Chapitre 2
Le temps me parut être une éternité. Je clignai des yeux, somnolente, tandis que le vent violent s'était calmé. La pluie avait enfin cessé, mais une brume grisâtre avait envahi la forêt. Je me levai, le renardeau endormi dans les bras, mon sac à l'épaule, me dirigeant lentement vers l'extérieur. La petite bête gigota dans son sommeil, alors je passai un doigt sur sa joue humide et froide.
Je constatais les dégâts laissés par l'agitation. De nombreuses branches étaient tombées, éparpillées partout sur le sol boueux. Des flaques apparaissaient par-ci, par-là, de différentes tailles, et j'apercevais encore quelques gouttes y rebondir. Mes yeux considérèrent le grand arbre déraciné qui gisait sur l'herbe et la mousse. Au passage, il avait failli en décrocher un autre. Heureusement que celui-ci était assez loin !
Je passai au-dessus, enjambant le tronc, et repris la route que je prenais. J'étais en vie. Nous étions en vie. Je jetai un coup d'œil au petit renard. Que vais-je faire de toi ? Me demandai-je. Devais-je vraiment le ramener chez-moi ? Non seulement ma mère devait être follement inquiète, alors, si je ramenais un animal sauvage et orphelin...
Je ne peux pas l'abandonner. J'ai promis de le ramener, songeai-je.
J'étais aussi trempée que lui. Mon manteau vert kaki, imperméable, n'avait même pas tenu, et mes cheveux étaient aussi mouillés que si j'avais pris une douche pendant deux heures ! J'avais froid. Très froid. Mais, je n'étais pas seule, car il était là. Ce renard. Avec moi.
J'avais peur. Peur de la réaction de ma mère. De mon père. De ma sœur. J'avais tellement peur de leur réaction. Et s'ils lui font du mal, tout ça parce que je le ramène ? Me demandai-je. J'étais terrifiée. Je détestais lorsque des animaux souffraient. Et je détestais par-dessus tout les chasseurs.
Je sentais son petit corps se raidir et frissonner, alors je le maintins à l'intérieur de mon manteau. Enveloppé, il avait moins froid, et se sentait mieux.
— Tout va bien, tu te réchaufferas à la maison, murmurai-je.
Je ne connaissais pas ce renard. Il ne me connaissait pas non plus. J'aurais pu le laisser là. Ne pas l'entendre. Le laisser mourir dans la tempête.
Mais je ne l'ai pas fais.
Peu importe ce qu'il m'en coûtera, je le protégerais. Ce renard a autant le droit de vivre que moi, jurai-je.
Les chemins que j'empruntais étaient dépaysés. Je ne savais pas comment, mais, tout semblait différent. C'était comme si la tempête avait tout changé, avec son souffle balayant tout sur son passage. Je surmontais les racines sorties, les troncs penchés, les rochers sortant de la terre, en prenant garde à ne pas faire de mal à mon petit protégé.
Enfin, je sortis des bois et rejoignis la route grisâtre de béton qui coulait, telle une rivière traversant les plaines et la forêt. La route, elle, traversait les plaines, les champs, les villes et les villages. Je marchais tranquillement, tandis que la brume se dissipait avec les nuages. Des rayons du soleil couchant apparurent, nous baignant d'une chaleur soudaine. Je sortis le petit renard de mon manteau. Le soleil nous faisaient du bien.
Le renard éternua et souleva les paupières, ses yeux partant à la découverte du monde qui l'entourait. Il voulut, encore une fois, partir, mais je l'en empêchai, car, étant petite, je ne savais pas que c'était mal de l'y obliger.
— Du calme, on est bientôt arrivés, fis-je.
Là-bas, je voyais ma maison. Spacieuse, grande, assez éloignée des habitations voisines, longeant le bord de la route. J'entendis un aboiement, et, heureuse, je vis le chien noir et blanc courir vers moi, la queue s'agitant. Je reculai un peu lorsqu'il se dressa sur ses deux pattes afin de me lécher le visage.
— Doucement Nyx ! Je t'aime moi aussi !
Le border collie se recula, jappant joyeusement, avant de renifler l'étrange bête que je tenais entre mes mains. J'entendis la voix de ma mère, qui courait, elle aussi, vers moi. Elle me serra dans ses bras, si fort que j'en fus presque étouffée.
— Oh mon dieu ! Julia ! Tu vas bien !?
— Oui maman, répondis-je avec difficulté.
— Mais... Qu'est-ce que...?
Elle se recula en toisant l'animal boueux du regard. Puis elle me regarda. Elle attendait une réponse, et je ne savais pas quoi dire. J'aurais dû préparer mon dialogue à l'avance, remarquai-je.
— Je... Euh... Je me suis abritée dans une caverne, et ce renardeau était coincé dans des ronces tout seul, je ne pouvais pas l'abandonner...
— Quoi ? Mais enfin ! Il faut laisser la nature décider ! C'est mal de changer le sort des animaux...
— Oui, mais... Je ne pouvais pas !
— Tu es sûre que sa mère n'était pas dans les parages ? Elle est peut-être en train de le chercher, actuellement...
— Je pense. Il était là, tout seul... Coincé....
— On ne pourra pas le garder, tu le sais, au moins ?
— Tu envisages quoi...?
Ma mère baissa un instant les yeux. Nyx, lui, était encore là, la queue battante, et le petit renard, lui, était bien trop épuisé pour se débattre à nouveau.
— Nous devons l'abandonner et le laisser à son sort. Répondit durement et tristement ma mère.
— Quoi...? Non ! S'il te plaît, on ne peut pas faire ça !
— Ce que tu as fais est mal. Tu l'as manipulé sans gants !
— Parce que domestiquer les chiens c'était pas mal peut-être ? Ce renard a autant le droit de vivre que moi !
— Ecoute... On va en parler avec ton père. Mais je ne promets rien.
Je sautai de joie et embrassai ma mère.
— Merci !
Nous rentrâmes donc. Par chance, ma maison n'avait pas subi beaucoup de dégâts par la tempête, et je m'en réjouissais.
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