Chapitre 21
Le premier cours de potions fut résolument étrange pour Severus.
Il garda son rôle habituel, se montrant incisif dans chacune de ses paroles, favorisant honteusement les Serpentard, et tentant de retirer un maximum de points aux Gryffondor.
Cependant, Harry Potter était différent.
Déjà il était encore plus maigre qu'à son habitude si c'était possible. Il avait des cernes foncés preuves que son sommeil était loin d'être parfait. Et surtout, il avait perdu cet lueur d'optimisme permanente dans le regard, semblant comme... éteint.
Ensuite... le gamin le fixa sans ciller, réussissant presque à le déstabiliser.
Severus n'eut pas besoin de lui demander de rester quelques instants après la fin du cours. L'adolescent resta calmement assis à sa place alors que tous ses camarades partaient précipitamment, visiblement pressés de quitter les cachots.
Il le vit faire un signe agacé à ses deux ombres, les renvoyant brusquement. Il nota la rougeur furieuse qui colora le visage du rouquin et le gonflement agacé des joues de Miss-je-sais-tout, lui faisant penser que tout n'était pas idéal dans le célèbre trio.
Il nota également l'hésitation de Drago au moment de passer la porte, alors qu'il fixait le brun d'un air indéfinissable, et il ne regretta pas d'avoir dissuadé Voldemort de le marquer pour l'instant.
La porte se referma dans un claquement sec et Potter laissa passer quelques secondes avant de déclarer, avec un calme surprenant compte tenu de sa personnalité.
- Je sais qui vous êtes.
Le professeur de potions s'appuya contre son bureau, bras croisés, et leva un sourcil moqueur, parfaitement calme.
- Vraiment ? Et qui suis-je ?
L'adolescent eut un bref instant l'air vulnérable, avant de lever la tête, menton en avant, une étincelle de malice dans son regard trop vert.
- Son fils.
Ils se dévisagèrent un long moment en silence, puis Severus soupira, et étira ses lèvres en un léger rictus.
- Et je n'ai pas déjà été jeté à Azkaban parce que... ?
Le gamin se frotta le visage et eut l'air perdu, d'un coup terriblement jeune. Puis il soupira et haussa les épaules, détournant légèrement le regard.
- J'ai... assisté à votre conversation. Il a raison. Si Dumbledore l'apprend, il vous sacrifiera sans hésiter.
Severus haussa un sourcil surpris.
- Et vous auriez du sauter sur l'occasion pour vous débarrasser d'un professeur que vous haïssez, Monsieur Potter.
L'adolescent soupira, et garda le regard résolument fixé sur sa table, suivant d'un doigt les multiples traces laissées dans le bois par des générations d'étudiants.
Finalement, après un long silence, il haussa les épaules.
- Je sais pourquoi vous ne m'aimez pas, à cause de mon père et de mon parrain. Je... je comprends. Mais vous m'avez aussi protégé. Et... c'est vrai que vous aimiez ma mère ?
Severus se figea. Il avait oublié que Lily avait été mentionnée dans la conversation, lorsqu'il avait appris que Voldemort était en réalité son père. La charge émotionnelle du moment avait été suffisamment importante pour que Potter y assiste, visiblement, exposant des secrets qu'il aurait aimé garder cachés.
Voyant le regard du garçon sur lui, il soupira, perdu. Les yeux de Lily avaient toujours été sa faiblesse, et Harry avait les yeux de sa mère.
Il abdiqua et ferma les yeux, refusant de lire de la pitié ou du dégoût dans le regard du jeune homme qui lui faisait face.
- Elle a été ma première amie. Et je n'ai jamais cessé de l'aimer.
La voix douce qui s'éleva le fit ouvrir les yeux et dévisager le gamin, surpris.
- C'est pour ça que vous me protégez toujours ?
Severus ne vit aucun sentiment négatif dans les yeux verts, juste une grande curiosité. C'est probablement pour cette raison qu'il se montra totalement honnête.
- Je l'ai promis à votre mère. La nuit où elle est morte, quand je vous ai trouvé à ses côtés. Elle... Peu importe. Que voulez-vous Potter ?
L'adolescent se frotta à nouveau le visage, hésitant.
- Vous avez confiance en lui ? En votre père ?
Severus cligna des yeux, abasourdi. Puis il souffla.
- Pourquoi ? Vous seriez prêt à changer de camp ? Ne soyez pas stupide Potter, vous...
Cette fois, le jeune homme se leva, l'air furieux. Sa magie était étouffante, comme le jour où il avait détruit le bureau de Dumbledore.
- Je n'ai jamais connu mes parents. Jamais. À la place, j'ai été placé chez ma famille moldue, et je sais que vous êtes au courant de la façon dont je suis traité. Il vous l'a dit. Et un jour, on vient me chercher on m'annonce que je suis un sorcier célèbre, riche, et que je dois tuer quelqu'un. J'imagine que... les choses vont changer pour moi, mais je suis renvoyé encore et encore chez cette famille qui me déteste. J'aurais pu accepter... J'aurais pu me résigner. Mais je retrouve quelqu'un de ma famille qui veut de moi. Réellement. Pas parce que je suis... le Survivant ou une autre connerie du genre. Juste parce que je suis son filleul, et qu'il semble m'aimer pour de vrai. Et il a été tué. Sous mes yeux.
- Je suis désolé Potter.
- Je devrais vous détester encore plus. Dumbledore m'a dit que c'était vous qui avez prévenu Sirius. Mais il m'a dit aussi que c'était à cause de moi. Parce que je n'avais pas été assez assidu aux cours d'occlumentie.
En cet instant, Severus détesta Dumbledore. Plus encore qu'il n'avait détesté les Maraudeurs. Les vies brisées s'accumulaient autour du directeur...
- Je l'ai contacté. Je lui ai demandé de prévenir les secours et de rester à l'abri. Il s'est excusé, Potter. Il m'a dit que vous l'aviez sermonné et il avait l'air... réellement désolé. Dans l'urgence, je n'ai pas eu le temps... Je lui ai juste dit que vous aviez besoin de lui en vie.
Harry eut un rire triste.
- La dernière fois que je l'ai vu, je lui ai hurlé dessus. Je lui ai dit à quel point j'avais honte de lui et de mon père, pour ce qu'ils avaient fait. Qu'ils vous avaient traité comme mon... mon cousin me traite.
Une grosse larme roula sur la joue trop creuse du garçon et il leva un regard perdu vers Severus.
- Je lui ai dit que je n'étais pas sûr de vouloir vivre chez lui, s'il se comportait de cette façon. Et il est mort.
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