Final Sentence
L'été n'a jamais été réellement agréable à supporter.
La chaleur étouffante, qui vient enserrer le corps dans un étau bien trop usant pour être supporté. L'incapacité de se rafraîchir, sauf si l'on vient se mettre à moins d'un mètre d'une clim, en prenant le risque de tomber à coup sûr malade. La lourdeur qui vient briser les nuits de sommeil. Le vent tout aussi infernal, se rapportant quelque peu au climat de l'enfer.
Il faut presque avaler des litres de limonades bien fraîche pour tenter de faire baisser la température de quelques degré, ou subir silencieusement malgré l'inconfort trop présent. Se munir de glaçons, d'un ventilateur, ou encore d'un éventail pour les plus courageux.
Peu de personnes frôlent d'assez près la folie pour s'aventurer sur les terrasses des café en pleine canicule, préférant le confort de leur domicile, ou juste l'intérieur de ces devantures accueillantes. Les patrons des bars récupèrent lors de ces périodes des sommes astronomiques sur les boissons bien froides, craignant de ne pas avoir assez de glace pour réconforter leur clientèle au grand complet.
La plupart se réfugient dans ces endroits pour passer un peu de bon temps au frais, devant un bon match de foot, ou quelques clips musicaux dans lesquels les danseuses se déhanchent au bord de piscines, dans des villas coûtant une fortune. Plus que ce que la plupart d'entre eux pourraient gagner en dix vies au total d'ailleurs.
Mais l'ambiance n'est pas trop mauvaise, le cadre est agréable, et cela crée quelques bons souvenirs à se remémorer. Surtout lorsque le froid s'annoncera, et que beaucoup quémanderont hypocritement après l'été, qu'ils ont passé tant de temps à dénigrer une fois celui-ci arrivé.
Assis à une petite table, devant quelques verres de soda, le petit groupe de quatre personnes ne fait pas exception à la règle. Ils avaient dans l'idée de profiter de leur jour de congé, un peu exceptionnel quand on y pense, étant donné leur profession. Espérer savourer ce répit, même de vingt-quatre heures, n'est pas une chose aisée lorsque l'on est héro professionnel.
Malgré le réveil éteint, les astreintes sont bien trop fréquentes, et leur esprit vif toujours à l'affût du moindre problème. Comme aujourd'hui, où leurs sens sont au garde à vous même si ils cherchent une pause bien méritée. Leurs biper ne sont pas allumés non plus, mais qu'importe. Les vieilles habitudes ont la vie dure, et viennent leur coller à la peau. Telle une pellicule qui s'est fondue avec leur personne, les empêchant de s'en dépêtrer de quelque manière que ce soit.
Leur boulot est devenue le moteur principal de leur existence.
« - C'est nul on étouffe.
- Arrête de te plaindre Denki.
- Mais c'est vrai purée Eijiro.
- Ouais bah c'est pas parce que tu vas le mentionner dix fois que ça va faire baisser la température. »
Les deux amis sont en grande conversation, enchaînant les boissons. À peine arrivés sur leur table, ils vident leur verre en quelques gorgées, afin d'atténuer tant bien que mal cette chaleur intense. En fait, ils sont tous en train de suffoquer, tant cette journée s'avère étouffante.
Malgré leur douche fraîchement prise, ils dégoulinent déjà de sueur, les fringues accrochant de façon agaçante à la peau. Les cheveux de Mina, qui ont poussés depuis le temps du lycée, sont relevés en un chignon lâche afin de libérer sa nuque de sa masse capillaire. Kirishima a suivit le même exemple, tandis que Kaminari s'est contenté de dégager son visage en coinçant ses mèches rebelles avec ses lunettes de soleil sur son crâne.
Katsuki se dirait bien qu'il échappe à ce léger détail avec sa coupe plutôt courte, mais il est complètement en nage et ne fait donc pas exception à la règle.
« - Tête d'ampoule a raison, c'est à chier.
- Ah ! Tu vois ! Même Bakugo le dit ! »
S'agitant tout seul sur son siège, dont l'assise est trop inconfortable pour ceux qui sont en short, il bat des bras, tout en brassant de l'air inutilement. Sa gestuelle, se rapportant à une chorégraphie bien ridicule, ne fait rien de plus qu'accentuer cette chaleur infernale, et il fini par s'essouffler tout en laissant sa tête tomber sur le bois de la table de bistro.
« - C'est officiel ? T'as cramé ?
- Mina arrête de te foutre de ma gueule. »
Les quatre camarades sont restés très proches depuis l'obtention de leur diplômes respectifs. Tous devenus des héros très estimés dans leur profession, ils imposent leur respect quand à leur présence en ces lieux. Certains courageux sont déjà venu leur demander quelques autographes, histoire d'avoir un souvenir de leurs idoles.
Leur arrivée datant d'il y a à peine plus d'un an sur les voies héroïques, ils ont déjà chacun conquis les cœurs de la population. Les fan-clubs se forment, se battent gentiment les uns avec les autres pour connaître le nom de celui qui est le plus apprécié de tous. Et si cette histoire un peu tirée par les cheveux n'a jamais réellement trouvé grâce aux yeux de Katsuki, les trois autres ont toujours un minimum apprécié cette notoriété grandissante et quelque peu plaisante.
Alors il laisse dire, se contentant de légèrement relever la tête quand on l'interpelle. Il paraît que l'image fait partie du boulot, alors bon...
« - Vous avez vu Todoroki comment il s'en sort ces derniers temps ? Et Sero aussi ? Ils s'en sortent bien hein ?
- Ouais, t'as raison Mina. Je les ai vu à la télé, franchement ils gèrent c'est impressionnant, lâche Kaminari admiratif.
- Y a Izuku qui s'en tire hyper bien aussi ! T'en penses quoi Bakubro ?
- Qu'est-ce que tu veux que je dise sur ce fichu nerd. »
Son ton est mélancolique. Avec les années, Katsuki a apprit à parler de façon moins agressive. Cependant, ses camarades ne peuvent s'empêcher de se demander si il ne s'agit pas surtout là d'une fatigue de sa part. Peut-être l'épuisement d'un caractère trop prenant. D'une montagne de conflits jamais résolus.
Triturant l'ourlet de son polo noir, le héro explosif se contente de soupirer sans trop s'intéresser à ce qui se déroule autour de lui. Il écoute d'une oreille les conversations alentours, laissant le dialogue poursuivre sa route. Sa tête est trop pleine d'un tout bien trop lourd et constant. Ses amis déblatèrent sur des sujets inintéressants à son sens. Les dernières missions de Tsuyu, les accomplissements d'Ochaco, et le changement de métier de Kyoka. La pression que s'inflige Tenya, la réussite de Tokoyami, et les âneries de Mineta.
Ça lui importe peu tout ce changement, ou ces habitudes, tout dépend de quel point de vue l'on peut se placer.
Les yeux perdus dans le vide, il finit par croiser son reflet dans les immenses miroirs qui remplacent les murs. Il n'a pas tellement changé depuis le lycée finalement. Sa carrure est plus imposante, parce qu'il travaille comme un forcené à la salle, s'enfermant des heures dans sa solitude, après tout c'est ce qu'il préfère. Ses épaules larges, sont accompagnées de cette même mine colérique qui le suit, devenue la signature du héro Dynamight.
Son sourire est inexistant, et son regard d'un rouge vif est sans doute devenu plus intense avec les années. Ses cheveux sont un peu plus courts, mais leur couleur n'a pas non plus changé d'un iota. Toujours ce blond cendré qui lui est propre après tout. Quelques cicatrices viennent désormais orner son corps à quelques endroits, complétant le tableau. Mais rien de plus.
« - Et toi Kat's ? »
Appelé par Kirishima, celui qui est officiellement son meilleur ami, il redresse la tête dans leur direction. Les trois compères le fixent d'un œil interrogateur, visiblement dans l'attente d'une réponse bien particulière quand à la question posée. Seulement, il n'a aucune idée de ce qui lui est demandé, et se retrouve bien prit au dépourvu.
Il hausse les épaules, sans vraiment ouvrir la bouche, espérant que ce petit geste va le sortir de cette discussion. Malheureusement pour lui, ils ne semblent pas décidés à laisser tomber.
« - T'as pas écouté n'est-ce pas ?
- Tu t'attendais à quoi l'alien ? J'écoute pas depuis qu'on se connaît, ça va pas changer maintenant.
- Fais un effort, on te demande pas la lune.
- Arh tu me soûle, y a quoi ?
- On parlait de nos regrets. Tu en as toi ?
- C'est quoi c'te demande à la con là ? »
Il se demande sincèrement à quel moment la conversation a pu dériver au point d'en arriver jusque là. D'habitude, les discussions un peu philosophiques, où ils en viennent à chacun se confier sur le passé et leurs espoirs concernant le futur, c'est après une bonne bouteille. Ou deux, ça dépend.
Durant une soirée bien arrosée en tout cas, quand ils ne tiennent plus debout et discutent dans une pièce pas du tout prévue à cet effet, bien loin du salon où se déroule le plus gros de la fête. Comme la salle de bain par exemple, ou encore la cuisine. Dans ces instants-là, les choses semblent bien différentes, et cela s'apparente presque à un confessionnal.
Ils s'ouvrent à la suite, laissant accès à leur cœurs ainsi que leurs peurs les plus profondes. Partagent, non sans peine, ce qui les constituent. Les quelques morceaux qui parviennent à créer leur âme, et ces secrets bien à eux sur ce qu'ils peuvent faire de plus inavouable.
« - On a beau dire que ça sert à rien d'avoir des regrets, on en a toujours un peu au fond, surenchérit Kaminari. Du coup on voulait connaître le tiens, ou les. C'est peut-être au pluriel avec ton caractère si doux.
- J'en ai pas. Pas le temps pour ces conneries. »
Il pose négligemment un billet sur la table, tout juste sortit de son portefeuille en se levant de son assise. Glissant les mains dans ses poches, comme à son habitude, il contourne le petit groupe afin de se diriger vers la sortie, ses lunettes de soleil à peine remises sur l'arrête de son nez.
« - Mais ? Le prend pas comme ça, c'était pas méchant ?
- J'suis pas vexé, j'ai juste des trucs à faire, à plus. »
Sans attendre une quelconque réponse, il fait un petit signe au barman qu'il connaît un peu à force de venir ici. Tout en ouvrant la porte, Katsuki se heurte à une fournaise géante.
Il est un des seuls à être dans les rues au beau milieu de l'après-midi de toute manière. Personne ne prend le risque d'attraper une insolation, où alors ils se protègent avec la climatisation des voitures afin de limiter la sensation d'étouffement.
Mais, encore une fois il n'en a rien à faire, il se contente d'avancer au centre des rues, au cœur de cette ville pour rejoindre son propre véhicule garé quelques rues plus loin. Il préfère rester dans sa solitude, plutôt que de voir ses idiots de camarades mentionner les mots « regrets » ou encore la phrase « tu changerais quoi si tu le pouvais ».
Aux portes de sa vie d'adulte, il a suffisamment repassé son existence en boucle dans son esprit pour savoir ce qu'il pourrait changer et faire bien différemment. Une remise en question un peu trop constante, dont il n'arrive plus à se détacher désormais.
Faisant écho à la plus grande déchirure, au plus grand des malheurs qu'il puisse connaître. Il ne doit se contenter que de l'admirer de loin, et encaisser les conséquences de ses conneries, sans avoir le moindre pouvoir sur ce qui en découle.
Ironiquement, les blessures infligée n'était pas dirigées contre sa personne à cette époque, pourtant aujourd'hui il en fait les frais, indirectement. Et si l'impact mental est bien plus difficile à supporter que cette chaleur qui lui donne envie de s'enterrer dans un coin, alors il n'ose pas imaginer ce qu'à pu ressentir celui qui était ciblé par son acharnement constant.
Quand Katsuki se met à y repenser, c'est surtout à cause d'une phrase bien précise, qui est venue le marquer des suites d'une mission.
Dans un interrogatoire particulièrement corsé, avec un énième vilain qui imaginait défendre la justice en agissant ainsi. Que ses causes pouvaient être nobles, à l'instar des motivations du peuple héroïque, dont les intentions ne peuvent qu'être dictée par l'envie de popularité. Une rengaine un peu trop récurrente finalement, qui semble faire l'unanimité chez la racaille qui grouille dans les mauvais quartiers, comme des rats dans les égouts.
En quittant le petit bureau, les nerfs à vif, l'esprit complètement mit à sac par cet homme qui pensait savoir tout mieux que tout le monde, il l'a entendu parfaitement. Il s'est retenu de lui coller son poing en plein visage, sachant pertinemment qu'il lui aurait probablement pété le nez sous la force de son attaque. À cet instant, malgré son envie fulgurante de le frapper à mort, il tentait juste d'apprendre à dicter sa vie et ses actes autrement que par la colère.
« - Imagine juste une petite seconde. Regarde juste un peu ta vie grand héro. Et si un jour tu te rendais compte que c'était toi le monstre de ton histoire hein ? Quelle serait la dernière phrase de ce livre maudit ? »
Dynamight n'a pas besoin de se l'imaginer, ni même d'attendre de s'en rendre compte.
Il en a d'ors et déjà conscience. Il est le monstre d'une existence, le monstre d'une vie, le monstre d'une histoire, et peut-être même de toute l'histoire.
Au final, lui aussi passe son temps à se rabâcher certains détails. Mais c'est sûrement plus simple d'accuser autrui de lui remettre la tête dedans, que de venir porter le poids de cette responsabilité. Comme toujours il préfère fuir, garder la tête bien a l'abri dans le sable, en priant pour que la tempête passe. Il regardera les débris plus tard, il encaissera les conséquences un autre jour, et viendra pleurer sur ces quelques miettes au détour d'une nuit d'insomnie.
Il va arrêter de songer continuellement à ce visage toujours tourné dans sa direction, lui portant une admiration sans faille.
Cette paire d'yeux verts qui n'a jamais cessé d'être portée sur lui, démontrant cet encouragement. Katsuki méritait-il seulement une bribe de ce courage qu'on lui offrait sur un plateau d'argent, sans même avoir à demander quoi que ce soit ? Probablement pas. Aujourd'hui il dirait non, sans la moindre once d'hésitation d'ailleurs, si cette personne recommençait.
Son attitude n'est en aucun cas digne d'une récompense quelle qu'elle soit. Il ne pourrait obtenir qu'une horde d'insultes, et une rancœur si intense qu'il mourrait probablement sous les effets de celle-ci.
Ouais, c'est vraiment la seule chose qu'il pourrait avoir.
Prenant place sur le siège chauffeur de sa voiture, il se hâte de mettre en route le moteur, et de faire fonctionner sa clim. Il ne fait pas exception à la règle de ce côté-ci. Et de toute façon, venir cumuler son esprit en pleine ébullition et l'été meurtrier, c'est un peu trop pour une seule journée.
La tête appuyé tout contre son dossier, en consultant d'un œil curieux son téléphone juste histoire de voir si il ne rate rien, il soupire fortement. Il n'y a pas grand-chose, quelques SMS sans grande importance, et un article fraîchement paru sur le sauvetage que vient d'effectuer le grand héro Deku dans un hôpital qui menaçait de s'effondrer, des suites d'une attaque.
« - Toujours aussi altruiste, ce rôle te va comme un gant fichu nerd... »
Ils n'ont plus autant d'interaction qu'auparavant. La sortie du lycée à éclaté la classe en divers petits groupes, et Deku fait partit de ces têtes qu'il ne voit pratiquement plus que sur les journaux, ou les publicités pour les goodies à son effigie.
Ils ne se sont même jamais retrouvé à travailler ensembles, ou du moins pas directement. Leurs équipes étaient continuellement séparées, si bien qu'ils ne se croisaient même pas sur le terrain des plus grosses batailles qu'ils ont disputés. Parfois, les deux garçons se retrouvent au détour d'un évènement caritatif, d'une remise de prix, ou juste parce qu'ils ont été invité à la même soirée. Leurs maigres discussions s'arrêtent à des échangent de banalités, sans vrai fond, avant de retourner vers leurs amis plus proches.
Cette distance accentue la sensation désagréable qui se poursuit au creux de l'estomac de Katsuki. C'est là à évoluer, grandissant entre ses côtes, prenant plus de place vers son sternum. Ça le détruit à petit feu, comme un poison qui évolue progressivement, sans qu'aucun antidote connu ne parvienne à en ralentir le processus.
C'est aussi présent que ces phrases qui s'amusent à le torturer, devenant la bande-son sordide de sa triste et misérable existence. Le film des souvenirs bien malheureux, de sa très longue liste de mauvais choix, et de ces actes atroces dont Izuku était la cible.
« - On parlait de nos regrets. Tu en as toi ? On a beau dire que ça sert à rien d'avoir des regrets, on en a toujours un peu, au fond. »
C'est une question un peu bateau finalement. Aussi évidente que la réponse.
Qui en ce monde n'a absolument aucun regrets, en toute sincérité ? Il doit pouvoir compter sur les doigts d'une main le nombre de personne qu'il connaît, se vantant de réussir à se détacher d'absolument tous leur mauvais choix. Et encore, parmi eux il est pratiquement sûr que la moitié ne s'amuse qu'à raconter des mensonges.
Soit par envie de frimer un peu, afin de se sentir bien au-dessus de la populace qui souffre. Ou alors simplement pour éluder cette part d'eux, qui les plongent dans un profond cauchemar.
Tout en démarrant la voiture, afin de quitter cette ruelle bien trop vide et si triste, Katsuki continue de réfléchir devant cette marée montante d'idées fusant de nulle part.
Si, en ce jour, on lui demandait de rédiger une dissertation sur les regrets, il irait certainement creuser sur ce qu'il souhaiterait faire de différent. C'est bien trop simple de se contenter de mentionner les quelques détails que l'on regrette avoir fait ou dit. À son sens, les actes ont sans doute plus de poids, plus de valeur, plus de tout.
Au-delà de la lourdeur de ses remords, il y a sa personne.
Qui s'est scindée en deux, quelque part entre les années lycée et sa vie actuelle. Quand il a fini par prendre un peu de plomb dans le crâne et faire preuve de réflexion avec autre chose que sa colère et ses émotions négatives. Au moment où il a comprit qu'il ne pouvait pas continuer d'en vouloir à la terre entière, et d'être guidé par des ressentis si toxiques pour son existence.
Il a la sensation de ne plus rien avoir avec le Katsuki d'avant.
D'un côté il y a cet enfant qui courrait après la gloire et la reconnaissance. Qui ne vivait que pour ces instants où l'on portait sur le devant de la scène son talent, en l'exposant au monde entier.
Ce jeune garçon qui ne savait pas penser de la bonne manière, et préférait brusquer celui qui s'accrochait à ses propres rêves de façon exemplaire.
Ce garnement infernal, avec sa grande gueule et ses agissements trop dérangeants. Qui a fini par se perdre dans ses propres angoisses, et craintes, se créant une carapace trop étrange. Un costume étriqué, trop serré et étouffant, dans lequel il ne parvenait pas à se retrouver.
Et de l'autre, il y a cet homme.
Celui qui a fini par comprendre, et qui récolte le fruit de ses erreurs. Celui qui doit ramasser ce qui a été brisé et détruit en milles morceaux. Qui doit évoluer dans cette vie qui ne représente rien de glorieux, rien de bien incroyable. Une part de lui doit sa réussite à la personne qu'il a tant voulu écraser.
L'altruisme, les rêves, les ambitions bercées de douces illusions. Katuki s'est évertué à prouver que ce n'était pas suffisant pour atteindre ses objectifs. Qu'il fallait faire partie d'une certaine élite pour parvenir tout en haut de cette pyramide si ardue à grimper. Il a perdu une quantité d'énergie folle dans une bataille si stupide. Finalement, il s'est trouvé bien idiot en se rendant compte qu'il venait évacuer sa frustration sur celui qui l'a dépassé. Ce garçon qui n'a eu aucun traitement de faveur, et qui s'est battu dix fois plus que n'importe quelle autre de leur classe, pour avoir le droit de défendre la veuve et l'orphelin. Afin d'obtenir ce permis.
Pas pour la gloire et les paillettes, mais juste parce que donner sa vie pour les autres c'est ce qu'il sait faire de mieux. Izuku Midoriya est l'exemple même du héro par excellence, ce lauréat de la bienveillance.
De son rocher, au milieu de sa mer de solitude, Katsuki a dans son champ de vision tout ce qui reste et n'est plus à sa portée.
Cet immense sourire, qui le nargue indirectement.
Ce courage.
Cette force.
Cette détermination.
Cette paire d'yeux verts immenses, semblables à des émeraudes, qui n'est désormais plus tournée dans sa direction. Il y a bien longtemps qu'Izuku a abdiqué de venir lui offrir le privilège d'être le seul à ses yeux. De reconnaître une seule once de son talent et de son admiration.
Deku l'a dépassé, ne se retourne même plus pour l'observer et est arrivé à ce stade où Dynamight n'est plus qu'un élément de son existence.
En regardant le paysage qui évolue sur le bord de la route, alors qu'il poursuit sa route en voiture, Katsuki continue d'être prit par ses réflexions.
Et il vient probablement de trouver la plus grande source de sa désolation. Celle de voir progresser une personne que l'on affectionne particulièrement un peu trop loin de soit. Parce que ce flot d'amertume, ponctué d'un soupçon de jalousie, a laissé sa place. Se faisant jarter à grands coups de savates, par une chose plus douce, plus délicate, et bien plus forte.
Qui aurait cru que le positif pourrait être si dévastateur ?
Mais il en a conscience.
Ce qui rend ce renouveau aussi destructeur, c'est encore sa propre faute. Lorsqu'il a eu la riche idée de venir détruire ce précieux carnet et créer le point d'orgue de ce désespoir. Quand il a officiellement revêtu le rôle du monstre de la vie de Deku.
À cet instant précis, il a atteint le point de non retour. Et si quelqu'un lui laissait l'opportunité de revenir dans le passé pour changer quelque chose, il sait avec certitude que c'est ce moment qu'il choisirait. Il n'y aurait pas une seule fibre de son existence qui viendrait poser un quelconque désaccord quand à cette idée. Il n'utiliserait pas cette chance pour quelque chose qui n'irait que dans son sens, ou pour revivre un évènement heureux qui le rendrait nostalgique.
Il s'en servirait pour prendre un autre rôle dans la vie d'Izuku.
Katsuki pourrait faire bien plus que d'être le héro de toute une nation. D'avoir des t-shirt à son effigie, ou des figurines aussi. De nourrir les fantasmes de ses plus grand.es fan, alors qu'il se contente de faire son boulot. De faire la peau à des criminels un peu trop stupides sur les bords, qui s'imaginent être le prochain cerveau qui renversera la société.
Il aurait pu être le héro de quelqu'un, plutôt que d'avoir la place de bourreau. Et cette perspective lui paraît bien plus belle, et remplit d'un soupçon de merveilleux. De quelque chose qui lui fait chaud au cœur.
Ouais...Il aurait pu faire mieux, si ce jour-là il avait choisit de lâcher ce fichu carnet, et de faire demi-tour.
« - Qu'est-ce que t'es con ma parole... »
Grognant après sa propre personne, le blond arrête soudainement le véhicule.
L'esprit à mille lieux d'ici, il ne s'est pas rendu compte que ses gestes l'ont guidé dans cet endroit. Tout est encore comme ils l'ont laissé, avant de partir pour passer « d'apprenti » à « professionnel ». Les bâtiments sont toujours hauts, à lui en couper le souffle. Réellement majestueux, et qui lui donnent le tournis. Les murs qui délimitent l'espace alloué à cette institution n'ont pas changé de couleur, tout comme les deux lettres de l'académie continuent de briller fièrement. Trônant sur le portail d'entrée, porteuses de toute la force qu'elles peuvent donner.
UA est l'endroit qui a marqué leurs vie, à tous sans exception.
Et c'est ici qu'il a apprit. Apprit à devenir quelqu'un de meilleur, utiliser son alter autrement, et avoir des motivations plus nobles.
Le savoir a fini par aller au-delà de l'envie d'être un héro.
Tournant le regard sur ce trottoir qui longe l'enceinte, Katsuki se revoit avancer parmi ses camarades. Ces quelques instants durant lesquels il a comprit à quel point évoluer au sein d'un groupe, peut être plus enrichissant que de faire cavalier seul.
Devant la détermination de ceux comme Ochaco, Tenya ou encore Kirishima. Et puis les bêtises créant de multiples souvenirs, avec sa bande de copain qui est restée si proche de lui. L'homme a fini par se rendre compte de l'importance d'être entouré, et de parvenir manier ses sentiments peu à peu. De quelle manière venir percer sa carapace, la briser un morceau après l'autre, afin de renaître sous un jour nouveau.
Tel un amphibien en pleine mue, qui se sépare de sa première peau pour laisser place à de nouvelles écailles. Plus belles, plus fortes, et prêtes à affronter de toute nouvelles épreuves qui arriveraient sur son chemin.
« - Qui d'autre eu plus sa place ici que toi, Deku... »
Le regard s'humidifiant devant cette remise en question soudaine et bien trop puissante, qui vient lui donner une migraine atroce, Katsuki essaye tant bien que mal de respirer.
Les actes du passé s'ancrent dans sa poitrine, se lient au fibres de sa peau et ses cellules. Le nom de son ami d'enfance est bien trop lointain, résonnant comme un vieil écho dans sa mémoire, qui revient de temps à autre le narguer. Il étouffe, dans cette forêt de lierre prenante, qui s'accroche à chacun de ses membres.
Parce qu'il a beau clamer à qui veut l'entendre qu'il ne regrette rien, la terre entière sait que ce ne sont que des chimères. Et malgré son envie fulgurante de changer le cours des évènements, il n'existe encore aucune baguette magique lui offrant la possibilité de s'assurer de tendre une main à Izuku.
Tout aurait été tellement plus facile, si une fois, rien qu'une seule fois, il s'était contenté d'attraper sa main.
« - Oh et puis merde ! »
Reprenant place sur le siège avant, tout en faisant rugir le moteur afin de repartir en trombe dans le sens opposé, il rumine. Il tape une adresse dans le GPS de sa voiture, souvenir d'une vieille soirée remontant à plusieurs mois, espérant que sa mémoire ne lui joue pas un énième mauvais tour et qu'il sait à peu près ce qu'il est en train de faire.
Katsuki essaye de ne pas céder face à son angoisse grandissante, se vengeant sur l'intérieur de la peau de sa joue, jusqu'à sentir le goût métallique du sang envahir sa bouche.
Les mains nerveusement posées de parts et d'autres du volant, et sa concentration maximale sur la route, il souffle bien trop bruyamment. Si jusqu'à présent il n'a fait que rester dans son coin et s'assurer de ne pas céder à la moindre étincelle d'espérance, le blond vient de briser les digues qui contenaient le fleuve de sa culpabilité.
L'histoire est écrite, et les lignes ne contiennent pas une once de joie et de bonheur. Les dernières pages ne relatent qu'une foire de mauvais souvenirs, et une haine inconditionnelle vouée à sa propre personne.
« - Qu'est-ce que je suis en train de foutre putain... »
C'est ironique bien sûr. Il a totalement conscience de la direction qu'il prend, et il espère du plus profond de son cœur que sa visite ne sera pas veine. Que la personne recherchée sera bien présente, parce qu'il doute d'avoir une autre once de courage aussi prenante et intense que celle qui l'envahit. Une douce chaleur essaye tant bien que mal de l'apaiser, au milieu de la cohue constante.
La guerre que se jouent ses sentiments négatifs est venu tout mettre sans dessus-dessous. Il est devenu impossible d'avancer dans sa conscience de quelque façon que ce soit, tant le sol est jonché de souvenirs bafoués, de mots prononcés bien trop vites, et d'actes cruels.
Alors que la carte lui indique de sa voix électronique qu'il est arrivé à destination, Katsuki sent son muscle cardiaque s'arrêter soudainement.
La respiration coupée, le souffle erratique, la gorge nouée... il tente tant bien que mal de négocier avec son corps afin de ne pas perdre la face, et tenir juste un instant de plus. Actionnant le frein à main, ses yeux se posent sur le petit jardin qui entoure la maison devant laquelle il vient de se garer.
Son âme l'implore de ne pas faire demi-tour, et son esprit le pousse à sortir de la voiture, pour affronter sa propre bêtise.
Cependant, il lui faut une énergie folle pour parvenir à ouvrir la portière sans défaillir, ni même s'étaler de stresse sur le bitume.
L'anxiété le ronge à tous les endroits inimaginables, alors que le courage se charge de le maintenir à flot, réparant tout ce que cette saloperie s'amuse à dégrader durant son épopée.
C'est maintenant ou jamais.
En remontant la petite allée, il se persuade qu'il prend la bonne décision.
Katsuki a bien conscience qu'il n'a aucun impact sur les années qui se sont écoulées, et que rien ne pourra changer. Aucune machine à remonter le temps ne viendra se présenter à lui, et aucun privilège ne sera permit. Sous quel prétexte de toute manière ?
Sa chance se joue ici et à cet instant.
Dans cette poigne un peu tremblante qui vient frapper à la porte, pour annoncer sa présence au propriétaire des lieux. Dans ces quelques phrases qu'il vient de préparer rapidement, quand l'activité de ses neurones parvient à se faire ressentir. Dans sa respiration trop chaotique, qui vient lui presser l'abdomen, et brûler ses poumons.
Parce qu'au final, il n'y a jamais eu de point final à leur histoire.
Et il le comprend quand cette porte s'ouvre, sur cette chevelure verte ondulante et un regard interrogateur.
« - Katchan ?
- Salut Deku... »
Quand il y repense, les tous derniers mots qu'ils se sont adressé avant leur départ de YUEI, sans forme ni fond, ne sont peut-être pas exclusivement ce qui peut rester de leur relation.
Katsuki a le pouvoir de changer les choses, ou du moins...d'essayer.
« - On peut discuter ? »
Et c'est la voie qu'il choisit de suivre cet après-midi, dans ce temps bien trop chaud qui fait fondre sa matière grise. Demain, il se dira sûrement qu'il a cédé dans un moment de faiblesse, et qu'il n'y a rien qui peut expliquer rationnellement cette décision prise à la hâte.
Mais si cela lui ouvre une route toute nouvelle, emplit d'un soupçon de Deku, et parsemé d'une nouvelle amitié... Pourquoi choisir de s'en priver ?
Finalement, il n'y a peut-être jamais eu de dernière phrase.
Ce n'était pas l'épilogue de leur existence partagée, ni même du tout dernier moment alliant Katsuki et Izuku. Il s'agissait sûrement du tout début de l'histoire.
Ou du moins, de leur histoire.
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Final Sentence
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Bonsoir,
Un nouvel os qui m'a demandé pas mal de boulot j'avoue 😭 j'espère qu'il sera à la hauteur !
Mais en voyant ce fanart je ne pouvais pas passer à côté de cette idée, qui me trottait en tête.
En espérant que vous avez apprécié cette petite histoire !
Bisous, Onyx ❤️
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