Chapitre Sept
CHAPITRE SEPT
- Vert sauge -
— Qu'est-ce que ça te coûte de lui proposer ? insisté-je en regardant Nills fouiller dans son placard.
Ça fait plus de quinze minutes qu'il est à la recherche d'une tenue discordante, impatient de jouer au loufoque à la soirée. Pendant que je plaide la cause de mon amie Camila et tente de convaincre Nills d'y aller avec elle. Rien n'y fait, il est catégorique : il ne veut pas être accompagné par peur de se sentir retenu. Il lève finalement la tête dans ma direction et je profite d'avoir toute son attention pour ajouter :
— Cam est pas prise de tête, vous vous amuserez tous les deux.
— J'te crois mais j'ai besoin d'être libre comme un petit colibri, moi ! dit-il en mimant des ailes autour de lui.
Nous gloussons de rire avec une synchronisation inquiétante. Je m'avoue vaincu, je n'aurais pas réussi à arranger le coup avec Cam. La soirée a commencé depuis plus d'une heure, je dois bientôt rejoindre Neevah seulement disponible après 21h30, alors je n'ai plus de temps pour me préoccuper de la compagnie de mon meilleur ami. Je quitte sa chambre au même moment où son téléphone sonne — ça ne cesse plus depuis qu'il a appris la grossesse de sa mère, trois jours plus tôt. Il a demandé à avoir des nouvelles chaque jour, je crois qu'il est plus soucieux que ses parents. Ce n'est pas eux qui l'appellent cette fois mais sa grande amie, Maddie.
— Ouais ma Lovegood, décroche-t-il.
Je souris dans mon coin en prévenant mon amie de la mauvaise nouvelle. J'enfile ensuite ma surchemise quand la voix de Nills s'élève dans la pièce voisine.
— Comment ça, là ?
Le ton de sa voix m'interpelle. Ces dernières années ont été si chargées d'émotions qu'elles m'ont forcé à être vigilant, toujours sur mes gardes et d'une quelconque manière, à s'attendre au pire dès que le cours de la vie me semble un peu trop calme.
— Attends mais... On n'avait pas dit le 19 mars ? poursuit-il.
Je rigole lorsque je comprends de quoi il s'agit. Nills a encore oublié quelque chose parce que nous sommes bel et bien le jour qu'il indique et qu'il ne l'avait pas réalisé. À l'autre bout du téléphone, Maddie doit lui dire car après le silence s'en suit un brouhaha monstrueux. Des objets tombent, des pas claquent, la voix de mon meilleur ami rugit.
— Putain de merde, c'est pas vrai ! Reste où t'es, bouge pas, j'arrive.
Je le retrouve à la porte de sa chambre, dans un état d'affolement prononcé. Au moins, il a réussi à mettre des habits surprenants. Son pull d'hiver bleu clair, aux flocons brodés, jure avec son pantalon rouge. On dirait un moniteur de ski... en panique.
— J'avais zappé que Maddie venait ce soir, culpabilise-t-il. Elle m'attend à la gare routière.
— Raccompagne la, elle reviendra demain, non ?
— Non, elle vient passer tout le week-end !
Je ricane en comprenant alors son désespoir, il ne peut pas annuler ce petit séjour sans doute prévu depuis longtemps. Il lui promet de lui faire visiter Seattle chaque fois qu'ils discutent.
— Tu crois que je peux l'emmener à la soirée ?
— Pour qu'elle fasse une syncope ? Excellente idée.
Nills grimace, conscient de la réalité. Maddie est aux antipodes de lui, elle ne prendrait aucun plaisir à être entourée de jeunes plus âgés, enivrés par l'alcool et autres substances, qui s'oublient auprès d'autres, sur des pistes de danse ou dans des chambres. Elle serait mal à l'aise à cette fête de fraternité. Ça ne laisse que deux solutions à Nills ; il en choisit une sans réfléchir davantage.
— Tant pis. Amuse-toi pour moi, bébé.
— Je donnerai tout, ris-je.
Je parviens à lui décrocher un sourire avant qu'il ne quitte l'appart'. Lui qui s'amuse tant avec ses coéquipiers, ne rate jamais un évènement de la FI, il n'avait pas l'air si déçu d'y tirer un trait ce soir. La perspective d'être avec Maddie doit lui suffire. En plus, ils auront tout l'appartement pour eux durant deux jours... Qu'on ne me fasse pas croire qu'il n'y a que de l'amitié dans cette histoire.
Neevah 21H47
[C'est bon. Je suis prête.]
Son message me fait de nouveau sourire. Après notre déjeuner, une importante part de moi n'attendait que ce jour pour retrouver ma camarade mystérieuse. Peut-être que je découvrirai enfin son secret autour de cette soirée.
Je ne traîne pas et quitte mon chez-moi avec précipitation mais prends un air indifférent lorsque je l'aperçois devant le hall de mon immeuble. J'ai dû batailler pendant des heures pour qu'elle accepte qu'on y aille ensemble. À une seule condition, que je ne passe pas la chercher... elle qui tenait à me faire venir chez elle auparavant. L'attitude de cette fille défie toute logique humaine.
Ses yeux s'écarquillent en se posant sur moi alors qu'on se salue avec politesse, comme deux parfaits étrangers. Ce que l'on est encore en quelque sorte. Je retiens un soupir lorsque je l'observe à mon tour. Elle n'a plus d'afro mais porte de longues braids qui longent son dos, recouvrent l'arrière de ses épaules dénudées. Ses tresses sont décorées de bijoux dorés qui s'accordent avec ses boucles d'oreilles, à son maquillage brillant, à sa robe... d'un vert sauge, identique à ma veste.
Mon rire m'échappe tandis qu'elle sourit malgré elle. Qu'on le veuille ou non, nous sommes accordés et nous le resterons tout au long de la soirée. Et putain... je suis content qu'elle n'ait pas choisi d'autre robe que celle-ci. Longue et cintrée, elle accompagne son corps fin jusqu'aux tibias révélant des talons dorés. Sa peau noire resplendit grâce à ces teintes, impossible d'y rester insensible.
Neevah se racle la gorge sans doute pour relever mon regard un peu trop audacieux.
— Tu... Tu es très beau, balbutie-t-elle.
Mon estomac se serre et je devine parfaitement pourquoi. Je fais un pas de plus vers elle, ne laissant que de maigres centimètres entre nous. Notre différence de taille l'oblige toujours à lever légèrement la tête, en dépit de ses talons et qu'est-ce que j'aime ça !
— Ah, tu t'en es souvenue !
Elle redresse un sourcil, perdue.
— Du compliment que tu me devais, souligné-je avant de réaliser. Attends... C'était un vrai compliment ?!
— Pas du tout ! Bon, on y va ou on attend d'attraper la pneumonie ?
— Niniiiiii, chantonné-je alors qu'elle s'en va. Tu m'as fait un compliment en dehors du pari ! Ce qui veut dire que tu m'en dois toujours un.
— Ne change pas les règles, proteste-t-elle.
— Je les change pas, elles sont établies comme ça depuis... dans ma tête.
Je rigole exagérément pour la taquiner au maximum cependant elle reste de marbre et m'ignore royalement en remontant l'allée de la résidence. Au bout de celle-ci, je la rattrape de justesse par le bras avant qu'elle ne se dirige dans la mauvaise direction.
— Ma voiture est garée là-bas. Sauf si, après être passée me chercher, tu veux aussi conduire ?! raillé-je.
Je fais exprès de garder mes doigts autour de son poignet juste pour voir pendant combien de secondes elle se retiendra de les enlever. Étonnement, ça dure plus longtemps que je ne l'envisageais. Nous marchons doucement sous la brise fraiche et ma main ne quitte pas sa peau.
— Et pourquoi pas ? sourit-elle provocante.
— En tout cas, ce sera pas avec ma voiture !
— Me dis pas que tu fais partie de ces mecs machos qui aiment plus leur bagnole que leur nana ?!
Neevah me toise de son fameux regard noir et je me sens honteux alors que je ne suis même pas concerné. Si je l'étais, je n'oserais pas l'avouer.
— Non plutôt le genre qui se ferait défoncer par ses parents s'il l'abîme, confié-je. Je préfère ne pas la confier à d'autres.
— Mmh pourtant je suis plutôt sûre d'avoir déjà vu ton coloc se pavaner au volant, sur le campus, relève-t-elle. Comment il a eu ce passe-droit, lui ?
Premièrement, je suis étonné qu'elle ait remarqué ça. C'était au mois de décembre lorsque la voiture de Nills était en panne et était resté un peu trop longtemps chez le garagiste. Deuxièmement, je décèle une pointe de malice, dans sa manière de poser les questions, qui me captive.
— On se connait depuis nos 12 ans, ce mec a tous les passe-droits dans ma vie, lui dévoilé-je.
J'ouvre la portière côté passager, me décale sur le côté et enchaîne, un bras tendu vers l'intérieur :
— Maintenant, si madame a fini son interview... On pourrait se mettre en route !
Armée d'un demi-sourire, elle me frôle avec une lenteur que je soupçonne d'être calculée. Elle sait très bien ce qu'elle fait et elle sait que ça fait son effet. J'ai l'impression de rencontrer petit à petit la Neevah dont elle m'a rapidement vanté les mérites, celle « bonne comédienne », qui sait s'amuser, et la partie d'elle qui aime jouer avec le feu. Même si c'est feint, que ce pseudo-flirt aura disparu dès le lendemain, ça ne m'empêche pas de m'en donner à cœur joie.
J'ai même ma petite idée derrière la tête lorsque je claque la portière, fais le tour du véhicule et m'installe derrière le volant. Si elle veut jouer à la provocation, on va pimenter le niveau. Heureusement, Neevah n'a pas bougé. Elle répond frénétiquement à quelqu'un sur son téléphone mais je repousse ses mains en me penchant vers elle. Mine de rien, j'attrape le pan de la ceinture et le fais passer au-dessus de son buste, sa taille, ses hanches pour finalement enclencher l'embout. Le tout, le souffle court, sans jamais la regarder.
— Je te savais pas si... gentleman, remarque-t-elle quand je démarre.
— Y'a beaucoup de choses que tu sais pas sur moi.
— Tu me les feras découvrir ?!
— En une soirée top chrono ?
Comme elle ne répond pas tout de suite, je jette un regard dans sa direction. Une expression particulière habite son visage. Ma question a peut-être sonné comme un reproche... Pour chasser la gêne, je rajoute :
— Si tu veux, ouais, mais il me faut mon verre gratuit, d'abord.
— Celui qu'on va avoir grâce à moi, me taquine-t-elle, parce que j'ai décidé de mettre cette sublime robe assortie à ta veste, sans même le savoir ?
— Pardon, mademoiselle ?!
Mon air outré lui tire un sourire. J'adore la manière dont la commissure de ses lèvres, recouvertes d'un rouge à lèvre mat, se courbe juste un peu. C'est si discret... Je remercie mentalement le panneau stop de m'avoir permis de voir ça.
— Vu le temps que t'as mis à te préparer, c'est plutôt toi qui t'es assortie à moi. Mais, t'as raison sur un point...
Pause. Je laisse passer quelques secondes pour la tenir en haleine mais aussi pour me concentrer sur la route obscure.
— C'est vrai qu'elle est sublime cette robe, dis-je d'une voix plus rauque que je ne voudrais.
— Merci... T'essayes de me draguer ?
— J'essaye pas, je le fais. C'est comme ça que je traite mes +1, j'ai oublié de te le dire ?
J'adopte un faux air navré. Neevah secoue la tête se retenant peut-être de m'insulter de tous les noms, ce qui me fait éclater de rire. Elle n'imaginait quand même pas que j'allais rester sage alors que je lui rends service ? Non, je dois trouver ma satisfaction aussi.
— Tu veux toujours venir ? Parce que je te ramène chez toi, si ça te pose problème, raillé-je.
— Pas de souci, rebondit-elle les lèvres pincées.
— En plus, c'est toi qui a commencé à me draguer. T'as même perdu tes mots devant mon charme !
— Je t'ai dit que je faisais bien semblant.
Sa pique, au lieu de me vexer, provoque mes rires. Elle ne manque pas de répartie quand elle ne se contente pas d'un « oui » ou d'un « non » comme réponse. Je ne peux m'empêcher de penser qu'Ayden l'adorerait s'il venait à la rencontrer, enfin vraiment la rencontrer.
— Alors ça a été tes exams ? demandé-je pour faire la discussion.
— Je crois que... commence-t-elle avant de se retenir de dire un mot interdit. Je crois. On verra bien avec les résultats. Et toi, tu vises toujours les premiers rangs de la promo ?
— Toujours. Mais, à mon avis, ces partiels vont m'en faire perdre quelques-uns.
Ses mots défilent en boucle dans ma tête. Elle remarque mes classements aux fins de semestre ! Elle n'est donc pas entièrement méprisante à l'égard de mon existence. La sienne m'intrigue.
— J'ai cru comprendre que t'avais transféré d'université comme moi, t'étais où avant ? me lancé-je.
— Nashville, dans le Tennessee.
Ça y est, j'ai la terrible impression d'avoir dépassé la limite invisible qu'elle impose entre elle et les autres. Elle se referme totalement. Ses bras se croisent sur sa poitrine, son regard au loin se durcit, ses traits se marquent. Afin de la détendre, je me confie un peu en retour :
— Une très bonne amie y est, elle s'y plait bien. C'était pas ton cas ?
— C'était cool mais je devais partir, c'est tout, coupe-t-elle court.
— D'accord... Pourquoi t'es venue alors ? Je veux dire, ici à Seattle, à l'autre bout de là où t'étais ?
Elle se met à frotter son sourcil mais ne me laisse pas sans réponse.
— Pour ma meilleure amie.
— Ah, je comprends. Je suis aussi venu rejoindre mon meilleur ami ! Ça nous fait un deuxième point commun.
— Y'en a un premier ? s'étonne-t-elle.
— Le chocolat. Faut suivre, Nini.
Nous nous sourions automatiquement. Son sourire à elle me tord le ventre quand je me rends compte qu'il me donne envie de l'embrasser. Je calme mes ardeurs en pensant à autre chose de nettement moins plaisant. Ça marche durant plusieurs secondes. Heureusement, elle ne me regarde plus lorsque je retourne la tête, elle est sur son téléphone. La malice me pousse à l'attaquer.
— Et comment elle va, ta meilleure amie ?
— Pourquoi tu me demandes ça ? s'inquiète-t-elle, pleine de soupçon.
— Je sais pas... Je me dis que ça doit pas être facile de côtoyer quelqu'un d'antipathique comme toi, on en sort pas indemne.
— Oh, je t'emmerde !
J'éclate de rire alors qu'elle se renfrogne davantage sans toutefois me faire réellement la tête. Nous nous réduisons au silence pour le reste du trajet. Cinq minutes plus tard, nous longeons la partie sud-est du campus et apercevons la géante demeure de la fraternité Fire & Ice. Inscrite parmi les plus grandes habitations universitaires de l'État de Washington, la maison victorienne s'impose sur plusieurs mètres en long, en large et en hauteur. J'y ai déjà mis les pieds plusieurs fois mais ce soir, elle parait encore plus majestueuse décorée de ses lumières, tapis rouges, fleurs... De l'extérieur, tout porte à croire qu'elle abrite une fête empreinte de luxe et de bienséance. Chaque invité sait que c'est absolument le contraire qui nous attend. La luxure et l'indécence. Il n'y a rien de plus désinhibé que des étudiants après une semaine d'exams.
La musique qui s'en échappe vient nous narguer dès que l'on s'extirpe de la voiture. Je souris en ayant une petite pensée pour Nills qui s'en voudra longtemps d'avoir raté cet évènement. En attendant, je vais me faire plaisir. Une main tendue vers ma partenaire, je quémande :
— Prête à te jeter dans la cage aux grizzlies ?
Elle ne dit rien mais s'empare de ma main à la hâte. Cette fois, elle est la première resserrer notre emprise comme si elle s'accrochait à moi. J'ai du mal à saisir ce stress qui l'assaille parfois. Elle attend quelque chose de cette fête et je ne compte pas rentrer chez moi sans en connaître la nature.
— Plutôt vodka ou gin ? souris-je.
— Mmh ?
— Pour notre shot de début de soirée.
Tandis que nous argumentons chacun pour notre alcool préféré, évidemment différent, nous arrivons devant le perron où une queue s'est déjà formée. Ce n'était donc pas une exagération, la fraternité a renforcé sa sécurité : un vigile vérifie les cartes d'invitation, un s'occupe de fouiller les sacs, et deux autres contrôlent les poches et habits larges des invités. Je ne me suis jamais intéressé aux débordements de l'année dernière toutefois je constate qu'ils ont laissé des dégâts.
Certains disent que des étudiants sont morts après une mini-fusillade, d'autres qu'il y a eu une bagarre générale au sujet d'un deal de drogue ; Nills lui m'assure qu'il ne s'est rien passé d'autre qu'une dispute de couple. Lui non plus n'était pas là mais il croit ce que lui disent ses coéquipiers. Moi, je pense que si les rumeurs sont fausses, la plupart du temps, elles révèlent néanmoins un problème pas encore éclairci. Avant, j'aurais sûrement essayé de lever le voile dessus ; dorénavant, je fais l'autruche et m'en tiens éloigné.
— Lieth ! s'écrie un grand métis aux portes d'entrée. Laissez-le passer, c'est bon, il est avec nous.
Je dépasse les dernières barrières de sécurité puis m'approche avec un sourire forcé. Ambrose fait partie des têtes influentes de la fraternité. Trésorier et comptable, ce mec se comporte comme un banquier. Il pue la richesse à plein nez mais son âme n'est pas faite d'or. Il a tout d'exécrable. Malheureusement, il n'a pas le même avis sur moi. Il pose ses yeux clairs sur Neevah, silencieuse à ma droite.
— Bonsoir toi, t'es magnifique, dit-il d'un ton entiché.
— Merci Ambrose.
Je fronce les sourcils, oscillant entre lui et elle. Parce qu'en plus de connaître Gia, elle le connait lui aussi ? Il poursuit à mon intention :
— T'as pas mis le pull qu'on t'a filé ?
Il tapote le polo vert foncé qui s'étire sur sa grande carrure. Au niveau de son cœur est cousu le logo de la FI, une goutte d'eau sur des branches de bois. Un genre de feu de bois mais sans flamme. Dans son dos, je sais que son nom ou surnom y est inscrit. Comme sur le pull que m'a brandi Nills quelques jours plus tôt en même temps que celui qu'il avait lui-même reçu. En les voyant, on a aussitôt passé un accord tacite : il est hors de question qu'on porte ces choses.
— Nills a dû oublier de me le donner, inventé-je. Tu le connais !
— Il est où d'ailleurs ?
— Il pourra pas venir, il a un contretemps.
Je n'écoute plus ce qu'il me dit car je suis distrait par l'animation du lieu, au moment où la porte s'ouvre dans son dos. C'est comme être happé par un nouvel univers et les découvertes qu'il nous propose. J'entraîne Neevah à travers les multiples pièces toutes plus bruyantes, les unes que les autres. Je pense avoir enfin atteint le bar quand une voix m'interpelle de nouveau. Je reconnais celle de Giacomo avant de lui faire face, malgré le mouvement de recul de Neevah.
— Gallagher, salut ! m'accueille-t-il honnête. Neevah, je savais pas que tu connaissais Lieth.
Il réajuste sa casquette — aux couleurs FI — sur ses cheveux châtains et pose finalement un regard insistant sur mon invitée. Je réalise que je rate quelque chose de plus grand que je ne l'imaginais. Ces deux-là ont une histoire. D'une quelconque manière, Neevah a un lien avec la fraternité mais un qui n'est pas assez fort pour être invitée ? Ou plus assez ? Ce qui me laisse perplexe puisque depuis le début de l'année, je ne l'ai jamais vue auprès des mecs.
— On se fréquente, ment-elle le menton droit.
— J'savais pas que toi tu la connaissais, réagis-je auprès du capitaine de l'équipe. On est dans la même promo.
Sous-entendu : comment toi, dernière année, tu peux la connaître ?
— On s'est... croisés, s'exclame-il avec un rictus indescriptible. Bon bah, amusez-vous. Faites comme chez vous mais pas trop quand même.
Sur cette dernière phrase, il fixe Neevah quelques secondes un peu trop longues et puis s'en va aborder d'autres personnes. Alors que j'amorce une discussion avec la concernée, celle-ci fuit aussitôt :
— On va le prendre ce shot de vodka ?
— De gin, tu veux dire.
En dépit de ma forte curiosité, je laisse de côté le sujet « Giacomo Peller » parce qu'il semble la mettre mal à l'aise. Nous commandons nos boissons gratuites et avant de l'entamer, nous nous faisons plaisir avec un shot qui a le don de distiller le nœud de stress qui bloque ma gorge depuis des semaines. Nous circulons ensuite dans la maison qui regorge de jeunes à chaque coin.
Beaucoup viennent réclamer le roi de la fête absent me permettant de présenter Neevah à chaque fois. Elle se montre moins bavarde mais tout de même plus amène. Et sa beauté ne passe pas inaperçue, à mon plus grand regret, car je dois serrer les dents à la moindre invitation à boire ou danser qu'elle reçoit priant pour qu'elle les décline. Elle le fait. Cependant, si elle les acceptait, je ne pourrais rien faire d'autre que de rester spectateur et de ravaler ma possessivité puérile.
Notre soudaine entente n'est signée que pour quelques heures. Demain au réveil, je sais déjà qu'elle se montrera aussi distante qu'elle l'était jusqu'à la semaine dernière. C'est le deal après tout, elle ne m'a jamais promis plus. Alors si Neevah n'est à moi qu'une seule soirée, je veux qu'elle le soit entièrement.
_______________________________
Hellooooooooo,
Je suis désolée d'avoir mis plus de temps pour poster ce chapitre mais j'ai eu quelques obligations pro qui m'ont empêchée de terminer. Ce message sera court car, comme la plupart du temps, je suis impatiente de vous poster cette nouvelle partie !
Je crois que plus j'écris, plus c'est moi qui tombe amoureuse de Neevah avant même Lieth. Aussi, je voulais partager une petite difficulté que je rencontre depuis le début de Find My Way, comme Lieth & Nills se ressemblent beaucoup, j'ai souvent peur que les deux personnages en viennent à avoir le même caractère. Donc, je relis souvent les dialogues et me demande à chaque fois "Comment Nills réagirait ?" pour être certaine de ne pas mélanger les deux. C'est compliqué mais je trouve que c'est un excellent exercice !
Voilà... En tout cas, j'espère que le chapitre 7 vous aura plu & j'ai hâte de lire vos avis.
Prenez soin de vous, bonne semaine 🧡
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top