Chapitre 17

Lorsque nous mangions, ce soir, à table, Filou nous tournait autour. Il lui arrivait d'avoir des crises d'énervement et de se mettre à courir partout en sautant sur le canapé et en revenant vers nous. Parfois, il tournait autour des pieds des chaises et il nous sautait dessus. On aurait dit un chat surexcité ! Lorsqu'il bondit sur mes genoux et piqua un morceau de poulet dans mon assiette, je compris qu'il était affamé. Et, lorsqu'il se mit à jouer avec Nyx, je compris aussi qu'il avait besoin de bouger.

Ma sœur expliquait ce qu'il s'était passé avec le renard pendant mon absence.

  — Nyx et le renard se sont approchés, et ont fait connaissance, puis ils ont commencé à jouer. Filou est une vraie boule d'énergie, il saute partout, comme maintenant. Je pense qu'il irait mieux, dehors. On ne l'a pas sorti par peur qu'il ne revienne pas. Au début, il avait peur de la maison et j'ai bien cru qu'il aurait brisé une fenêtre ! Heureusement que non...

— Il revient toujours ! J'allais tout le temps le voir, près d'un sycomore, répondis-je.

— Nous lui avons donné de la viande. Mais, je me suis informée, et, normalement, pour garder un renard, il faut un certificat, que nous n'avons pas.

— Comment on l'obtient ?

— Avec une sorte de formation. Le certificat coûte très cher, et la nourriture pour renards aussi ! Et pour ce qui est du vétérinaire exotique, n'en parlons pas... Le seul qu'il y a à proximité est en fait très loin... 

  — Mais... On peut y aller ?

— Oui, si un jour Filou n'est pas bien. Mais, si les soins coûtent trop chers, on devra le laisser mourir, tu dois le comprendre.

Je tournai la tête afin de regarder Filou, la gueule grande ouverte, face à Nyx. Ils se faisaient un duel de regard, et puis le border collie plongea son museau contre la nuque du petit renard. Il avait déjà bien grandi ! Je ne pouvais penser à ce qu'il soit malade.

  — Filou va bien. Ça s'le voit, non ? Fis-je.

Le soir, tandis que j'allais dans ma chambre, le petit renard me suivit, montant les escaliers derrière moi, silencieusement. Lorsque j'étais entrée dans ma chambre, il avait glapi et je m'étais rendue compte de sa présence. Tout de suite, il avait bondi sur mon lit, qui avait aussi des peluches animales, comme celui de Noémie. Il s'y installa, créant au passage de nombreux plis avec ma couverture. J'en profitai donc pour demander à ma sœur son téléphone. Elle me le prêta tout en étant avec moi, et je pus prendre des photos de Filou. J'étais heureuse de ne pas avoir eu à le voler, comme je l'avais prévu avant... Oui, je voulais le lui voler car elle n'aurait pas voulu le prêter sans surveillance.

Le petit renard se mit sur le dos, une oreille pliée. Il était adorable, nous scrutant de ses yeux brillants. Puis il se leva sur ses deux pattes arrières, posant celles d'avant sur le rebord de ma fenêtre. Il regarda l'extérieur, avant de se retourner vers nous en émettant des petits glapissements graves.

Je posai donc ma main entre ses deux omoplates, et lui murmurai:

  — Je sais ce que tu ressens, loin de ta famille, loin de tes proches. Je te promets que je t'aiderais, comme convenu. Demain, on chassera et puis on ira les chercher !

  — Je viendrais avec toi, proposa ma sœur. 

  — Je ne compte pas laisser ce chasseur me tirer encore une fois dessus, ne t'en fais pas !

  — Je veux m'en assurer, et photographier cet adorable renard ! 

  — Je vais lui montrer le mulotage !

Aussitôt, je lançai une vidéo où un renard utilisait sa technique de chasse et je la montrai au petit goupil. Celui-ci inclina fortement la tête, les oreilles écartées. Puis il inclina la tête de l'autre côté. Je repassai la vidéo plusieurs fois, et puis, je commençai à faire du bruit avec la couverture, comme si un rongeur s'y était réfugié. Filou gratta les couvertures.

Ainsi, Noémie et moi, nous lui fîmes voir la vidéo maintes fois, tout en recommençant l'acte réel. Filou échouait tout le temps, pataud, mais, peu à peu, il sautait.  C'était amusant de le voir effectuer ces petits bonds naturels et rapides. Il attrapa ma main, et des trous apparurent dans ma couverture, mais je m'en moquais totalement. 

Et puis, enfin, la hauteur de ses sauts s'améliora, ainsi que ses atterrissages. Peu à peu, il plongeait la tête la première, et était extrêmement précis, même à distance. Il glapit, et se mit à courir partout dans ma chambre. Nous en rîmes, et puis Filou, fatigué, se calma et se mit simplement à explorer la pièce du bout du museau, tandis que la nuit s'étendait à l'horizon. Il grimpa sur la chaise de mon bureau et posa ses pattes sur mon ordinateur. 

Je m'approchai de celui-ci et relevai l'écran. Filou tenta de dérober une touche du clavier. Je le retins en le poussant gentiment par le cou.

  — Allons Filou, on ne détruit pas. Regarde !

Je mis la vidéo d'une famille de renards. Filou visionnait, assis sagement. J'ai cru voir dans ses yeux une lueur de tristesse, de nostalgie, de mélancolie. Je devais retrouver sa famille. 

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