Chapitre 1 - Mer des Caraïbes, cap au sud-ouest


- Je te prépare un petit punch ?

- Volontiers, merci trésor, mais pas trop fort, il fait chaud aujourd'hui.


Sous le soleil de plomb, Mickaël était en train de bloquer une drisse de voile dans un taquet coinceur.

Le bateau filait à bonne allure avec cette risée.

Midi approchait.

Mickaël jeta un coup d'oeil dans la cabine vitrée où Sandra s'affairait à trancher un citron vert.

Elle avait ouvert les vitres coulissantes pour faire rentrer l'air et il pouvait voir les verres remplis de glaçons et le couvert qui était mis.


C'étaient vraiment des vacances de rêve.

Une bonne idée, que d'avoir loué ce voilier !

Ils étaient partis de Puerto Limon, au Costa Rica, direction la Jamaïque où ils avaient fait escale une petite semaine, le temps de se poser un peu et de faire les pleins en vivres, en eau et en gas-oil pour le moteur d'appoint.

Une balade d'environ 1000 km dans la mer des Caraïbes avec le vent comme ami.

Puis, après avoir longé les côtes d'Haïti, ils avaient accosté en République Dominicaine et enfin sur l'Ile de Porto Rico, dans les grandes Antilles.

Les soutes de nouveau pleines, ils redescendaient maintenant tranquillement en appuyant sur l'ouest afin de rentrer en passant au large du golfe du Venezuela.


Le bateau marchait très bien et, avec toutes les assistances électriques, était assez facile à manoeuvrer pour Mickaël qui n'en était pas à son coup d'essai : chaque année ou presque, à la belle saison, Sandra et lui louaient un de ces beaux voiliers et partaient ainsi.

Ils avaient, de cette façon, vu du pays, ou du moins de l'océan devrait-on dire.


La barre étant confiée au pilote automatique, Mickaël descendit les quatre marches pour descendre dans la cabine.

Il prit Sandra dans ses bras et l'embrassa, puis s'assit au bout de la table, prenant son verre de punch ruisselant de goutelettes.

Il déplia une grande carte plastifiée.

- Nous sommes là ! dit-il en pointant du doigt un endroit vide au milieu de la mer des Caraïbes.

- Loin de tout, dit Sandra. Le vent est bon, on verra vite les côtes du Venezuela. On va longer Curaçao ?

- Ah non, dit Mickaël, on sera déjà trop à l'ouest, il faut bien rentrer un jour !


Il sirota son punch et dit :

- On mange tout de suite ?

- Comme tu veux, répondit Sandra, rien ne presse, de toutes façons, j'ai préparé une grande salade bien fraîche avec de l'ananas et de la langouste. Par ce temps là...

Il réfléchit un instant et dit :

- Tu as bien fait. Je me demandais si j'allais démonter la radio tout de suite mais bon, on va déjeuner et je le ferai en fin d'après-midi, quand il fera moins chaud.

- Pourquoi veux-tu démonter la radio ? demanda Sandra.

- Oh, depuis un ou deux jours, l'émetteur se met par moments à crachouiller. Ce matin, je signalais notre position et à tout instant j'entendais comme de la friture quand le mec me répondait. En espagnol, en plus, je n'ai pas capté la moitié de ce qu'il disait. Ce doit être un potentiomètre. Je vais le regarder à l'atelier.


La cabine du bateau se composait d'une sorte de cuisine qui servait à la fois de pièce à vivre lorsqu'on avait replié la table à manger. L'émetteur radio et d'autres instruments servant à la navigation s'y trouvaient.

Ce coin donnait, par une ouverture fermée par une porte coulissante, sur la chambre, somme toute assez spacieuse.

Au bout de celle-ci, il y avait une petite pièce fermée aussi par une porte coulissante où se trouvaient les installations sanitaires et un escalier de trois marches descendant au plus profond du bateau.

Là, on trouvait une sorte de petit coin atelier avec de quoi dépanner les menus problèmes, puis le support de la quille et le moteur « inboard ». Il ne fallait bien sûr pas être trop grand pour pénétrer là.


Ils se mirent à table. La salade était délicieusement fraîche.

Puis, son mug de café à la main, Mickaël remonta jeter un coup d'oeil à la barre.

Toujours cette risée trois-quarts arrière qui les portait gentiment.

L'horizon était dégagé, ils étaient seuls au monde.


Il redescendit et dit à Sandra :

- Si on faisait une petite sieste ? Ca m'étonnerait que quelqu'un nous dérange.

Elle rit.

- Dis donc, capitaine, tu n'aurais pas une idée derrière la tête, toi ?

- Mais non, mais non, dit-il en la prenant par la taille.


Ils remontèrent sur le pont vers 16 heures. Le soleil était déjà bas, il se couchait tôt sous ces latitudes.

Mickaël s'étira en regardant l'horizon qui rougeoyait, puis il repensa à l'émetteur radio.

Il se hâta de débrancher l'appareil et le porta dans l'atelier.

Il ouvrit le boîtier et vérifia un à un les contacts puis manoeuvra les boutons des potentiomètres. Tout semblait normal, mais, une fois remonté et rebranché, l'émetteur s'obstinait à crachouiller ses bruits parasites.

Mickaël le débrancha de nouveau, redescendit dans l'atelier et se mit à chercher un aérosol qu'il savait avoir, contenant un produit spécial pour les contacts électriques.

Quel bordel là-dedans ! se dit-il en voyant le désordre. Il ne trouva pas la bombe aérosol et remonta.


- Tu n'aurais pas vu une bombe aérosol bleue avec des inscriptions jaunes ? demanda-t-il à Sandra sans trop d'espoir.

- Si, si, elle est dans le réfrigérateur lui dit-elle en plaisantant. Sérieusement, comment veux-tu que je sache où se trouve ce truc, le bricolage, c'est toi non ?

- Je ne la trouve pas, pourtant je suis sûr d'en avoir.

- Tu verras ça demain lui dit-elle, il fait déjà quasiment noir, tu veux qu'on réduise un peu les voiles pour la nuit ?

Ils montèrent sur le pont et arisèrent les voiles.

Mickaël revérifia le cap et ils descendirent dîner.

Ils avaient pris l'habitude de ne pas se coucher trop tard car, si le soir arrivait vite, le soleil les réveillait vers 5 heures.


Mickaël était endormi profondément lorsque soudain, il fut réveillé en sursaut par un choc sourd qui avait ébranlé le bateau.

Il se redressa dans le lit-couchette. Sandra était éveillée et le regardait.

- Que se passe-t-il ? demanda-il. Tu as entendu ?

- Ca, oui, dit-elle. Je ne dormais pas. Il y a eu un sacré choc, le bateau a carrément tressauté !

- On a heurté quelque chose, fit-il en regardant dans le vide.

- J'entends la douche qui fonctionne ! dit Sandra.


Il sauta du lit et traversa pieds nus l'espace sanitaire. La douche ne coulait pas.

Il revint dans la chambrette, saisit une lampe torche et descendit au fond, dans l'atelier.


- Merde ! On a une voie d'eau dans la coque, l'entendit-elle crier...

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