L'esprit en déroute, Severus était resté un long moment silencieux. Finalement, il se frotta les tempes du bout des doigts, essayant de rassembler ses pensées, avant de soupirer.
- Quelles conséquences pour le garçon ?

Voldemort lui jeta un regard en coin, visiblement amusé de son inquiétude sincère.
- Difficile à dire. Vois-tu, ce genre de choses... n'a jamais été fait semble t-il. Ou si quelqu'un a déjà eu l'idée de faire d'un être vivant un horcruxe, ça n'a pas été documenté. Le fait que le gamin ait survécu à cette lointaine nuit et qu'il ait grandi normalement semble indiquer qu'il ne risque rien.
- Il en a conscience ?

Le Mage noir ricana.
- Pas le moins du monde. Et personne ne peut s'en rendre compte. Pas sans de solides indices. Sa marque est clairement due à la magie noire, mais visiblement le monde magique a déjà décidé que c'était les conséquences de l'Avada que j'ai lancé sur ce bébé.
- Or l'Avada ne laisse aucune marque.
- Exactement. Ce garçon aura une longue vie, désespérément normale. Il a gardé son libre arbitre, je ne suis pas dans son esprit à lui chuchoter quoi faire. Il y a juste cet étrange lien qui nous relie, qui semble le propulser dans mon esprit dès lors que je suis soumis à des émotions intenses. Colère, joie.
- C'est à cause de ça qu'il est fourchelang ?
- C'est une possibilité, Severus. Comme je te l'ai dit, habituellement les horcruxes sont des objets, pas des êtres vivants.

Les deux hommes étaient resté un long moment côte à côte en silence, et Severus s'était détendu, trouvant le moment étrangement agréable.
Finalement, il soupira, conscient qu'il devait retourner à Poudlard.
- Dois-je en informer le gosse ?

Voldemort lui jeta un regard amusé, comme s'il lisait en lui, et qu'il savait déjà qu'il s'était attaché à Harry Potter. Néanmoins, il ne fit pas la moindre remarque, se contenant de hocher la tête.
- Bien sûr. Il n'aime pas les cachotteries, Severus. Je ne ferais pas l'erreur de Dumbledore de le tenir à l'écart et de le manipuler au risque de le braquer contre nous.

Le maître des potions grimaça.
- Et Dumbledore ?
Voldemort chassa la question d'un geste méprisant de la main.
- Ce vieux fou... il se doute probablement de quelque chose. Il va chercher mes horcruxes et tenter de les détruire. Ils sont protégés cependant. Il attendra probablement le dernier instant pour s'en prendre au garçon.

Severus haleta, et le mage noir plissa les yeux.
- Tu en doutais mon cher fils ? Ce foutu directeur n'hésitera pas à sacrifier Harry Potter, son si précieux élu, pour m'anéantir. Il serait prêt à le tuer lui même, s'il pensait que ça lui donnerait la victoire. Il ne recule devant rien.

Un bref instant, le maître des potions voulu protester. Mais la façon dont il avait été traité, dont Harry lui même avait grandi étaient des indices suffisants sur le fait que le Directeur de Poudlard ne se préoccupait pas vraiment du bien être de ses petites marionnettes.

*

Severus laissa passer quelques jours après son retour à Poudlard pour appeler Harry à le rencontrer. Il eut juste à attendre une absence de plus de Dumbledore.
L'adolescent arriva d'un pas léger et lui offrit un large sourire confiant qui remua le coeur du potionniste. Il attira le garçon dans une étreinte maladroite, maudissant ce fichu Gryffondor qui le faisait virer aussi sentimental qu'un poufsouffle.
Cependant, les yeux brillants de joie du jeune homme lui firent oublier tout ça, et il le conduisit dans ses appartements.

Une fois installés, Severus le fixa.
- Je pense que nous pouvons dire que la guerre est terminée, même si personne ne le sait encore. Il y aura encore quelques soubresauts, mais rien d'aussi dramatique que par le passé.
- Pas de grande bataille sanglante ?
Severus grimaça.
- Stupide gosse. Rien d'aussi barbare, non.

Loin de se formaliser du ton sec de son professeur, l'adolescent gloussa, visiblement d'excellente humeur.
- Alors ? Que s'est il passé pour que vous soyez certain que ce soit terminé ?

Le Maître des potions soupira. Puis, il ferma un instant les yeux, rassemblant ses pensées, essayant d'échapper au regard trop vert qui le fixait avec confiance.
- Le Seigneur des Ténèbres a utilisé la magie noire pour s'assurer une certaine forme d'immortalité.

Harry écarquilla les yeux, et se pencha en avant, totalement attentif.
- Il a divisé son âme pour créer des horcruxes. Pour faire simple, il a placé des fragments de son âme dans des réceptacles. Ainsi, s'il est... attaqué, il ne peut être tué.

L'adolescent comprit immédiatement, et il souffla.
- C'est pour ça qu'il n'est pas mort lorsqu'il m'a... lancé l'Avada. Mais il est revenu sous forme... enfin j'ai vu quand il buvait le sang de licorne en première année...
Severus hocha la tête.
- Son corps a été détruit, effectivement. Cette fois cependant, je ne pourrais pas...

Harry eut un sourire doux.
- C'est votre père.
Le Maître des potions dévisagea le jeune homme avec surprise. Il n'y avait ni reproche ni dégoût dans sa voix, juste l'acceptation d'un fait établi, et la certitude que Severus ne pourrait plus lui tourner le dos.
- C'est mon père.

L'adolescent attendit quelques instants, avant d'insister.
- Il y a plus n'est-ce pas ?

Severus ne put réprimer un sourire amusé, se demandant comment il avait pu trouver le gosse stupide. Il hocha la tête.
- La nuit où il a attaqué vos parents, il s'est produit quelque chose. Il faut savoir que pour déchirer son âme, il faut commettre un meurtre. Ensuite, un rituel de Magie noire permet de créer un horcruxe. Cette nuit là, il a déchiré son âme a deux reprises. Lorsqu'il a été... touché par le sort qu'il vous destinait, un horcruxe imprévu a été créé. Vous.

Machinalement Harry porta la main à sa cicatrice, et la frotta. Il eut l'air perturbé, et leva les yeux vers son professeur.
- Je suis un horcruxe ?
Un besoin presque viscéral de rassurer le gamin le fit répondre d'un ton assuré.
- Vous êtes Harry, et vous portez un fragment de son âme. C'est ce qui explique votre lien et votre don en fourchelang.