Loki observa avec amusement Frigga observer son fils sous toutes les coutures pour s'assurer qu'il n'avait rien. Harry avait passé, plus tôt dans la journée, sa première épreuve au tournoi. Epreuve à laquelle la reine et lui avaient assisté incognito et où son fils avait vraiment pris tous les risques pour réussir.

- Je vais bien, grand-mère, fit doucement Harry en éloignant les mains de Frigga. Je t'assure, tout va bien.

La déesse s'arrêta un instant pour observer son petit-fils avant de l'attirer dans une étreinte faisant ricaner Jor et sourire un peu plus leur père.

- Quand même, vous forcer à combattre un dragon. Ceux qui ont décidé de ces épreuves sont des hommes complètement fous.

- Ce sont des sorciers, répondit Harry en haussant les épaules.

Loki s'approcha alors et sortit son fils de l'étreinte de sa grand-mère avant que cette dernière ne l'étouffe.

- Je suis fier de toi, murmura doucement Loki. Ce que tu as fait dans l'arène est digne d'un guerrier d'Asgard.

Même si ces derniers ne le verront pas, de cette façon, songea Loki. Mais ça n'avait aucune importance. La seule chose qui comptait était le sourire de son cadet et les taquineries joyeuses de son frère. Sa famille, du moins une partie, était en vie, libre et heureuse.

- Maintenant, dis-moi. Comment as-tu réussi à maitriser aussi bien la glace et le vent ?

- Oh, ça ! À la fin de ma seconde année, j'ai … convaincu le professeur Dumbledore que j'avais besoin de cours supplémentaires. La magie élémentaire était l'un de ses cours. Et le professeur Flitwick a découvert que j'avais une affinité avec la glace et le vent.

- C'est étrange, remarqua doucement Loki. En tant que descendant de Ases, ton affinité aurait dû être tournée vers le feu, voire la terre, mais pas le vent et la glace.

Loki fronça les sourcils et son interrogation ne fit que s'amplifier lorsqu'il vit que Frigga avait pali.

- Mère. Y a-t-il un problème ? demanda doucement Loki en posant une main réconfortante sur son épaules.

Frigga hésita un instant avant d'ouvrir la bouche et toutes les certitudes de Loki volèrent en éclat.

- Loki sait, annonça Frigga en entrant dans ses appartements où Odin l'attendait déjà.

- Que sait-il ma chère ?

- Il sait qu'il a été adopté et il connaît le nom de son vrai père.

Odin se figea de stupeur. Frigga lui avait dit ? Pourtant, il s'était tous les deux mis d'accord pour ne l'annoncer qu'après le couronnement de Thor. Pourquoi lui avait-elle dit ? Et comment Loki avait-il réagi. C'était cela qui l'inquiétait le plus. Son plus jeune fils était aussi celui qui était capable du pire, car on ne voyait pas toujours ses attaques venir.

- Pourquoi ? demanda Odin.

- Je devais lui dire, répondit la reine avec tristesse.

Odin soupira tristement. Il aurait vraiment préféré attendre après le couronnement de Thor avant de tout avouer à Loki. Mais maintenant c'était chose faite et il allait devoir subir les conséquences de son secret. Avec lassitude, le père de toute chose se leva de son fauteuil et sortit de leur appartement. Il devait parler à Loki, lui expliquer. Il prit donc tout naturellement la direction de la chambre de son cadet et fut plus que surpris de la trouver vide. Inquiet à l'idée de ce qu'il pourrait faire, Odin demanda à plusieurs servantes et gardes s'ils avaient vu son fils. Ce fut finalement un jeune domestique qui lui indiqua que le prince Loki s'était rendu dans la bibliothèque. Odin partit donc en direction de celle-ci.

Il trouva son fils plongé dans des livres concernant les Jötunn, leurs coutumes, leur pouvoirs et surtout leurs lois.

- Fils ? appela doucement Odin.

- Le suis-je réellement ? demanda Loki sans lever les yeux de son livre.

- Nous voulions te protéger, tenta d'expliquer Odin.

Loki ferma son livre d'un mouvement sec et leva les yeux sur le roi d'Asgard.

- Mère m'a tout expliqué, absolument tout. Y compris le fait que vous espériez vous servir de moi pour une alliance entre Asgard et Jotunheim. N'ai-je jamais été qu'un objet à vos yeux, l'un de ceux que vous enfermiez dans le coffre ?

- Loki …

- Non, répondit le dieu du chaos en se levant. Non, Odin. Vous n'êtes pas mon père, vous ne l'avez jamais été. A vos yeux, je n'ai jamais été qu'une déception. Jamais assez bien, jamais assez fort. Et vous aviez raison. Je ne suis pas Thor et je ne souhaite pas le devenir. Et si vous ne pouvez pas faire avec ce que je suis, ça n'est pas mon problème.

Loki se leva alors et regroupa ses livres avant de les emporter. Il voulut ensuite contourner Odin, mais ce dernier lui bloqua le passage.

- Tu es mon fils. Même si j'ai été plus présent pour ton frère que pour toi, je t'aime également. Et peu importe tes origines, tu es également un prince d'Asgard. Je sais que j'ai commis des erreurs avec toi. Mais je ne veux pas que notre famille soit brisée.

- C'est trop tard pour ça, Odin. Ma famille est déjà brisée, répondit Loki.

Il contourna finalement le roi avant de quitter la pièce, ne remarquant pas la larme solitaire qui coulait le long de la joue du Père de toute chose.

Harry observa d'un œil distrait la nourriture devant lui. Il n'avait pas faim et avait très mal dormi suite aux révélations de Frigga sur les origines de son père. Il n'était pas inquiet pour lui-même, même s'il se trouvait un peu petit pour un géant. Il était inquiet pour son père, qui avait été élevé en pensant que les géants des glaces étaient des monstres. Il avait bien essayé hier soir de lui faire comprendre que cela n'avait pas d'importance, que seul la famille comptait et qu'on ne le laisserait pas tomber parce qu'il était un Jötunn. Mais il n'était pas sûr d'avoir totalement apaisé les craintes de son père et cela l'attristait.

Ce fut une main posée sur son épaule qui le sortit de ses pensées. Hermione était à côté de lui et s'était emparée du sac du jeune homme.

- Tu viens ?

Harry soupira de lassitude et se leva, récupérant son sac dans le même mouvement. Il était hors de question qu'il laisse une jeune femme porter ses affaires.

- Est-ce que ça va ? demanda Hermione avec sollicitude.

- Oui … Non … Je ne sais pas. Mais ça n'est pas une chose avec laquelle tu peux m'aider. Je dois me débrouiller seul.

Ou presque, songea Harry en sentant Jörmungand, enroulé autour de son torse, bouger doucement. Au moins, maintenant, il savait pourquoi il maitrisait aussi bien la glace.

Harry était près du lac et l'observait avec une certaine curiosité. Est-ce que ses capacités de Jötunn pouvaient lui permettre de rester une heure sous l'eau ? Après tout, il pouvait bien passer une nuit dans le froid et la neige sans en ressentir le moindre mal. Instinctivement, Harry porta sa main à son médaillon, mais il ne chercha pas à l'utiliser. Il avait déjà envoyé un signal à son père plus tôt dans la soirée. S'il ne venait pas, ce devait être parce qu'il était occupé. Il n'allait pas le déranger une seconde fois. La seconde tâche ne commencerait pas avant plusieurs semaines après tout.

- Harry ?

Le jeune homme eut un sourire en reconnaissant la voix de sa grand-mère. Il se tourna avant de se figer en la voyant seule.

- Où est papa ? demanda Harry avec inquiétude.

- Ton père et ton grand père se sont disputés au sujet de Sleipnir, regretta Frigga. Et donc Loki n'a pas pu venir. Il s'excuse et espère que tu ne lui en veux pas trop.

- Ca n'est pas après lui que je suis en colère, répondit Harry avec un léger soupir.

- Je sais, mon grand, répondit Frigga en étreignant son petit-fils avec douceur.

Harry eut un sourire triste, profitant de la présence rare de sa grand-mère. Puis il s'écarta d'elle doucement et l'invita à s'asseoir sur un banc qu'il venait de métamorphoser. Il lui posa ensuite des questions sur les géants des glaces et, en particulier, sur leurs pouvoirs.

Harry passa une bonne partie de la soirée avec sa grand-mère. Il fut ravi d'en apprendre un peu plus sur cette partie de ses origines, mais aussi sur la guerre qui eut lieu entre les géants des glaces et les Ases. Au bout de trois heures de discussion, entrecoupées par Dobby qui leur avait apporté des chocolats chaud, Frigga se leva vite, imité par Harry.

- Je dois partir. L'absence de Loki d'Asgard est un phénomène assez régulier pour qu'on ne le remarque pas, mais mon absence risque de se voir.

- Oui, je suis désolé de t'avoir déranger, s'excusa Harry.

- Tu ne m'as pas du tout dérangée, rassura Frigga en caressant les cheveux de l'enfant. Je regrette juste de ne pas pouvoir passer plus de temps avec mes petits-enfants.

Harry acquiesça tristement, puis il étreignit sa grand-mère.

- Tu es sûre que ça va aller pour le retour ? demanda Harry.

- Oui, ne t'inquiète pas.

Frigga embrasse le front d'Harry et la tête de Jörmungand lorsqu'il sortit de sous le pull de son petit frère, puis elle s'éloigna, s'enfonçant dans la forêt interdite jusqu'à ne plus être visible par les deux Lokison.

- J'espère que papa ne fera rien de trop grave, soupira Harry.

Jörmungand acquiesça et tous deux regagnèrent la chaleur du château sans remarquer la fille blonde qui les observait avec curiosité.

- Odinson ! Rugit un garde.

Loki grimaça et se cacha dans les ombres. Une fois de plus, il avait voulu aller voir son fils. Et une fois de plus, Odin avait anticipé son geste. Grimaçant, le jeune homme ne quitta les ombres qu'une fois proche de ses appartements. Il ouvrit la porte, de mauvaise humeur. Mais sa colère disparut en voyant que Frigga était rentrée et qu'elle l'attendait, assise sur l'un de ses fauteuils.

- Mère !

- Tu vas finir par énerver ton père à t'acharner ainsi, remarqua doucement la reine.

- Il n'est pas mon père, cracha Loki.

- Alors cela veut dire que je ne suis pas ta mère, remarqua Frigga avec tristesse.

Le jeune dieu l'observa un instant, puis il eut un léger sourire avant de prendre les mains de sa mère dans les siennes.

- Depuis que j'ai rencontré Harry, il me surprend à chaque moment que je passe avec lui. J'étais inquiet lorsque je lui ai parlé de ses frères et de sa sœur, j'avais peur que leur apparence ne l'effraie. Mais il m'a répondu que ça n'avait aucune importance, que l'apparence et même le sang n'avaient aucune importance dans une famille. Tu es ma mère, parce que je te vois, parce que je te respecte et surtout parce que je t'aime comme telle. Mais je n'accorde plus les mêmes privilèges à Odin. Je refuse de les lui accorder tant qu'il blessera mes enfants.

- Il t'a changé, remarqua doucement Frigga avec un léger sourire.

- Oui. Je pense que sa vie éphémère m'a fait prendre conscience à quel point les moments que l'on passe avec les êtres que l'on aime sont importants.

La tristesse marqua alors les traits de Loki. Frigga passa une main apaisante sur les bras de son fils.

- Harry est quelqu'un de bien, qui est voué à faire de grandes choses. Et lorsque le moment sera venu, je suis sûre qu'il sera accepté au Valhalla.

Le dieu du Chaos se leva alors pour s'éloigner de la reine.

- Je l'ai su dès l'instant où je l'ai vu. J'ai su qu'il resterait mortel, mais j'ai gardé espoir et je garde encore espoir qu'un jour mon fils obtienne l'immortalité.

- Je prie pour que ce jour arrive, Loki.

Frigga se leva à son tour et étreignit son fils avant de s'écarter puis de quitter la chambre. Loki l'observa faire avant de rejoindre le balcon. Il se doutait que son fils avait dû être déçu de ne pas le voir ce soir, mais il n'avait pas eu la force de lui faire face après leur dernière rencontre. Surtout après les dernières révélations sur ses origines.

La seconde tache venait de commencer et Harry se dépêchait de rejoindre le fond du lac en suivant les voix qui le guidaient. Il pouvait rester un certain temps sous l'eau en apnée, mais pas une heure entière (il avait réussi à tenir 52 minutes pendant ses entrainements grâce à son sang de Jötunn). Il devait donc se dépêcher.

Il arriva à l'entrée d'un village et s'y engagea sans attendre jusqu'à arriver au centre où une grande statue avait été construite. Attachées à cette statue étaient les quatre personnes qui devaient être sauvées. Harry s'approcha et se figea en voyant Hermione et Drago. Lequel devait-il sauvé ? Harry se mordit la lèvre, incertain. A ce moment-là, Cédric arriva et libéra Cho. Il salua Harry avant de remonter le plus vite possible. Puis Krum arriva et, au soulagement d'Harry, il repartit avec Hermione. Il s'approcha à son tour de la statue et tira sa dague avant de trancher les liens qui retenait son ami. Puis il jeta un coup d'œil aux alentours, espérant voir Fleur, mais sans succès. Le jeune sentait qu'il commençait à ne plus être capable de retenir sa respiration. Autrement dit, l'heure accordée aux champions était presque écoulée.

Harry lâcha un juron mental avant de s'approcher de nouveau de la statue pour libérer la jeune fille, mais des sirènes mâles s'interposèrent. Avec un grondement, Harry raffermit sa prise sur sa dague et se mit en position de combat.

Voyant cela, les guerriers levèrent leurs lances jusqu'à ce qu'une autre sirène ne les arrête. Il plongea son regard dans celui d'Harry avant de faire signe à ses hommes de s'écarter. Le jeune homme ne perdit pas plus de temps : il libéra la prisonnière, agrippa son propre prisonnier et prit son élan pour remonter le plus vite possible. Arrivé à cinq mètres de la surface, Harry sentit sa tête tourner. Sa vision commençait à s'obscurcir. Il devait réussir. Faisant fi de sa tête tournante et des points noirs dans son champ de vision, il essaya d'accélérer un peu. La fraicheur de l'air libre le frappa de plein fouet et il prit une profonde inspiration, s'assurant que les deux prisonniers gardent la tête hors de l'eau.

Drago fut le premier à ouvrir les yeux, suivi par la petite fille.

- Qu'est-ce que je fais dans le lac ? demanda Drago.

- Tu as participé malgré toi à la seconde épreuve, répondit Harry avec un léger sourire. Aide moi à la sortir de là, continua le jeune homme. Elle ne semble pas très bien savoir nager.

A eux deux, ils réussirent à entrainer la jeune fille vers le rivage. Aussitôt qu'elle eut les deux pieds sur la terre ferme, elle fut prise dans une solide étreinte offerte par Fleur. Le jeune française était au bord des larmes. Une fois rassurée sur la santé de sa sœur, elle étreignit Harry et Drago. Les deux amis échangèrent un regard avant d'entrainer les deux françaises en direction de la tente des soins, où Madame Pomfresh les attendait avec impatience.

Le temps avait passé. Demain aurait lieu la dernière tâche du tournoi. Harry était assis sur un tronc mort près du lac. Il avait appelé son père une demi-heure plus tôt et attendait son arrivée. Il ne l'avait pas vu depuis plusieurs mois et ce dernier lui manquait. Il se doutait que son père devait être occupé ou bien qu'Odin avait trouvé un moyen de l'empêcher de venir lui rendre visite. Mais il espérait quand même pouvoir le voir avant cette dernière tâche. Son père lui manquait.

Loki repoussa son assiette avec un léger soupir qui fut perdu dans la voix forte de son frère qui se vantait une nouvelle fois de sa dernière victoire. Bataille qu'il n'aurait pas pu gagner si Loki ne les avait pas dissimulés, lui et ses amis, au début de la bataille. Le dieu du Chaos se leva, attirant aussitôt l'attention de Frigga et d'Odin. Thor lui était trop concentré sur son récit pour prêter attention à ce qui l'entourait.

Loki s'éloigna de la table pour jeter un coup d'œil par la fenêtre. Depuis quelques mois, Odin le faisait surveiller jour et nuit. Il n'avait donc pas pu rendre visite à son fils depuis lors et cela l'agaçait au plus haut point. Odin disait vouloir reformer une famille avec lui, mais il ne faisait rien pour cela.

- Loki.

La voix d'Odin résonna de puissance, interrompant Thor dans sa lancée. Le dieu du Tonnerre jeta un regard incertain en direction de son frère. Depuis plusieurs mois, ce dernier avait changé. Il était plus renfermé et ne venait plus aux fêtes. Il passait une grande majorité de son temps à essayer d'entrer dans les écuries de leur père.

- Viens avec moi, ordonna Odin en se levant.

Loki hésita un instant avant que Frigga ne lui fasse signe de le suivre. Avec un soupir las, il suivit donc Odin à l'extérieur de la salle de repas.

- Je sais que tu es en colère contre moi, fils.

- Je ne suis pas … commença Loki.

- Assez ! Tu es mon fils ! Et j'en ai assez de te voir t'opposer à mon autorité !

- Je suis dans mon droit. J'ai le droit, en tant que père, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger mes enfants. Même si je dois les protéger de vous.

- J'ai conscience que les sentences de tes enfants te semblent injustes, Loki. Mais elles étaient nécessaires.

- Pourquoi cela ? À cause de Ragnarok ? Si vous aviez permis à mes enfants de faire partie de cette famille, jamais ils ne vous auraient attaqué. Mais vous avez contraint Jörmungand, Hel et Fenrir à l'exil alors qu'ils n'étaient que des enfants. Ne vous étonnez pas qu'ils se retournent contre vous après cela.

Odin observa son fils et vit celui-ci pâlir brusquement avant de porter la main à sa poitrine.

- Fils ? S'inquiéta Odin.

- Je dois partir.

- Nous n'avons pas fini notre discussion.

- Nous la finirons plus tard, assura Loki.

Odin hésita. Il voyait la main de Loki se crisper de plus en plus sur sa poitrine.

- Va, Loki, ordonna une voix depuis l'autre bout du couloir.

Le dieu du Chaos jeta un regard empli de gratitude à sa mère avant de disparaître. Odin, lui, jeta un regard en direction de sa femme, elle aussi pâle, alors qu'elle s'approchait de lui.

- Que se passe-t-il ? demanda doucement Odin.

- Je ne peux rien vous dire, mon époux. Mais si Loki a voulu partir aussi rapidement, cela devait être important.