20. Un admirateur secret

[ Paramore - All i wanted ]

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Parmi l'amas de lycéens, mon sac sur mon épaule, je tentais de me frayer un chemin. Un écho assourdissant résonnait tout autour de moi et les jeunes se pressaient et se bousculaient les uns les autres dans ce couloir bondé. Avec difficulté, je finis par atteindre mon casier, Jade sur mes talons. Cette dernière me racontait avec excitation la soirée qu'elle avait passé en compagnie d'Elena dans les moindres détails. J'avais pris la décision de lui avouer que je ne croyais pas à leurs mensonges, avec pour preuve les postes sur les réseaux, ce qui la prit au dépourvu. Puis je lui avais certifié que je ne leur en voulais pas et que ce n'était pas très important. Même si je pensais le contraire, je ne souhaitais pas paraître pitoyable en lui servant une crise de jalousie. Pourtant je savais pertinemment que j'avais raison ; elles m'évitaient la plupart du temps, mais je gardai ça pour moi.

Alors la rousse me détaillait sa soirée que j'écoutais d'une oreille distraite, bien trop perdue dans mes pensées. Je ressassais secrètement les souvenirs d'hier, plus précisément le moment où l'homme m'avait fait la promesse qu'il ne partirait jamais. Ces paroles me rendaient heureuse. Il devenait peu à peu la source principale de mon bonheur, mais aussi celle de mon malheur. Je dépendais de lui. J'assimilais cette constatation avec lucidité mais étrangement, ce détail ne me dérangeait pas plus que ça. Il ferait tout pour moi et j'en étais intimement convaincue. Il ne voulait que mon bien. Je le comparais à une sorte de protecteur, à cette personne que j'attendais jusque là. Je ne pouvais pas encore poser de visage dessus mais ça ne saurait tarder.

- Enfin, bref. Cette soirée était tout simplement génial, s'extasia mon amie avec des étoiles dans les yeux. Sans parler de ces deux canons qui sont venu nous aborder ! Tu les aurais vu, de vrais mannequins ! En tout cas, je pense que c'était de loin la soirée de l'année, finit-elle en ralentissant la cadence sur un ton bizarre.

Je déverrouillai le cadenas de mon casier, sans vraiment prêter attention à ce soudain silence qui interrompait son discours.

- Je pourrais savoir pourquoi tu as ce sourire bête collé aux lèvres depuis ce matin ? se moqua Jade.

Lorsque j'ouvris la porte, quelque chose en tomba et vint s'écraser sur le sol. Mes yeux suivirent sa trajectoire. Discrètement, je me baissai pour ramasser ce qui ressemblait à une lettre. J'esquissai un mouvement de recul, sous la surprise, mais m'empressai aussitôt de fourrer le papier dans ma poche. Sauf que je ne fus probablement pas assez rapide puisque mon amie parut ne pas avoir raté une miette de la scène et semblait mourir d'envie de comprendre.

- Qu'est-ce que c'est ? elle m'interrogea confuse. Je peux voir ?

Elle tendit la main jusqu'à la poche de mon gilet noir beaucoup trop grand, à propos duquel elle et Elena aimaient me taquiner. D'après elles, je portais des vêtements qui ne me mettaient pas assez en valeur. Mes yeux s'arrondirent et je me reculai avant qu'elle n'atteigne son but. J'ignorais le contenu de cette lettre mais en revanche, je pouvais être sûre que cela ne demeurait pas une bonne idée que Jade lise les mots qui m'y étaient adressés. Elle pouvait comporter n'importe quoi et provenir de n'importe qui. Il était plus prudent que je sois la seule à y jeter un œil, dans un premier temps. Jade resta confuse par mon geste.

- Pourquoi tu agis aussi excessivement ? Tu caches quelque chose ?

- Non ! débitai-je avec précipitation, un peu trop hâtivement. Bien sûr que non !

Elle afficha une mine agacée et déterminée.

- Alors pourquoi tu tiens tant à me tenir à l'écart comme si tu avais des choses à dissimuler ? Je pensais qu'on était amies... me reprocha-t-elle d'un ton accusateur.

Amies, mais pas assez pour me dire la vérité et me convier à vos petites soirées !

Je me retins de lui balancer les quatre vérités qui me traversaient la tête et gardai mon sang froid.

- Je t'assure que ce n'est rien... Probablement un erreur de casier, expliquai-je en tentant d'être la plus convaincante possible.

Une lueur d'excitation traversa les pupilles de mon amie.

- Allison a un admirateur ! brailla-t-elle avec agitation, les lèvres retroussées jusqu'aux oreilles. J'y crois pas ! Un admirateur secret !

Ma main s'abattit sur sa bouche pour la faire taire. Le volume de sa voix étouffée sous ma paume se réduisit peu à peu tandis qu'elle regagnait son calme. Quand je fus certaine qu'elle ne crierait plus, je la libérai. Un bon nombre de lycées s'étaient arrêtés, leur attention rivée sur nous et nous regardaient étrangement.

- Tu veux bien arrêter de crier et sauter partout ? Tout le monde nous fixe...

- Qui ça peut bien être, à ton avis ? me demanda-t-elle excitée comme une enfant dans la confidence. Je sais ! Je parie sur Maxcence, le gars assis au fond en cours d'histoire. Ou alors...

- Je n'en sais rien, Jade mais je t'en supplie, calme-toi.

Mon amie soupira en signe de résignation.

- Tu ne m'as toujours pas révélé la raison de ce sourire niais sur ton visage, revint-elle à la charge.

Mes sourcils se froncèrent tandis que je me tournais vers elle, essayant de réprimer autant que possible mon expression qui me trahissait.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, dis-je en me raclant la gorge pour prendre un air plus sérieux. Je suis exactement comme d'habitude...

- On ne me la fais pas à moi, Alli ! Alors, qui est l'heureux élu ? Peut-être même que cela a un rapport avec cette lettre que tu caches dans ta poche... me harcela-t-elle.

La rousse me fixait avec intensité, adossée au casier voisin du mien et l'air sérieux. J'interchangeais les livres de mon sac avec ceux qui correspondaient à mes prochaines heures de cours, me laissant le temps par la même occasion de trouver mes mots. Il était inconcevable de lui révéler la source de mon bonheur. Elle ne le comprendrait pas. Je ne demeurais pas certaine qu'une personne extérieure puisse le faire un jour. Connaissant sa personnalité et son insatiable curiosité, elle n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement. Je ne tenais pas non plus à inventer l'existence d'un faux petit ami. Je me retrouvais en quelque sorte piégée.

- Je suis simplement de bonne humeur, finis-je par déclarer avec un faux enthousiasme.

Elle me jaugea d'un air suspect, peu convaincue. Elle ne s'éternisa pas pour autant et reprit son monologue. Je fus soulagée de ne plus sentir son regard posé sur moi. Je vérifiai l'heure qui m'indiqua qu'il ne me restait plus beaucoup de temps avant mon dernier cours de la matinée. Les couloirs se vidaient peu à peu et je refermai mon casier.

- On se voit à la pause ! Lançai-je à Jade qui repartait en direction de sa salle.

Quand je fus seule, je récupérai la lettre froissée dans ma poche. J'hésitai une seconde, puis déchirai l'enveloppe blanche. Un bout de papier plié en deux se trouvait à l'intérieur et les doigts fébriles, je le saisis. Mes yeux parcoururent les lignes les unes après les autres anxieusement.

« Allison, ma si précieuse.

Je me devais de t'écrire cette lettre pour t'expliquer les raisons qui me poussent à faire cela. À agir de la sorte. Je te mentirai si je te disais que je ne l'avais pas recommencé une dizaine de fois, dans le but de trouver les mots justes. Je ne pense pas que cela soit possible mais j'aimerais tout de même essayer, si tu me le permets. J'espère également que tu prendras en compte cette lettre et que lorsque ce jour arrivera, tu garderas en mémoire ces paroles que je t'adresse avec mon cœur.

La première chose que je voudrais que tu saches est que je suis désolé. Désolé de ne pas être en mesure de te protéger de tous ces dangers qui courent. J'essaie, crois-moi, mais les choses me dépassent. Parfois j'échoue, et l'admettre me déchire de l'intérieur. Sans toi, je ne suis rien. Rien de plus qu'un tas de cendres. Tu ne te rends probablement pas compte de l'effet que tu as sur moi. De l'emprise que tu exerces sur mon âme meurtrie. Tu es ce que j'ai de plus cher au monde et c'est pour cette raison que je m'efforce de te préserver. Tu es ma moitié. Dès que je te vois, j'éprouve le besoin de te serrer dans mes bras. Tu peux ressentir de la solitude, mais ce que tu ne sais pas c'est que je serai toujours là pour toi. Je veillerai sur toi quoi qu'il m'en coûte.

Je ne doute pas du le fait que ma décision reste la plus raisonnable, même si j'ai bien conscience que cela est égoïste. Je ne m'attends pas à ce que tu comprennes d'emblée. Mais je t'expliquerai mes raisons et j'ose espérer que tu en saisiras l'importance. Car je ne doute pas du fait que cela ne peut être que bénéfique pour toi. Je ne vois pas d'autre solution à ce problème. Même après des heures à me creuser la tête, à me demander comment je pourrais bien y remédier... J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi : Promets-moi que tu ne me laisseras pas tomber à ton tour. Même après que tu le saches, même après tout ce que je t'aurai fait. J'ai toujours voulu le meilleur pour toi ; tâche de t'en souvenir.

Je t'aime tellement. »

La lecture de cette lettre me laissa estomaquée. Les battements de mon cœur s'emmêlèrent tandis que je relus le contenue une deuxième fois, puis une troisième, dans le but de chercher le sens de ces mots. Le message n'était pas signé mais j'avais une petite idée sur son auteur. Le premier qui vint à mon esprit fut l'homme, mais ça ne collait pas. La personne me parlait d'une chose – horrible à en juger la lettre – qu'elle avait soit disant commis. De ce que je savais, l'homme n'avait rien fait de tout cela... Je le savais incapable d'une telle chose. Il m'aimait réellement. Qu'est-ce que ça voulait dire ? De quoi parlait cette personne ? Me protéger de quoi ?

L'esprit embrumé, plein de questions, je rangeai la lettre dans mon sac. Un tas de choses étranges m'arrivaient depuis quelques semaines et ce bout de papier n'était pas la première. Je ne comptais pas en parler, à personne. Je me convainquais que cela demeurait une erreur, bien que mon nom figurait à la première ligne. Ma priorité restait ma prochaine heure de cours à laquelle j'allais finir par être en retard.

Je longeai le couloir très peu peuplé à présent, à quelques minutes de la sonnerie. Je n'étais plus qu'à quelques mètres de ma salle quand je sentis une prise sur mon bras. Tout se passa très vite et je fus entraînée dans une pièce. Une main sur ma bouche étouffa le cri que je poussai. J'entendis une porte claquer puis je rouvris les paupières. Je reconnus les murs en carrelage blanc des toilettes du lycée ainsi que la rangée de cabine bleues alignées sur ma droite. En face se trouvait de grandes vasques blanches ainsi qu'un long miroir sur toute la longueur. L'odeur nauséabonde me prit aux narines. L'éclairage était faible et je n'y voyais pas grand-chose.

La prise sur mon bras se desserra et je sentis la personne dans mon dos bouger. Mes cheveux furent déplacés légèrement, me donnant des frissons, et le souffle de cette personne effleura mon cou.

- Je ne voulais pas te faire peur, murmura mon interlocuteur dont je reconnus instantanément le timbre de la voix.

Mon cœur redémarra lentement. Il me contourna aussitôt, m'offrant la vision de sa carrure. Je le regardai s'approcher des cabines et enfoncer les portes du pied une à une pour vérifier que personne ne demeurait dans la pièce à part nous. Quand il en fut certain, il revint près de moi.

- Qu'est-ce que tu fais là ? m'étonnai-je de sa présence au sein de l'établissement.

L'homme s'avança encore plus près et posa ses deux mains sur chacune de mes joues. Mon visage pris en coupe, je fermai doucement les yeux tandis que je sentis ses lèvres charnues se déposer sur les miennes. Je savourai le goût de notre baiser comme si c'était le dernier. Tous mes sens s'éveillèrent et je perçus cette pression dans mon bas-ventre se manifester. Il demanda l'accès à ma langue que je lui donnai, ivre de ce soudain désire qui m'emportait.

- Je ne pouvais plus attendre pour te voir, souffla-t-il entre deux baisers.

Après quelques secondes de plus, il brisa notre étreinte. Il réajusta sa capuche noire et enfouit la main dans mes cheveux. Je me pinçai les lèvres en repensant à la tiédeur de son baiser. Il sembla plus sérieux et reprit la parole.

- En réalité, j'ai une requête à te faire, dit-il d'un ton plus stricte, mais je ne te laisse pas vraiment le choix.

-De quoi s'agit-il ? le questionnai-je sceptique.

- Je ne veux pas que tu ailles au mariage de ta sœur, annonça-t-il simplement.

Je fronçai les sourcils, m'apprêtant à répondre mais il me devança.

- Comme je te l'ai dis, je ne te laisse pas le choix, répéta l'homme plus durement.

Le fait qu'il veuille décider de mes moindres faits et gestes m'énervait au plus haut point. Je n'étais plus une enfant et j'étais apte à décider moi-même ce que pouvais ou non faire. Ce mariage n'allait pas être une partie de plaisir et le dépit de devoir y assister pouvait se lire sur mon visage. Mais Morgane restait ma sœur et je ne pouvais pas lui faire ça. Ma mère ne me le pardonnerait pas. Le choix était vite fait et j'allais enfiler une de ces robes ridicules et vivre le plus beau jour de ma sœur malgré moi.

- Cela ne dépend pas de moi, j'y suis obligée ! Je n'aime pas quand tu fais ça... Je n'ai pas besoin qu'on me donne des ordres !

Il parut se raidir et perdre patience.

- Tu sais tout autant que moi que tu n'as pas la moindre envie d'aller à ce foutu mariage, je me trompe ? Alors cesse de jouer l'enfant et de rendre les choses plus difficiles qu'elles ne le sont.

Cette fois-ci, se fut moi qui perdis patience. Je fis preuve d'agressivité, chose dont je n'avais pas l'habitude.

- Il faut vraiment que tu arrêtes de vouloir me contrôler comme si j'étais ta poupée, crachai-je sèchement en insistant certains mots pour le faire réagir. Tu as raison, je n'éprouve aucune joie à l'idée de voir ma sœur se trémousser en robe à jupon mais j'irais, même si je n'en ai pas envie.

À ces mots, je lui tournai le dos et m'appuyai sur le bord du lavabo, encore sur les nerfs. Je gardai les yeux baissés et sentis ses mains se poser sur mes hanches possessivement. Je remontai les yeux et croisai son reflet dissimulé par sa capuche dans la glace. Sa tête se nicha dans le creux de mon cou, où il en embrassa ma peau qui réagit aussitôt à ses caresses en se recouvrant de chair de poule, dans une dernière tentative d'obtenir ce qu'il souhaitait.

- Tu ne vois pas que ta famille est toxique ? il grommela désespérément.

J'en avais bien conscience. Ils étaient la principale source de mon étouffement, de cette masse qui m'empêchait de respirer. C'était également une des raisons pour lesquelles j'habitais maintenant seule, dans mon petit appartement.

- Bien sûr que si, mais ce n'est plus que l'histoire de quelque temps... Bientôt je serai à Oxford, loin d'eux.

Il se recula vivement de moi, comme s'il s'était brûlé et me retourna brusquement pour que je sois face à lui.

- Comment ça Oxford ? s'insurgea-t-il avec ahurissement. Putain, tu ne m'avais jamais dit que tu allais partir en Angleterre ! Tu comptais me prévenir quand ?

- Calme-toi, soufflai-je en lui attrapant la main qui pendait le long de son corps pour la porter à ma bouche et y déposer un baiser. C'est une idée de ma mère, elle est anglaise. C'est un rêve qu'elle entretient et pour tout te dire, je pense que ça ne me ferait pas de mal de partir loin d'ici...

L'homme s'emporta et s'éloigna pour venir taper dans le mur le plus proche. Sa colère demeurait perceptible à des mètres et je me figeai, effrayée par le comportement qu'il adoptait lorsqu'il devenait cette autre personne, différente de celle que j'aimais. Il revint à grandes enjambées et passa ses mains sur mon cou.

- Tu ne peux pas me laisser, tu y a pensé à ça ? Tu es à moi ! Tu m'appartiens ! Tu ne peux pas partir !

La façon dont il parlait de moi comme si j'étais un objet me révoltait mais je mettais ça sur le compte de la peur de l'abandon. Si les rôles étaient inversés, je ne savais pas comment je réagirai non plus. J'étais à présent certaine que je demeurais aussi importante pour lui, qu'il l'était pour moi.

- Ce n'est pas prévu pour tout de suite... Nous avons encore quelques mois devant nous, dis-je pour essayer de le rassurer. Je comptais t'en informer, je suis presque sûre que c'est ce que je suis en train de faire d'ailleurs...

Il fit volte-face et ne dit plus un mot. Sa respiration se fit plus bruyante.

- S'il te plaît, ne sois pas en colère contre moi, l'implorai-je.

Alors que je pensais qu'il allait m'ignorer et me laisser seule à nouveau pendant une durée indéterminée, comme la dernière fois, il se retourna et captura mon visage tendrement.

- Tu as raison, je vais trouver une solution. Nous avons encore tout le temps pour être ensemble, car je ne te laisserai pas m'échapper aussi facilement.

Il conclut sa phrase d'un énième baiser sur mes lèvres. J'allais approfondir notre contact lorsque je fus coupée par des rires sonores de l'autre côté de la porte. L'homme me tira précipitamment dans l'une des cabines avec lui. Je me retrouvai serré contre son torse dans ce minuscule espace. J'entendis le bruit de la porte, ainsi que celui des talons sur le sol. Des voix féminines emplirent la pièce. Au même moment, la sonnerie retentit distinctement, ce qui me rappela par la même occasion qu'un cours de mathématique m'attendait.

- Je dois me rendre en classe, chuchotai-je le plus doucement possible à l'homme.

Il hocha la tête et me gratifia d'un baiser sur le front. Je tirai la chasse d'eau puis sortis de la cabine en ayant l'air normale, comme s'il n'y avait pas un homme habillé de noir dans cette cabine avec moi un peu plus tôt. Je croisai le regard des deux filles à travers le miroir, et la blonde me suivit des yeux avec dédain. Je courus ensuite jusqu'à ma salle, espérant minimiser mon retard. Je me rendis compte que je n'avais pas abordé le sujet de la lettre avec l'homme et que je ne savais toujours pas si elle était de lui.

Mais s'il n'en était pas l'auteur, qui cela pouvait bien être ?


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