Les vacances d'été arrivèrent, et pour la première fois, Severus ne les attendait pas avec impatience. Il vit un Potter amorphe et brisé entrer dans le Poudlard Express, puis un Drago Malefoy tentant de rester fier malgré l'emprisonnement de son père et l'humiliation causée par la déchéance de son si précieux nom...

La souffrance de ces deux élèves en particulier le marqua profondément, et il se terra dans ses cachots, pensivement.

Il n'eut cependant que peu de temps pour réfléchir, puisque sa marque commença à le brûler, et il se précipita hors de Poudlard, sans même prévenir Dumbledore. Il en voulait à l'homme pour sa façon de gérer Potter, alors même qu'il s'était montré bien plus cruel.

Lorsqu'il transplana et arriva au milieu de ses "collègues" mangemort, il pressentit que les choses allaient être compliquées. Voldemort semblait fou de rage, et il pensa au début que c'était à cause de la mission échouée au Ministère, de l'emprisonnement de Lucius - qui était un soutien non négligeable compte tenu de ses accointances au Ministère...
Cependant, il était à peine arrivé que le cercle des Mangemorts se referma sur lui, l'encerclant efficacement, le plaçant au centre, dans une situation qu'il n'aimait pas. Il se sentait soudain bien trop vulnérable.

Le Seigneur des Ténèbres, yeux rougeoyants, tourna autour d'eux, avant de parler de sa voix sifflante.
- Severus... Tu m'as trahi !

Les entrailles de Severus se gelèrent alors qu'il se demandait comment il avait pu être soupçonné. Voldemort claqua des doigts et les Mangemorts reculèrent, suffisamment pour lui permettre de se rapprocher de son Mangemort prisonnier. Cependant, toute possibilité de fuite lui était coupée, et il ne pouvait même pas songer à transplaner. Celui qu'ils appelaient Maître plaçait un sort qui interdisait toute fuite pendant ses petites réunions...

Il reçut un Doloris puissant et s'effondra, essayant de ne pas hurler, avant d'échouer et de crier sa douleur. L'impardonnable dura un long moment, suffisamment longtemps pour le laisser brisé et haletant, ramasser en une boule douloureuse au sol.
Il entendit la voix de Voldemort, mais c'était lointain, et il souffrait trop pour y prêter réellement attention bien que son esprit enregistre chaque mot.
- Voyez ce que vous risquez si vous en venez à me décevoir. Je ne tolérerai aucun manquement !

Bellatrix gloussa hystériquement, et sa voix de crécelle retentit.
- Maître ! Laissez moi le tuer ! Il n'a jamais été à la hauteur pour vous, c'est un minable sang-mêlé rien de plus !
Sa diatribe se termina par un hurlement, alors qu'elle recevait un Doloris à son tour.
- Chère, très chère Bella. C'est à moi de juger qui est à la hauteur ou non. Et tu as beaucoup de choses à te reprocher non ? Incapable de mener à bien une mission simple ! Envoyer Lucius à Azkaban où il ne m'est d'aucune utilité !

Il y eut un long silence, et Severus gémit lorsqu'il reçut un nouveau Doloris, trop épuisé et endolori pour hurler encore.
- Laissez nous !

Dans une semi inconscience, Severus entendit les "pop" de transplanage, et il tenta de rassembler ses forces pour faire de même mais il était bien trop faible. Il sentit le serpent immense glisser contre lui, et il gémit, tentant de s'éloigner en oubliant toute fierté. Il pouvait peut être supporter la torture, mais il avait vu cette bestiole répugnante avaler ceux qui devaient disparaître et il ne voulait pas être tué de cette façon. L'idée même d'être avalé par ce monstre le rendait malade.

Il sentit plus qu'il ne vit Voldemort se pencher vers lui. Une main empoigna ses cheveux et le força à relever la tête. Severus se retrouva alors bien plus près de Voldemort qu'il ne le souhaitait. Il ne put que regarder ce visage monstrueux, les yeux écarquillés par la peur. Lui qui avait passé toute sa vie à masquer ses émotions, à dissimuler ce qu'il ressentait rapidement, cette fois, il souffrait trop et il était trop choqué pour pouvoir se contenir.

Le Seigneur des Ténèbres soupira après l'avoir longuement dévisagé, puis força une fiole de potion entre ses lèvres. Severus se crispa, mais la poigne était implacable et il n'eut pas d'autre choix que de boire.
Il connaissait les potions, sur le bout des doigts. Suffisamment pour se rendre compte que ce n'était pas un poison qu'il venait d'absorber mais un anti-douleur puissant.

La potion fit rapidement effet et il retrouva sa lucidité. Perplexe, il ne put que dévisager le mage noir, essayant de comprendre ce qui se passait.
Voldemort prit place dans un siège et lui désigna un siège face à lui, qu'il venait de métamorphoser à son intention, toujours en silence.

Prudemment, Severus obéit, essayant de deviner ce qui se passait.

Après un long moment de silence pendant lequel le Maître des potions s'agita sur son siège, mal à l'aise, son vis à vis prit la parole, d'un ton inhabituellement calme.

- Cette petite excursion au Ministère a été un terrible fiasco, vois-tu. Quelques uns de mes meilleurs Mangemorts emprisonnés, la prophétie détruite à jamais et inaccessible. Potter présent, qui s'en est encore tiré indemne comme si ce foutu gosse ne pouvait pas enfin mourir.

Severus retint un rictus moqueur, persuadé que ça ne serait pas apprécié. Il restait immobile, poings serrés, le coeur battant, comprenant que l'instant était capital.

Le Mage noir marquant un silence en le dévisageant, puis reprit, avec un rictus cruel.
- Cependant, je n'ai pas totalement perdu mon temps. Bien évidemment, j'aurais préféré garder mon retour encore quelques temps et regarder la Gazette mettre à terre leur pauvre petit prodige... Mais d'un autre côté, nous allons pouvoir reprendre la main au grand jour. Montrer au monde magique que nous ne laisserons pas les sang-de-bourbe salir la magie !

Severus se crispa en pensant à Lily, mais jugea plus sage de ne pas objecter.
Voldemort laissa échapper un ricanement mauvais et se pencha vers son Mangemort, le forçant à le regarder directement dans les yeux.
- Et puis, il y a eu ce moment où je me suis retrouvé dans l'esprit désorganisé de ce garçon. Une énigme que ce petit Potter... Et une source d'information de premier choix mon cher Severus. Ainsi donc, tu as choisi de me trahir, toutes ces années en souvenir d'une femme qui ne t'a jamais regardé ? Tu as accepté de jouer les espions auprès de ce vieux fou qui n'a jamais tendu la main vers toi alors que ses petits protégés te martyrisaient ?