5. LUCIE
Après avoir mangé avec Smith, celui-ci me confie qu'il doit repartir à Mesa pour aller rendre visite à ses amis, et pour discuter de ce soir. Il me dépose devant la maison, en serrant toujours un peu plus ma main dans la sienne, pendant tout le trajet. Je me sens plutôt bien, mais je sais exactement que mon humeur peut changer du tout au tout, en quelques secondes. Cependant son sourire est contagieux, et me touche profondément. Je souris donc à mon tour, mais non sans lui jeter un petit coup d'œil.
Je sais, je me souviens très bien qu'il m'ait dit que je l'attirais, que je lui plaisais, mais je me demande si c'est encore possible maintenant, qu'il me trouve aussi belle qu'avant. Avec toutes ces cicatrices en plus, je me trouve encore plus laide de l'extérieur comme de l'intérieur. Mais, son « magnifique » flotte dans ma tête à n'en plus finir. Est-ce qu'il me trouve vraiment magnifique dans un jeans quelconque, une chemise toute simple et des converses ? Ou peut-être qu'il l'a dit seulement pour que je me sente plus à l'aise et moins seule.
Je déteste me poser ces questions, si bien que lorsqu'il s'arrête devant la maison, je fuis le plus vite possible. Je claque la porte d'entrée fortement, avant de monter les escaliers à grande vitesse. J'entends mon père se précipiter vers la porte d'entrée, et me demander vaguement ce qu'il s'est passé. Je ne lui dis rien, je souffre en silence. Sans tarder une seconde, je me réfugie dans la salle de bain, et je remonte mes vilaines manches de haut, que je me souviens avoir détesté porter avant. Puis, je gratte mes cicatrices aux poignets, sur mes bras et sur ma paume de main, avec force. Mes ongles courts — si j'en ai vraiment — s'attellent à la tâche et martèlent ma peau sans ménagement.
— Comment...pourquoi ? je crie tout bas.
Pendant que je vois le sang se repartir sur mes bras, j'entends qu'on s'agite en bas.
— Tenez, elle a oublié les habits qu'on a acheté ensemble.
La voix de Smith est perceptible et inquiète.
Je déteste cela.
— Que s'est-il passé, Smith ?
Je déteste.
— Je ne comprends pas. Nous ferions mieux de ne pas aller à cette réception ce soir, c'est trop demander, et je comprends parfaitement.
Je vrille et je déteste cela.
En nettoyant un peu le sang sur ma peau, je remets mes manches et passe ma main dans mes cheveux. J'essuie les larmes, avant de descendre comme une furie. Smith essaie encore de se priver de quelque chose par ma faute et je ne peux pas l'accepter. Je vais l'accompagner, un point c'est tout.
Une fois face à eux, Smith fronce les sourcils, et mon père me regarde béa. Je prends gentiment la poche en papier qu'il tient dans sa main, avant de plaquer un sourire surfait, auquel, ils ne croient pas bien sûr. Mais je m'en fous.
— Tu passes me prendre vers quelle heure ? je le questionne.
Smith passe une main nerveuse dans sa nuque, avant de se pincer la lèvre.
— Lucie...
— Quoi, Lucie ? je grogne. Quoi ? Tu n'as plus envie d'y aller avec moi, c'est ça ? Tu t'es trouvé quelqu'un d'autre, plus à la hauteur, c'est ça ? Dis-moi avant que je pète littéralement un plomb ! Dis-moi clairement que tu ne veux plus y aller avec moi et je comprendrai, même si tu n'es qu'un sale connard dans ce cas là.
Je déteste ça.
Respire, Lucie.
Je déteste voir la peine dans ses yeux.
Je déteste que mon père ait pitié de moi.
Je déteste pleurer.
Respire, Lucie.
Comment j'ai pu dire une chose pareille à Smith ? Je baisse les yeux. Comment ces mots sont sortis de ma bouche ? Comment...Je reste silencieuse, tandis que le rire démoniaque d'Alban résonne contre mes tympans. Je le hais. Je me hais.
La main de Smith se pose sur mon épaule, mais je refuse, je recule. Je ne suis pas moi. Je ne suis pas ici, je ne suis pas dans mon état normal. Que m'arrive t-il ? Bon dieu, je veux me réveiller.
— Lucie, susurre Smith près de moi.
Je ne suis pas moi...
Ses bras puissants viennent m'entourer, alors que je refuse. Il me pousse doucement contre son torse, alors que je refuse. Je refuse, je refuse. Puis, soudain, sa tête se pose sur mon menton. Je tremble de la tête au pied, la sac en papier me tombe des mains et vient s'écrouler au sol, avec mes nouveaux vêtements.
Je ne suis...
— Chut, tout va bien. Je suis là, Lucie. Tu es en sécurité, me murmure t-il, tout bas.
Je ne...
— Arrête, respire calmement. Un, deux, trois, quatre, et respire, m'explique tendrement Smith.
— Je vais...hum, je vais vous laisser, j'entends mon père.
Smith passe une main rassurante dans mes cheveux, et l'autre dans mon dos. Il me caresse tranquillement, et j'entends son coeur qui tente désespéramment d'envoyer un message au mien, pour qu'il batte à nouveau.
Je...
— Je ne veux que toi, Lucie. Je veux y aller avec toi, et personne d'autre. Il faut que tu comprennes, qu'il n'y a que toi et moi, dans cette quête de reconstruction. Rien que toi et moi.
— Rien que toi et moi, je répète tout bas.
Je suis moi...
— Rien que toi et moi.
— Je suis désolée.
— Moi aussi.
Il resserre sa prise, et dépose un léger baiser sur mon front.
— Tu es cabossée, je suis cabossé, nous sommes cabossés, tu vois ? il me souffle, en me berçant dans ses bras.
— Je vois quoi ? Que tu sais conjuguer des verbes aussi simples ? Heureusement, je ris un peu.
Je suis moi, et il est là.
Son rire se répercute dans toute mon âme, et j'arrive enfin à respirer normalement. Nos poitrines bougent à l'unisson. Aussitôt, je recule d'un pas, pour ancrer mes yeux dans les siens. Ils sont rieurs et j'aime ça. Je pose instantanément une main sur sa joue, où il vient embrasser ma paume. Mes yeux se ferment et j'inspire, j'expire.
— Ce que je voulais dire, c'est que nous sommes semblables. On peut, soit couler ensemble jusqu'à se noyer l'un l'autre, soit se pousser ensemble, toujours plus haut pour atteindre notre but parfait.
— Et si, on coulait et on se noyait, qu'est-ce qui se passerait Smith ?
Il prend une grande inspiration.
— Cela n'arrivera pas. Et quand bien même, nous serions ensemble.
— Ensemble.
Il me sourit tendrement, et je crois voir une lueur bouger dangereusement dans ses yeux. Je le repousse un peu, avant de ramasser le sac par terre, tandis qu'il se baisse pour m'aider. J'évite soigneusement de le toucher, et lorsque j'ai tous mes vêtements en main pour ce soir, Smith me salue.
— Je passerai vers dix-neuf heure, et tu auras toujours le droit de dire non.
Je le réprimande d'un regard dur, avant de refermer la porte derrière lui. Aussitôt je me laisse tomber contre celle ci, en essuyant les dernières marques de mon chagrin et en essayant de ne pas penser au picotement qui me dévore les membres.
Suis-je vivante ? Cette question me trotte depuis trop longtemps dans la tête. Suis-je morte ? Je ne sais pas.
D'un pas lent, je me dirige vers mon père qui est installé dans le jardin. Je l'entends renifler, même pleurer, de la baie vitrée. Alors que je m'avance vers lui, je me stoppe brutalement en le voyant joindre ses mains dans une prière. Je me hais.
— Seigneur Dieu, faites que ma fille rejoigne la lumière un jour et quitte les ténèbres pour toujours. Faites que mes deux femmes me reviennent saines et sauves. Faites que Smith soit son sauveur, et qu'enfin grâce à lui, elle puisse respirer un air nouveau. Je vous en prie.
Je n'ai pas souvent vu mon père prier, c'était plus ma mère qui le faisait, depuis que Charlie avait perdu la vie dans ce tragique accident. Juste pour cela, je me hais. Je reste un moment, silencieuse, à le regarder essuyer ses larmes de souffrance, qui sont causées par une seule et même personne : moi.
Puis, au bout d'un moment, je n'y arrive plus. Je n'arrive plus à faire semblant. Fermement, j'ouvre la porte de ma chambre, j'ouvre mes placards, mes tiroirs, je jette les vêtements qu'il me reste. Je les jette au sol brutalement et je donne des coups de pied dedans. Je ne supporte plus rien. Moi qui croyait que ça irait mieux en venant ici, chez moi. Les trois jours que j'ai passé jour et nuit, dans cette maison, ont été meilleurs bien évidemment, mais j'ai toujours cette part d'ombre qui fait partie de moi. Elle sera toujours là, à prendre un malin plaisir à me faire du mal.
Subitement, j'entends des coups à ma porte. Heureusement que j'ai enclenché le verrou. Je ne sais pas dans quel état j'aurai retrouvé mon père, s'il me voyait, là, tout de suite.
— Lucie, tu es à l'intérieur ?
Sa voix tremble, elle est légère et vulnérable. J'ai mal. C'est comme si des centaines de bouts de verres venaient s'enfoncer dans ma peau. J'ai mal.
Je me hais.
— Ouais.
— S'il te plaît, ma puce. S'il te plaît, dis-moi que tu ne te fais pas de mal ?
Mon coeur s'arrête de battre pour mieux se briser. Tout est de ma faute.
— Je vais bien, papa.
Je me hais, mais je vais bien pour lui.
Il se met à gratter sur la matière de ma porte, lentement. Je m'approche donc, pour lui ouvrir à contre coeur. Ses yeux sont rouges et boursouflés. Ne supportant pas la vue, je l'attire dans mes bras.
— Tout va bien, papa, je répète.
C'est faux, très faux même. Mais pour lui, je suis capable de tout.
— Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Plus que ma propre vie, il suffoque.
Je le serre un peu plus fort contre moi, en l'écoutant me dire combien il m'aime. Je ne sais pas combien de temps nous restons, là, debout, dans les bras de l'un l'autre, à souffrir en silence. Peut-être une minute, ou une heure, ou bien plus encore. Je ne sais pas, et je préfère ne pas le savoir. Parce que je ne suis pas prête à quitter ses bras.
••••
Lorsque je vois sept heure du soir s'afficher sur la grande pendule dans le salon, je prends une grande inspiration. J'ai donc enfilé les vêtements que j'ai acheté avec Smith, tout à l'heure, et j'ai fait l'effort de me maquiller mais très légèrement. Je suis restée au moins trente bonnes minutes à fixer l'énorme cicatrice qui se dessine sur la courbe de ma mâchoire. Mon cerveau s'est mis en veille, mais il a finalement décidé de se remettre en route. J'ai lâché mes cheveux long, qui ont grandi depuis la dernière fois. Il m'arrive maintenant en dessous la poitrine. J'aime bien qu'ils soient aussi long, mais j'aimais bien aussi, lorsqu'ils m'arrivaient à hauteur d'épaule.
Mon père siffle entre ses doigts, quand je descends les marches pour le rejoindre. Je lève les yeux au ciel, avant de me trouver une petite place dans le canapé, à côté de lui. Il regarde un documentaire sur la pêche. Un jour, je l'emmènerai à la pêche, avec maman.
— Je crois bien qu'on a sonné, ma puce.
— Ah ? Je n'ai même pas entendu.
Mon père me fait un petit clin d'œil, en me poussant gentiment pour que je me lève. C'est ce que je fais, en prenant au passage ma veste en jeans, au cas où il ferait froid ce soir, dehors. La nuit n'est pas encore tombée, mais cela ne saurait tarder.
— Smith, c'est toi ?
Je sais que c'est une question idiote, parce qu'il est l'heure et qu'il doit venir ici me chercher. Qui d'autre cela peut-être ? En vrai, j'ai besoin d'entendre sa voix pour me savoir en sécurité, lorsque j'ouvrirai la porte.
— Yep, c'est moi. D'ailleurs, je suis pile à l'heure, tu as vu ?
Il a l'air fier de lui, et cela me fait sourire. Je passe immédiatement les clefs dans la serrure afin de lui ouvrir. Il arbore, lui aussi, une chemise bleue nuit par dessus un jeans moulant foncé aussi, et des chaussures Nike. Il tient même une rose rouge dans sa main qu'il vient coincer entre mes cheveux et mon oreille.
— Prête ? me demande t-il, en m'offrant son bras.
J'hésite seulement une seconde, pendant laquelle je dérive le regard vers son bras. Ses tatouages se marient très bien avec sa chemise, dont la manche est retroussée jusqu'au coude, mais un détail attire ma curiosité. Un tatouage que je n'avais pas vu auparavant, et qui m'inspire la sagesse et la douceur. Une jolie colombe est là, peint sur son poignet, et je me demande ce qu'elle signifie pour lui et quand est-ce qu'il l'a faite.
— Re-bonjour Smith, le salue mon père.
Mes yeux reprennent leur contenance, et je regarde Smith sourire et serrer la main de mon père, pour la deuxième fois de la journée. Je suis heureuse de pouvoir constaté leur rapprochement et leur lien qui se créer.
— Je vous l'emprunte pour quelques heures, tout au plus. A moins que Lucie veuille rester un peu plus ?
Il me fait un clin d'œil, avant de se concentrer sur mon père, qui lui sourit comme si c'était l'un des plus beaux jours de sa vie. Je grimace, avant de hocher la tête. Mon père me donne un baiser sur la joue, avant de me prier de m'amuser. Je ris, tout en emboîtant mon bras avec celui de Smith. Notre contact est électrique, et me picote légèrement. J'arrive à passer au dessus.
— Les clefs sont sous le paillasson, si jamais, Lucie. Bonne soirée à vous deux !
Il nous fait un signe de la main, avant de fermer la porte et de nous laisser seuls. Smith fait son demi-tour et se met en route pour Mesa. Le trajet est silencieux, mais nos mains entrelacées parlent pour nous deux. De tant à autre, il me jette quelques petits coups d'oeil, mais je reste accrochée à mon siège, le regard fixe.
Je suis terrorisée à l'idée de voir du monde, et de savoir qu'ils pourront me frôler ou me toucher malencontreusement. Mais, je n'ai surtout pas envie de gâcher la soirée pour Smith. Mon angoisse ne diminue pas, lorsqu'il se gare devant la caserne. Beaucoup de voitures sont devant, et rien qu'à cette vue, mon pouls s'accélère. Smith doit le sentir dans sa main, puisque dès qu'il coupe le contact, il se retourne vers moi. Son regard est rassurant et apaise quelque peu mes hauts le coeur.
Il se détache à tout à coup, et sort de la voiture, puis il vient ouvrir ma portière. Je descends à mon tour, et lorsqu'il referme derrière moi, il s'appuie contre celle ci. Je fais de même, en mordant nerveusement mes ongles. Déteste cette manie, mais je le fais depuis mon plus jeune âge.
— Tu vois la caserne ? Ce grand véhicule peint en rouge pour nous rappeler le feu ? Ces lances sur le côté qui referment des tonnes d'eau, et cette petite porte d'entrée là bas ? Et bien, c'est ici que je travaille. J'ai beau y être depuis seulement quelques semaines, quelques mois, je me sens bien ici. Je me sens chez moi, même si les drames sont constants et que les pleurs sont là aussi. Tout les hommes et les femmes à l'intérieur ont vécu un drame ou ont survécu à un drame. Qu'il soit personnel ou non, d'ailleurs, tous, sont passés par la souffrance et les pleurs. Ils sont comme toi, comme moi, comme nous, Lucie. C'est pour cela que tu dois t'y savoir en sécurité.
Il tourne la tête vers moi, pendant que je regarde, j'observe tous les détails qu'il m'a nommé. Rien qu'en me disant cela, il a réussi à réduire mon débit de ventilation et d'angoisse à plus de moitié. Consciente que je ne peux qu'être en sécurité quand il est là, je m'empare de sa main et je lui demande de me conduire à l'intérieur. Ses yeux brillent et je sens qu'il est fier de mon initiative.
Avant qu'il ouvre la porte, il se stoppe pour me regarder droit dans les yeux.
— Mes amis sont là-bas, à l'intérieur. Ceux que tu as à peine aperçu à l'hôpital, et d'autres encore. Léna est un peu pipelette, chiante et gonflante, mais elle nous aime tout les trois, Lucas, Dany et moi.
Je souris sincèrement.
— Lucas, lui, est un peu nonchalant au premier abord, mais c'est le plus vieux de la bande et le plus posé de nous tous. C'est un peu comme un grand-frère pour moi, on va dire, il rit. Et Dany, lui, il est comme un feu follet. Il parle, il boit, il mange, il rit et il s'amuse, tout le temps. Il est toujours de bonne humeur.
Je souris encore plus. Ses amis ont l'air géniaux, aimants et parfaits pour lui.
— Voilà, tu sais à peu près tout. Bon, Léna t'adore déjà, Lucas attend de vraiment te connaître et Dany aime presque tout le monde.
— Presque ? je tique nerveusement.
Il m'arrache la main de ma bouche, que je mords nerveusement depuis tout à l'heure. Dans la voiture, j'essayais à tout prix de cacher mes cicatrices sur mes poignets. Heureusement, mes manches de chemises sont assez longues. Je me demande ce que je vais donner entre toutes ses femmes chics et élégantes jusqu'aux bouts des doigts.
— Tu fais partie du presque, ne t'inquiète pas. Sois toi. Celle qui m'attire, sois Lucie, c'est tout.
Je déglutis difficilement. Doucement, Smith se penche vers moi pour déposer ses lèvres au coin de ma bouche. Mon corps réagit au quart de tour, et pour ne pas tomber, je m'accroche à ses biceps. Ses yeux sont sombres et ses pupilles dilatées. Moi, je ressens encore ces mêmes sensations, l'adrénaline court dans mes veines.
— On ferait mieux de rentrer, maintenant, sinon la soirée va se finir avant même qu'on ait franchi cette fichue porte.
Sa voix est rauque, tandis que j'essaie de masquer mon malaise à cause de sa main figée sur ma joue.
— On ferait mieux de rentrer, je déclare en m'éclaircissant la voix.
Il hoche la tête, en accord avec moi, avant d'ouvrir cette fichue porte comme il l'a dit, et nous emmener à l'intérieur. Au fond, j'entends une musique et des gens danser sur une piste de danse improvisée. D'autres sont en train de boire un verre entre eux, sur des tabourets, comme s'ils étaient dans un bar. Et puis, il y a ceux qui boivent des verres et qui mangent en même temps, devant un énorme buffet, qui remplit tout une table.
— Ils sont là-bas, me chuchote Smith, à l'oreille.
Il me montre une jeune femme brune d'un coup de tête accompagnée d'un garçon aux cheveux blonds un peu plus foncés que les miens. Ils sont silencieux, ils ne parlent pas. Le visage de la jeune femme — qui doit être Léna — est triste, tandis que l'homme ne sait pas vraiment où se mettre, visiblement. Mais lorsqu'elle relève les yeux, son visage s'illumine. Elle tape discrètement sur l'épaule de son ami, pour nous montrer du doigt. Il stoppe ses yeux sur moi, avant de me sourire poliment. Je ne sais pas vraiment où me mettre.
— Je suis avec toi, Lucie. Tu es en sécurité.
Smith me le chuchote au moins trois fois, avant qu'on arrive à leur hauteur. Léna me prend dans ses bras, et je n'ai même pas le temps d'esquisser un mouvement de recul. Je fige mes yeux sur Smith, qui lui, soupire fortement en voyant le comportement de son amie.
— Léna, s'il te plaît, il lui demande gentiment.
Elle se détache de moi, dans la seconde. Une grimace se peint sur son joli visage, et je regrette aussitôt de faire ressentir ce genre de chose aux gens. Mes épaules s'affaissent toutes seules, alors que Smith vient à mon secours, en me prenant tout contre lui. Il passe un bras sur mes épaules, et me chuchote que tout va bien se passer. Et je le crois.
— Je m'excuse, vraiment. Je suis un peu trop dans les gestes et tout ça, pardon.
L'homme à ses côtés se met à ricaner derrière sa main. Elle lui envoie un regard furieux, avant de se concentrer sur Smith et moi. Ses yeux brillent d'une lueur étrange.
— Je suis Léna et ce crétin à côté de moi, c'est Lucas.
— Je ne suis pas un crétin, c'est toi, l'idiote.
Elle respire un grand coup, en affichant un sourire chaleureux sur son visage. J'entends Smith soupirer près de moi, avant de s'écarter un peu.
— Sam, si tu allais boire un verre avec Lucas, je m'occupe de Lucie, elle lui fait un clin d'œil.
Avant de partir, il me demande silencieusement en regard, si tout va bien, et je lui réponds que oui. Il suit son ami, et moi, je suis son amie. On trouve un endroit tranquille, où il n'y a pas beaucoup de monde. Elle me propose un verre, mais je refuse poliment. Elle n'essaie plus de me toucher maintenant et je la remercie.
— Je suis super contente de te rencontrer en vrai, maintenant, elle m'explique d'une voix enjouée.
Je lui souris nerveusement, en tripotant les manches de ma veste. Elle me voit faire et elle se rapproche un peu plus de moi, à une distance raisonnable.
— Sam a dû t'expliquer que j'étais un peu chiante et gonflante sur les bords, mais que je les aime tout les trois de tout mon coeur ?
— Exactement.
Cette fois je ris avec elle.
— C'est la vérité pure et dure, ma chérie. Je les aime de tout mon coeur, et je veux que mon petit boxeur soit heureux. Je sais que tu as traversé une période sombre et quelque chose me dit, que lui aussi, à un moment, comme nous tous. Sa mère est morte, il y a quelques semaines, et je l'ai vu sous un autre jour, mais je vois comme il est heureux quand vous êtes tout les deux.
Elle fait une pause pour boire un peu de son vin rouge.
— Je ne cherche pas à jouer les entremetteuses, ou si, un peu, peut-être bien. Mais, les choses doivent se faire naturellement entre vous. Si jamais, tu as besoin de parler à quelqu'un, que tu te sens dépassée par les choses que sont la vie. Si jamais tu sens que tu sombres et qu'il n'est pas assez fort pour te libérer de tes chaînes, je suis là, moi. Tu peux venir me parler, tout le temps. J'ai vécu des choses atroces moi aussi, alors, je pense que je pourrai t'aider.
Sa voix est rassurante, à elle aussi. Je ne sais pas si c'est sa faculté d'être à l'écoute et être douce avec les gens qui l'entourent qui m'a fait savoir. Je ne sais pas non plus, si c'est parce qu'elle a réussi à me faire rire, rien qu'en parlant de quelques gaffes qu'elle a pu faire avec ses trois copains — comme elle les appelle — qui m'a fait savoir aussi. Ou si c'était écrit naturellement. Mais je savais, qu'elle deviendrait pour moi, une oreille à l'écoute, une épaule sur laquelle je pourrai me pencher mes soirs de blues, une amie avec qui je pourrai passer des soirées à boire, à me morfondre ou à rigoler. Une vraie amie.
***************************
Coucou !! Comment vous allez ??
Alors, comment avez-vous trouvé ce cinquième chapitre ? Dîtes-moi tout ! (En tout cas, dans les chapitres à venir, vous allez enfin avoir ce que vous vouliez entre eux, mais chut...c'est un secret) En tout cas, j'espère que vous appréciez le début de ce tome 3 !
Bon, je vous dévoile le couple qui succédera Smith et Lucie, dans le tome 6 ! D'abord, je veux vous remercier du fond de mon coeur, parce que franchement vous êtes géniaux et si nombreux de jours en jours ! Merci d'être toujours là pour moi et pour mes personnages et mes histoires aussi ! C'est vraiment plaisant et très encourageant. GRAND MERCI !
Donc pour le tome 6, comme certaines l'avaient suggéré, il s'agit bien de Lucas et Léna. Nous allons enfin en savoir plus sur le passé de notre beau blond de 30 ans, et ce qui tourmente notre belle brune de seulement 22 ans. Voilà, j'espère que vous êtes content(e)s ?
Bisous bisous !!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top