Chapitre 7

Nous sommes rentrés. Le chien s'était directement couché sur son tapis, dans le large couloir d'entrée. J'entrai vite dans la cuisine, tandis que les autres m'attendaient avant de dîner.

  — Désolée pour mon retard ! Nyx avait flairé un lapin et l'a poursuivi, j'ai dû aller le chercher... Me justifiai-je.

  — Ce n'est pas grave. Mais la prochaine fois, fais plus attention. Viens manger... Oh, qu'as-tu fais à ton doigt ? Demanda ma mère.

— Rien, rien. C'est Nyx, en voulant la rattraper il a été saisi, rien de grave.

  — Tu as désinfecté ?

— Pas encore.

— Vas-y avant de manger.

Alors je rejoignis la salle de bain et soupira de soulagement. Ils n'avaient pas deviné. Ils ne savaient pas qu'en vérité, je m'étais fait mordre par le renard. J'avais tellement envie de le revoir... 

Je versai le produit désinfectant sur la trace du croc. Ce n'était pas profond, mais cela me piqua énormément lorsque le liquide commença à faire effet. De la mousse blanche apparut dans la crevasse, et disparut une minute plus tard. Je mis un pansement autour de mon index. Étrangement, j'adorais la texture du tissu beige. 

Enfin, je retournai à table et je me mis à déguster les bons nuggets et les frites qui allaient avec. Noémie était déjà remontée dans sa chambre, Scott vidait son assiette, et Marie débutait la vaisselle. Je prenais mon temps pour manger, en réfléchissant à des méthodes pour retrouver le renard, et surtout, l'amadouer.

Une fois le repas fini, j'aidai ma mère à faire la vaisselle afin de me faire bien voir. Lorsqu'elle fut finie, je demandai :

  — Il fait beau aujourd'hui... Je peux sortir cet après-midi quand même....?

Ma mère me regarda, perplexe.

  — Je n'ai pas envie de lire, ajoutai-je.

— Bon, d'accord. Mais tu reviens avant seize heures.

— Promis !

— Et tu ne reviens pas en retard !  

  — Non.

Aussitôt cela dit, je me mis à préparer mon sac à dos. J'y mis une fine corde, des pansements, un désinfectant, au cas où le renard me mordait à nouveau. J'étais de nouveau déterminée. Nyx me regarda et posa une patte avant sur son propre museau. Je le regardai.

— T'inquiètes, tu viendras pas avec, cette fois. Repose-toi.

J'attendis que ma mère sorte de la cuisine afin d'ouvrir le réfrigérateur. J'arrachai quelques boulettes de viande, les insérèrent dans un sac plastique que je fourrai dans mon sac. Puis, enfin, je partis, à la recherche de mon renard perdu. 

***

Je zigzaguais entre les feuilles, les arbres, les fougères, les rochers. Je tentais en vain de retrouver les traces laissées par le goupil, mais je n'y arrivais pas. Où était-il ? Au final, je déboulai dans une clairière ensoleillée, avec, au centre, un grand et très ancien sycomore. Je m'y adossai, et sortis de mon sac le sachet plastique, espérant que cela attirerait le renard. J'espérais que ce serait lui qui viendrait. J'espérais qu'il serait là, et que ce ne serait pas un autre animal qui viendrait.

Je voulais mon renard.

J'attendis, tandis que l'astre doré semblait descendre petit à petit dans le ciel. Je ne décourageais pas. Il allait venir. J'en étais sûre. J'écoutais le brame d'un cerf, qui me faisait frémir. C'était comme le grincement beaucoup moins strident d'une porte, et c'était beaucoup plus apaisant. 

Un corbeau, noir comme l'ébène, se posa non loin de moi et tenta de s'approcher. Il était sans doute intéressé par la viande, mais je le repoussai d'un geste brusque de l'avant-bras. Il s'envola en croassant, le battement de ses ailes se répercutant avec le vent léger et doux de cet après-midi.

Enfin, il arriva. Je le vis, exactement ce renard, scruter le sac plastique depuis l'orée des bois. Alors, je souris. J'avais attendu, et cela en avait valu la peine.

Je sortis un morceau de viande que je lançai dans la clairière. Le petit renard se précipita dessus et le dévora en quelques bouchées. Puis il se lécha les babines et me regarda de nouveau, n'osant tout de même pas s'approcher.

  — Viens, approche !

Je jetai un bout encore plus près de moi, et le petit animal vint le dévorer. Peu à peu, je le fis s'approcher de moi. Je pouvais presque l'effleurer... Mais je devais être patiente. Je n'avais presque plus de viande.

Je pus d'ailleurs remarquer que sur sa patte avant droite, il y avait une petite tache blanche sur l'extrémité, sur l'un des doigts du bord. J'en étais étonnée. 

  — Alors comme ça, tu es spécial ?

Le petit renard me regarda, méfiant, quand je tendis vers lui la paume de ma main contenant des miettes de viande.

— Bien sûr que tu es spécial. Je le sais.

Je fus patiente. Patience est de vertu, me répétais-je intérieurement. Enfin, le petit rouquin posa son petit nez noir sur mes doigts, et commença à chiper la viande. Je voulus le caresser, mais lorsqu'il vit ma main le toucher, il fit volte-face et prit la fuite.

J'étais là, accroupie à le regarder partir, son bout de queue blanc disparaissant dans la pénombre de la forêt. Mais, j'étais heureuse. Je l'avais nourri.

Je te retrouverais, petit renard !



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