Chapitre 20
D'après ma sœur, elle m'avait retrouvée endormie dans cette position, Filou dans mes bras. Le renard n'avait pas bougé lorsqu'elle m'a réveillée, j'en étais surprise. Ce renard nous surprenait toujours.
Des jours passèrent. Rien ne se passa. J'étais retournée aux cadavres, il n'y avait pas de nouveau message, mais, les corps étaient encore là, pendus, dévorés par des insectes, leur odeur putride se propageant dans les bois.
Je ne me sentais plus comme avant. J'avais tellement peur ! Je relisais parfois les morceaux que j'avais déchiré et laissé dans ma poche.
***
Un beau jour, alors que Filou et moi nous promenions dans la forêt, celui-ci m'emmena très loin, et je découvrais la belle nature qui nous entourait. J'avais observé des pinsons des arbres, qui chantaient merveilleusement bien, et paisiblement dans la forêt. J'écoutais une rivière couler et descendre, traversant les bois avec une élégance argentée et transparente irréprochable. J'y avais même vu de tous petits poissons y nager. Filou n'y prêta pas attention, reniflant divers buissons et fougères. J'écoutais ensuite un rossignol philomèle qui trillait une musique douce. Je l'aperçus, perché sur une haute branche. Il s'arrêta un instant pour se gratter le plumage brun et blanc.
Nous continuâmes. Je suivais Filou, peu importe où il m'emmenait. Nous escaladâmes quelques rochers et crevasse en amas, et le petit renard observa les alentours. Je m'inquiétais. D'habitude, il me suivait, mais, aujourd'hui, c'était moi qui le suivait... M'en voulait-il ? M'en voulait-il de ne pas avoir su protéger sa famille ?
Je m'assis au sommet de l'amas de rocs, la tête baissée, une goutte salée perlant sur le bord de la joue. J'observais l'eau scintillante en contre-bas. Les petits reflets blanchis par le soleil ondulaient, et des petites libellules bleues rayées de noir glissaient à sa surface, leurs petites ailes transparentes s'agitant à une vitesse impressionnante. Certaines même volaient à reculons !
Filou s'assit près de moi, me léchant la joue. Je lui souris et lui grattouillai le menton. L'animal se lécha les babines et regarda le paysage qui s'offrait à nous. Nous n'étions pas très hauts perchés, mais c'était amusant de voir cette forêt d'un peu plus haut. Les oreilles du goupil s'agitaient.
Une brusque et forte détonation retentit près de mon oreille. Celle-ci se mit à siffler, et Filou descendit le mont de rochers à une vitesse fulgurante en glapissant. Je le suivis, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Une deuxième détonation sonna, puis une troisième. Je glissai et tombai derrière l'amas, avant de comprendre que les bruits étaient en fait des coups de feu. Je me mis à hurler.
— COURS FILOU ! COURS !
Je ne vis plus le bout blanc de la queue de mon renard, elle avait disparu dans les broussailles. Je me retournai et, prudemment je levai la tête afin de voir qui tirait. Je le reconnus. L'homme aux yeux bleus glacés. Cette fois-ci, il était vêtu d'un drôle de vêtement de couleur camouflage, avec des sortes de feuilles collées partout dessus !
Je constatai avec effroi que le chasseur m'avait dans son viseur. C'était un fou ! Je m'enfuis, prenant la même direction que Filou. Est-ce que l'homme nous suivait ? Je n'en savais rien, jusqu'à ce que j'entende le son assourdissant du martèlement des sabots de son cheval. Il nous rattrapait. J'en étais sûre.
Le renard zigzaguait entre les arbres, les racines, les rocs et les taillis. Tout son corps ondulait, et son panache traînait derrière lui. Je commençais à m'essouffler. Le cheval bai nous rattrapait.
Mon renard allait y passer.
Le son de la carabine retentit, et j'eus le temps de voir mon renard s'écrouler raidement sur le sol.
Filou était touché.
Je fis un dérapage et m'accroupis devant le corps agonisant de mon animal. De mon ami. Du membre de ma famille. Je n'avais pas su le protéger. Qui étais-je pour le prendre chez-moi ? Je me mis à pleurer, empoignant fermement sa fourrure entre mes mains. Mais, quelque chose me sauta aux yeux. Où était... Sa tache blanche ?
Je regardai ses pattes. Elle n'y était pas ! Était-ce un autre renard ? Même si c'en était un autre, il ne méritait pas ça !
L'animal me regardait de ses yeux bruns suppliants, qui avait l'air de me dire: « Achève-moi, libère-moi de mes souffrances, je t'en prie... »
Le chasseur arriva, arrêtant son cheval. Je fis volte-face, brûlant de rage et de haine.
— C'est vous qui êtes un sale nuisible ! Vous trouvez ça drôle de tuer mes animaux préférés, qui sont innocents ? Vous trouvez ça drôle, de montrer des cadavres à un enfant ? Vous trouvez ça drôle, de tirer sur un enfant et de vous enfuir en le laissant en pleine hémorragie ? Comment pouviez-vous savoir que j'étais encore vivante, hein !? Allez vous faire foutre !
L'homme ne me répondit pas et se contenta de me toiser du regard. De son regard bleu qui me glaçait les veines mais me brûlait le cœur.
— Vous n'avez aucun argument ! Vous préférez vous taire pour ne pas avoir honte ! Vous devriez ! Vous venez d'ôter une vie innocente ! Vous ne connaissez même pas les renards ! Ajoutai-je alors en criant.
— Je les connais mieux que toi, petite. En les côtoyant, tu vas attraper des maladies. Finit-il par me dire quand il remarqua que je ne bougeais pas d'un cheveu.
— Autant qu'avec mon chien.
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