3. À chaque acte sa conséquence
[ Three Days Grace - Pain ]
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Les retombées de ce que je venais de commettre ; voilà à quoi je songeais sur le chemin du retour. D'une autre part je me sentais enfin libéré d'un poids. La tension sur mes épaules redescendait peu à peu que je réduisais la distance jusqu'à mon appartement. Les paroles de l'officier eurent le don de me remonter à bloc mais je les chassai de mon esprit et me persuadai que cet affreux évènement était derrière moi à présent. Plus d'individu mystère ni de menaces. Seulement une vie banale d'adolescente de dix-sept ans.
Ma main glissa sur la rampe des escaliers avec nervosité au rythme que je grimpais les marches. Tout me semblait suspect mais je me répétais que cela n'était qu'une illusion, mêlée à la culpabilité qui me rongeait. Je claquai la porte derrière moi avec une délicatesse phénoménale. Je préférais prendre mes précautions tout en étant discrète afin de tâter le terrain d'abord. Dans un même mouvement je posai mon sac à terre. Les volets toujours fermés comme à mon départ, privaient la pièce de toute once de lumière bien qu'il ne fasse plus complètement jour. Aucun signe de sa présence.
Je me servis un verre d'eau dans la cuisine que je bus d'une traite et m'emparai d'une pomme. La journée avait été rude et je n'avais qu'une envie ; m'assoupir pour récupérer des forces. Je traversai le séjour et montai les escaliers jusqu'à ma chambre. Ma main se posa sur la poignée que je déverrouillai. Brutalement, un bras m'agrippa par la gorge. J'étouffai un cri étranglé de stupeur, oppressé par la main gantée sur ma bouche. Ma première réaction fut de gesticuler dans tous les sens en essayant de me défaire de cette emprise. Je peinais à respirer avec ce bras qui enserrait mon cou depuis mon dos. Un frisson effleura ma peau lorsque je sentis quelque chose de doux s'approcher de mon oreille.
- Bonsoir mon amour. J'espère que je t'ai manqué, annonça la personne d'une voix modulée.
On me traina en arrière et me jeta violemment sur le lit.
Le souffle court, je me retournai sur le côté pour tousser. Mes cheveux maintenant en bataille me barraient le visage et je les repoussai rageusement. Mon regard traça son chemin vers mon agresseur et je n'eus aucune surprise en constatant qu'il s'agissait de cet homme effrayant. Ses bottes noires traînèrent sur le parquet de ma chambre, le faisant grincer au passage. Il s'assit à califourchon sur la chaise de mon bureau, le dossier entre ses jambes. Les mains, dans la continuité de ses bras posés sur le haut de l'appui, tapotaient un air frénétique. Je déglutis difficilement à cette vision, dont la lèvre inférieure de ma bouche restée entrouverte, tremblait.
Le ton de sa voix contenait un brin de menace que je ne voulus pas contredire. Le moment que je redoutais le plus se produisait à cet instant même et je ne pouvais pas ignorer le fait que s'il était là ce soir, c'était pour une raison bien précise. Savait-il pour ma déposition de plainte ? Je regrettais déjà ce que je venais de faire. Je devais jouer la carte de l'innocence, tant que je ne demeurais pas sûre des informations en sa possession.
- Oui, j'articulai avec difficulté.
- C'est vrai ce mensonge, ma belle ? Car à la tête que tu tires, tu n'as pas l'air contente de me voir, rectifia-t-il ironiquement. Tu te doutes que je n'aime pas le mensonge, pas vrai ?
Ces mots me semblèrent bourrés de sous-entendus. Mon rythme cardiaque s'accéléra à mesure que les secondes passaient mais je forçais mon visage à rester de marbre.
- Mais heureusement que tu n'es pas comme ça.
Il se remit debout et s'approcha un peu.
- Tu es honnête, toi. C'est une des choses que j'apprécie chez toi d'ailleurs, confia l'homme avec tendresse.
Il me caressa la joue tandis que je fixais les draps.
Non ! Il ne pourrait pas être au courant. Impossible !
- C'est pour cela que tu n'as rien à me raconter, pas vrai ?
Pitié, faites que je me trompais !
L'individu releva mon menton à l'aide de son index de sorte à me détailler. Je ne pus, comme toujours, n'apercevoir que l'obscurité qui dissimulait son identité sous sa capuche. Je comptais prêcher mon innocence jusqu'à savoir explicitement ce à quoi il faisait référence. Le silence dans la pièce amplifia mon angoisse.
- Non, mentis-je.
Il m'empoigna férocement le cuir chevelu et je poussai un son de détresse. Sa poigne me contraignit à encercler son poignet de ma main pour le faire lâcher. Je n'eus d'autre choix que de me mettre debout lorsque la direction de son bras m'y força. Il me plaqua sauvagement contre le mur et détacha sa main de ma chevelure pour l'appuyer à quelques centimètres de ma tête.
- Je ne suis vraiment pas content de ton comportement ce soir, déclara-t-il. Tu as quelque chose à dire pour ta défense ?
Les tremblements dans sa voix trahissaient la colère qu'il nourrissait à mon égard.
- De quoi parlez-vous ? Je ne comprends pas...
Je sursautai quand son poing rencontra le mur.
- Oh, cesse de faire l'innocente, chantonna-t-il avec impatiente. Qu'est-ce qui t'est passé par la tête, bon sang ! Gronda-t-il durement.
Je me figeai.
- As-tu peur de moi, Allison ?
- Non.
J'avais répondu instinctivement, persuadée qu'avouer l'emprise qu'il détenait sur moi jouerait en ma défaveur.
- Je vais répéter. As-tu peur de moi ?
Le ton qu'il utilisa se montra plus ferme.
- Oui.
- Bien.
Il me tourna le dos, fit le tour de ma chambre et s'arrêta pour observer les photos accrochées à mon mur.
- Toi et moi on va mettre les choses au clair, et je vais en profiter pour te rappeler les règles à suivre.
Les règles ?
La question me brûlait les lèvres depuis déjà quelques minutes et je me permis de la lui poser.
- Comment vous avez su ? Je demandai avec appréhension.
Il émit un rire rauque qui me fit froid dans le dos.
- Comment ? Je sais tout, tu ne l'as pas encore compris ? Je te regarde et je te surveille, sans même que tu ne t'en rendes compte. Chaque seconde de chaque minute. Je serai au courant de tout tes faits et gestes, avant même que tu ne les commettes, et chaque acte aura sa conséquence, expliqua-t-il avec ce qui ressemblait à de la fierté.
- Une conséquence ? Je répétai effrayée.
- Oui, mon ange. Une conséquence. Si tu agis bien, tu seras récompensée. Mais si par hasard tu oses me défier ou transgresser une de ces règles, je serai malheureusement contraint de te punir, formula-t-il.
La situation s'avérait beaucoup plus folle que ce que je m'imaginais au départ.
- Me... punir ?
- Oui, tu as bien entendu. Mais cela ne devrait pas arriver si tu te comportes comme une bonne fille. D'ailleurs, première règle : je ne veux plus que tu t'approches d'aucun garçon, y compris ton meilleur ami et ton putain de colocataire, exigea l'homme.
Ce qu'il me demandait demeurait impossible. Je ne pouvais pas arrêter tout contact avec Evan. Mon colocataire était une chose, mais mon meilleur ami en était une autre.
- Mais on habite ensemble et c'est mon ami ! Dis-je abasourdie en référence à Zayn. Personne ne pourra m'empêcher de parler à Evan. Personne !
- Zayn, ton ami ? Tu te fous de moi ! Tu ne vois donc pas la façon dont il te dévore des yeux ? Il n'attend que ça, te baiser !
Les mots qu'il utilisait me donnèrent envie de vomir. Comment pouvait-il prétendre une chose si abjecte ?
- N'importe quoi ! Mais vous vous entendez parler ? Vous êtes un grand malade ma parole ! Espèce de pervers !
Il pointa un doigt accusateur vers moi.
- Baisse d'un ton, tu veux. Si je te le dis, tu le fais. Point barre. À présent tu es à moi. Ce corps m'appartient. Tu es mienne et je suis le seul qui puisse en disposer. Tu m'as ?
Je le dévisageai avec de gros yeux, en secouant négativement la tête.
- Je n'appartiens à personne ! Vous n'avez aucun droit sur moi ou sur mon corps. Maintenant sortez de chez moi avant que je n'appelle les flics ! le menaçai-je avec sérieux.
Il s'approcha de moi à une vitesse impressionnante et m'encercla la gorge.
- Tututu... Détrompe-toi. Tu es à moi depuis le jour où je t'ai aperçu, que tu le veuilles ou non. J'ai tous les droits sur toi et plus qu'on y est, troisième règle : tu me dois l'obéissance et le respect. Je ne veux plus entendre ces vulgarités sortir de ta jolie petite bouche, spécifia-t-il en caressant de son pouce ma lèvre inférieure tandis que je suffoquais. Sinon, je serai obligé de la nettoyer mais cette manière risque fortement de te déplaire.
Mon visage pris une teinte rouge et le sang pulsa dans mes veines. Quand il s'en rendit compte, il me lâcha et je m'écroulai au sol.
- Pour finir, si tu n'obéis pas à une de ces règles ou si tu décides tout simplement de jouer ta petite rebelle en essayant de me défier, sois en sûre, je te ferai le regretter. Crois-moi que je ne t'épargnerai pas. Tu m'as toujours ?
Il s'accroupit en attendant une réponse. Je hochai positivement la tête avec résignation. Je n'espérais qu'une seule chose, qu'il finisse son monologue et qu'il me laisse tranquille. Il me chuchota à l'oreille :
-Ce qui veut dire que chaque ordre enfreint te revaudra une réprimande. Et pour information, je ne suis pas du genre à employer la manière douce.
Je me dégageai de son emprise, en tournant la tête sur le côté avec une expression de dégoût.
- Je croyais que vous ne vouliez pas abîmer mon corps, j'objectai d'une petite voix ressemblant plus à celle d'une petite fille.
Il rit avec amertume.
- Oh, mais je suis bien le seul à pouvoir décider du sort de ce joli petit corps. Tu sais, il existe d'autres moyens de correction, dévoila-t-il avec amusement, qui ne seraient pas pour me déplaire qui plus est.
Il passa une main sous mon chemisier et descendit une bretelle de mon soutien-gorge. Il effleura la peau de mon épaule dans une caresse sensuelle. Je me raidis à son contact.
- Ne me touchez pas ! crachai-je.
Il serra très fort mon poignet presque tordu. J'émis un énième cri de douleur. Je le suppliai de me lâcher, ce qu'il fit sans compassion. Je massai mon membre en m'attardant sur la zone endolorie.
- Bonne nuit, princesse. Évidemment, aucun mot de notre petit rendez-vous nocturne à qui que ce soit.
Il fit volte-face et partit en direction de la sortie. Avant de s'éclipser, il me lança un dernier regard par-dessus son épaule.
- Au fait, parle à ton colocataire, ordonna-t-il. Je veux qu'il déménage.
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