Chapitre 14


Severus prit conscience que Voldemort l'observait avec attention, et il essaya de masquer son trouble. Cependant, le Mage noir secoua la tête.
- J'ignore par où commencer. Cette histoire a débuté il y a si longtemps...

Le Maître des potions cligna des yeux, perplexe.
- Je ne comprends pas.
- Bien évidemment. Je te parle d'un secret extrêmement bien gardé. Même Dumbledore n'est pas au courant de tout ça. Foutu vieux fou, il est la cause de bien des malheurs. Qu'a t'il révélé à son Ordre idiot à mon sujet ? Je suppose que tu as accès à leurs petites réunions ?

Severus hocha lentement la tête, rassemblant ses souvenirs. Pour l'instant, il allait coopérer. Peut être qu'il apprendrait un élément important et qu'il parviendrait à s'en sortir sans trop de casse.
- Et bien... il a évoqué que vous aviez été son élève à Poudlard, que vous étiez à Serpentard, mais... rien de plus.
Voldemort ricana, moqueur.
- Il me facilite presque la tâche... C'est exact, j'ai été scolarisé à Poudlard. Avant... J'étais un orphelin. Ma sorcière de mère est morte en me mettant au monde, après avoir été reniée par sa famille. Mon père l'avait abandonné en apprenant sa grossesse. Elle... a utilisé ses dernières forces pour se rendre jusqu'à un orphelinat Londonien. Un orphelinat moldu.

Severus écarquilla soudain les yeux, voyant l'homme autrement. D'un coup, sa haine des moldus prenait un sens, et la guerre ne semblait plus si... démente.
Voldemort ricana de sa stupeur et il continua d'un ton amer.
- Bien évidemment, je n'ai pas besoin de te faire un dessin sur la façon dont sont traités les enfants magiques aux mains de ces monstres de moldus, n'est-ce-pas ?
Le souvenir de son père le frappant violemment à chaque acte de magie accidentel, comme pour faire sortir la magie de son corps, le fit frissonner et il hocha lentement la tête.
- De la même façon que ce cher jeune Potter a la même expérience que nous. Trois enfants magiques dans le monde moldu. Trois enfants... malheureux.


Severus tenta de protester mollement.
- Potter n'est pas...
- Je suis entré dans son esprit, Severus. Enfance dans un placard, traité comme un elfe. Bousculé, nommé monstre avec tant de mépris, haï par sa famille... Tu peux détester le souvenir de son père, mon cher Mangemort, mais cet enfant... n'est qu'un jouet entre les mains de Dumbledore. Je suppose que le vieux fou n'a rien fait pour atténuer la rancoeur que tu lui portes ?

Severus secoua doucement la tête. Dumbledore aurait pu le sermonner vivement, le menacer, l'obliger à se montrer cordial avec Potter. Il aurait pu lui montrer qui était le gosse, ou ne pas raviver le souvenir de James et Lily chaque fois que la conversation concernait Harry Potter.
Lui l'espion si brillant, qui se pensait si intelligent, avait été vulgairement utilisé.

Voldemort reprit, mais il avait un rictus légèrement moqueur comme s'il savait que Severus voyait son monde basculer sur son axe.
- Donc. L'orphelinat. Période sombre pour un petit garçon magique qui ne savait pas qui il était. Cependant, on va dire que j'ai de la ressource. J'ai vite compris comment obtenir ce que je voulais et effrayer suffisamment les autres pour... une certaine tranquillité. J'ai vite compris que je leur étais supérieur. Dumbledore est venu me chercher pour mes onze ans et m'a appris que j'étais un sorcier. Que j'avais une place à Poudlard même si ma famille n'avait pas le moindre sou.

Severus hocha la tête. Sa propre rentrée à Poudlard lui revint en mémoire. Lui aussi avait été l'enfant miséreux. Il n'aimait pas cette sensation de se trouver tant de points communs avec celui qui avait tué sa Lily mais visiblement leurs enfances avaient été similaires.
Le Mage noir ricana, laissant transparaître son amertume.
- Je suis tombé au milieu d'un nid de sang-purs très riches, et très imbus de leurs personnes. Dès le premier cours, j'ai juré que je deviendrais le plus puissant, qu'ils s'agenouilleraient un jour devant moi, et que je changerais les choses pour tous les autres enfants magiques pauvres. Je suis devenu le meilleur élève de l'école. Dumbledore me surveillait de près comme si j'étais une grenade dégoupillée prête à exploser...
- C'était le cas ?

Voldemort haussa les épaules, ne semblant pas se formaliser de l'objection brusque.
- Peut être. Je n'avais pas encore l'idée de ce que j'allais devenir, je voulais juste... gagner en puissance pour ne plus jamais être en position de faiblesse. En grandissant, j'ai eu envie de retrouver mes racines. Au début, je pensais que ma mère était une moldue, puisqu'elle avait été si faible... alors j'ai cherché l'identité de mon géniteur. Sans rien trouver. J'ai alors découvert l'histoire de ma famille maternelle, les Gaunt. Sorciers ruinés, sang-purs, dont le sang avait été affaibli par la consanguinité. Mais une famille descendant en ligne directe de Salazar Serpentard, le fondateur de ma maison.

Il marqua une pause pour ricaner, montrant une fois de plus son amertume.
- J'ai voulu les rencontrer... Et je n'ai pas été déçu. Des déchets de la société magiques, qui m'ont insulté dès qu'ils ont su qui j'étais. Alors... et bien je m'en suis débarrassé, puis je suis allé mettre à mort ma famille paternelle pour me venger d'avoir été abandonné. Ensuite... Et bien j'étais réellement orphelin. J'ai fait accuser mon oncle qui a terminé à Azkaban. Dumbledore a bien essayé de le faire libérer, mais ce sorcier minable et puant est mort avant.

Il y eut un silence, et le mage noir plissa les yeux.
- Tu n'as pas l'air choqué ?
- J'ai pris la marque pour me venger de mon père et je l'ai tué. Je serais particulièrement hypocrite de vous reprocher vos actes d'alors.

Le sourire du mage noir fit frissonner Severus, parce qu'il semblait amical et presque tendre. Un sourire indulgent, bien loin de sa cruauté habituelle qui déstabilisait le potionniste.
Il hocha la tête en signe d'approbation, puis il se replongea dans son passé, sous le regard fasciné de Severus. Le Maître qu'il avait brièvement servi avant de le trahir semblait fou à l'époque, mais il avait l'air d'avoir retrouvé sa raison, et il paraissait terriblement humain. Trop humain.
- Contrairement à ce que Dumbledore imagine, j'étais un jeune homme... comme les autres. Solitaire et avide de vengeance, mais humain. Pendant ma sixième année, j'ai été... intrigué par une fille.

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