Chapitre 18

Lorsque le temps d'aller se coucher vint et que mon père voulut prendre le renard afin de le placer dans une autre pièce, celui-ci se débattit sauvagement en jappant et me rejoignit de suite. Il se retourna ensuite vers mon père, le regardant de ses yeux nerveux et farouches.

  — Oh, je comprends. Il veut rester avec toi, c'est ça ? M'interrogea mon père.

— Je crois... Il a encore peur de vous.

— Bon... Je veux bien qu'il reste avec toi, mais fais attention à tes affaires, et ne le prends pas dans ton lit !

Mais, bien sûr, quand il eût fermé ma porte et que je m'étais installée dans mon lit, le renard se hissa dessus et s'allongea confortablement sur moi. Il n'avait pas encore une taille adulte, mais avait tellement grandi ! J'étais heureuse qu'il soit là. Je ne cessais de me le répéter intérieurement, et de le répéter, ici, comme tu as pu le remarquer.

Je caressais sa douce fourrure rousse et blanche qui m'envahissait et me tenait chaud. J'aimais la sensation, la texture de ses poils sur ma peau. Je parlais à mon renard, et il m'écoutait. Je m'étais toujours demandée s'il me comprenait... Puis, en entendant le hurlement lointain d'un loup, je me dis qu'il aurait pu mourir. Se faire dévorer, cette nuit-là. Il avait faim, mais, fidèle, il était resté avec moi. Je regardais mon bras. Demain, j'allais décrire ce chasseur à mon père. Il allait le payer.

J'éteignis la petite lampe posée sur la table de chevet qui était postée à côté de mon lit, et, je m'endormis, Filou sous mon bras.

***

Nous sortîmes avec Filou le lendemain matin. Le goupil fut attiré par le poulailler qui se situait derrière celle-ci. Il s'approcha du grillage et commença à lui tourner autour. Mon père, qui s'occupait des poules, hurla lorsqu'il vit l'animal entrer par la porte contre. J'essayai de le rattraper mais celui-ci s'était déjà engagé dans l'enclos. Il poursuivit une poule, qui fut bloquée dans un coin. La voix de mon père devait résonner dans toute la forêt, et il accourut vers Filou... Mais, nous fûmes choqués lorsque nous vîmes que le renard était couché près du volatile, la queue s'agitant de droite à gauche. Il la mordilla, sans serrer les crocs, et donna de légers coups de pattes, avant de s'enfuir et de revenir.

Mon père ne savait plus quoi en penser, et moi non plus. Ce renard était-il fou ? Il ne mangeait pas les poules, mais il jouait avec ! Les oiseaux, apeurés mais intrigués à la fois, la tête bougeant vivement, marchaient lentement vers lui. Au final, c'est Filou qui prit peur de Scott et qui s'en alla en passant par la porte contre. 

  — Je n'ai jamais vu un tel renard... 

Mon père souffla et regarda les poules qui venaient à ses pieds. Il avait sans doute eu la peur de sa vie, car, les poules étaient très importantes pour lui. Il avait même hésité, il y avait fort longtemps, à devenir chasseur. Heureusement qu'il ne l'avait pas fait ! J'aurais été bien malheureuse. Filou n'aurait pas été encore vivant ce jour-ci.

Noémie n'avait pas dit un mot, et se mit à prendre des photos du petit goupil qui s'amusait dans l'herbe. J'admirais cet animal. Le renard était devenu mon animal préféré. Nyx semblait un peu jaloux, mais sans plus. Il avait l'habitude de gambader seul. Je le rejoignis et lui embrassai le front avant de retourner voir Filou.

Puis je me souvins que je devais décrire le chasseur, alors j'essayai de me souvenir de son apparence. Je me remémorai des événements, me rappelant également de la douleur de mon bras. 

Sa silhouette m'apparut de nouveau, et des mots sortirent automatiquement de ma bouche.

  — Brun, yeux bleus glacés, cow-boy, carabine, cheval bai !

Mon père, qui était accroupi dans la terre, se releva en me regardant.

— C'est le chasseur ?

— Oui ! Brun, yeux glacés, cow-boy, carabine, cheval bai !

Scott sortit du poulailler, et, presque en courant, retourna à l'intérieur de la maison. Sans doute allait-il chercher des informations, et noter ce que j'avais dis. Puis je me mis de nouveau à regarder Filou. Celui-ci cherchait, la tête penchée, écoutant les mouvements sous-terre. Avait-il localisé une proie ? Nous nous le demandions. Ma sœur se mit donc à filmer. 

Ce que je vis me ravit. Le goupil bondit de toute sa puissance, abandonnant le sol de ses pattes arrières. Son dos se courba dans les airs, et, enfin, ses patte antérieures s'enfoncèrent dans l'herbe, puis sa tête. Il ne restait presque que sa queue touffue de sortie. Après un instant de lutte contre la terre, il ressortit du trou qu'il venait de créer, un petit mulot brun dans la gueule. Le mulot couina avant de se faire briser la nuque par la mâchoire de Filou. Même si c'était triste pour le rongeur, nous étions très contentes car enfin, le renard savait chasser. Dorénavant, il pourrait manger des proies sauvages, et obtenir tout ce dont son corps avait besoin !

Nous le caressâmes, tandis qu'il dévorait à pleine dents son repas.

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