23. Poison


[ Bring Me The Horizon - Deathbeds ]

   [ ⚠️ Cette scène contient des passages à caractères sexuels explicites ]

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Derrière moi, je claquai la porte de mon appartement après avoir délaissé Evan, encore troublée par le comportement de ma mère et de ma sœur. Si cela figurait dans leur habitude de faire preuve de vilenie, cette fois-ci elles allaient trop loin. Je ne voulais plus faire l'effort de les supporter et feindre mon désintérêt à leurs propos mesquins. Peut-être qu'il avait raison finalement ; elles représentaient un poison dans ma vie. Toute cette douleur qui me pesait sur la poitrine prenait racine dans chacune de leurs injures. Sans elles, je vivais mieux.

Cet homme était tout ce dont rêvais : quelqu'un qui me comprenait, m'acceptait et me chérissait. Je ne pouvais pas encore lui associer de visage mais je savais instinctivement qu'il était la personne que je cherchais depuis tout ce temps, celui pour lequel je me préservais. Plus le temps passait, moins je ne pouvais m'empêcher, après mûre réflexion, de douter sur le fait de souhaiter savoir son identité. Je savais inexorablement que cette situation ne pouvait pas durer éternellement et que nous n'étions pas destinés à vivre ainsi toute notre vie. Il ne pourrait pas se cacher de moi pour toujours, dans le cas où nous finirions notre histoire ensemble. La peur de la déception était quand même bien trop grande. Et s'il ne me plaisait pas ? Si derrière cette capuche ne se dissimulait pas la personne à laquelle je m'attendais ? Qui était réellement celui que j'espérais ?

En effet, il incarnait la représentation de tous mes fantasmes, et j'aimais me l'imaginer sans imperfections. Parfois, la peur de me réveiller et de constater que tout ça n'était en fait qu'un rêve, me rongeait. La sensation de ses doigts sur ma peau, le goût de ses lèvres chaudes, me ramenaient à la raison et me prouvaient que tout ça était bien réel, qu'il était bien réel, et que cela ne demeurait pas qu'un rêve éveillé. Il faisait à présent partie de ma vie, et je le préservais secrètement des autres. Personne ne pourrait comprendre cette attache qui serait jugée comme une démence aux yeux de tous. Le seul fait que nous soyons réunis me suffisait.

Epuisée, je montai dans ma chambre et me laissai tomber dans mon lit bien trop vide par son absence. Depuis que Zayn avait déménagé, l'appartement demeurait bien trop silencieux. Mon colocataire me manquait mais je me concentrais uniquement sur le positif : l'homme et moi n'étions plus obligés de nous cacher maintenant. Il venait fréquemment et cela me comblait. Il me restait encore quelques mois devant moi, avant que je ne m'envole pour l'Angleterre, dans le cadre de mes études. Ma décision était prise et l'idée d'habiter loin des membres de ma famille – que j'apprenais à détester au fil des jours malgré mes efforts – ne me paraissait plus autant mauvaise que quelques semaines auparavant. Pourtant un détail me chiffonnait, un détail qui me conduisait toujours et inéluctablement à l'homme. Si je partais, nous serions séparés... Chose que je n'étais pas sûre de le supporter.

Cette longue méditation me fit sombrer peu à peu dans les bras de Morphée.

Une caresse sur ma tempe me poussa peu à peu à entrouvrir les paupières dans mon sommeil. Mes pensées eurent du mal à s'éclaircir, tandis que j'ignorais quelle heure il était, ni la durée pendant laquelle je m'étais assoupie. Quelque chose me frôla le long de la joue avec délicatesse. Mon premier réflexe fut de me frotter les yeux puis, de longues jambes dans un pantalon noir se retrouvèrent dans mon champ de vision dans l'obscurité de la chambre. Aussitôt, je me redressai avec un léger sursaut. La silhouette familière de l'homme se dessinait devant moi, m'écrasant de toute sa hauteur. Un bâillement m'échappa, ce qui le fit rire.

L'homme s'accroupit au bord du lit pour se retrouver face à moi. Il saisit ma main et la dirigea à ses lèvres pour y déposer un baiser humide.

- Bonjour, toi.

Sa voix rauque résonna comme un tambour dans ma tête et je lui répondis par un sourire, encore perdue par ce brouillard qui se dissipait lentement dans mon esprit. Ses mains prirent en coupe mon visage et je fermai les yeux, tandis que ses lèvres se posaient sur les miennes avec tendresse. Mes sens se réveillèrent vivement lorsque je sentis son parfum masculin atteindre mes narines, et je le humai un peu plus, avec envie. Notre baiser s'approfondit et je me surpris à tirer sur le tissu de son gilet noir pour le rapprocher davantage de moi. Je voulais le sentir partout. Il émit un grognement et grimpa à son tour sur le matelas pour me chevaucher. Ses jambes de part et d'autre de mon buste lui donnaient libre accès à l'entièreté de mon corps.

Je n'avais qu'une seule envie : réitérer notre dernière partie. Sa tête plongée dans mon cou, il en embrassa ma peau sensible, ce qui me fit frémir. Il plaça un genou entre mes jambes et s'affaira à descendre ses baisers le long de mon décolleté. La cadence de mon cœur ne cessait d'augmenter lorsque je décelai ce qui devait être sa langue, lécher l'espace entre mes deux seins. Je demeurais de plus en plus excitée et je ne pus me contenir. Timidement, je levai le bassin contre sa cuisse et entrepris de légers mouvements réguliers pour apaiser le feu qui se propageait dans mon ventre. La moiteur dans ma culotte s'accumulait rapidement et j'éprouvais le besoin vital de soulager cette pression dans mon bas-ventre.

- Doucement princesse, murmura-t-il en riant contre mon ventre, probablement content de constater que je le désirais autant.

Sa réplique me vexa faiblement mais je ne le montrai pas. J'eus peur pendant un instant d'avoir fait quelque chose de mal ou que pire encore, qu'il ne me désire pas en retour.

- Pardon...

Je compris que ce n'était pas le cas et qu'il souhaitait simplement ralentir la cadence quand il défit un par un les boutons de ma chemise. Le visage brûlant et la tête renversée en arrière, j'inspirai une bouffée d'air frais en le laissant me déshabiller. Il me débarrassa de mon vêtement et suivit le même schéma pour mon jean. Je me retrouvai en lingerie sous son corps baraqué, et ce fut à cet instant que ma gêne habituelle réapparut, telle une petite chose fragile. Je me souvins de mes sous-vêtements dépareillés, dont ma culotte de couleur noire et mon soutien-gorge blanc.

- Je m'en fou que ce ne soit pas la même couleur, Allison, se moqua-t-il quand il perçut mon embarras à ce propos.

- Si j'avais su...

Tandis que je me maudissais intérieurement, lui reprenait les délicieuses supplices qu'il m'infligeait. Ses mains sur mon corps effaçaient progressivement les remarques de ma mère et de mon aînée. Chaque critique était remplacée par un baiser, et chaque mot blessant, renversé par une caresse. Le seul sentiment auquel j'aspirais fut le plaisir que je pouvais ressentir sous ses mains expertes, le reste demeurait noyé par ce désir grandissant. Ma tête se vidait progressivement pour ne laisser place qu'aux sensations naissantes entre mes cuisses.

- Tu me rends fou...

Pour preuve, je pouvais reconnaître son sexe gonflé, pressé contre mon bassin, témoignant de son excitation réciproque. En le voyant ainsi, je nourrissais l'envie de le satisfaire lui aussi, de la même façon qu'il m'avait offert mon premier orgasme. Le seul problème qui persistait se résumait à mon manque d'expérience en la matière. Je ne voulais pas me ridiculiser ou me montrer maladroite. Alors je le laissais tenir les rênes et contrôler chacun de mes faits et gestes, chacun de mes gémissements.

Ce soir, je souhaitais aller plus loin. Je me sentais prête et je voulais le sentir en moi, lui procurer du plaisir également. Ses doigts se firent plus pressant lorsqu'il entama des cercles sur mon bouton de chair. Mon clitoris pulsait sous son toucher et réclamait satisfaction, tellement que c'en devint douloureux. Au bord de l'extase, cette pression fut sur le point d'exploser mais ses doigts se retirèrent avant que je n'atteigne le nirvana.

Je restai interdite.

- Pourquoi tu as arrêté ? lui reprochai-je la respiration haletante.

Quelques secondes plus tôt, j'étais sur le point d'imploser et sans raison, il avait cessé sa caresse. Ne pouvant plus attendre, je roulai à nouveau mes hanches à la recherche de la libération.

- Ne te frotte pas contre moi de la sorte, gronda l'homme mécontent. Tu n'as pas le droit de jouir tant que tu ne m'auras pas dit la vérité !

- De quelle vérité tu parles ? demandai-je confuse, torturée par la frustration de l'orgasme que je venais de frôler.

- Le fait de ne pas savoir qui je suis t'excite, pas vrai ? déclara-t-il avec arrogance.

Bordel, de quoi parlait-il ?

Mes sourcils se froncèrent instinctivement. Mes doigts se crispèrent sur l'étoffe de son gilet et je fixais à présent le sommet de sa capuche, durement. Pourtant, mon corps à la recherche du sien me trahissait. Je soufflai un faible « non ». Soudain, il se contracta sur moi et son visage se rapprocha de mon oreille.

- Avoue-le, exigea-t-il durement. Je veux te l'entendre dire.

Pour mettre sa menace à exécution, il appuya avec son genou sur mon point sensible et je grognai.

Qu'il aille se faire foutre !

Son bras se posa à quelques centimètres de ma tête et ma poigne se resserra autour de son poignet à travers son gilet. Entre mes cuisses, je sentais mon entrejambe se mouiller.

Putain, il avait raison !

Mes yeux me brûlaient, j'avais envie de pleurer. Sous la fine dentelle de ma culotte, le feu se raviva et j'échappai un soupir. Se pouvait-il que je sois aussi tordue que lui ? Comment toute cette situation pouvait-elle me procurer un tel plaisir ?

- Oui, soufflai-je honteusement. Ça m'excite.

L'homme reprit ses caresses paresseuses, plongea dans mon cou et me dévora.

- Tu es loin d'être aussi pure que tu n'y parais, en conclut-il avec satisfaction. Comme moi.

Il libéra mes seins de mon soutien-gorge sans pour autant me le retirer. Avec ses dents, il titilla mes mamelons, en lécha les contours et les suçota de façon exquise. Je pressai son dos, fis passer mes mains sous l'étoffe pour sentir la chaleur de sa peau, et me laissai emporter par le bruit de ses baisers sur ma poitrine, de nos gémissements qui résonnaient dans la pièce. Je n'en pouvais plus !

- Je te veux tout entier, confessai-je dans un murmure.

Il grogna, enfonça ses doigts dans la peau de mes cuisses et mordit ma chair. Sa main glissa entre nous et je m'écartai un instant pour lui permettre de se déshabiller. Il déboucla sa ceinture, défit sa braguette et empoigna son sexe pour le sortir de son jean sombre. Je considérai son membre avec intimidation, en jaugeant la longueur et la dureté de celui-ci.

- Ne sois pas impressionnée, dit-il pour me rassurer. Tu es tellement mouillé que je t'assure que ça va rentrer.

Dans la poche de son jean, il attrapa un petit carré d'aluminium et le déchira avec ses dents. Parmi l'obscurité, je le discernai enrouler la capote autour de sa virilité après de brefs va-et-vient sur sa longueur. Une fois ma culotte décalée, il positionna ses hanches contre moi, son gland effleura mon entrée et glissa de bas en haut, le long de ma fente.

- J'irais doucement... Tu es prête ?

Je lui fis signe que oui et lentement, son sexe s'immisça en moi, centimètres par centimètres. Je poussai un cri de douleur et de surprise. Tous mes muscles se contractèrent mais je mordis ma lèvre inférieure pour contenir cette légère brûlure.

- Oh, bordel... Tu es tellement serrée. Tu veux que j'arrête ? s'inquiéta-t-il alors que je me retenais de gémir.

Quand je lui certifiai qu'il pouvait continuer, il reprit ses mouvements. Ma chair se distendit progressivement autour de son épaisseur et la douleur se transforma en plaisir. Il entama des coups de reins plus rapides, plus brutaux. Je m'agrippais désespérément à lui et entrepris enfin de bouger mes hanches au rythme de ses mouvements.

- C'est ça, m'encouragea-t-il en accélérant la cadence.

Il ne me fallut que quelques secondes pour jouir, submergée par l'émotion. Je l'entendis geindre après quelques coup de reins supplémentaires et il se rependit dans le préservatif. La respiration saccadée, je restai immobile dans la même positon pendant qu'il s'écroulait à mes côtés. Je n'avais jamais ressenti ça de toute ma vie... Et je ne regrettais rien.

- J'ai tellement rêvé de ce moment, de pouvoir te posséder entièrement...

Il me gratifia d'une pluie de baisers puis retira la capote qu'il scella d'un nœud avant de se rhabiller. Je l'imitai et réajustai ma lingerie. Je venais de perdre ma virginité et je n'y croyais pas ! Finalement, cette première expérience ne fut pas aussi douloureuse que je le redoutais. Sur le point de me diriger vers la salle de bain, il me retint d'une main ferme par le bras et je basculai contre son torse.

- J'ai une surprise pour toi...

L'homme s'éloigna et revint avec un paquet, posé jusque là sur mon bureau. Le sac argenté m'intrigua fortement et il le poussa contre ma poitrine pour m'inciter à l'ouvrir. J'obéis et fouilla dans le sac. Une boîte rectangle se trouvait à l'intérieur et je la déposai sur mon lit. Mon coeur rata un battement lorsque mes yeux se posèrent sur l'étoffe de couleur bleue entourée de papier de soie. Je m'emparai délicatement du tissu et la robe se déroulai devant moi. Un large sourire étira la commissure de mes lèvres et je fis volte-face vers lui.

- Tu l'as achetée ? articulai-je sous le choc, comme pour tenter de confirmer que cela demeurait bien réel.

Un petit mot que je n'avais pas remarqué avant se trouvait au fond de la boîte et je le saisis, les mains tremblantes.

« Tu étais magnifique dans cette robe »

- Tu étais là ? lâchai-je en effleurant le tissu du bout des doigts.

- Je suis toujours là.

Je déglutis, heurtée par le fait qu'il m'ait vu dans cette boutique, en proie aux critiques à propos de mes formes, ou bien vêtue de ces robes ridicules.

- Portes-la, pour moi.

Je laissai tomber la lettre au sol et accourus jusqu'à lui pour le serrer dans mes bras. Son menton calé sur mon crâne, il me susurra :

- Ta sœur est seulement jalouse et ta mère, méprisante... Ne les laisse pas avoir ce contrôle sur toi.

J'aimais l'entendre prononcer ces paroles qui me rendaient plus fortes, même si elles ne suffisaient pas à effacer tous mes complexes et mes blessures. Ensuite, les insultes et les rires de ma sœur et de ma génitrice firent écho dans ma tête. Je le remerciai avant de regagner la salle de bain. Face à la glace, je m'examinai sous tous les angles, passai les mains sur mon ventre, le long de mes cuisses, rêvant de sortir de ce corps. Le reflet de l'homme apparut derrière moi et ses mains se positionnèrent sur ma taille.

- Tu es parfaite, souffla-t-il en embrassant mon épaule.

Je pris une grande inspiration, tandis que je le sentais se crisper dans mon dos. Je n'arrivais pas à croire qu'il puisse me trouver attirante, où même sexy. Katie avait tellement répété, à maintes fois, que je n'étais pas assez mince, que toute personne affirmant le contraire me donnait l'impression de mentir. Après ce que nous venions de faire, et dans la manière dont il empoignait ma taille avec possessivité , je ne pouvais plus douter...

Et c'était l'une des raisons pour lesquelles je l'aimais.


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