Chapitre 25
— Trois mille cinq cent soixante-sept euros pour récupérer ton renard !? Non, jamais, nous ne paierons jamais ce prix là ! S'énerva ma mère.
— C'est beaucoup trop cher. Nous ne pouvons pas payer ce prix là. Surtout pour un... Renard. Un simple renard. Ecoute, là-bas, il vit bien, et, il va être utile à des personnes qui cherchent un manteau de fourrure. C'est triste, c'est vrai, mais au moins, ce sera plus utile que le conserver vivant à la maison. Renchérit mon père.
— Vous êtes fous ! Les élevages de fourrure élèvent des animaux en cage toute leur vie, et en plus, ils les tuent de façons atroces ou même pas, et les dépècent parfois vivants ! Hurlai-je.
— Nous ne pouvons pas payer une telle somme ! Nous ne pouvons pas non plus construire un enclos.
— Le vétérinaire que nous avons vu accepterait de s'occuper de lui, je l'ai contacté par mail ! Il faut juste un enclos et l'argent...
— Non. Nous ne pouvons pas, tu dois le comprendre Julia.
C'est alors que je partis en pleurant dans ma chambre. J'enfouis ma tête dans un oreiller, les larmes ruisselant sur mon visage, la gorge nouée, le nez se bouchant peu à peu, comme si des rochers s'y effondraient, et les yeux me brûlant.
Non. Je n'allais pas laisser faire une chose pareille. Alors, je demandais, chaque jour après l'école, et même sur internet, si des gens voulaient faire des dons pour sauver Filou. J'avais tant envie de pouvoir sauver tous les renards de cet élevage... Je savais qu'ils étaient malhonnêtes et cruels. Je le savais instinctivement au plus profond de moi. J'avais envie de voir de mes yeux les animaux qui y vivaient.
Je sauverais Filou. Il ne mérite pas un tel sort. Et puis après, je sauverais les autres renards, aussi innocents que lui ! Tués pour être transformés en manteaux, pour de nobles personnes voulant être fières... Fières de porter des cadavres sur leur corps. Fières de financer des abattages d'animaux inutiles et cruels. Maintenant, je faisais attention aux vêtements et aux peluches que j'achetais.
***
Les jours passaient, encore, et encore. J'avais l'impression que tout cela n'allait jamais en finir, mais qu'à la fois, tout passait trop vite, et que jamais je n'aurais assez de dons avant les trois semaines... Deux semaines étaient déjà passées, et il me manquait environs mille euros. En une semaine, il était quasiment impossible que je les obtienne, alors je demandai à l'élevage d'élargir le temps, mais celui-ci refusait constamment. Ce n'étaient que des voleurs, des imposteurs, des êtres sans cœur !
Pendant ce temps, la police assurait qu'aucun chasseur brun aux yeux bleus glacés ne vivait dans les environs et les agglomérations des alentours. Pourquoi ? Ce n'était pas logique, je l'avais bien vu ! Les policiers me répétaient que j'ai dû me tromper et oublier son apparence, et qu'ils ne pouvaient rien faire, car les traces d'ADN avaient été souillées...
Ma sœur essayait du mieux qu'elle pouvait d'ajouter un enclos à renard près de celui des poules. Après tout, on avait bien vu que le goupil ne les attaquait pas. Il n'y avait pratiquement pas de risque.
***
C'était presque la fin. Le temps s'écoulait. J'étais impuissante. Pourquoi...? Pourquoi ? Pourquoi tant de haine envers mon renard ? Envers les autres renards ? J'imaginais chaque jour Filou et les autres y passer... Combien de temps cela faisait-il, maintenant, que j'étais séparée de lui ? Des mois peut-être ? Bientôt, il serait exécuté, et l'élevage ne manquait pas de me le rappeler chaque soir...
Je ne dormais plus. Ma famille non plus. Nous semblions tous brisés, à part dans nos pensées. Nous étions tous d'avis différents. Noémie était la seule à vouloir récupérer le renard. Elle aussi, s'y mettait désormais, à récolter des dons après ses études et dans les transports publics. J'admirais son aide, son empathie. Elle au moins, elle me comprenait.
Pour me changer les idées, je jouais avec Nyx. Celui-ci était le seul de la maison qui nous apportait encore la joie de vivre. Est-ce que Filou lui manquait, à lui aussi ? Ou bien, était-il heureux qu'il soit parti ?
***
Le temps jouait monstrueusement avec nous.
Il ne restait plus que trois jours... Trois jours aussi longs que l'éternité.
***
Il ne restait plus que deux jours pour mon renard, et il me manquait encore une centaine d'euros... Mais mes parents refusaient d'y contribuer.
***
Plus qu'un jour... Un jour, et ce serait la fin. La fin pour mon renard.
Filou, je t'aimais tant... Sais-tu à quel point je tenais à toi ? J'espérai que tu ne souffrirais pas, et que là où tu irais ensuite, tu serais le plus heureux des renards. J'aurais tant voulu revoir tes yeux bruns. Ton pelage roux comme des flammes jaillissantes. Le bout de ta queue touffue blanc comme un flocon. Tes pattes et tes oreilles noires comme le jais. Ton long et fin museau que j'avais envie d'embrasser chaque jour. Tes douces vibrisses chatouilleuses qui te rendaient si mignon. Ton petit air de filou des prés et de petit coquin, prêt à faire la tonne de bêtises.
Je t'aimais. Je t'aime. Je t'aimerais toujours.
Jamais je ne t'oublierais...
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