46. Dernier espoir
[ Chelsea Wolfe - Deranged For Rock & Roll ]
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Le ronflement du moteur se fit entendre depuis l'extérieur et je n'attendis pas plus longtemps pour sauter du lit et me diriger vers la fenêtre. Je décalai discrètement le rideau pour observer la Mercedes noire démarrer et ne pas tarder pas à quitter l'allée. La liberté s'offrait à moi sur un plateau d'argent lorsque je fus définitivement seule ici pour toute une journée et je savourai pleinement son goût. Aucun bruit ne résonnait dans la maison et de longues heures s'étendaient devant moi. Cet imprévu était ma porte de sortie et la seule chance de m'échapper pour tenter de retrouver une vie normale.
Sans perdre de temps, je me précipitai jusqu'au dressing et enfilai un jogging sous mon t-shirt trop large ainsi que des baskets. Une fois parée et équipée pour ma fuite, je descendis à l'étage inférieur pour vérifier tous les accès de la demeure. Fidèle à ce qu'il m'avait confié avant de partir, la porte d'entrée était fermée et il en demeurait de même pour la porte arrière. Ma main sur la poignée, je tirais de toute mes forces, j'enfonçais la porte avec mes pieds, mais rien ne cédait. Mon second choix se porta sur les fenêtres qui elles aussi demeuraient verrouillées à clé grâce à des cadenas. Nate avait pensé à fermer chaque issue qui me séparait de l'extérieur. Un grognement de frustration m'échappa.
- Merde, soufflai-je en me frottant le visage.
Le désespoir commençait à m'abattre alors que je ne pensais jamais pouvoir sortir de cette maison infernale. Il me retenait enfermée dans cet endroit pire qu'une prison. Depuis qu'il m'avait enlevé, je n'avais pas remis un pied dehors et si je restais ici un jour de plus, je craignais de devenir folle. Ma famille me manquait, ainsi que mes amis et ma vie toute entière.
Nathanaël paraissait m'accorder sa confiance à nouveau mais seulement en partie. Suite à mon petit numéro de manipulation, il entretenait l'intime conviction que je retombais amoureuse de lui mais il n'en restait pas moins dupe. Cet imprévu devait se montrait très important pour risquer de me laisser sans surveillance pendant une journée entière. J'ignorais l'heure de son retour mais je devais me dépêcher de trouver une solution. Je fis les cent pas dans le séjour pour faire fonctionner mon cerveau.
Quelle solution me restait-il ?
Soudain une illumination me vint et j'accourus jusqu'à la cheminée. Dans un serviteur en acier se trouvaient plusieurs tisonniers en fer, certains un peu rouillés. J'en saisis un dans mes mains et le détaillai des yeux. Un sourire d'espoir renaquit sur mon visage tandis que je m'approchais de la porte d'entrée. Je coinçai la pointe plate dans l'entrebâillure de la porte et appuya de toutes mes forces sur l'objet pour la faire céder. La porte en bois ne s'ouvrit pas malgré mes efforts et après de longues minutes d'acharnement, je laissai tomber. L'encadrement fut légèrement abîmé suite à ma tentative mais les verrous n'avaient pas sauté.
Je n'entendis même pas les charnières couiner, signe que ce fut un échec total. Prise de rage, je déchargeai mes émotions sur cette planche en bois. Une douleur lancinante se diffusait dans tout mon corps jusqu'à devenir de plus en plus agressive. Mes poings s'écrasèrent à plusieurs reprises sur la paroi et mes phalanges commencèrent à s'abîmer tandis que je continuais à taper, hurler et maltraiter cette porte jusqu'à planter mes ongles dans celle-ci avant de m'écrouler au sol d'épuisement. Je restai allongée dans cette position plusieurs minutes avant de me relever, poussée par une soudaine vague de détermination.
Hors de question d'attendre sagement mon géôlier pour le supplier de me rendre mon ancienne vie ! Mon coeur battait trop fort dans ma poitrine alors que les minutes paraissaient s'écouler à la vitesse des secondes. Mon temps de liberté accordé se réduisait trop vite pour en perdre. Je m'avançai vers la grande baie vitrée pour observer le paysage et tenter de comprendre où je me trouvais. Un terrain de terre bordant un lac et une forêt encerclaient la maison à perte de vue et je supposais que cette cage se situait au milieu de nulle part. Il n'avait pas voulu m'en dire plus à ce propos et la peur de me situer dans un autre pays, loin de ma ville natale m'effrayait.
Puisque je ne réussissais pas à défoncer la porte, je reportai mon choix sur la grande vitre face à moi. Je levai les yeux vers elle tout en reculant. Il devait bien y avoir une issue possible pour sortir de ce piège. Dans un même mouvement, je récupérai le tisonnier abandonné sur le sol un peu plus loin. Je me plaçai devant ma cible, montai mes bras à hauteur de mes épaules et avec un élan de force, frappai comme avec une batte de baseball à un match. Un grondement de collision retentit dans le séjour et je me protégeai le visage par réflexe mais je ne perçus aucun éclat de verre tomber au sol. J'entrouvris lentement les yeux pour découvrir que la vitre restait toujours intacte. Les poings serrés autour de mon arme improvisée, je réitérai mon geste mais elle ne se brisa pas pour autant.
La rage m'emporta et j'attrapai une chaise en bois près de la table et dans une pulsion incontrôlée, l'abattis sauvagement contre la paroi de verre. Le résultat fut le même et après plusieurs essais, la résistance de celle-ci eut raison de moi. Bien sûr... Mon ravisseur avait choisi cet endroit pour sa sécurité et chaque détail était pensé de sorte à ne pas pouvoir m'évader. Les portes possédaient des doubles verrous, la baie vitrée était faite en verre résistant... C'était une vraie forteresse à laquelle il demeurait impossible de s'échapper.
Épuisée mentalement par la pensée de rester ici et de voir mon agresseur rentrer ce soir et continuer son jeu pervers avec moi comme si j'étais sa poupée, je regagnai la chambre et m'effondrai dans le lit, préférant délaisser ma vie pour quelques heures. Je m'abandonnai à mes songes pour oublier cette cage dorée dans laquelle il me retenait prisonnière et à laquelle il ne se trouvait aucune issue, cette cage dont les barreaux devenaient trop étroits.
La boule amère de désespoir était toujours présente au fond de ma gorge lors de mon réveil. Les pensées encore embrumées, je me redressai et jetai un regard à l'heure sur l'horloge fixée au mur. Les aiguilles indiquaient vingt-deux heures. J'avais passé toute mon après-midi à dormir, m'emportant dans ce cercle sans fin de découragement. Depuis mon enlèvement j'avais perdu le goût de la vie. Toutes les restrictions imposées par mon géôlier m'enfermaient dans un gouffre très profond d'où je n'arrivais pas remonter à la surface. L'idée de ne plus jamais revoir mes proches m'accablait. Je n'avais plus la force de me battre. Je ne me rappelais même plus la sensation de vent qui caressait mon visage ou celle de la chaleur du soleil sur ma peau. Mon dernier recours était de tenter le tout pour le tout et espérer que si j'implorais celui qui me retenait contre mon gré, son humanité referait surface et il me relâcherait peut-être...
Je posai mes pieds sur le parquet et malgré mes jambes flageolantes, me traînai jusqu'au couloir obscure. La nuit était tombée et le silence régnait toujours à son paroxysme. Ma main frôla la rampe de l'escalier et je descendis les premières marches lorsque je m'immobilisai. Je fis demi-tour et mon instinct me mena à la porte verrouillée dont je n'avais pas accès. Nathanaël m'avait formellement interdit d'y entrer et ce simple avertissement suffisait à attiser ma curiosité. Peut-être qu'à l'intérieur se trouvait ma porte de sortie... J'espérais tomber sur les doubles des clés ou au moins l'ombre d'un téléphone.
Lorsque je tournai la poignée en m'attendant à la voir résister, un cliquetis résonna et elle s'entrouvrit dans un grincement. Avait-il oublié de la refermer ? D'abord étonnée par la facilité avec laquelle elle s'était ouverte, je restai quelques secondes de marbre avant de me décider à pénétrer dans la pièce. Mon pouls chaotique s'entremêlait à l'appréhension qui me dévorait l'estomac à mesure que l'entrebâillure s'agrandissait. Un morceau de la pièce plongée dans le noir apparut. Je franchis le seuil, trouvai l'interrupteur sur le mur de gauche et jetai un regard circulaire autour de moi. Ce que je vis me frappa de la manière d'un violent coup dans l'estomac. Mes poumons en feu commençaient à manquer d'air dans ma poitrine tandis que tous les muscles de mon corps se crispèrent brutalement devant le spectacle qui s'offrait à moi. Je clignai des yeux à plusieurs reprises pour vérifier que ce n'était pas une hallucination, m'ancrer dans cette réalité surréaliste.
Un cri de stupeur s'enfuit de ma bouche alors que je prenais conscience de ce qu'il s'évertuait à me cacher ; une pièce remplie de photos à mon effigie placardées sur l'intégralité des murs. Des centaines de clichés de moi tapissaient cet endroit de manière morbide. Le corps tremblant, je m'approchai du bureau sur lequel se trouvait un ordinateur ainsi que quelques objets divers. Mon regard parcourut les photographies développées qui retraçaient près de l'entièreté de ma vie depuis ces derniers mois.
- C'est pas vrai... Murmurai-je la bouche recouverte de ma main.
Sur l'un des clichés, je reconnus la chambre de mon ancien appartement. Assise sur mon lit, je me vernissais les ongles des pieds, le téléphone à la main, dont je me souvenais encore de la conversation avec Elena. L'appareil avait capturé le moment grâce à un zoom à quelques mètres de distance à travers la porte fenêtre, sûrement perché en hauteur dans le bâtiment de la rue d'en face. Un autre se focalisait sur mon visage à travers la vitrine du café auquel je me rendais régulièrement avec Evan. Plusieurs clichés se ressemblaient, comme s'il s'amusait à me mitrailler avec son appareil. Des autres photos volaient des moments de ma vie privée tel qu'au lycée, avec mes amis, dans la rue, dans mon appartement... Je tombai sur un cliché qui me représentait dans le jardin la demeure de mes parents à l'époque où je vivais encore chez eux.
Depuis combien de temps me suivait-il exactement ?
La nausée me gagnait alors que je détaillais tous ces instants intimes violés pendant lesquels j'ignorais complètement être observée. Chaque pore de ma peau fut recouvert d'un frisson effroyable. Je compris à ce moment que ce n'était pas une simple obsession qui l'animait et le poussait à agir de la manière d'un détraqué, mais quelque chose de beaucoup plus fort, d'indescriptible. Cela n'avait rien de légitime ou de compréhensible. Ce phénomène grandissait en lui comme une mauvaise herbe et s'imprégnait pleinement de ses vices.
Cette obsession ne cessait de croître et bientôt il risquait de m'emporter dans sa chute avec lui et dès lors, il n'y aurait plus aucun retour en arrière.
Emportée par ma rage, je me mis à arracher toutes ces photos des murs pour ensuite les déchirer et les réduire en miettes. Je saccageai entièrement la pièce sans pitié et lorsque le sol fut parsemé de morceaux de clichés, que l'endroit demeurait en désordre comme si un ouragan était passé par là, la satisfaction de la vengeance me submergea. J'examinai le vacarme tout autour de moi.
Un tableau en liège accroché au mur sur lequel étaient épinglées des photos attira mon attention. Je posai les yeux sur des clichés de certains de mes proches, tous attribués à un code. Les photos de Morgane, mon père, l'officier Richard, l'inspectrice ou encore Jade et Elena comportaient des post-it jaune. Par contre celles de ma mère, d'Evan mais également Zayn étaient marqués d'une croix rouge qui barraient leurs visages entièrement. Que cela signifiait-il ? Y'avait-il un code à déchiffrer à partir de ces indices ? Était-ce son tableau de chasse ?
L'étagère fixée au mur un peu plus loin entassait de nombreux objets à première vue sans valeur mais que je devinai être ses trophées par la suite. Ma culotte en dentelle noire encore dans son état d'origine y faisait partie, ainsi que de nombreux vêtements et bricoles que je pensais avoir perdu durant les mois précédents. Un vernis à ongle rouge trônait sur l'étalage et qui ne m'appartenait pas d'après mes souvenirs mais qui pourtant devait probablement être à moi pour se retrouver là. Une vague de nostalgie m'envahit lorsque mes pensées dérivèrent vers ma génitrice qui arborait toujours cette couleur. Un hoquet de répulsion se manifesta dans le fond de ma gorge pour me signifier que j'en avais déjà trop vu. Je souhaitais juste oublier les images de Nate reniflant l'odeur de mon sous-vêtement comme un sale pervers.
Peut-être même qu'avec ça il... Non ! Stop !
Je me forgeai une barrière dans mon esprit pour éviter de penser à ce genre de choses qui me terrifiaient au plus au point. Il n'était pas seulement un homme guidé par ses pulsions, qui m'accordait une importance et un désir plus haut que la moyenne. En réalité il n'était d'autre qu'un détraqué sexuel et obsessionnel qui me traquait depuis de longs mois comme sa proie, animé par l'excitation et l'adrénaline du jeu. Et je sus à cet instant précis qu'il n'abandonnerait pas avant d'avoir obtenu ce qu'il désirait ardemment ; me détruire psychologiquement et me pousser à bout jusqu'à ce que mes barrières tombent et que je m'offre complètement à lui, corps et âme. Il voulait savourer sa victoire et me posséder de toutes les manières possibles pour me faire régresser à un rang d'objet et ensuite me priver de mon humanité. Il fonctionnait ainsi pour attraper ses proies et les réduire à néant dans le but d'assouvir ses besoins pervers.
La carte mémoire de ma caméra s'y trouvait également et je la saisis en la faisant rouler dans ma main. Il était donc bien à l'origine de cette supercherie mais quelque chose clochait. Comment expliquer le fait que Nate possédait la carte si l'appareil avait été retrouvé chez Zayn ? Peut-être que cette puce ne contenait pas cette vidéo, mais des images bien pires si je me référais aux clichés qui ornaient les murs et décoraient la pièce. Je jetai un œil à l'ordinateur sur le bureau et sans hésitation, m'installai sur la chaise. Je déverrouillai l'écran en appuyant sur le clavier avec angoisse. Un fond d'écran noir s'afficha et me demanda un code pour accéder à la page d'accueil. J'essayai une première tentative aussi simple que mon prénom, guidée par mon instinct qu'avec chance il était aussi naïf mais le mot de passe fut refusé.
- Quel est ce fichu code, râlai-je après plusieurs essais.
Un bruit s'éleva à l'étage inférieur et je bondis subitement de la chaise sous la surprise. Je compris que Nate était bien rentré lorsque j'entendis la porte d'entrée claquer.
- Allison ? Résonna la voix teintée d'appréhension de mon ravisseur au rez-de-chaussée.
Je planquai la carte mémoire dans la poche de mon jogging et me précipitai de quitter la pièce à toute vitesse. Je m'enfermai vivement dans la chambre qui se trouvait de l'autre côté du couloir tandis que je percevais ses pas dans l'escalier se rapprocher progressivement.
- Allison ! Répéta-t-il plus sévèrement. Qu'as-tu fait !
La peur me rongeait les entrailles à l'entente de sa voix malicieuse et emplie de colère alors que je réunissais mes dernières énergies pour déplacer la commode en bois. Une fois la pièce barricadée, je me reculai instinctivement vers le fond de la chambre avec l'espoir d'émettre la plus de distance entre nous.
- Ouvre cette porte immédiatement, exigea-t-il fermement en enclenchant la poignée.
La terreur pénétrait chaque parcelle de mon corps et des tremblements s'emparèrent de moi. De l'autre côté de cette mince paroi de bois qui me servait de bouclier se tenait ce monstre d'une perversité et d'une cruauté sans limite.
- Non ! Criai-je sous l'impulsion de la peur.
Mon coeur se serra d'épouvante lorsque des coups furent frappés contre le bois qui encaissait ses gestes violents.
- Ne me force pas à me répéter, Allison, dit-il d'un ton plus ferme.
- Laisse-moi ! Tu n'es qu'un psychopathe, pauvre malade !
Un silence trancha l'agitation et ses plaintes colériques. Un silence bien plus inquiétant que ses hurlements de rage. Que faisait-il ? Je foulai le sol délicatement jusqu'à la barrière qui nous séparait et collai mon oreille sur la paroi. Je commençais à me tourmenter alors que je perçus enfin sa respiration saccadée derrière la porte. Il respirait lourdement comme s'il tenter d'enfuir son humeur noire et reprendre le contrôle de ses réactions.
- Si tu parles de ces photos que tu n'étais pas censée voir, articula-t-il entre ses dents serrées, tu comprends maintenant la raison pour laquelle je t'avais strictement interdit d'entrer dans cette pièce. Je croyais pourtant avoir été clair, bougonna-t-il de nouveau. Mais si tu sors de cette pièce bien sagement, nous pourrons en parler et je te conseille vivement de suivre ma proposition si tu ne veux pas aggraver ton cas, car ma patience arrive à bouts de nerfs et je ne vais pas tarder à devenir très méchant.
Sa voix était plus calme tandis qu'il paraissait étouffer la colère qui le commandait. En contradiction à son ordre, je n'ouvris pas la porte. Ses paroles ne possédaient plus aucun effet sur moi. Malgré ses efforts pour ne pas s'emporter, je savais que si je franchissais cette ligne, si baissais cette barrière et déplaçais cette commode, les choses allaient déraper. Il ne saurait contrôler cette noirceur en lui.
- Allez mon amour, insista-t-il avec un brin d'humour, tu sais que je t'aime. Je ne te ferai jamais de mal. Tu n'as pas à me craindre. Sors de là que je puisse t'expliquer...
Un silence pesant s'en suivit de sa requête alors que je restais l'oreille contre le bois de la paroi. Chaque déglutition me faisait souffrir et ma gorge sèche semblait se resserrer comme si l'on m'étranglait. Un rire grave et malveillant résonna de l'autre côté de celle-ci et la chair de poule m'enveloppa désagréablement. Un fou rire le gagna subitement. Au bout de quelques minutes, il se tut enfin. J'attendis le prochain geste ou la prochaine parole de sa part mais elle ne parut pas venir.
- ALLISON !
Je sursautai d'effroi la main sur la bouche pour étouffer mon cri et reculai jusqu'à sentir le mur opposé dans mon dos. Des larmes débutèrent leur trajet le long de mes joues. J'étais terrifiée par ce monstre. J'avais peur qu'il réussisse à entrer. Peur qu'il s'en prenne à moi.
- Si tu n'ouvres pas, je vais de voir défoncer cette porte, assura-t-il narquois.
Je ne bougeai pas d'un centimètre.
- Éloigne-toi de la porte et crois-moi, lorsque je me tiendrai en face de toi, tu regretteras ton choix.
Un premier coup s'abattit sur cette pauvre porte et le bois se heurta à sa force dans un écho abominable. Un deuxième résonna dans toute la demeure comme la mélodie de la mort tandis que mes pleures redoublaient. Un troisième puis un quatrième se succédèrent aux précédents. La porte commençait à céder sous l'assaut de mon agresseur. Le cadran en bois s'effritait et ce n'était plus qu'une question de secondes avant que le verrou ne lâche prise à son tour.
Allison, réfléchis !
Une seule solution me venait à l'esprit et elle était loin d'être sans risque. Mes doigts se glissèrent sous le rebord de la fenêtre pour remonter la vitre. Elle coinçait légèrement mais finit par s'ouvrir alors que les bruits retentissaient toujours dans mon dos. Un courant d'air frais me happa et un énième coup plus fort que les autres s'abattit sur la paroi, mêlé à ses grognements de rage. Les pieds du meuble qui barricadait la porte crissèrent contre le parquet et tous les murs de la maison tremblaient. Mes barrières s'effondraient. La hauteur impressionnante qui me séparait du sol me fit douter quelques secondes mais quand je compris que je n'avais plus le choix, j'enjambai le rebord et observai mes pieds pendre dans le vide. Je serrai la mâchoire jusqu'à la douleur pour réprimer une nouvelle vague de sanglots. Mon corps était figé par cette angoisse saisissante. Ma respiration se heurtait aux battements de mon coeur affolés. Qu'est-ce que j'avais peur... Puis soudain je n'eus plus le temps de réfléchir lorsque la porte céda sous son attaque. Je m'élançai les yeux fermés, sans crainte ni regrets.
- Allison ! Hurla sa voix à la seconde où il me vit plonger dans le vide.
Ma cheville droite me fit souffrir lorsque je me réceptionnai de ma chute. Je n'eus pas le temps de me plaindre, ni d'y prêter attention car c'était ma dernière chance de fuir. Je m'engouffrai dans l'obscurité de la nuit noire. Je courus comme si ma vie en dépendait, les larmes ruisselantes de désespoir et l'adrénaline se diffusant dans tout mon corps pour me pousser à avancer et ne pas abandonner. Un seul mot tournait en boucle dans ma tête.
Survivre.
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