Chapitre 19

Même s'il ne protesta pas - des années à obéir l'avaient conditionné - Severus ne put retenir une grimace. Être propulsé une fois encore parmi les favoris du Lord noir après avoir été accusé de traîtrise allait déchaîner les jalousies. Il allait devoir prendre garde à ne jamais tourner le dos aux plus dévoués comme Bellatrix. Lucius essaierait probablement de lui tirer les vers du nez, se reposant sur le lien au travers de Drago.
Une chose était certaine : la plupart des Mangemort rêverait de le voir chuter et détaillerait chacun de ses gestes.

Voldemort se faisait peut être obéir par la peur, distribuant les doloris à tour de bras, cependant, une partie des Mangemorts n'étaient qu'un ramassis de fidèles violents. C'était eux les plus dangereux, puisqu'ils étaient du genre à agir en premier lieu sans craindre la punition. Severus soupçonnait même Bellatrix Lestrange d'apprécier subir la douleur du Doloris. Cette femme était totalement folle après tout.
Leur fanatisme était poussé à l'extrême, au point de leur faire oublier toute crainte. Ils rampaient devant leur Maître et ils étaient prêts à mourir pour lui. Sans la moindre hésitation.

Le potionniste se passa une main fatiguée sur le visage.
- Les Malefoy, vous allez les aider ? Ils ont été une famille pour moi toutes ces années.
Voldemort haussa les épaules d'un air indifférent.
- Le gamin sera marqué et Lucius devra supporter un peu d'humiliation, mais je ne le laisserai pas moisir à Azkaban.

Severus passa la langue sur ses lèvres sèches, ignorant son coeur battant.
- Drago... Mon filleul... il est trop jeune pour tout ça. Il..

Voldemort lui jeta un coup d'oeil en coin.
- Tu ne peux pas sauver tout le monde.
- Potter et Drago... ils se battent en permanence, à Poudlard. Mais malgré leur impossibilité à s'accorder en apparence, ils sont incapables de s'ignorer.


Un mince sourire étira les lèvres du mage Noir, et il claqua des doigts. Un elfe apparut avec un plateau contenant un copieux petit déjeuner. Il attendit que la créature disparaisse avant de reprendre.
- Dis m'en plus.
- A quel sujet ?
- Potter. Le jeune Malefoy.

Severus se servit un café et il but quelques gorgées avant de soupirer.
- Potter. Il ne tient pas en place, fait preuve d'une totale inconscience. Il ne semble pas avoir le moindre instinct de survie. Son enfance moldue lui cause quelques désagréments, puisqu'il ne se rend pas toujours compte de la portée de ses actes, comme repousser l'amitié d'un héritier sang-pur ou parler Fourchelang en public.

Voldemort grogna.
- Fourchelang. Oui j'en ai entendu parler. Visiblement l'hypothèse viendrait de mon attaque ? De sa cicatrice ?
- Elle le fait régulièrement souffrir. Sa cicatrice. Il se la frotte beaucoup et se plaint d'avoir mal.

Cette fois, le mage noir se pencha, fixant son fils avec attention.
- Vraiment ?
- Il a raconté avoir des... visions de vos actions, lorsque vous êtes furieux ou joyeux. Dumbledore m'a ordonné de lui enseigner l'occlumentie mais il est impossible pour lui de fermer son esprit. Foutu gosse...

Severus continua de siroter son café surpris de voir que Voldemort ne soit pas furieux de la faculté de Potter à voir ses actions. Les yeux rouges brillèrent un instant alors qu'il affichait un large sourire, particulièrement effrayant.
- Parfait. Il serait peut être possible de l'attirer vers nous ? S'il devient mon allié, après tout, je n'ai aucune raison de lui faire du mal.
- Il est proche d'une sang-de-bourbe, Maître. Il n'acceptera jamais de...

Cependant, Voldemort roula des yeux, et fit un geste évasif de la main.
- Son amie est puissante elle aussi. Aucune raison de la blesser. La magie coule dans ses veines. Le plus important pour l'instant est de neutraliser Dumbledore. Et ce lien étrange qui nous relie, je ne peux pas encore déterminer ce dont il s'agit, mais j'ai le sentiment que c'est important.

Severus hocha lentement la tête, sourcils froncés, essayant de deviner ce qui avait bien pu causer cette relation étrange entre Voldemort et le jeune Gryffondor. Le Mage noir reprit rapidement la parole cependant, le distrayant.
- Et Drago Malefoy ?
- Il se plaint trop à son père, en bon enfant gâté. Cependant il est intelligent quand il s'en donne la peine. Et... Comme je vous l'ai dit, depuis leur premier jour à Poudlard, lui et Potter se livrent une guerre permanente. Ils se cherchent à tour de rôle, en permanence.
- S'occuper des affaires de deux adolescents pourrait bien devenir une activité agréable en ces temps troublés, qu'en penses-tu ?

Malgré lui, Severus ne put retenir un ricanement moqueur.
- Je suppose que c'est la juste... punition pour avoir demandé à ce que ces deux gosses soient épargnés.

Voldemort soupira avec un geste las de la main.
- Tu es plutôt le seul en qui je peux avoir confiance pour ça. Parce que tu les protégeras malgré tout. Je sais que tu m'es plus fidèle que tu ne l'as peut être jamais été. Je prends un risque en te laissant repartir, Severus. Tu pourrais décider de tout raconter à ce vieux fou, et... et bien je suppose qu'il se servirait de toi pour m'atteindre. Tu serais probablement mis à mort à brève échéance.

Severus haussa les épaules, en baissant le regard.
- Quoi que vous en pensiez, je ne dirai rien à Dumbledore de vos révélations. Déjà parce que je ne suis pas stupide au point de lui donner des éléments pour m'asservir un peu plus mais également parce que je m'interroge sur son comportement. Potter... il était littéralement dévasté en revenant du Ministère. Bellatrix a tué sa seule famille, et... il a détruit le bureau du Directeur avec sa colère. Ce vieux fou a juste fait une réflexion rappelant qu'il était responsable de ce désastre...

La mâchoire du Mage noir se serra.
- J'ai lu dans son esprit qu'il espérait vivre une vie normale en se plaçant sous la tutelle de Black.
- C'était un parasite et un connard, mais il aimait sincèrement le gamin, Maître.
- Dumbledore n'aurait jamais laissé sa petite marionnette lui filer entre les doigts. Bellatrix a déjà été rappelée à l'ordre, j'avais demandé une intervention discrète et en tuant son cousin, elle a attiré pas mal de regards sur nous...
Voldemort marqua une long pause, en se tapotant la lèvre d'un doigt décharné, puis il lança un regard presque malicieux à Severus.
- J'ai la mission parfaite pour toi, mon cher Severus. Tu es déjà le protecteur du gamin. Désormais, tu vas tenter de lui montrer que tu es le tuteur idéal. J'ai dans l'idée qu'il a besoin de recevoir de l'attention, cette attention d'un adulte bienveillant qui nous a manqué à tous les trois... Fais en sorte de... le soutenir. Discrètement.

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