8. SMITH
En laissant Lucie rentrer chez son père, aussi ouverte à vif, après notre corps à corps, je ne me sens pas bien. Je ne suis pas dans mon assiette. Putain, a-t-elle compris ce que j'essayais de lui dire à travers mes "je fais plus que t'adorer Lucie" ? Peut être qu'elle n'a pas compris que je tombais petit à petit, une chose étrange pour moi, mais si réelle sur le moment. Je ne regrette en rien notre acte, parce que j'ai pu accueillir un peu de sa souffrance. J'ai juste l'impression de l'avoir éloigné un peu plus de moi. Bon sang, j'ai pas réfléchi sur le moment et le fait de ne pas savoir ce qu'elle pense vraiment de cette nuit, me fout à mal. Vu sa réaction, j'ai mes raisons de flipper.
Bon, après tout, s'il elle veut être seule, je peux comprendre. Elle a pleuré quand je l'ai pénétré et quand j'ai commencé à bouger en elle, alors je me doute bien que ce moment n'a pas été partagé de la même manière pour chacun de nous. Mon ventre se tord à l'éventualité qu'elle regrette et que sa crise ne soit que le début de son rejet. La peur me bouffe les entrailles, et d'autant plus, lorsque je me dis que je vais devoir assisté à la cérémonie funèbre de ma mère, dans une église bourrée de monde, dont je suis à peu près sûr que les trois quart ne me connaissent pas. J'ai de moins en moins envie de me pointer là-bas pour dire au revoir à ma mère pour de bon, même si j'aimerai à tout prix faire une éloge pour elle. Sauf que je ne sais pas du tout comment je vais devoir m'y prendre. Écrire et étaler mes sentiments devant une centaine de personnes, ce n'est pas mon truc. J'ai le trac rien qu'en pensant à mon discours qui va être un fiasco, je le sens.
En soufflant un bon coup, j'essaie de faire le vide dans ma tête. Je retourne dans mon appartement, l'air de m'ennuyer. Mon ventre gargouille lorsque mes yeux aperçoivent les morceaux de croissant solitaires sur la table de salon. Je n'hésite pas à les dévorer sur le champ, en pensant à ce qu'aurait pu être une matinée passée aux côtés d'une Lucie, un peu plus en phase avec moi. Je nous aurai vu devant la télévision, en mangeant les croissants que j'ai acheté tout en visionnant une vieille cassette de Jean Claude Van Damme. Mais le problème c'est que je n'avais pas prévu qu'elle fasse une crise et qu'elle devienne aussi froide qu'un glaçon devant mes yeux. Je sens qu'elle me devra des explications, mais plus tard.
En ronchonnant un peu, j'ouvre une bière, tout en prenant en bouche une de mes cigarettes. J'enclenche Full Contact, et je visionne le film en entier sans pouvoir en détacher le regard. J'ai pris une journée de congé, si je peux expliquer le fait que je ne travaille pas aujourd'hui, de cette manière. A vrai dire, Léna et Lucas, ne sont pas sur le terrain non plus. Max a été mis au courant de notre séjour à l'hôpital de New York, et alors tout de suite, il nous a fait grâce du temps qu'il nous fallait. Franchement, je n'aurai jamais pensé à un truc pareil, mais apparemment, Max est toujours aussi cool pour certaines choses. Pour d'autres, il peut se montrer dur à cuir, c'est pour cela que ça fait de lui un bon chef. Un très bon chef de service.
Après deux bonnes heures à rester devant la télévision, mon téléphone sonne, brisant le silence qu'a laissé la fin du générique. En me hissant vers la table, je l'attrape d'une seule main, et je décroche dans la foulée. La voix de Léna ne m'avait pas manqué, d'autant plus lorsqu'elle est enjouée ou emballée par quelque chose, mais je dois dire que je suis content qu'elle m'appelle. Plus que content. Quand Lucie n'est pas là, c'est tout de suite différent. Et maintenant qu'elle est revenue vers moi, et que nous avons fait échange de bon procédé en marquant chacun nos âmes, le vide se fait sentir. Déjà mon coeur n'a pas beaucoup apprécié le tableau que reflétait celui de Lucie ; la solitude l'inquiète de plus en plus. Ce n'est pas dans ma nature d'ordinaire et c'est étrange aussi.
Je m'éclaircis la voix en tachant de ne plus penser à la réaction de Lucie et sa froideur, avant de me concentrer sur la voix de mon amie. Elle parle tellement vite que je ne comprends presque rien à ce qu'elle me raconte. Je lui demande donc de répéter plus lentement ses paroles. C'est ce qu'elle fait après avoir pris une grande inspiration.
— Depuis le Bal des Pompiers, et depuis ta morale à deux balles qui m'a servit d'ailleurs, je cherche à apaiser les tensions entre Lucas et moi, tu sais. Pour qu'on puisse retrouver notre semblant d'amitié. Alors, je lui ai demandé s'il voulait faire une petite sortie avec moi. Il m'a répondu pourquoi pas. Donc, je lui ai demandé tout bêtement ce qu'il aimerait faire pendant ce moment, et tu sais ce qu'il m'a répondu ? elle me demande, tout doucement.
Je hausse les épaules pour moi-même. Puis, je lui réponds que je n'en sais rien. Je l'entends souffler, l'air d'en avoir marre.
— Il m'a dit qu'il voulait faire de la course. Course de voiture, je précise. Bon, je n'ai jamais été très amatrice de ce genre de pratique, mais ça pourrait être sympa, je me suis dit après plusieurs minutes à réfléchir, elle déclare. En plus, Lucas m'a dit que son père l'emmenait souvent sur des terrains. Apparemment il était pilote, mais je n'en sais pas plus. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi il m'en dit plus, tu sais toi ?
Je réponds négativement, ne sachant pas trop à quoi m'attendre à la fin de cette conversation.
— Bref, j'ai dis oui. On y va cet après midi, vers quatre heure, à Lonestar Racing. C'est juste à côté de chez nous. Donc, bas, je me suis demandé un truc. Enfin pas de demander, ni proposer, non, en fait c'est pas une question de discussion.
Je grince aussitôt des dents. Je sais conduire des motos à pleine vitesse, mais je ne suis pas un spécialiste des voitures. Et puis, pourquoi elle demande pas à Dany de les accompagner ?
— Tu sais, maintenant qu'on est amie avec Lucie, j'aimerai passer du temps avec elle. Une sortie à quatre c'est non négociable pour aujourd'hui. Alors ne soyez pas en retard !
Je fronce les sourcils en grognant de frustration. Je l'avais senti et elle m'a eu en beauté. Je capitule après un quart d'heure de conversion en plus, autour du grand circuit que dispose le site. Elle raccroche toute contente, alors que j'ai pas mal de chose sur les bras.
Avant même que je puisse l'avertir que je refuse tout compte fait, mon téléphone sonne. Je décroche immédiatement. C'est elle. Je sens sa lourde respiration à l'autre bout. Elle se retient de pleurer avec sa main, je le sens, je le sais. Je déteste cette manie qu'elle a de vouloir se cacher alors qu'elle sait très bien que je vois juste à chaque fois. C'est comme si nos émotions étaient liées en permanence, elles aussi.
— Tout va bien, Lucie. Calme-toi, tout va bien. Respire tranquillement.
Je l'entends reprendre son souffle, doucement, et un sourire se forme mes lèvres. Mon coeur bat à une allure phénoménale.
Je fais plus que t'adorer, Lucie.
— Excuse-moi.
Sa voix se brise soudain, alors que j'éprouve le besoin de la prendre dans mes bras.
— Désolée, elle répète. Désolée, désolée, désolée, désolée.
Elle ne respire plus. J'aimerai tellement être devant elle, et poser mes lèvres sur les siennes pour qu'elle ressente mon souffle et respire avec moi. Sauf qu'elle n'est pas à côté de moi. Elle est partie parce qu'elle avait besoin d'être seule, et maintenant, je ne comprends plus rien.
— Pardonne-moi d'avoir fuit comme une tarée, elle murmure tout bas.
J'entends les sanglots la secouer, et je ne résiste plus. D'un bon, je me lève pour la rejoindre, mais comme si elle avait prédit mes gestes, elle reprend la parole plus brisée.
— Reste où tu es, Smith. Je ne veux pas être ta priorité, seulement l'affaire de ton coeur, tu te souviens ?
Je me fige.
— Dis-moi que tu comprends et que je suis pardonnée, dis-le moi Smith. Mon coeur souffre parce que le tien aussi souffre et j'en ai marre. Je suis toujours triste, tu sais. Mes démons sont là et je ne veux pas que tu me vois maintenant. On dirait que je reviens de l'asile.
Ces paroles m'atteignent en plein coeur. Lucie est n'est pas folle, elle ne vient pas d'un asile. Qu'est-elle en train de se faire pour me dire de telles choses ? Soudainement, je panique. Stressé, je prends une deuxième cigarette que j'entame en sortant sur mon balcon. Le silence est toujours présent, mais j'aime cela. Avec Lucie, ce n'est jamais de trop.
— Dis-moi à ton tour que tu vas bien, dis-moi la vérité, et je te dirai que je te pardonne, même si c'est ridicule. Tu sais pourquoi ça l'est ?
Elle ne répond rien, mais je l'imagine me regarder fixement pour me certifier qu'elle m'écoute attentivement.
— C'est ridicule parce que tu ne m'as rien fait. Mon coeur souffre certes, mais je peux te comprendre. Tu fais des crises de panique depuis que ce connard est entré dans ta vie, et maintenant je comprends mieux pourquoi. Tu n'as pas à t'en vouloir, OK ? Jamais avec moi, Lucie.
Je suis extrêmement sérieux, et je crois qu'elle a saisi le sens de mes mots. Pourtant, la culpabilité résiste et s'infiltre sous tous les pores de sa peau.
— Ne pense pas Lucie. Réagir comme tu l'as fait dans une passe aussi sombre de ta vie, c'est normal. Moi aussi, j'ai connu des moments de baisse. Je ne vais pas t'en vouloir, même si mon coeur, lui, aimerait. Que diable !
Je l'entends rigoler à l'autre bout du fil, ce qui me permet enfin de relâcher les brides. Je ris aussi à mon tour, avant qu'elle me dise que son père l'avait prévenu que je lui pardonnerai quelque soit la chose qu'elle ait pu faire. Il avait raison, je crois. Maintenant, je ne peux plus la lâcher. Cette nuit, cet acte, c'était bien plus qu'une protection pour moi. Bien plus, mais je ne peux cependant pas encore y mettre des mots. Les seuls qui trottent dans ma tête sont ceux qui je lui ai soufflé, hier.
Je fais plus que t'adorer, Lucie.
— Pour te faire pardonner, je t'emmène faire une course de voiture avec Léna et Lucas. Tu seras mon copilote ! Partante ?
Elle marque un temps d'arrêt après avoir poussé un léger cri de surprise. Moi, je ne dis rien non plus. J'attends désespéramment qu'elle me dise oui, qu'elle me dise qu'elle va venir. J'attends, j'attends, mais rien ne vient. A ce moment là, je sais qu'elle a peur. Elle a peur que toute cette routine l'avale et la noie, par la même occasion. Elle a peur que la vague se referme sur elle, et qu'elle ne puisse plus remonter à la surface pour respirer. J'ai vécu ça, chaque soir où mon père rentrait ivre le soir, et qu'il rentrait dans la même rengaine. Il revenait en titubant, jurant comme un charretier, exigeait que ma mère lui fasse à manger, et il la frappait parce que cela lui faisait du bien. Pourtant, ça ne profitait qu'à lui, pendant que toute la journée ma mère tremblait et pleurait seule.
Je me dis souvent que j'aurai dû être là pour la protéger un peu plus. Je me dis que ce n'est pas elle qui aurait dû avoir un cancer mortel, mais mon père. Même si je me dis dans les secondes qui suivent ces réflexions, que personne ne mérite une maladie comme celle-ci.
— Smith ?
Sa voix est plus douce à présent, mais j'arrive à percevoir quelques petits tremblements.
— Oui, Lucie ?
Elle marque une pause, encore, et je l'attends toujours. Toujours.
— C'est d'accord.
— Chouette !
Je l'entends rire silencieusement à l'autre bout du combiné, et avant que je parte pour me doucher et enlever toute cette sueur, je lui dis des mots que j'aurai voulu entendre dès mon plus jeune âge, par le seul homme que j'aurai voulu ne jamais détesté. Et je crois bien, que j'ai senti ses larmes dévaler ses joues tout près de moi.
— Je suis fier de toi, Lucie. Même si ce n'est que le début d'une longue pente à escalader, souviens t-en, je suis fier de le faire avec toi.
Puis, je raccroche, avant de sauter sous la douche. Ces mots ont traversé mes lèvres parce que j'avais besoin de les dire et puis, de les entendre. De les entendre traverser mes lèvres pour ne plus jamais les quitter ensuite. Il est vrai que je suis fier de Lucie qu'elle est enfin quittée New York, qu'elle avance et surtout, qu'elle surmonte ces démons pour venir passer du temps en dehors de chez elle. Et puis, elle en a besoin tout comme moi. On se complète assez bien vers cette pente. Elle est glissante et très encombrante, mais la chose qui nous attend en haut est d'autant plus jolie et joyeuse.
Je ne sais pas quel jour, ni quel semaine précise, mais j'ai changé en bien. J'ai changé en murissant, en quittant ces combats illégaux, en quittant ce monde sale et laid. Ce monde manipulateur et menteur, et c'est Lucie qui m'y a poussé en quelque sorte. Oui, je suis devenu quelqu'un d'autre, qui évolue, qui recule mais qui ne se laisse pas faire. Je suis devenu un homme dont ma mère aurait été fière si elle avait été là à mes côtés. Je ne vais pas dire que je suis encore tout à fait bon, parce qu'il me reste beaucoup de bagages émotionnels à transporter avec moi, et des peurs aussi. Mais elles s'amoindrissent avec le temps. Quelques mois suffisent à changer une vie, mais il faut aussi les bonnes personnes.
Je suis devenu meilleur, mais je peux devenir encore plus meilleur, au sommet de cette pente. Les choses qui font battre mon coeur ne sont plus la haine, l'argent et la gloire. Non, je les ai laissé loin derrière moi en tournant la page. Si j'étais du genre à lire des livres, j'aurai pratiquement juré que j'avais changé de livre, et que j'en commence un nouveau en tournant une page à la fois.
L'eau chaude est rafraîchissante pour ma peau, qui porte encore l'odeur et les traces de Lucie. Du bout des doigts, j'arrive à voir un bout de l'âme de Lucie s'accrocher à ma peau, jusqu'à se fondre en moi. Mon coeur s'en nourrit, mon corps aussi. Soudain, je me rappelle qu'un jour, je lui ai dit que je finirai seul. C'est faux. Je le sais depuis toujours, en fait. J'attendais juste le moment. Maintenant, j'ai des amis, des amis sur lesquelles je pourrai toujours compter. Et je l'ai, elle. Je ne sais pas encore qu'elle place Lucie occupe, mais elle est particulière. Ce n'est pas ma petite amie, et ce n'est pas non plus, mon amie. Elle peut toujours devenir ma meilleure amie, mais je trouve que cela sonne creux. Non, elle préfère que je dise qu'elle est l'affaire de mon coeur et c'est vrai. J'espère bientôt être à mon tour, la cause de son coeur. Il faut juste que je dépasse tout les tourments qui l'enferment.
Une promesse est une promesse.
Après m'être habillé simplement, avec un jeans slim et un haut à manche noir, et avoir mis de l'ordre dans ma chevelure ; je me dirige vers ma cuisine pour me préparer un plat vite fait, comme j'en ai l'habitude en ce moment. Je prends une casserole, quand la sonnette retenti dans tout l'habitacle. Je fronce aussitôt les sourcils ; je n'attends personne.
Vigilant, je m'approche de la porte avant de l'ouvrir. Je suis surpris de voir Paul se tenir devant moi, mais en même temps, je m'y attendais. Cependant, je reste adossé à ma porte, et lui, sur le perron.
— Salut, il me lance assez tendu.
— Salut, je lui réponds tranquillement.
Je le connais. On a été amis plusieurs années tout les deux, et je sais qu'il ne vient pas ici par tout hasard. Je sens même que c'est en rapport avec Carter et toute sa clique de vauriens, où alors, peut être qu'il vient pour Lucie et toutes ces histoires avec le pacte qu'a passé Alban avec un gars dénommé Antoine.
— Alors, qu'est-ce qui t'amène cette fois-ci ? je lui demande, tranquillement.
Je le vois déglutir, avant de croiser les bras sur son torse. J'ai bien l'impression en le voyant qu'il a un peu maigri, et que sa paupière droite frétille toute les deux secondes. Avant, on se droguait tous, de temps en temps. Mais vu ce qu'il m'a dit la dernière fois, ils doivent en consommer beaucoup plus aujourd'hui. Mais bon, ce n'est plus mes affaires.
— Je suis content que Lucie soit de nouveau ici, avec toi, il commence tout bas. Mais, je crois que les choses ne sont pas entièrement terminées. En fait, ça ne fait qu'empirer Smith. Hier, j'ai surpris une conversation après un combat de Carter avec un nouveau. Il y avait ce mec dont je t'ai parlé, Antoine, le cerveau de l'affaire, le tout puissant. Il a ses pions et Carter en fait partie.
Je hoche la tête, silencieusement. Je m'en doutais bien au fond de moi. Je savais qu'ils jouaient gros ces deux là, et que Carter n'était qu'un pion parmi tant d'autres dans toute cette histoire. Mais peut être que lui, il ne sait pas.
— J'ai su l'histoire, et que le mec qui avait demandé ces services, on le connaissait sous le nom d'Alban. Encore un amoureux transi d'après les gars. Antoine est venu pour quelque chose. Et puis, il y en avait d'autres. D'autres voix, deux hommes. L'un semblait en avoir après Lucie. Je n'en sais pas plus pour elle, mais Antoine réclamait son due à cet Alban, qui apparemment n'a pas encore remboursé. Alors il a passé un accord avec Carter.
Je fronce fortement les sourcils, pendant que mon coeur s'échauffe et que l'adrénaline court dans mes veines à une allure phénoménale. Paul a du mal à me regarder dans les yeux, et je le comprends. Après qu'il soit venu me dire tout cela, et que j'ai affronté Carter, j'avais eu vent d'une histoire de drogue autour de notre dernier combat pour Carter et moi, et il s'avérait que c'était la vérité. Je le savais au fond de moi, mais je ne voulais pas y croire. Mais bon, c'est de l'histoire ancienne pour moi.
— Quoi comme accord ? Un genre de vie ou de mort ?
— Ouais, c'est à peu près ce genre d'accord dont on parle entre eux. Antoine a demandé à Carter de butter Alban si celui-ci ne lui ramenait pas sa drogue au plus vite ou un truc dans le genre. Antoine a même mentionné Lucie, mais je n'ai pas pu en savoir plus parce que des gars passaient pas là à ce moment là. Tu étais le seul à qui je peux faire confiance et en qui Lucie a confiance. Continue de la protéger tout en gardant un oeil sur tes arrières, et je t'appelle pour te dire si les plans changent entre temps.
— OK.
Je ne sais pas quoi dire d'autre, et les remerciements ont du mal à passer, pour lui. Paul se gratte la nuque nerveusement avant de me saluer de la main. Au moment, où je ferme ma porte, je l'entends m'appeler. Je l'écoute mais je ne le regarde pas.
— Je suis désolé mec, tu sais, pour toute cette histoire de merde, avec la drogue. A plus !
Je sens la sincérité dans sa voix pénétrer les fibres de mon corps. Je décide de garder ses excuses dans un coin dans ma tête et ses explications, parce qu'il a été un ami précieux pour moi, pendant ma partie sombre. Il était mon seul ami, en fait, et vise versa. Alors je me demande comment il fait pour vivre bien aujourd'hui.
En secouant la tête vivement, pour revenir sur terre, je marche vers la casserole et l'eau que j'ai mis à bouillir. Puis, lorsque le temps est arrivé, je fais chauffer des pâtes. Au bout de cinq minutes, mon repas est prêt, et un quart d'heure plus tard, j'ai fini de manger. Immédiatement je jette un coup d'oeil à l'heure et j'arrive à voir qu'il est à peine deux heures de l'après midi. Je souffle.
Subitement, mes pieds bougent d'eux même, ainsi que mes mains qui s'arrachent un crayon papier qui traine sur ma commode dans ma chambre et un morceau de feuille. J'arrête de penser durant quelques minutes, avant de m'asseoir sur mon lit et de réfléchir aux mots avec lesquelles je pourrai décrire ma mère.
Courageuse. Forte. Sage. Aimante. Patiente. Souriante. Belle, très belle. Combattante. Altruiste. Très très bonne cuisinière. Maman.
J'appose ses mots sur le papier blanc qui me fait face, avant de prendre mon portable dans mes mains pour enclencher une de mes Playlist. La musique m'aide à écrire parfois, et il faut dire que je suis inspiré, tout de suite. Les mots fusent, en plus de quelques larmes et quelques rires solitaires. Ma mère était une Wonder Women moderne. Elle était à elle seule, tout le monde.
Les heures passent et je ne les vois pas, si bien que Léna finit par m'appeler, furax que je sois en retard, enfin que nous soyons en retard, Lucie et moi. Je ris ce qui fait alimenter son stress qu'elle essaie de faire disparaître derrière ses soupirs. Je l'adore cette fille.
Sans perdre une minute - et surtout pour ne pas me faire botter les fesses par Léna - je quitte mon appartement et je passe chez Lucie. Je me gare devant chez elle, et sort mon portable pour la prévenir de mon arrivée. Mais je n'ai même pas à le faire, puisqu'elle arrive en courant.
— Tu es en retard ! elle me fait savoir, en s'asseyant.
Je lui souris et une fois qu'elle s'est attachée, je démarre en trombe. Je ne sais pas vraiment où se trouve Lonestar Racing, mais heureusement tout à l'heure Lucas a réussi à me donner le nom des rues que je dois prendre pour y arriver. Bon, la dernière fois que j'ai suivi ce genre de plan, je me suis perdu et énervé, mais cette fois, je vais y arriver.
— Je m'excuse, je rédigeais l'éloge funèbre de ma mère, je déclare tremblant.
Lucie ne me dit rien, elle prend juste ma main dans le sienne, avant de les poser toutes les deux sur sa cuisse. Les gestes sont parfois ce qu'il y a de plus sincères entre deux personnes. Je choisis d'interpréter son geste comme du soutien et une tristesse de sa part, également. Lucie a connu ma mère pendant quelques jours, et c'est déjà beaucoup.
Alors que le silence se fait, j'entends la sonnerie de mon téléphone le briser. Comme je ne peux pas répondre, Lucie le prend d'une main hésitante avant de me dire qu'il s'agit de mon père. Je souffle un bon coup, en lui prenant mon portable des mains et en décochant après avoir mis le haut parleur.
Pourvu qu'il ne me dise pas de connerie, ou alors qu'il me rabaisse comme il aime le faire. Je n'ai pas la force de batailler contre lui, aujourd'hui. On s'est vu hier, et ce n'était pas vraiment mon moment préféré de la journée.
— Oui, Frank ?
— Samuel ? Bon, je t'appelle pour confirmer l'église de Mesa et la date de la cérémonie. C'est dans deux jours comme j'avais prévu avec la société de pompes funèbres. Tu penses faire un discours ?
Cette question n'est pas sans arrières pensées, je le sens. Mais, doucement, je décide de lui répondre en toute sincérité. Son rire empoisonne brutalement l'atmosphère. Je sens Lucie me serrer un peu plus fort la main, comme si elle avait senti, elle aussi, le pincement qui meurtrie mon coeur. Comme habitude, je ne dis rien, j'encaisse, parce que ce sont les dernières fois que j'entendrai sa voix.
— Tâche d'être à la hauteur, cette fois.
Son ton est plein de reproches comme d'habitude, ce qui n'est pas vraiment une surprise pour moi. Lorsque je jette un coup d'oeil vers Lucie, j'aperçois sous son sourire réconfortant, une tristesse infinie. Elle ne doit pas comprendre pourquoi il agit comme un connard avec moi, et c'est tout à fait normal. C'est à moi de lui serrer la main cette fois.
Je décroche dans la seconde, alors qu'il s'apprête à me sortir une autre de ses répliques qui sont capables de plomber le moral de quelqu'un en un instant.
— Depuis combien de temps ? me questionne Lucie, tout bas.
— Trop longtemps.
Ma voix est chargée en souvenirs, mais je les empêche de pénétrer dans mon esprit et me noyer dans une nostalgie pleine de drames familiales. Je refuse qu'il me pourrisse mon existence comme il essaie de le faire. Je comprends qu'il puisse être en colère parce qu'il a un fils alors qu'il ne voulait pas d'enfant à l'origine, mais se comporter comme il le fait et comme l'a fait pendant toutes ces années, c'est impardonnable et intolérant. Ce n'est même pas humain.
Oui, je repousse mes souvenirs, loin, très loin, parce que les souvenirs peuvent faire mal, aussi.
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Coucou tout le monde ! Ouah, ça fait longtemps pas vrai ? Deux semaines, je crois. Deux semaines que je n'ai pas posté sur FFU3, j'espère que vous ne m'en voulez pas trop. En tout cas, j'espère aussi que vous avez aimé ce chapitre. La discussion avec Paul qui avance sur ces hommes que Lucie connait pour la plupart malheureusement, et puis, le coup de fil de cette dernière en panique. Alors comme ça, ils vont aller faire de la course automobile avec Léna et Lucas. J'espère que cette sortie va les apaiser et va libérer Lucie pour certaine chose. J'espère que Smith aura le droit à une raison quant à la crise de Lucie. Vous verrez dans le chapitre 9. En tout cas, il est vrai qu'on approche beaucoup de la cérémonie de la mère de Smith et son enterrement. Pour la cérémonie, c'est le chapitre 10. Tenez vous prêt(e)s et prenez des kleenex, j'ai essayé de faire la scène la plus réaliste possible !
Alors, dîtes-moi tout sur ce chapitre ! Comment vous l'avez trouvé ? Vous pensé à quoi pour la suite ??
Bisous bisous et bon week-end ! Profitez-bien ! <3
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