, indifférent.

Il sortit un vieux chapeau du sac, et le tendit à Arthur, qui grimaça. Il savait qu'avec cette différence d'âge, ils avaient des goûts différents, mais à ce point...

Rimbaud sourit en entendant les remarques toujours aussi dégradantes sur son ancien chapeau ringard, tandis que le manipulateur de gravité défend farouchement ce dernier. Certaines chose ne changent pas. Il se demande si cela aurait été possible entre lui et Verlaine.

-Tu te fiches de moi ? Un vieux chapeau ringard ?

-Regarde, il y a ton nom dedans, sourit victorieusement le plus âgé, ayant cousu exprès à la main le nom du plus jeune quelques jours plus tôt.

-Ça me fait une belle jambe tiens !

-Tu m'as tellement parlé de ce chapeau que je me suis dit que je pouvais bien m'en priver pour te faire plaisir !

Les images entre le présent et le passé se superposent, bien que leur discours soit bien moins bruyant que les deux enfants -ils ne ressemblent à rien d'autre que des enfants- devant lui.

Il sourit malgré lui, revivant les bons moments. Et pour la première fois depuis le début de la journée, se souvenir ne fait plus aussi mal.

Rimbaud lui tira la langue d'une manière puérile correspondant à son âge. Certes il avait parlé de ce chapeau, mais uniquement pour le critiquer, les rares fois où il l'avait vu sur la tête de Verlaine, durant les saisons précédentes.

Paul lui enfonça alors l'objet sur la tête, ne lui laissant d'autre choix.

Son sourire reste niais pendant les prochaines heures, retournant dans la densité de la ville. Il ne sera certainement pas un de ces vieux habitants qui se plaignent pour un oui ou pour un non.

-Je ne le porterai pas, affirma le jeune prodige.

-Grand bien t'en fasse.

-Je le jetterai à la première poubelle se présentant.

-Fais donc, il t'appartient maintenant.

Il se laisse retomber dans la nostalgie, les remords et les regrets. Il s'en veut toujours de ne pas avoir pu voir le problème de son partenaire plus tôt, avant le moment tragique.

Arthur garda une mine renfrognée sur tout le trajet du retour, mais n'ôta pourtant pas son couvre-chef. Paul avait eu une attitude étrange en le lui donnant, cela ne lui inspirait pas confiance, mais il n'avait pas cherché à insister. Et puis, il aurait toujours une autre occasion de s'en débarrasser.

Il lève la tête vers le ciel et observe le vol des oiseaux au-dessus de lui en soupirant. Le bon vieux temps était révolu.

Et puis, il n'eût jamais l'occasion de rendre la pareille à son compagnon, car environ deux semaines plus tard, leur mission commençait...

Des cris.

Une dispute.

Un coup de feu.

Encore un autre. Puis plusieurs autres, comme un enchaînement sans fin.

Le bruit d'un corps qui tombe. Des choses qu'il souhaitait oublier. Qu'il souhaiterait simplement effacer, mais son pouvoir, aussi puissant soit-il, ne lui permettait pas de remonter le temps.

Encore aujourd'hui, il préférerait effacer ces moments de sa mémoire. Mais c'est quelque chose qui lui est impossible, ces souvenirs étant comme gravés au fer rouge.

Désormais sa mémoire grésillait, ses souvenirs s'emmêlaient, se mélangeaient, n'avaient plus aucun sens pour lui. Il était allongé sur le dos, perdu, les oreilles sifflant atrocement. Une tristesse sans nom l'enveloppait petit à petit, sans qu'il soit capable d'en savoir la raison exacte. Il tenta vainement de lever son bras vers le ciel, dans le but de se relever, mais il sombra alors dans l'inconscience tandis que ses yeux s'humidifiaient.

Il avait profané le jardin sacré qu'était le Paradis, s'était aventuré trop loin, avait touché au fruit interdit. Alors, il en payait le prix. Ils en payaient tous les deux le prix. Il avait tué celui à qui il tenait le plus en ce monde, et était incapable de s'en rappeler.

La nuit commence déjà à tomber sur la ville. Il y a de moins en moins d'amoureux dans les rues -heureusement- mais le temps s'est donc également rafraîchi. Le fantôme remonte son col dans l'espoir de conserver un tant soit peu sa chaleur.

Huit longues années s'étaient écoulées sans qu'il ne puisse jamais faire le tri dans son amas de souvenirs en vrac. Il se souvenait juste d'une chose. Arahabaki. Il l'avait libéré, ce qui avait détruit tout son univers. Et désormais, il était en train de mourir de sa main.

Il continue quand même de marcher au gré de là où ses pas le mènent. Après tout, il n'a plus nulle part où aller. Il ne fait qu'errer depuis sa mort, à quoi bon changer?

Pourtant, cet être n'était pas malsain. Au contraire, il le tenait en grande estime, même s'il n'en savait pas la raison. Peut-être qu'il lui rappelait un peu son lui d'autrefois. Un être trop puissant pour un monde rempli d'incompréhension. Un être que l'on définissait par son pouvoir trop grand et non par sa personnalité propre.

Comme lui autrefois. Il ne fallait pas que lui non plus en soit convaincu, il fallait qu'il vive sa vie en trouvant sa voie, seul, sans se juger lui-même.

Et il s'arrête pour contempler la lune, se demandant si lui voit la même chose, de là où il est.

Il utilisa alors ses derniers mots pour permettre à un autre de vivre pleinement. Et, alors qu'il était aux portes de la mort, ses souvenirs commencèrent à lui revenir. Il se souvint de nombreuses choses, trop pour toutes les trier, mais il retint sur le coup les plus importantes. Il se souvint enfin de la raison pour laquelle il tenait tant à ce chapeau ringard. Pourquoi il avait si froid depuis le grand drame qui avait provoqué la perte de ses souvenirs, et pourquoi cette sensation ne s'estompait jamais. Il senti alors enfin une chaleur vive s'infiltrer dans tout son corps, et ce pour la première fois depuis si longtemps. Même s'il l'avait tué, il allait enfin le retrouver.

Puis il rit de sa propre attitude. Beaucoup trop cliché comme réflexion, surtout en ce jour et pour une personne qu'il était censé ignorer actuellement -il était plutôt rancunier. Ce n'était pas lui le premier à avoir tiré.

Son âme se détacha alors, et il commença à s'éloigner de son corps. Seulement, à sa grande surprise, il ne s'envola pas, ou ne s'éteignit pas, ou quelque chose que les morts étaient censés faire parce que morts. Il pesta, puis une évidence le frappa soudain.

Cette ville lui avait pris trois choses essentielles. Celui qu'il aimait, sa mémoire et sa vie.

Il était persuadé d'avoir tué son compagnon huit ans auparavant, pourtant, maintenant qu'il se rappelait tout, un détail lui sauta aux yeux. Celui qui lui avait mis des bâtons dans les roues, son ancien partenaire, et l'être à qui il tenait tant, n'étaient en fait qu'une seule et même personne. Il se rappelait désormais de son visage dans ses moindres détails, de sa voix, de ses moqueries.

Il l'avait recroisé durant ces huit années, mais avait été incapable de le reconnaître sur le coup, même si cette rencontre lui avait alors fait forte impression.

Mais comme, d'un certain côté, elle lui avait également rendu les trois, en plus de lui avoir apporté une multitude d'autres choses, il ne lui en voulait désormais plus.

Il sourit, tout en maudissant l'autre. Comment avait-il fait pour survivre ? Il ne le saurait sûrement pas. Pourquoi s'était-il retourné contre lui ? Il s'était opposé à la libération d'Arahabaki, mais il n'aurait certainement pas la réponse tout de suite.

-Reviens vite, murmura-t-il face à la lune.

-Très bien, tu auras donc décidé de m'emmerder jusqu'au bout. Moi qui pensais partir après toi. Je t'attendrai, mais ne tarde pas trop, ou tu seras vraiment trop vieux pour moi, crétin ! cria-t-il à la nuit solitaire. Je n'ai pas encore eu l'occasion de te donner mon cadeau, murmura-t-il ensuite pour lui tout seul, tentant vainement de cacher les tremblements de sa voix, avant de se mettre en marche.

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