Chapitre 6
Je m'approchai du petit renard. Celui-ci me regarda d'un air curieux, mais méfiant. Il huma de loin l'odeur de la main que je tendais.
— Petit renard, c'est encore moi ! Je suis celle qui t'as ramené dans la grotte lorsqu'il pleuvait.
Le petit canidé, bien entendu, ne comprenait pas ce que je disais, et lorsqu'il vit Nyx avancer une patte, il recula jusqu'au fond du creux étroit, se collant contre l'écorce du grand chêne.
— Doucement Nyx, il a peur, tentai-je de lui faire comprendre.
Le chien grogna, alors je lui poussai le bout du museau.
— On ne râle pas !
Nyx bondit, les crocs découverts, vers la petite créature sans défense. Je hurlai, sautant sur le chien, l'attrapant par la peau du dos. Celui-ci couina et flancha, la queue entre ses pattes postérieures. Lorsque je regardai le creux, le renard avait détalé.
— Qu'est-ce que tu as fais !? Tu aurais pu lui faire du mal !
Le border collie me regardait d'un air désolé et dépité. Je m'en voulus un peu, mais, il allait l'attaquer. Le pauvre renard était bien trop petit pour se défendre...
Je pris un bâton et commençai à marcher en l'utilisant comme sorte de canne, déchirant avec rage les fougères et branches qui entravaient mon chemin. Nyx me suivait timidement, dans le silence le plus total. Il ne courait plus. Il n'aboyait plus. Sa queue ne balançait plus de droite à gauche.
Je suivais les petites empreintes laissées par le renard dans cette terre aspergée de l'eau de la veille. Nos pas créaient des petits clapotements, et quelques gouttes restantes glissaient le long des feuilles verdâtres afin de s'écrouler sur d'autres feuilles, puis sur des branches, nos corps, et enfin, le sol. De petites vaguelettes ondulaient dans les flaques qui reflétaient les arbres et le ciel bleu.
Je m'inquiétais. Et si Nyx recommençait ? Et si j'avais perdu le renard pour toujours ? Et s'il ne me faisait jamais confiance à cause de lui ? Je claquais presque des pieds, enfonçant de plus en plus le bâton à chaque avancée.
Heureusement, le petit renard lapait hâtivement de l'eau non loin de nous. J'épiai Nyx. J'espérai que cette fois-ci, il ne lui sauterait pas dessus.
— Reste. Lui ordonnai-je.
Le chien s'assit, les oreilles dressées. J'avançais progressivement et silencieusement vers le petit animal sauvage. Il devait être affamé... Je me maudis de ne rien avoir apporté pour lui.
Je m'accroupis, tendant de nouveau la main. Le renardeau me remarqua et se tourna vers moi, les oreilles en arrière, l'échine hérissée. J'approchais encore ma main.
Aussi vif que la lumière, l'animal montra des crocs, me mordilla un doigt et se faufila entre les fougères. Je gémis en voyant le sang perler là où son croc m'avait atteint. Nyx aboya de plus belle et courut.
— Non, Nyx, ne le poursuis pas !
Le chien revint alors.
— J'en ai marre de toi. Tu fais tout le temps fuir le renard ! Il m'a mordu le doigt à cause de toi !
Nyx rabattit les oreilles en pleurnichant. Je laissai mon bâton là en enveloppant mon doigt dans un mouchoir, que je gardais tout le temps dans ma poche ; fort heureusement.
Je traînais désormais les pieds au lieu de les claquer, ma détermination s'écroulant comme un immeuble écrasé par un brusque séisme. Je ne savais plus quoi faire. A chaque fois, le renard prenait peur. Il m'avait mordu le doigt, mais jusqu'où irait-il pour se défendre, la prochaine fois ? Je ne m'en souciais pas. Je voulais ce renard. Il devait me faire confiance afin que je l'aide à se nourrir. Il le fallait.
Je suivais encore ses traces dans la boue. Je le suivis jusqu'à midi. Je ne voyais pas l'heure tourner. J'avais oublié que je devais aller manger. Je poursuivais le renard, nous tournions en rond dans les bois. Il se sauvait, je le suivais. Nyx n'en pouvait plus de me suivre, et de me voir tenter d'attraper l'impossible. Ce renard était insaisissable. Pourtant, je n'abandonnais pas.
Puis, lorsque je regardai ma montre et vit l'heure... Je remarquai que j'allais être en retard. Oh, mince !
Mais, j'observais le renard. Devais-je l'abandonner ici ? Et si je ne le retrouvais plus jamais ? Je ne savais plus quoi faire. Nyx se coucha pendant que je réfléchissais. Le goupil devait lui aussi en avoir marre de se faire poursuivre. Peut-être devais-je le laisser tranquille...?
Je me mis donc à courir jusque chez moi, me maudissant de ne pas avoir regardé ma montre plus tôt. Me maudissant d'avoir emmené le chien. Me maudissant de ne pas avoir apporté de nourriture.
Et si ma mère me punissait de sortie à cause de mon retard ? Je devais trouver une excuse, et-ce, avant d'être rentrée. Cette fois-ci, je devais préparer mon dialogue. Je devais être aussi rusée qu'un renard.
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