5 * T'aimer ou te détester ?

Média : une petite planche sur comment j'imagine cette histoire :)

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Agathe

Pour ce soir, nous nous sommes arrêtés non loin d'un champ de tournesols. Les têtes jaunes se suivent à l'infini, offrant un tableau des plus colorés. Le ciel se couche progressivement, alternant entre le rouge et l'orange.

— Il y a une salle de bain dans ta maison sur roues ? m'enquiers-je soudainement.

Installée sur la banquette du salon pendant qu'il prépare un repas avec les fonds de placard, je l'observe avec curiosité. Un rictus amusé étire ses lèvres tandis qu'il me fait signe de le suivre, délaissant les légumes. Intriguée, je le talonne jusqu'à l'extérieur. Y a-t-il une pièce cachée ? Silencieusement, il ouvre une trappe à l'arrière du véhicule et en sort un pommeau de douche.

— Il va falloir oublier ta pudeur parce que je n'ai pas pris l'option « cabine » qui va avec, annonce-t-il, la tête légèrement penchée, à l'affût de ma réaction.

— Tant que tu restes sagement de ton côté, ça ira, affirmé-je d'un air léger.

Je ne saurais expliquer pourquoi mais, je suis persuadée qu'il ne tentera rien de déplacé envers moi. Preuve en est qu'il a voulu dormir à l'avant la nuit dernière... Toujours est-il que je garderai mon maillot de bain au moment de me laver et le souci est résolu.

— Ce n'est pas moi le problème. Si des randonneurs passent dans le coin, ils seront sûrement très contents, ricane-t-il, face à mon expression éberluée.

— Tu feras le guet, rétorqué-je, croisant les bras sur ma poitrine.

— Comme si je n'avais que ça à faire, soupire-t-il, refermant la petite porte.

— Justement, oui.

Étonné par ma répartie, il hausse un sourcil.

— C'est bien connu, les filles naissent dans des fleurs. Tu passeras inaperçue, réplique-t-il, faisant référence au champ voisin.

Enfonçant ses poings dans ses poches, il s'éloigne brusquement, comme si je l'avais blessé. Ahurie, je l'observe tourner les talons. Ne saisissant pas sa réaction, je le rejoins en quelques pas. Dos à moi dans la cuisine, son dos paraît tendu et ses gestes, hachés.

— J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? Je suis désolée, assuré-je, mal à l'aise.

Brusquement, il se retourne. Je ne reconnais pas ce regard. En réalité, je ne l'ai jamais vu chez personne d'autre. Un mélange entre une tristesse intense, des regrets amers et une colère incommensurable.

Perturbée, je recule d'un pas, manquant de tomber en arrière. Ses mains sont assaillies de tremblements tandis qu'il lâche un soupir vacillant.

— Zachary ? m'inquiété-je.

— Je... Excuse-moi. Bien sûr, je veillerai à ce que personne ne rode dans les parages, balbutie-t-il avant de se tourner à nouveau.

— Tu es sûr que ça va ? insisté-je.

— Ouais, tout roule, affirme-t-il, se concentrant sur sa cuisine.

Sentant qu'il a besoin que je le laisse tranquille, je m'éclipse sur notre terrasse improvisée. Cet homme est imprévisible. D'un autre côté, je ne le connais pas donc je vois mal comment je pourrais anticiper ses réactions. En plus, partager tout son temps avec une inconnue peut s'avérer compliqué. Je sais de quoi je parle ...

Lui laissant le bénéfice du doute, je décide d'oublier cet incident.

Zachary

Fais-la fuir, continue comme ça, espèce d'idiot.

Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi de la sorte. Mal à l'aise, je tente de lui cacher ces tremblements qui s'emparent de mes mains. Tant et si bien, que je m'entaille le pouce. Lâchant un juron, je me rends compte qu'elle a quitté le véhicule. Maladroitement, j'enroule mon doigt dans un pansement avant de sortir le repas.

Et je la retrouve, tournesols fanés à la main, ses cheveux bruns contrastant avec le soleil couchant. Hébété, je m'arrête quelques instants sur le seuil de la porte. Elle chantonne en mettant son bouquet dans la carafe d'eau.

— Je les ai trouvés par terre, se justifie-t-elle, l'air indécise face à moi.

— Je n'ai rien dit... Mais comment allons-nous boire ?

— Désolée, j'ai pensé que ça te changerait les idées, bégaye-t-elle, les joues rougies.

Embêtée, elle commence à retirer les plantes, sauf que je l'en empêche.

— Laisse. J'aime bien, ça donne un air bucolique, m'amusé-je.

Visiblement, l'incident de tout à l'heure a instauré un froid entre nous. Coupable, je tente de détendre l'atmosphère :

— Il va falloir faire les courses demain. Il ne reste qu'une conserve de raviolis. Je ne voudrais pas avoir à me battre pour manger.

Son regard pétille soudainement, d'une lueur jusqu'alors inconnue. À quoi pense-t-elle exactement ?

— Tu ne veux pas que je me lave, ni que je mange. Combien de temps vais-je survivre à ce rythme-là ? s'enquiert-elle, se servant en salade.

Toute la vie. Ou jamais. Dois-je t'aimer ou te détester, Agathe ?

Je reprends rapidement le dessus, ne laissant rien paraître.

— Tu m'empêches de m'abreuver, remarqué-je, désignant son œuvre florale.

Ses yeux se plissent de mesquinerie et, sans jamais briser notre contact visuel, elle s'esclaffe. Ses éclats de rire viennent se loger là, tout près de mon cœur, pour y rester encore longtemps.

Elle paraît si légère, détendue et libérée de tout complexe. À cet instant, je sais. Je sais qu'il me sera impossible de passer outre mes sentiments.

Sais-tu que je suis amoureux de toi depuis dix ans ? Non, puisque tu n'avais même pas connaissance de mon existence il y a quelques jours...

Mon cœur pansé de toutes parts bat douloureusement dans ma poitrine tandis que je la regarde et la trouve toujours aussi magnifique. Il n'a toujours vécu que pour elle. Pour son rire, ses yeux noisette, sa personnalité. Son histoire, aussi compliquée soit-elle. Les pansements que j'ai mis tant de temps à poser menacent de se décrocher d'un coup sec.

Je ne peux décemment pas lui annoncer mes sentiments aussi rapidement alors qu'elle me connaît à peine. Comment réagirait-elle ? Je connais son passé mais il me manque des éléments pour comprendre comment j'ai pu en arriver là pour une fille, aussi splendide soit-elle.

Résigné à ce que mon myocarde vive seul à jamais, je me contente de la taquiner en retour, espérant au moins faire d'elle mon amie.

— Tu voyages souvent comme ça ? s'informe-t-elle, l'air de rien.

— J'aime l'idée de ne pas avoir d'attache, réponds-je évasivement. Et toi ?

Après tout, j'ai perdu sa trace depuis que tout a dérapé. Alors, j'essaye de glaner quelques informations. Au fond, j'ai l'espoir que mes sentiments changent pour elle aujourd'hui. Ce serait plus simple, pour moi, qu'elle devienne détestable à mes yeux.

— Je n'ai pas l'habitude de partir.

Elle m'offre un sourire triste, rempli de regrets. Ses orteils jouent avec les brins d'herbe jaunis par le soleil, pendant que ses jambes se balancent dans le vide. Instantanément, j'ai envie de la prendre dans mes bras. Seulement, il faut que je me protège alors je garde mes distances.

— Qu'est-ce qui t'en empêche ?

— Parenthèse éphémère, me rappelle-t-elle, se frottant le nez d'un air gêné.

— Oh, bien sûr.

À présent, la nuit a complètement mangé le jour donc je récupère une bougie à la citronnelle pour nous éclairer.

— Ça change des chandelles, rit-elle.

— Parce que c'est un rendez-vous galant ? la questionné-je, anxieux.

— Pas du tout. Nous sommes juste deux âmes esseulées perdues dans un champ de tournesol.

Mon cœur se comprime et je réprime une grimace. Je l'ai bien cherché...

Pourtant, mon corps réagit au moindre de ses sourires solaires. Elle est d'une pudeur touchante. Malgré tout, j'ai l'impression de pouvoir lire en elle avec une facilité déconcertante. Agathe paraît à l'aise avec moi en se permettant d'être elle-même. Et j'en suis sincèrement ravi.

Ses cheveux bruns ont l'air d'une douceur sans pareille, je rêve d'en humer l'odeur. Irrémédiablement, je me sens attiré par elle, par ses mains, par son regard magnifique. Comment est-ce possible que mes sentiments soient restés intacts pendant dix ans ?

Pendant le reste de la soirée, nous discutons de tout et de rien. Surtout de rien. Et je me surprends à apprécier ce moment passé en sa compagnie, malgré tous les non-dits qui résident entre nous.

J'ai réellement espoir d'avoir le fin mot de cette histoire avant la fin de notre périple.

Ne pas oublier de me préserver, autrement je cours à la catastrophe.

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Bonsoir !

Voici un gros élément sur la relation qui lie nos deux amis : Zachary est amoureux d'Agathe depuis des années sans qu'elle le sache... Qu'en pensez-vous ?

On m'a proposé un nom pour eux : Agary ! Qu'en dites-vous ? D'autres suggestions ?

Sinon, je vois l'intérieur du van comme ça, à peu près :


En espérant que le chapitre vous ait plu !

Bonne soirée,

Fantine

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