Chapitre Cinq
CHAPITRE CINQ
- Regards noirs & menace d'agression -
La bourrasque de vent que l'on se prend en plein visage lorsque l'on sort de la salle d'exam est digne de la claque mentale que nous a infligée le prof de robotique. Je savais que notre projet n'était pas abouti mais ce n'était pas possible de faire plus en si peu de temps. Nous sommes entrés confiants, Cam, Davis & moi pour finalement sortir dépités.
— Quel désastre, s'apitoie mon ami.
— Non, je trouve qu'on s'est bien débrouillés, assure Cam. En plus, on savait à quoi s'attendre avec lui. On aura quand même la moyenne.
— J'te rappelle qu'il me faut plus que ça pour valider mon année.
Je les écoute à moitié, déjà concentré sur la suite : les heures de révision à la bibliothèque universitaire, les deux examens de demain, les corrections qu'il me reste à faire sur ma programmation... Je ne peux pas m'arrêter sur un échec, par peur d'y perdre ma motivation et ma force. Je dois juste continuer.
— J'vous laisse, je file à la BU, m'excusé-je auprès d'eux.
— OK, demain j'y serai de 15h à 18h.
— Cam, toujours pas ?
Elle mime un haut le cœur qui nous fait marrer. Elle préfère travailler bien au chaud dans sa chambre étudiante, enroulée dans un plaid avec ses thés à volonté. Il n'y a que dans ce confort qu'elle est la plus efficace alors on ne la verra jamais mettre un pied dans une pièce de bibliothèque plus de 15 minutes — le temps qu'il faut pour emprunter un livre.
En me dirigeant vers la bibliothèque, de l'autre côté de l'esplanade peuplée de groupes d'étudiants, je repère une silhouette particulière. Neevah se tient devant une des doubles portes d'entrée et discute avec une petite blonde aux lunettes rondes. Cette dernière ne fait pas partie de notre promo. Je tiens peut-être la clé secrète de Neevah, ne traîner qu'avec des personnes d'autres filières.
Je m'approche d'elles avec un sourire que je ne peux contrôler. Je pensais reprendre son numéro à la fin d'un partiel en commun, dans la semaine, mais l'occasion se présente plus tôt. Pour mon plus grand bonheur. Le jeu débile qu'elle a instauré entre nous sans le savoir m'anime. Je comble le pas restant jusqu'aux filles.
— Salut, dis-je simplement en ne regardant qu'elle.
— Euh... Salut, répond-elle sur l'intonation d'une question.
— J'y vais du coup, à demain Nini, s'exclame l'autre fille déjà en mouvement.
Mon sourire s'agrandit alors que je répète :
— Nini ?
— Ça reste Neevah pour toi.
— OK, bah moi c'est Lieth mais tu peux me donner le surnom que tu veux, Nini, raillé-je.
Elle souffle et regarde au loin tandis que les commissures de ses lèvres la trahissent en se plissant. Je profite de son inattention pour l'observer davantage. Ce soir, ses cheveux sont plaqués et rassemblés en un chignon haut qui s'éparpille autour de sa tête comme une auréole. Ses lèvres charnues brillent un peu, sous une couche de gloss. Ses sourcils bien dessinés mettent en valeur ses yeux légèrement en amandes. D'imposantes boucles d'oreille créoles ornent ses lobes, ajoutant une touche soignée à son look entièrement noir.
— Tu voulais me dire quelque chose ? reprend-elle. Je dois y aller ensuite.
Je suis le mouvement de ses doigts qui viennent triturer la carte pendue à son cou. Celle de conseillère de BU. Les points se rejoignent dans mon cerveau lorsque je réalise qu'elle travaille ici, ce qui explique qu'elle m'ait trouvé si facilement la dernière fois.
— J'voudrais reprendre ton numéro... Longue histoire mais je l'ai perdu vendredi.
Je lui tends mon téléphone et elle le saisit sans rechigner. Après tout, c'est elle qui a fait ce premier pas vers moi ou même deuxième.
— Au fait, qu'est-ce que tu faisais à la patinoire ? Je t'y ai jamais vue.
— Je travaillais aux consignes, c'était exceptionnel, explique-t-elle avant de me rendre mon portable : alors ça donne quoi ta liste d'attente imaginaire ?
— J'envisage de te faire passer tout en haut, asséné-je. T'en penses quoi ?
Le ton sérieux que j'ai emprunté ré-enclenche la tension entre nous. L'ambiance est plus lourde alors que nos regards s'accrochent, se cramponnent, se défient. Le sien a quelque chose d'envoûtant dans sa noirceur profonde comme si l'on pouvait s'y perdre en y plongeant trop longtemps. C'est peut-être ce que je risque si je me rapproche d'elle. Est-ce que je le redoute ? Non.
— Tu serais un homme de bon goût si tu le faisais, joue-t-elle aussitôt.
Mon rire m'échappe toutefois je me ressaisis.
— Il me manque quand même une info pour choisir.
L'air interrogée, Neevah hausse un sourcil. Je la fais languir un peu plus en l'invitant à avancer dans le bâtiment de la bibliothèque.
— Toi, tu vas à la soirée. Moi, qu'est-ce que j'y gagne ? quémandé-je enfin, une fois dans l'ascenseur.
— Tu le sauras après... Tu me remercieras même.
Pour la provoquer, je fais mine de douter de ses propos. Tandis qu'elle me jauge avec une assurance que je lui découvre. Où est passé le stress qui l'habitait lors de notre première conversation ? Je ne vais pas m'en plaindre car cette touche d'elle est plus attrayante. Je profite de l'intimité que nous offre la cabine et me rapproche légèrement d'elle, de façon à ce qu'elle ne le remarque pas. Je la dépasse de plusieurs centimètres malgré ses bottines à talon, j'en profite pour la surplomber de ma taille. Ça l'interpelle enfin puisqu'elle lève enfin ses prunelles sur moi. J'aime le fait qu'elle ne détourne pas le regard face à la pression, comme si elle préférait plutôt l'affronter.
— Tu sais que l'on devra avoir l'air d'un couple, vendredi ?
— Je joue bien la comédie, répond-elle du tac au tac. Mais ça se finira pas dans ton lit.
— C'est pas ce que j'attends d'toi.
Je dois presque lui courir après lorsque les portes s'ouvrent au quatrième étage, réservé au secteur Sciences Humaines. Je n'y ai jamais mis les pieds, je découvre alors un tout nouveau lieu peu fréquenté. À chaque fin de semestre, le département des Sciences est convoité par tous les étudiants. Ici, ce n'est pas le cas.
Neevah traverse plusieurs espaces puis se dirige droit vers un bureau d'accueil vide. Pendant qu'elle y prend place et installe ses affaires, je m'accoude au plan de travail qui nous sépare. Je continue d'une voix plus posée :
— Je me dis juste qu'on s'amuserait plus si on se connaissait un peu mieux. On s'fait un truc dans la semaine ?
— On peut apprendre à se connaître à la soirée, non ? J'ai pas vraiment le temps avec le boulot et les révisions.
— Mercredi midi, proposé-je quand même. On pourrait réviser la modélisation pour jeudi.
— Je sais pas.
Je me redresse, faussement dépité, et commence à m'éloigner à reculons.
— Je trouverai quelqu'un d'autre, c'est pas grave.
Elle peste mais me fait signe de revenir. Ce que je fais comme un toutou dressé à la perfection.
— Mercredi midi, chez moi. On habite dans le même quartier.
— T'es sûre ? Ça nous fera faire un aller-retour sur le campus. On pourrait venir ici plutôt.
— Non, ce sera très bien à mon appart, ponctue-t-elle décidée.
Interloqué, je fronce les sourcils. Cette fille défie toute loi de logique. Un jour, elle me réserve une indifférence totale, l'autre elle veut m'inviter chez elle.
— Pourquoi t'insistes autant pour qu'on se voit chez toi ?
— Parce que je sais où sont les couteaux, murmure-t-elle tout à coup penchée vers moi.
Son ton me laisse interdit car durant quelques secondes Neevah a l'air d'une folle. Juste un petit temps avant qu'elle n'éclate de rire, de manière tempérée pour respecter le calme ambiant. Mon palpitant redémarre avec frénésie, alors que je relâche la tension et la surprise de découvrir son rire pour la première fois. Agréable à entendre mais à voir aussi tant il l'embellit.
— OK, une reine du second degré, constaté-je tout sourire.
— Je rigolais à moitié. Si tu tentes quoi que ce soit, je te la coupe en trois.
Son coup d'œil vers mon entrejambe me fait déglutir. Rectification : elle n'a pas seulement l'air, Neevah est folle. Je me penche à nouveau pour remettre une proximité stimulante entre nous et encadre son corps de part et d'autre avec mes bras. C'est encore son parfum qui me parvient en premier avant même que je la regarde droit dans les yeux. Mon souffle se hache peu à peu.
— Je dois avouer que pour le moment, je suis plus effrayé que convaincu...
— Parfait, je te convaincrai après. À mercredi, me congédie-t-elle.
Je suis sur le point de répliquer quand elle fait glisser sa chaise sur la gauche et salue quelqu'un dans mon dos. Une étudiante venue rendre ses prêts, je la maudis d'avoir choisi ce moment pour le faire. Neevah, elle, doit s'en réjouir intérieurement même si elle ne montre rien. Elle ne me considère plus du tout. Je la laisse faire son job mais la provoque en m'installant à une table pile dans la ligne de mire de son poste. Lorsqu'elle me repère, après avoir aidé trois étudiants à la suite, elle secoue la tête puis grimace d'exaspération. Je me marre en lui adressant un petit signe de la main.
Qu'elle m'apprécie ou non, Neevah sera bien obligée de me supporter si elle souhaite m'accompagner vendredi. J'ai l'intention d'en jouer au maximum avec l'espoir qu'elle finisse par craquer. Au-delà des apparences, je suis certain que l'on pourrait s'entendre. Et une grande part de moi s'impatiente de lever toutes les zones d'ombres qui résident au-dessus d'elle.
***
Le lendemain, je profite de ma solitude pour réviser au salon. Trois bonnes heures durant lesquelles j'avance avec une motivation impressionnante, probablement pour oublier la moindre tentation. Je tiens bon, je bois beaucoup d'eau, je m'empêche d'ouvrir les placards, je reste assis dans le canapé entouré par des dizaines de feuilles, cahiers et mon ordi en surchauffe. J'aurais au moins le mérite de bien avoir bossé.
Je suis soulagé de reconnaître les pas de Nills dans les escaliers, de retour de son entraînement. Il doit être au téléphone car sa voix me parvient de l'autre côté du mur.
— Comment ça, enceinte ? s'écrie Nills en entrant dans l'appartement. C'est une blague ?
Je me retourne, les yeux écartés comme des soucoupes. Ma curiosité est piquée à vif. Mon meilleur ami est tout aussi choqué que moi, je vois que les mots lui manquent à sa façon de froncer les sourcils et de jouer avec ses mains. Il part dans sa chambre, y dépose son sac dans un vacarme démesuré, revient pour enlever ses chaussures à l'entrée, se déplace vers le frigo, ouvre une bouteille d'eau pour finalement la laisser sur le comptoir... Une vraie pile électrique, du genre qui ne s'épuise jamais.
— Mais pourquoi tu me dis ça, là ? Il est 22 heures, j'sors de l'entraînement ! Tu veux que j'fasse une crise cardiaque ?
Spectateur, je ris de son mélo-dramatisme. Il vient s'asseoir à côté de moi.
— OK, d'accord ! Oublie pas... souffle-t-il à son interlocuteur. À demain.
Il raccroche tout en me faisant face avec une sérieuse pâleur. Les quelques mèches de cheveux mouillés qui lui tombent sur le visage accentue sa mine perdue.
— Félicitations ?! plaisanté-je.
— Merci mais j'y crois pas.
— Y'a pourtant rien d'étonnant, c'est ce qui arrive quand un garçon met ses petits graines dans le...
— Roh, tais-toi !
Il éclate de rire et me tape dans l'épaule avant d'y reposer sa tête, les mains sur son visage. Il souffle plusieurs fois tandis que ma crainte s'éveille doucement. Est-ce vraiment sérieux cette histoire de grossesse ?
— C'est qui ? Tu connais le prénom de la fille au moins ?
— Mais, c'est pas moi ! réagit-il. C'est pire, c'est mes parents. Mon père vient de me balancer ça, putain mets-moi de l'acide dans les tympans.
— Quoi ?!
C'est de nouveau à moi de rire, décompressé par la nouvelle. Le scénario que je m'imaginais était plus inquiétant, aux conséquences plus importantes sur sa vie. Je ne peux qu'être soulagé. Lui est toujours bloqué dans l'horreur, il poursuit :
— Ça y est, je suis parti depuis six mois et ils en profitent pour copuler à tout va, se lamente-t-il.
— Mon amour, je pense pas qu'ils aient attendu ton départ pour ça.
Ma remarque provoque notre hilarité sur le champ, à l'image de notre amitié puérile et sans prise de tête.
— Donc, tu vas pas être papa, tu vas être frère ! souligné-je.
— Je rêvais de ça quand j'étais gosse et ils le font quand je suis pas là.
Je me retiens de lui dire que c'est peut-être une des raisons, ses parents auraient eu du mal à assumer la charge de deux enfants. Maintenant que Nills se débrouille seul, ils peuvent se le permettre. Bien que ça puisse surprendre à leur âge.
— Copuler ?! explosé-je de rire en me souvenant de ses paroles. C'est Maddie qui t'a mis ce mot en tête ?!
— Oh, s'exclame-t-il soudain, faut que je le lui dise ! Elle me donnera des conseils de grande sœur.
Il dégaine son téléphone de sa poche pour rédiger son message à son amie. Maddie est mon équivalent féminin, son âme-sœur que je soupçonne encore de ne pas être uniquement amical. Si ces deux-là s'étaient rencontrés dans d'autres circonstances, que Nills ne s'était pas rapproché de Kaya dans le même temps, ou qu'il était apte à se mettre en couple, j'ai la sensation que leur relation aurait atteint un autre stade. Selon Nills, j'ai tort de penser cela parce qu'il considère cette fille comme il me considère moi, avec un amour qu'il ne peut définir.
— Pourquoi tu me demandes pas ? m'insurgé-je. Je sais pas si t'es au courant mais j'ai une petite sœur. Haute comme trois pommes, des dents en moins, et une voix énervante, ça te dit quelque chose ?
— Non, désolé mon chéri, il me faut quelqu'un de responsable.
Je rigole alors qu'il termine d'envoyer son message puis dresse les yeux sur mes affaires réparties dans un bazar qui m'énerverait hors période de révision.
— T'as mangé ? m'interroge-t-il.
Je nie de la tête pour m'éviter de le dire à haute voix.
— Cool, je nous ai ramené de la bouffe chinoise.
— J'ai pas f...
— Des nouilles, me coupe-t-il exprès, et des légumes ! Ça nous donnera de la force pour les partiels de demain.
Il ne me laisse pas l'occasion de le contredire, me signale la fin de la discussion d'une tape à l'épaule, et se lève pour aller chercher le sac du restaurant. Je l'examine réchauffer les plats en silence, épris d'une reconnaissance écrasante. Nous n'avons parlé qu'une fois de mon trouble alimentaire, le jour où j'ai été diagnostiqué par un médecin, puis les gestes et actions ont remplacé les mots. Nills s'assure que je ne me prive pas, me réconcilie avec la nourriture dans les périodes où je la rejette par culpabilité... Sans me mettre la pression avec des tonnes de questions ou des soupçons lourds. Il est juste là.
— D'ailleurs, demain midi je pourrai pas manger avec toi, m'apprend-t-il le nez planté devant le micro-ondes, putain mais comment ça marche ce truc ?! Helen a une galère, je la remplace pour entraîner les U13.
Avec lui, il faut se concentrer pour suivre. Dans une prise de parole, il peut aborder quatre sujets différents à la fois. C'est à nous d'assembler les morceaux du puzzle ensuite. Je lui indique d'abord comment faire fonctionner notre dernier achat électro-ménager qui lui fait perdre patience depuis une semaine.
— Ça va pas t'empêcher de réviser pour l'aprem ?
— J'en ai pas besoin, c'est un exam de manipulation kiné. Et t'inquiètes pas, je me suis bien entraîné avec ma partenaire, me sourit-il. Puis, si je peux gagner de l'argent en plus je dis pas non.
Nills est parvenu à conserver son boulot d'aide-entraîneur hockey auprès des petits, obtenu l'année dernière. Son ancienne coach a joué de ses contacts pour lui faire passer un entretien dans une des patinoires de la ville. Elle est plus loin que celle où il s'entraîne mais ça ne le démotive pas, au contraire il adore ce qu'il fait au point d'envisager en faire son métier. Entraîneur, coach sportif, ou kiné du sport... Il ne sait pas encore.
— Tu peux m'accompagner si tu veux bosser dans les gradins.
— Je peux pas non plus en fait, réalisé-je. Je vois Neevah, chez elle en plus !
Il n'y a pas une chose que nous ne sachions pas sur l'un et l'autre. Mais, cette histoire avec « la fille de ma promo qui me déteste » semble le passionner plus que tout puisqu'il me demande souvent des nouvelles.
— Ohlalaaaa, mon petit cachotier, chantonne-t-il en me rejoignant sur le canapé. Ça t'a coûté quoi de négocier ça ?
— Des regards noirs et une menace d'agression sur mon trois pièce cuisine.
— C'est normal que tu sois en train de sourire ?
— Parce que je crois que je vais m'amuser, avoué-je.
Il pousse ma boîte de nouilles devant moi avant de se mettre à dévorer la sienne. Son silence ne dure qu'une poigne de secondes, presque inexistantes.
— Tu vas chez une psychopathe. Faut qu'on invente un sms de S.O.S ! s'affole-t-il. Si tu l'envoies, je débarque chez elle avec ma crosse.
— « Viens sauver mes couilles », ça le fait ?
— Trop long, elle aurait le temps de te les couper.
Face à son effroi exagéré, nous éclatons de rire. Ces moments avec lui me persuadent toujours d'avoir fait le bon choix de vivre avec lui et non pas avec mes triplés, comme ils me l'avaient proposé. Chaque jour, Nills apporte sa propre dose de joie, de folie, d'insouciance, à ma vie et j'ose croire que c'est réciproque.
— OK, envoie-moi un émoji œuf ! trouve-t-il en riant encore.
Pas très compliqué sur le sujet, j'accepte. Nous passons le reste du repas à discuter de son entraînement et des délires loufoques de ses coéquipiers. Si je pense parfois qu'il n'existe pas pire que Nills, l'équipe des Grizzlies me prouve le contraire. Prochainement, les dernières années, essentiellement membres de la fraternité Fire & Ice, prévoient de répandre des poils de chien sur le campus en prétendant que ce sont des poils d'ours pour emmerder le doyen. Ils comptent bien tirer profit de leurs trois derniers mois d'études pour foutre la merde.
— Donc, c'est choisi, tu vas avec elle à la soirée ? relance-t-il finalement.
C'est rare qu'il se soucie pour quelque chose d'aussi futile, d'autant plus lorsqu'il s'agit de filles, alors entendre un quelconque trouble dans sa voix me surprend.
— Sauf si quelque chose m'en dissuade... Tu sais un truc ?!
— Pas vraiment. Comme je t'ai dit, vendredi on l'a vu sortir des vestiaires furtivement en revenant de la deuxième période.
Je hoche la tête afin de l'encourager à en venir au point central. Quand il m'a partagé cette information, ce week-end, j'ai été intrigué mais à présent, je n'ai plus l'impression de devoir y accorder la moindre importance. Si Neevah travaillait, c'est normal qu'elle se déplace dans la patinoire.
— Et aujourd'hui, j'ai entendu Gia parler d'elle... Je crois, précise-t-il. Y'avait trop de bruit mais j'ai cru comprendre qu'il la connait plus ou moins.
Je connais la plupart des membres de son équipe, surtout le capitaine Giacomo qui fait partie des personnes les plus sympathiques. S'il fréquente Neevah, on devrait le savoir. J'échange un regard curieux avec Nills qui semble penser comme moi.
— Il a dit quoi ?
— Mot pour mot, il veut pas qu'elle « commence à fouiner » et qu'elle ferait bien de retourner dans le Tennessee.
Pris par l'adrénaline, mon cœur s'agite. Plus on me parle de Neevah, plus je n'aime pas ce que j'entends. Ça vaut sûrement le coup de creuser... Ou peut-être devrais-je m'en éloigner. Au fond, je sais qu'il est déjà trop tard parce cette histoire fait petit à petit remonter à la surface une émotion oubliée. L'envie de rétablir la vérité et de tout faire pour.
— C'est bizarre.
— Ouais, je l'ai jamais vu en embrouille, reconnait le blond.
Comme je n'ai pas envie que mon meilleur ami s'embête avec ça, je décide d'éluder le sujet. Je me redresse pour lui administrer un coup d'épaule, taquin.
— Et toi, alors ? T'as choisi avec qui t'y allais ? m'intéressé-je.
— T'es fou ou quoi ? s'égosille-t-il. J'te laisse faire l'erreur d'y aller accompagné mais moi j'y vais seul. Je volerai les meufs des autres là-bas, c'est plus simple.
Je rigole de sa bêtise. Je sais que c'est le Nills lourdaud qui parle à cet instant mais qu'il n'agira pas ainsi lors de la soirée. Il n'approchera les partenaires de personne et passera probablement la fête à déconner avec ses potes. Je sais aussi qu'il y va seul parce qu'il n'ose certainement pas demander à l'unique personne qu'il voudrait avoir à ses côtés.
— Pourquoi t'invites pas Kaya ?
— Non, je lui propose plus rien tant que je sais pas si elle me fait la gueule ou si elle s'éloigne, dit-il perdu. Nora t'a dit quelque chose ?
— Rien du tout. Va lui parler, c'est plus rapide !
Il réfute de plusieurs mouvements de tête avant de se mettre à glousser.
— Je préfère fuir, ça aussi c'est plus rapide.
Lui et moi savons comme c'est criant de vérité. Au même moment, mon téléphone sonne pour me signaler la réception d'un message. Je me suis permis de me remettre sur réseau le temps que l'on mange, je le couperai à nouveau lorsque je retournerai à mes révisions. Je ne peux pas m'empêcher d'être intrigué lorsque je reçois le message de Neevah qui me donne son adresse précise, à deux bâtiments du mien. Dans un élan moqueur, je m'empresse de lui répondre.
Lieth 23h42
[Merci, Nini.
C'est bon, tes couteaux sont bien aiguisés ?]
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Helloooo,
Chapitre un peu plus long que d'habitude pour me faire pardonner du "retard" par rapport à ce que je vous avais annoncé ! J'adore tellement écrire les échanges entre Lieth & Neevah, je rigole bien devant ma feuille ou derrière mon écran alors j'espère que ce duo vous plait aussi.
Qu'avez vous pensé de ce chapitre ? Neevah qui tient à voir Lieth chez elle, le capitaine de l'équipe de hockey qui parle d'elle, Nills qui va être grand frère... Je crois que c'est bien chargé ahah
FUN FACT : le surnom de mon petit frère est Nini, je dois avouer que même si l'idée m'amuse de le donner à un perso, ça me fait bizarre de l'écrire et de le lire à chaque fois ahah
Prenez soin de vous & à la semaine prochaine 🧡
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