Toi...
Fille des cités
On t'appelait ainsi avec entre nous,
Petit gâteau sucré ou petit beurre
Tendre beur au sourire charmeur
Beurette élevée dans la cité
Loin de ses origines, de ses coutumes
Tu vivais heureuse parmi nous
Comme une jolie fleur au soleil
Sans prévoir l'arrivée des nuages noirs
Un jour ton père, tes frères t'ont dit
Tu dois cacher tes cheveux, ton visage
C'est la loi, ne regarde plus les hommes
Tu dois baisser les yeux devant eux
Ce sera ton image celle de ton dieu
Ne sors pas seule, c'est notre droit
Reste à la maison, c'est notre loi
Notre religion nous rend tous heureux
Et ce jour-là tu as perdu ton sourire
Bâillonnée, cachée derrière ton voile
Toi, tu avais grandi dans la cité
Loin de tes racines beurette
Loin de tes coutumes sœurette
Un jour affolée tu es venue me voir
Ton beau visage j'ai pu apercevoir
Tu m'as dit je t'en supplie, aide moi
C'est leur loi, leur droit, je n'en veux pas
Mais crois-moi, crois-moi j'en veux pas
J'ai tant besoin de toi, aide moi
Ils vont m'emmener là-bas, loin d'ici
Ils vont me marier, je n'ai rien choisi
À un homme que je ne connais pas
C'est leur loi, leur droit, je n'en veux pas
Mais crois-moi, crois-moi j'en veux pas !
Toi petit gâteau, petite beurette
On allait croquer toute ta jeunesse
Violer ta tendre innocence, tristesse
A peine seize ans que pouvais-je pour toi
Jeune, si douce, je n'ai pas vu ta détresse
Je n'ai pas vu dans tes yeux le désarroi
Un jour soudain tu as disparu, partie
Comme tu l'avais dit, partie, partie...
J'ai vite compris, on t'avait emmenée...
Que de force, de force on t'avait mariée
À un homme que tu n'avais jamais vu
Donnée en pâture à un triste inconnu
Loin de ta vie et de celle de la cité
C'est leur loi, c'est leur droit, je n'en veux pas
Je n'ai rien fait pour toi, rien fait pour toi
Face à ton désarroi, je vois ta détresse
Seule là-bas, cet inconnu auprès de toi
Tu dois me maudire, m'en vouloir, pleurer
On t'a donné comme un objet sans valeur
Fille de rien, femme de tout, esclave encore
Tu lui feras des enfants tant qu'il voudra
Et bien souvent la nuit, seule contre lui
En larmes, tu me maudiras plus d'une fois
Tu repenseras peut-être à moi, à l'ami
Qui n'a pas su tendre la main, à l'ami
Qui n'a pas vu ce regard tout en désarroi
C'est leur loi, c'est leur droit, je n'en veux pas
Pourquoi cette loi, ces droits, je n'y crois pas
La détresse, cette tendresse pour moi
Moi ton seul espoir, j'suis resté étranger
A ta douleur et à tes peurs, insensible
A un tragique destin aussi atroce
Je n'ai pas compris tes craintes comme
Je n'ai pas vu que tu étais déjà femme
C'est leur loi, c'est leur droit, je n'en veux pas
Pourquoi cette loi, ces droits, je n'y crois pas
Petite fille, beurette de ma cité
Ton pays, c'est le monde et le droit d'aimer
L'homme que tu choisis en toute liberté
Pas celui que l'on a voulu te fournir
Petite beurette tu as le droit de choisir
C'est ta loi, c'est ton droit et moi j'y crois
C'est ta loi, c'est ton droit et moi j'y crois....
J'y croyais encore jusqu'à ce que...
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