6. SMITH

Je jette un coup d'œil vers Léna et Lucie qui rigolent, là-bas, dans un petit coin de la salle de réunion normalement. Elle m'a l'air heureuse, et je suis content de la voir comme cela. Son sourire est sincère, et je connais assez Léna pour savoir qu'elle a su la mettre à l'aise.

Lucas se tient à mes côtés, une bière à la main comme moi, et il a les yeux vers elles, comme moi encore. Mais quelque chose me dit, que celle qu'il observe depuis au moins vingt bonnes minutes, n'est pas celle que j'observe, moi. Je les vois, de temps en temps, ils se jettent des regards. Tantôt froids comme la glace, tantôt chauds comme la braise. Je me demande si elle a suivit mon conseil, et s'ils ont eu une vraie conversation entre adultes. Mais quelque chose me dit que oui, même s'ils s'affrontent toujours.

— Alors avec Léna ? je demande, tranquillement.

Il finit sa bière et jette la canette dans une des poubelles disposées à chaque coin de la grande salle. Je dois dire qu'ils ont bien aménagé cela pour ce petit petit Bal. Mais j'attends toujours le moment, où l'éclairage se fera plus sombre et que je pourrai enfin danser avec Lucie, comme je l'avais laissé supposer.

— Alors avec Lucie ?

Je le regarde, en arquant un sourcil, avant qu'il se mette à rire comme une furie. Il me pointe du doigt, l'air de dire qu'il m'a bien eu avec sa blague pourrie. Je fais semblant de rire, moi aussi, et en même temps j'arrive à prendre en flagrant délit Lucie, qui me regardait du coin de l'œil. Je lui en toucherai un mot tout à l'heure, elle n'y échappera pas. Enfin, elle pourra dire la même chose de moi, même pire.

— Je blague, mec. En fait, on a parlé, mais elle est toujours restée évasif, et elle m'a clairement dit, qu'être amis, c'était mieux pour nous deux. Elle est si complexe, que je n'ai même pas envie d'abandonner. Tu te rends compte, à quel point je suis tordu ?

Je ris pour de vrai cette fois.

— Ouais, un vrai tordu. Fais gaffe, tu risques de me faire fuir.

Il lève les yeux au ciel, avant de soupirer un bon coup. Son regard clair dérive encore sur Léna, qui en pleine conversation avec Lucie, en faisant de grands gestes. Elle rit sans plus arrêter, je dirais qu'elle ne peut pas finir ses phrases, tellement elle semble hilare. Je le vois discrètement esquisser un sourire.

— Tu es mordu ou quoi ? Parce que si c'est le cas, hum, je crois bien que je vais vraiment te prendre pour un mec tordu, je déclare.

Il hausse les épaules avant de se défendre comme il peut, mais moi, je sais très bien que ces deux là, c'est que du positif et du concret.

— Non. Elle m'a suffisamment attiré dans ses filets pour que je m'intéresse à elle. Et assez pour que je ressente cette alchimie qui nous renferme tout les deux. Mais comme elle veut que nous restions amis, moi, je ne m'attarde plus sur les détails.

— Faux.

Enfin une vraie conversation de mec, sur les filles qui font en quelque sorte, battre nos cœurs, respectivement. Je pensais ne jamais l'avoir. Mais finalement, elle a lieu, tout de suite en plus.

— Bon OK, son sourire me fait craquer et puis quand elle est nerveuse, je fonds littéralement. Mais ça s'arrête là, il me souffle.

Encore faux. Mais je choisis de ne plus rien à dire à leur sujet, sinon, il va me rendre l'appareil et d'une manière plus coriace que moi. Je finis ma bière et je jette à mon tour ma canette. Dany se joint à nous, et nous bassine avec une femme de vingt-deux ans, très belle, rousse. Le pauvre, à la fin de sa tirade qui apparaît comme une déclaration d'amour pour cette fille, nous avoue qu'elle est déjà mariée. Mais il ne baisse pas les bras et repart à la pêche d'une bonne compagnie féminine pour la soirée. Je ris, sa bonne humeur est contagieuse.

— Ce gars est taré, mais je commence à bien l'apprécier ! rechigne Lucas.

— C'est juste que c'est plus facile pour toi, parce que c'est le meilleur ami de Léna. Je parie qu'elle veut que son mec soit ami avec lui, parce qu'il ne peut pas en être autrement, je lui explique, en rigolant.

Il me donne une tape dans la main, avant d'aller piquer quelques petits fours. Je le laisse avec sa nourriture, tandis que mon regard dérive une fois de plus vers Lucie. Elle aussi me regarde, mais cette fois ci, elle ne fuit pas. Mon coeur court un marathon à ce moment précis, et j'ai même la sensation qu'il essaie de faire passer un message au coeur de Lucie, qui lui, est triste et malade.

— Tu devrais goûter ces roulés au jambon et au fromage. C'est une tuerie, me recommande Lucas, en parlant la bouche pleine.

Je rigole en voyant qu'il envoie quelques postillons vers les gens qui nous entourent.

— Ne te moque pas, Sam.

— Arrête de manger, alors ! je relance.

Il me fait des yeux merlans-fris pour me faire savoir que c'est bien impossible pour lui. Depuis que je sais pour sa maladie, je n'arrête pas de me dire que sa vie a été merdique comme la mienne, si ce n'est plus.

— Ah ! j'entends derrière moi.

Les gens présents dans la salle se réjouissent en voyant la musique devenir plus grande, et la lumière s'éteindre petit à petit. Le Bal commence vraiment, maintenant. Je me frotte les mains comme un enfant, tout content de son affaire. Puis, sans m'arrêter, je laisse tomber Lucas, pour m'approcher de Lucie. Léna comprend en un regard. Elle se lève instantanément pour aller se goinfrer de petits fours, elle aussi. Ils ne peuvent pas le nier, eux aussi, ils sont fait pour que cela colle.

Je m'assois près de Lucie, qui me sourit doucement. Immédiatement, je vois qu'elle a enlevé sa veste en jeans, qui est accrochée à sa chaise. C'est un bon signe. On dirait qu'elle se détend et qu'elle se plaît ici. Je ne sais pas si Léna en est pour quelque chose, mais mon petit doigt me dit que certainement, elle a réussi à la faire lâcher prise. Elle est douée, puisqu'elle a fait plus d'une fois avec moi.

Cette fois, c'est la main de Lucie qui vient trouver la mienne. Je suis surpris, mais seulement pendant quelques secondes. Je préfère me délecter de ce touché, dont elle prend l'initiative. A chaque fois qu'elle pose sa main sur la mienne, c'est comme si elle touchait mon âme. A ce moment, je comprends que je suis mal, et qu'elle s'insinue encore plus dans les pores de ma peau, qu'elle est l'était avant.

Soudain, je repense aux paroles de ma mère sur sa lettre. Elle m'a dit de ne jamais me dire non, et de ne pas avoir peur que je ressemble à mon père. Elle disait vrai, je ne lui ressemblerai jamais, et je n'ai plus peur maintenant. Enfin, je commence à ne plus avoir peur, seulement quand Lucie me tient la main, ou quand je lui tiens la main.

Les gens dansent autour de nous, et je vois Lucie les regarder avec envie, mais j'attends un peu, qu'elle se sente prête à se lever m'amener avec elle. Lentement, elle se retourne vers moi, nerveusement. Je lui souris comme je le sais faire avec elle, pour la rassurer.

J'aime ça, putain.

— Léna est très chouette, elle amorce tout doucement. Cela ne t'embête pas si on la partage ? Si elle devient aussi mon amie ?

Là, je souris comme un idiot. Elle est vraiment belle, et mignonne lorsqu'elle fronce le nez dans les situations qui la stressent. Je m'étais déjà rendu compte de sa beauté naturelle, comment la rater durant tout ces jours passé avec elle. Mais, je dois dire que sous les spots de couleur, elle est encore plus belle. La moitié de son visage est rose et l'autre verte. Original, mais sublime. En plus son rouge à lèvre violet se marie très bien avec le mélange.

Je ne tiens plus.

Doucement, je passe une main sous sa nuque, et elle frémit. Je rêve les jours où elle n'aura plus peur que je la touche, ou que les autres la touchent. J'approche ensuite ma bouche de son oreille.

— Mes amis sont tes amis, Lucie. Je suis content que tu te sois amuser avec Léna. C'est vrai qu'elle est géniale comme fille, je lui murmure. Tu danses ?

Je me retire lorsque je sens sa respiration devenir lourde. Elle sourit timidement, avant de me montrer les nombreuses coupes de vin rouge qu'elle a consommé avec Léna. Puis, elle rit. Ce son exquis me chatouille les oreilles pendant d'innombrables minutes, et je respire.

— J'ai encore toute ma tête, mais je suis très mauvaise danseuse. Je vais te marcher sur les pieds, elle déclare.

Moi aussi, je suis un piètre danseur, mais je ne lui dis pas. Je ne lui laisse pas le choix, je la fais lever. En voyant tout ces gens, près les uns des autres, je décide de rester dans notre petit coin. Je sens à travers son regard, qu'elle me remercie d'y avoir pensé. Moi aussi, je fonds pour elle, mais c'est lorsqu'elle rit ou sourit comme tout de suite.

Sans un mot, je lui demande la permission de la toucher, de mettre mes mains sur ses hanches. Elle secoue vigoureusement la tête, en déglutissant. Je vois le combat qui se livre dans sa tête, lorsque je laisse mes mains glissées dans le creux de son dos. Elle ferme même les yeux, et j'en profite pour l'observer. Mon coeur fait encore une embardée avant de se rapprocher du sien, tendrement.

Je tombe petit à petit.

Elle pose timidement ses mains sur ma nuque, cela me rappelle étrangement un souvenir que j'ai gravé dans mon coeur pour toujours. Sauf qu'elle n'était pas si fragile et qu'elle était beaucoup plus avenante avec moi. En figeant mes yeux dans les siens, je sens qu'elle pense à la même chose que moi, et je m'en réjouis. Elle aussi a envie de le garder en mémoire.

— Je te le répète, mais tu es magnifique Lucie, je murmure tout bas.

Je tombe petit à petit.

— Toi aussi, tu es très beau, elle glousse.

J'adore ce petit bruit, je le grave dans ma mémoire. Nous commençons tranquillement à faire quelques pas, et tout de suite, elle me marche sur le pied assez violemment, comme elle me l'avait dit. Je ne me plains pas, je grimace juste un peu.

— Excuse-moi, elle chuchote en regardant nos pieds.

Je pose un doigt sous son menton, pour qu'elle me regarde et je l'embrasse sur la joue, sur un coup de tête ni plus ni moins. Elle me fait de même, avant de prendre une grande inspiration. Je fronce les sourcils aussitôt ; l'inquiétude se répend à une vitesse folle dans mon corps. Son corps commence à trembler, alors je l'attire encore plus à moi, et je lui fais un câlin. Pour autant, je continue de bouger de droite à gauche, mais je passe une main sur sa tête et une autour de sa taille.

Je l'entends soupirer d'aise, avant de poser sa joue à plat sur ma poitrine. Je sais qu'elle peut entendre mon coeur et ses battements irréguliers. Je sais qu'elle peut comprendre que moi aussi, je tremble. Que moi aussi, j'ai peur parfois.

— Smith ? elle m'appelle d'une toute petite voix.

Je caresse ses cheveux, tout en échangeant un regard complice avec Léna, qui est collée au torse athlétique de Lucas. Décidément, je n'y comprends rien.

— Oui ?

Silence. Inspiration, expiration. Lourde, légère.

Je me décolle un peu, pour voir qu'elle laisse sa joue me caresser un peu, et qu'elle resserre ses bras autour de ma taille. Ses grands yeux sont fermés, et elle me laisse mener notre danse, si toutefois s'en est une. Je souris en me disant qu'elle voulait juste voir si j'étais toujours là, avec elle, avant qu'elle ne me surprenne plus que davantage. Je stoppe même nos mouvements.

— Tu veux bien dormir avec moi, cette nuit ?

Sa voix est tellement basse que je crois avoir rêvé ses paroles, mais quand elle relève ses yeux, et qu'ils commencent à se remplir de larmes, je comprends qu'elle m'a bien demandé si je voulais passer la nuit avec elle. Bien sûr, que j'en meure d'envie. Sauf que je ne sais pas si c'est une bonne idée, sachant que nous serons seuls, dans le genre très seuls. A l'hôpital, il avait quelque chose qui m'empêchait d'être dans l'excès, de la respirer entièrement.

— Tu ne veux pas, c'est ça ?

Sa voix est maintenant remplit de tristesse. Des larmes silencieuses remplissent son beau visage et je détourne les yeux. Léna nous observe étrangement, mais Lucas la retient visiblement de venir nous voir. Au bout d'un long silence, Léna écarquille les yeux, avant de m'envoyer un message clair. Mon coeur est scindé en deux. Je m'en veux tellement.

Je me retourne pour voir qu'elle a disparu avec sa veste. Heureusement pour moi, elle n'est pas si loin. Elle vient juste de sortir du parking. Je cris son nom pour qu'elle s'arrête, mais elle n'en fait qu'à sa tête. Quel crétin, je suis.

- Lucie ! Bien sûr que je veux passer la nuit avec toi ! je hurle.

Elle se stoppe et se retourne pour me faire face. Les larmes qui lui mangent les joues me font mal. Je n'ai fait pleurer qu'une seule femme dans ma vie, et c'était ma mère. Je refuse de commettre les mêmes erreurs. Alors, je m'approche doucement d'elle, avant de replacer la rose rouge qui pend dans ses cheveux. Elle me regarde, la bouche entre-ouverte. Pourquoi je meurs d'envie de l'embrasser, tout de suite ? Ma tête ne tourne vraiment pas rond.

— Je ne veux pas que tu dormes avec moi, seulement parce que je te fais pitié, ou seulement parce que se sont mes larmes qui ont tout fait basculer, elle souffle douloureusement. J'ai passé des nuits horribles durant ces trois jours, et je sais que dans tes bras, je me sentais bien. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais c'est comme ça. Tu peux me ramener, maintenant ?

— Lucie.

Mon regard dérive entre ses lèvres et ses yeux. Mais je tiens bon et avant qu'elle dise quoique ce soit, je la prends par la main. Je lui demande de s'installer dans ma voiture, pendant que je vais saluer mes amis. Léna ne manque pas de me prévenir qu'elle est très émotive, mais qu'elle a extrêmement besoin de moi, ce soir et tout les autres jours qui suivent. Je réponds alors que j'ai compris et que je serai là comme je lui ai promis. Après ça, Léna me prend dans ses bras, avant que Lucas ne la reprenne dans les siens. Je lui fais un clin d'œil.

Sans perdre une seconde, je monte au volant et je roule, non pas jusqu'à chez elle, mais vers mon appartement. Elle reste silencieuse tout du long, même lorsqu'elle fixe mon immeuble, elle ne dit rien non plus. Je sais qu'elle y a vécu pendant quelques semaines, et dormir dans mon lit, ce n'est pas étranger pour elle.

J'ouvre la porte d'entrée et la laisse pénétrer à l'intérieur. Je n'ai pas rangé. J'ai encore quelques canettes de bière qui restent comme des épaves sur mon bar, et un paquet de cigarette vide.

— Tu veux prendre une douche, avant qu'on aille dormir ? je lui demande, comme ça.

Elle me regarde, ou plutôt elle me fixe, avec le même regard que tout à l'heure, triste. Puis sans un mot, elle se dirige vers ma chambre, comme si elle était guidée automatiquement. Je reste un moment à essayer de relativiser en buvant, je ne sais combien de verre d'eau, puis je me décide enfin à la rejoindre.

J'entre dans ma chambre en poussant un peu ma porte, et je la referme derrière moi. Je la retrouve assise sur le bord de mon lit, sur le côté gauche, à pleurer en silence. Elle a enlevé ses converses et son jean. Mais elle porte toujours sa chemise et une culotte blanche. Sa main est posée sur sa hanche où la chose que lui a fait Alban gît sur sa peau.

Mon coeur se serre et je pense une fois de plus à buter le train de ce salaud. J'envisage même de parler sérieusement avec George pour que Lucie porte contre plainte contre lui. Ce combat ne sera pas aussi facile aussi.

En essayant de faire le moindre bruit possible, j'enlève mes baskets, mon pantalon, et ma chemise que je roule en boule dans un coin de ma chambre. Puis, seulement vêtu d'un caleçon, je m'assois près d'elle en passant un bras protecteur autour de ses épaules.

Lucie relève automatiquement la tête, en reniflant fortement. Mes pouces me démangent, et ma gorge se serre devant tant de larmes, de souffrance, et de douleur. Elle ne mérite pas d'endurer tout ce qui lui est arrivé, et tout ce qu'il lui arrive.

-— Smith ?

— Attends. Je veux d'abord que tu saches, que je dors avec toi non pas par pitié mais parce que j'en ai envie moi aussi. J'ai seulement été surpris par ta démarche, et puis, j'ai été heureux. Je suis content que tu te sentes bien avec moi, je lui susurre à l'oreille.

Silence un.

— Justement. Smith ?

Silence deux.

Sa voix ne m'encourage en rien, et ne m'envisage rien de très bon pour la suite. Lucie bloque sa respiration dans la seconde qui suit, et baisse honteusement la tête. Sa main qui était posée sur sa hanche vient rejoindre son autre main, entre ses cuisses nues. Je ne peux empêcher mes yeux de regarder la cicatrice qu'a laissé cette plaie encore sanguinolente. Le A est perceptible, et très impliqué dans sa peau. Sa peau qui aurait dû être vierge de toute barbaries, de tout crimes.

— Oui ?

Ma voix n'est pas sûre non plus. Et puis, mes mains tremblent contre sa peau froide.

Silence trois.

— Tu veux bien me prendre dans tes bras et m'embrasser après ?

Silence quatre.

Je déglutis difficilement, avant de me relever et de me poser contre elle, accroupis contre le sol, pour regarder ses yeux remplit de colère. Je sais exactement ce qu'elle est en train de faire, et je n'aime pas cela. Elle essaie de se faire du mal en me posant la question et en se persuadant que je vais refuser comme je l'ai fait tout à l'heure quand elle m'a posé cette question pour la nuit. Mais je n'ai pas refusé et si me voir la prendre dans ses bras et l'embrasser, lui permet d'oublier ses démons, je vais le faire. Je vais le faire même si mon coeur en payera certainement le prix.

Pas certainement, mais, à coup sûr. Je cherche à m'aveugler depuis notre séjour au lac, mais la seule raison pour laquelle j'ai dormi près d'elle, je l'ai rassuré, je l'ai touché, je l'ai embrassé dans le cou, c'est parce que mon corps cherchait désespérément à entrer en contact avec le sien, pour s'y perdre. Rien de plus.

— Est-ce que tu te sentiras mieux après tout ça, Lucie ?

Elle hausse les épaules, avant de relever la tête. En un regard, je comprends tout. Je m'assois encore près d'elle, et projette de la faire se retourner vers moi, pour que le geste soit plus facile pour nous deux. Mais elle me cloue sur place, une fois de plus, en venant se poser sur mes genoux, face à moi. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien, tandis que ses jambes viennent encadrer mes hanches d'un seul coup. Ses bras font de même avec mon cou, avant que ses doigts ne viennent se croiser sur ma nuque. Je tressaille en voyant nos températures opposées.

Comme elle me l'a demandé, je la prends dans mes bras, en la serrant de plus en plus fort. Je passe mes bras autour de sa taille, en faisant attention à ses cotes fragilisées. Puis, je pose mon menton sur ses beaux cheveux blonds tout emmêlés. Elle pose sa joue contre mon coeur. Je laisse ma main caresser son cuire chevelu, alors que ses doigts jouent avec mes cheveux elle aussi. Tout doucement, je frotte ma barbe qui commence à prendre de l'ampleur, contre son front. Lucie lâche un léger gémissement.

— Maintenant, tu peux m'embrasser ?

Sa voix se casse sur le dernier mot. J'encadre son visage de mes mains, pour qu'elle me regarde droit dans les yeux. Elle a besoin d'être rassuré et c'est ce que je vais faire en dormant avec elle cette nuit et en l'embrassant aussi, tout de suite.

— J'en meurs d'envie depuis tout à l'heure, je lui murmure, sincère.

Mais elle n'a pas l'air de me croire. Rien que pour son doute, qui la ronge, j'approche mes lèvres des siennes et je l'embrasse lentement. Mon coeur s'échauffe dans ma poitrine, pendant que des millions de fourmis viennent envahir mon corps. Lucie fait glisser sa langue sur le bout de ma lèvre inférieure, affamée, en tirant sur mes cheveux en même temps. Je ne résiste pas, j'ouvre ma bouche et je laisse ma langue entamer un terrible combat triste et furieux, avec la sienne. Elles dansent ensemble, donnant plus d'ampleur à ce qui devait être au début, un simple baiser.

Pendant que nous nous embrassons toujours plus, je me laisse tomber sur mon lit, sur les coups de bassin que Lucie entreprend d'entamer. J'essaie de la stopper, mais je suis trop faible. Dans deux-trois mouvements, elle se retrouve à son tour allongée sur mon lit, et moi au dessus d'elle. Elle accroche mes hanches avec l'aide de ses jambes en resserrant l'étau. Je ressens son désespoir. Il va finir par la dévorer si je ne stoppe pas tout, tout de suite.

— Lucie, j'inhale.

J'essaie de me libérer de sa prise, mais comme elle, je suis brisé, comme elle, j'aimerai lâcher prise. Et putain, j'ai envie d'elle maintenant, et ma queue qui grossit à mesure, me le fait vite comprendre. Mais je veux calmer le jeu.

— Lucie, je répète.

Cette fois, j'arrive à mettre fin à notre baiser. Elle pleure toujours, et cette fois, c'est son coeur qui pleure pour elle. Je caresse sa joue du pouce, avant d'enfoncer ma tête dans son cou. J'embrasse sa veine qui palpite, comme j'ai pris l'habitude. Je sens et je vis les soubresauts que animent son corps. J'angoisse, je culpabilise.

— Je me trouve moche, laide, et affreuse. Je me hais. Je hais mon corps et toutes ces cicatrices qui me pourrissent la vie. Je ne respire pas, non, je souffle toujours un peu plus. Mes poumons sont absents, mon coeur, lui, est mort. Il est enfouit sous les décombres et les morceaux éparpillés de mon âme. Je me trouve moche, laide et affreuse, mais avec ton attention, ton dévouement, je m'autorise à croire que je peux encore servir à quelque chose sur cette terre, que je peux encore compter pour quelqu'un d'autre que mes parents. Tu me rends vivante, même si je persiste à rester morte et que je ne veux plus rien à voir avec toute cette souffrance que j'aimerai étouffer avec ses propres farces. Smith, je veux que mon cerveau se vide, je ne veux plus penser au passé, au lendemain qui va m'anéantir un peu plus, et au futur qui n'a pas de sens. J'ai vu mon père prier pour la première fois, aujourd'hui, et je me suis haï. Tu veux bien me donner un peu de ta force et de ton espoir ? Tu veux bien me faire oublier que je ne suis qu'un être brisé en plus sur cet univers ? Tu veux bien...

Sa voix tremble, et j'ose enfin la regarder dans les yeux. Je sens, je sais ce qu'elle va me demander. Est-ce une sombre erreur que nous allons commettre tout les deux, ou est-ce un moment à chérir et à vivre à deux, pour nous attirer vers le haut ? Allons-nous nous noyer ou allons-nous flotter à la surface ? Je n'en sais rien du tout.

— Fais-moi l'amour, Smith. Montre-moi à quel point je suis l'affaire de ton coeur, elle murmure.

Après tout, il s'agit juste d'un écart, et je lui ai promis. Je suis sûr que nous flotterons à la surface, elle et moi. Elle respirera enfin, et moi, mon coeur arrivera à faire un pas de plus vers le sien.

Et puis, je rêve de lui faire l'amour, de la sentir pour de vrai autour de moi, depuis notre journée et notre petit laisser-aller au lac.

Ce n'est rien qu'un minuscule écart.

********************

Coucou ! Comment vous allez aujourd'hui ?

Bon, comme je serais absente plus souvent maintenant avec la rentrée, les cours et tout, je vous publie ce chapitre 6 dans l'espoir qu'il vous a plu, et que la suite vous plaira tout aussi. Alors, vous pensez que c'est bien, qu'ils s'adonnent tout les deux aux plaisirs des chairs pour oublier ? Dîtes-moi tout ! Ce chapitre vous a plu ? Vous attendez avec impatience le suivant ???

Bon, comme je vous l'ai révélé, c'est Léna et Lucas qui verront le jour dans le premier spin-off que je vais offrir à FIGHT FOR US, et je vois que vous êtes contentes ! M'enfin, comme je vous l'ai dit, je vais faire 3 spin-off, ce qui fait 8 tomes en tout. Mais depuis peu, j'ai trouvé d'autres personnages auxquels vous allez peut-être vous attachés aussi, donc, il se peut que je fasse un quatrième spin-off, mais ce n'est pas encore tout à fait décider, même si j'ai pleins pleins d'idées ahah !! Vous savez, j'ai fait le prologue du tome 4 et je suis rendue au 19ème chapitre de ce tome 3 pour être exacte. Je rédige, j'écris, je vérifie, je modifie. Mais ce n'est pas encore tout à fait bien mené ! Du coup, je dis bien qu'il y aura au minimum 35 chapitres mais peut-être plus dans celui-ci ! Tellement choses s'y passent et des fois, il s'agit de chose dont on ne s'attend pas ! Alors j'espère que vous êtes bien accroché(e)s !

Bisous bisous !

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