30. LUCIE
Je me lève après une nuit agitée. Je n'ai pas arrêté de penser au mail que j'ai envoyé à NYU et au mensonge que je suis en train de fabriquer face à Samuel. Il se nourrit dans l'espoir que je reste prêt de lui, comme nous sommes ensemble. C'est cette idée qui me fout en boule. Je redoute le moment de révélation, maintenant, et ce n'est pas une bonne chose. Bon sang.
J'enfile mes chaussons, tout en mettant une de mes polaires. Mon téléphone portable vivre soudainement, et il s'agit de Charlotte qui m'exprime sa joie à l'idée que je vienne habiter avec elle et ses amis, à New York. En pensant à cela, je passe vite fait sur ma boîte mail, pour savoir si j'ai une réponse quant à ma réinscription. Mais non, toujours rien. Je ronchonne en traînant des pieds.
Une fois dans le salon, je peux apercevoir mon père dans le jardin, en train de tondre la pelouse. Pendant qu'il s'occupe de l'extérieur sous ce beau soleil, je me prépare un petit café. Puis, sans tarder, j'envoie un message à Samuel.
MOI : Coucou ! Alors, tu es prêt ? C'est à quelle heure ? que je puisse penser à toi.
Avant de l'envoyer, je rajoute un smiley qui tire la langue. Impatiente, je tiens toujours mon téléphone portable dans ma main, même lorsque je bois ma première gorgée de café. Il ne tarde pas à me répondre, et lorsque j'aperçois la photo de lui qu'il m'a envoyé en grand sur mon écran, je manque de laisser tomber ma tasse à terre. Comment fait-il pour être aussi beau et aussi élégant ? Mon dieu. Son haut noir épouse parfaitement et avec gourmandise, son buste ainsi que ses muscles. Il présente une certaine aisance. Je crois qu'il est tout à fait présentable pour le Maire dans cette tenue.
SAMUEL LE BOYFRIEND SEXY :
Sa photo est suivit d'un autre message. Je le regarde attentivement, en me mordant la lèvre.
SAMUEL LE BOYFRIEND SEXY : Alors ? Tu me trouves comment ? Tu penses que je devrais mettre la veste cintrée que j'ai dans la main, ou ma veste en cuir ?
Je souris, en le sentant stressé de cette manière. En même temps, il joue son avenir sur ce projet. Donc, je comprends tout à fait qu'il soit un peu sur les nerfs.
MOI : Prends la veste cintrée. Tu vas tout déchiré Sam !
SAMUEL LE BOYFRIEND SEXY : J'ai bien du mal à le croire, mais bon. Mon rendez-vous est dans un quart d'heure. Je vais partir là.
MOI : Si tu te sens dépassé par les événements, lorsque tu seras là-bas, regarde la colombe sur ton poignet. Je suis là, s'il y a un problème. Impressionne-le, Sam ! Je sais que tu en ai capable.
Je dépose tranquillement mon téléphone portable sur la table basse du salon, et vais porter ma tasse vide dans l'évier. J'arrive à voir que d'après la pendule dans la cuisine, l'heure avoisine onze heure. Même si j'ai mal dormi cette nuit, je me suis levée assez tard, surtout qu'on doit se rendre à l'hôpital vers midi moins le quart. Je vais devoir faire vite.
Avant d'aller saluer mon père qui éparpille l'herbe fraîchement taillée sur les fleurs, je regarde le dernier message de Samuel.
SAMUEL LE BOYFRIEND SEXY : Je te tiens au courant, ma petite Dove. Profite avec ta mère.
Je souris comme une idiote en voyant qu'il m'appelle encore par ce petit surnom intime. Avec le temps, je pourrai m'y habituer. C'est mignon, après tout.
Je range mon téléphone portable dans l'une des poches de ma polaire, puis, je sors dehors pour rejoindre mon père. Quand j'arrive à sa hauteur, je tapote doucement sur son épaule, en espérant ne pas le surprendre. Comme il a son casque sur les oreilles, il n'entend strictement rien si j'essaie de lui dire quelque chose.
Il se retourne instantanément, le visage fermé. Un sourire se dessine sur ses lèvres, lorsqu'il s'aperçoit que ce n'est que moi. Aussitôt, il enlève son casque rouge et vient me prendre dans ses bras.
— Bien dormi, ma puce ?
Je secoue la tête positivement, tout en frottant ma joue contre son épaule. J'avais besoin de ce câlin. Cela me tellement de bien de savoir que mon père sera à jamais derrière moi. Il ne me jugera jamais et me protégera toujours des méchants.
— Et toi ?
Il grimace.
— J'étais sans doute trop impatient, que ta mère vienne manger avec nous, ici, il m'explique.
Je comprends tout à fait, moi aussi j'y ai pensé. Tout ce que j'espère vraiment, c'est que ce repas soit le meilleur possible, et qu'il se passe bien. Mon père m'a expliqué hier, pendant que nous mangions tranquillement, que les médecins font sortir ma mère dans le but qu'elle puisse retrouver son élément, et pour qu'elle puisse également imaginer et voir combien sa vie était réelle avant. Ce qui me fait peur, c'est qu'elle a commencé à faire des crises d'hallucination et assez violentes. Je déteste savoir ça.
Nous rentrons tous les deux à l'intérieur de la maison. Mon père jette un coup d'œil à la pendule, et écarquille les yeux.
— Il ne me reste plus qu'une demi-heure pour me faire présentable.
Je souris. Malgré toutes les difficultés que nous avons pu avoir, malgré le fait que mon père m'ait dit avoir détesté ma mère pour la mort de Charlie, je vois à quel point son amour pour sa femme n'est pas perdu. Il est même plus fort, je dirais.
— Je vais, moi aussi, m'habiller.
Je monte les escaliers deux par deux, avant de me précipiter dans la salle de bain. Même si j'ai moins de mal avec les robes et les shorts, je choisis un de mes pantalons que je retrousse un poil sur mes converses. Puis, après avoir appliqué une pommade sur mes bras, et après avoir respirer un bon coup, j'enfile mon sans-manches.
— Je n'ai pas à avoir honte...
Je me souffle ses mots, avant de m'occuper de mes cheveux qui partent très légèrement en pétard. Après les avoir coiffé — rectification : après avoir essayé — je décide de les attacher en une couette haute. Je n'oublie pas de me brosser les dents et me laver le visage. Fin prête, je descends en bas, devant la télévision. Les minutes tournent et mon père arrive juste à l'heure où l'on doit partir. Il est vraiment très élégant dans son polo et son pantalon foncé. D'ailleurs, je ne manque pas de lui faire remarquer.
— Merci, ma puce, il me souffle tout bas.
Une fois dans la voiture, nous filons direction l'hôpital. Une boule se forme dans ma gorge. J'angoisse. C'est affreux de dire une telle chose, mais j'ai peur de voir ma mère. Mon père m'a également fait savoir qu'elle perdait ses cheveux à une allure folle. Elle qui adorait les coiffer et les bichonner, savoir un truc pareille, a fini de m'abattre.
— Tout se passera très bien, me rassure mon père.
Je lui souris faiblement, avant qu'il n'attrape ma main pour la serrer dans la sienne.
— Ouais, tu as raison. Tout se passera bien, je répète.
Le trajet est vite fait. Cette fois-ci, nous rentrons par la grande entrée de l'hôpital. Elle est dans la même chambre que la dernière fois, d'après les dames de l'accueil et mon père. Je suis tranquillement, les membres tremblants. Nous arrivons assez vite, et je suis surprise de voir ma mère assise sur son lit, un foulard sur le crâne. Son visage est encore plus marqué par ses épreuves, mais lorsqu'elle nous voit, ses yeux brillent d'une lueur infinie. Mon père lui sourit comme au premier jour. Et ça me tue.
— Bonjour ma chérie. Comment tu vas aujourd'hui ? lui demande t-il.
Mon père s'approche doucement vers ma mère, qui lui tend la main. Il la prend tendrement, et l'aide à se relever. Je reste à l'écart, victime de leur amour.
— Je vais bien.
— Tu te souviens de ce qu'on dit les médecins ?
Elle fronce légèrement les sourcils. Pendant un moment, j'ai peur qu'elle ne veuille pas nous suivre.
— Que tu allais manger à la maison, normalement.
Un sourire indescriptible se dessine sur ses lèvres. Elle regarde mon père, heureuse, avant de lever ses yeux sur moi. D'un signe de la main, elle me demande de m'approcher, ce que je fais.
— J'ai confiance en vous, elle murmure.
Une larme solitaire sur la joue de mon père, mais il l'efface d'un coup de pousse, pour ne pas laisser de trace. Il veut se montrer fort pour elle, pour nous tous.
— On a rendez-vous avec le médecin, mon amour. On voulait venir te voir avant d'aller le rejoindre dans son bureau.
Ma mère secoue la tête. A cet instant, mon père l'aide à se rasseoir sur son lit. Elle nous observe, perdue.
— On revient tout de suite, déclare mon père. Tu nous attends, hein ?
Elle secoue une deuxième fois la tête, avant de se rallonger sur son lit. Mon coeur pleure abondamment, lorsqu'elle gémit de douleur.
— A tout de suite, mon amour.
— A tout de suite.
Sa voix est basse et fatiguée. Sans la déranger plus, nous sortons de la chambre. Mon père m'indique le bureau du médecin. Il toque à la porte, et une voix grave nous intime de rentrer à l'intérieur. J'ouvre la porte d'une main tremblante.
— Monsieur Dawson, Mademoiselle, nous salue Docteur Govino. C'est moi qui m'occupe maintenant de l'état de votre femme. Asseyez-vous, je vous en prie.
Nous prenons tous les deux place devant lui. Il pianote quelque chose sur son ordinateur, avant de nous accorder toute son attention.
— En tout, deux semaines et demi sont passées depuis l'intervention de la chimiothérapie. Normalement, la chimiothérapie ne demande pas à être constamment à l'hôpital comme le cas de votre femme, mais comme je vous l'ai dit la dernière fois, votre femme présente un cancer au stade terminal, des difficultés au niveau de son coeur. Avec en plus, la maladie d'Alzheimer, qui elle aussi est rendue au stade le plus puissant, votre femme ne peut pas vaquer entre l'hôpital et son domicile. Il est donc plus prudent qu'elle reste ici, comme nous l'avons toujours fait. De toute façon, j'ai votre accord, là dessus.
Mon père secoue positivement la tête. Je sais qu'il ferait n'importe quoi pour Maman.
— Très bien, je réjouis, le médecin. Il se trouve que votre femme réagit plutôt bien aux injections, en plus son corps ne s'est pas plaint une seule fois de son cathéter et de sa chambre implantable. Il s'agit de dispositif qui permet de soulager la douleur des piqûres pour le patient. En effet, pour le moment tout se passe bien, même si les résultats ne changent pas. Pour l'instant, nous ne pouvons pas vous dire combien de temps, il lui reste à vivre. Ce qui est sûr et dur à accepter, c'est qu'elle ne tiendra pas un an. Bon, nous pouvons compter en mois, ce qui peut vous rassurer pour le moment. Mais, nous ne pouvons pas être exact.
— Je comprends, répond simplement mon père. Mais, elle peut venir manger à la maison ce midi ?
— Tout à fait. C'est ce qui était prévu, nous sourit le médecin. Écoutez, comme ses résultats ne présentaient rien d'anormal ou rien en terme de complication, elle peut rester avec vous tout l'après-midi, qu'elle ait le temps de se familiariser. Généralement, les patients mangent à dix-neuf heure le soir, ramenez la, un peu avant.
— Merci beaucoup. Je dormirais sûrement ici cette nuit.
— Alors, je demanderai à Peggy, l'infirmière de votre femme, d'installer un fauteuil plus confortable que l'ancien.
Mon père rit, et finit par serrer la main du Docteur Govino. Je fais de même, et nous filons prendre Maman avec nous. Pendant que mon père règle les sièges devant, j'aide Maman à s'installer à l'arrière.
— Merci mon petit, tu es bien mignonne.
Je la considère avec un sourire, durant quelques minutes. Savoir qu'elle est chauve dessous son foulard me fait frisonner. Mais bon, après tout, ce n'est que des cheveux. Elle est toujours aussi belle.
— Tout le monde est bien attaché ? demande mon père.
Il jette un coup d'œil dans le rétroviseur pour voir que j'ai bien attaché Maman, puis il me coule un regard affectif, avant de démarrer et prendre la route vers la maison. Le trajet se fait en silence. Une fois à l'intérieur de la maison, mon père insiste pour faire visiter la maison à ma mère. Sa maison, leur maison. Je lui souris, mais ce n'est qu'un sourire de façade. Depuis le trajet inverse dans la voiture, j'ai l'impression que j'étouffe, que ma tête me tourne. Bien sûr que je suis heureuse de voir ma mère, mais dans ses conditions. Les joues creusés, le visage terne, les yeux vides de sens et la tête nue cachée par un foulard. J'ai envie de pleurer, mais je me retiens. Non, je devrais sourire parce qu'elle est là, avec nous dans cette maison, pour la première fois depuis si longtemps.
Je les entends rire, lorsque j'entreprends de mettre la table. En souriant, je sors toute la nourriture que mon père a prévu pour aujourd'hui. Je prépare le poulet avec un peu de fromage aux herbes que je rajoute à l'intérieur pour donner un peu de goût, puis je découpe les pommes de terre en accompagnement. Ma mère adorait ce plat.
Les minutes passent, une heure même. Il redescendent enfin et prennent place dans la cuisine. Pendant le repas, nous passons un temps à parler de sa vie à l'hôpital. Elle a l'air de s'y plaire, elle y a même rencontré quelqu'un. Une dame de son âge aussi, mais elle ne se souvient plus de son prénom, ni de la raison pour laquelle elle est à l'hôpital. Cette perte de mémoire sans cesse l'énerve et l'émotion la gagne. Si bien, qu'elle éclate son verre à même sa main.
— Merde, elle siffle.
Je me lève précipitamment pour prendre sa main touchée dans la mienne. Le sang envahit les pores de ma peau, mais je m'en fous totalement. Elle continue à vociférer tout un tas de nom d'oiseau, en colère contre elle. Mon père, lui reste, immobile face à la scène. C'est comme s'il était ailleurs.
— Regarde-moi, je murmure.
Elle s'agite en tapant de son autre main libre. Je déteste la voir dans cet état là. Je déteste du plus profond de mon coeur sa foutue maladie. Ses foutues maladies qui lui pourrissent l'existence.
— Maman ! je crie presque.
Elle stoppe tout, s'arrête de parler et de frapper frénétiquement la table. Je lâche sa main blessée pour prendre son visage maigre en coupe, dans mes mains. Tout en figeant mes yeux dans les siens, où un voile est dessiné, je caresse doucement sa joue.
— Tout se passera bien, tu m'entends ? Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde.
Ses yeux brillent et bientôt des larmes viennent inonder son visage et toucher mes mains. Je contiens ma douleur et lui propose de venir avec moi, pour désinfecter sa main. Elle secoue la tête et monte les escaliers avec moi. C'est en silence, que je passe un coton humide sur sa main, puis un autre avec du désinfectant. Elle serre les dents.
— Merci.
Je lui souris faiblement. Nous descendons toute les deux, mon père n'a pas bougé de sa place. Il m'inquiète.
— Si tu allais te reposer un peu dans le canapé ?
— Je me sens fatiguée.
Je l'aide à s'allonger dessus et elle ferme les yeux presque aussitôt. Instantanément, je rejoins mon père et viens m'asseoir tout près de lui. J'attrape sa main qui est posée sur la table, sans un bruit. A cet instant, j'aperçois quelques bouts de son coeur partir en lambeaux, dont les cendres s'éclatent sur le sol à ses pieds.
— Je vais faire un petit somme, moi aussi.
Il monte à l'étage, mais se stoppe brutalement lorsqu'il m'entend l'appeler.
— Tout se passera bien, papa.
Il grimace plus qu'il ne me sourit, puis il disparaît. J'entends sa porte claquer, puis bientôt quelque chose se briser au sol. Je ferme les yeux, ravalant la boule de souffrance coincée dans ma gorge.
— Respire, un, deux, trois, quatre...
Je prends une grande inspiration, avant de prendre place dans le petit fauteuil installé près du canapé.
— Respire, Lucie.
Je me répète sans cesse. Mes yeux se posent sur ma mère, et la contemple le temps de sa sieste. Quelques fois, je ne l'entends plus respirer, ce qui m'inquiète beaucoup, mais la seconde d'après, elle inspire plus fort. Alors, j'essaie de ne pas paniquer. Je finis même pas écouter la radio qui nous apprend un feu vers Scottsdales. A chaque fois que j'entends le nom de cette ville, je me rappelle à quel point il s'agissait d'une belle journée. La plus belle de toute ma vie.
Samuel...
Son rendez-vous s'est-il bien passé ? Je n'ai même pas été lui demandé. Zut, j'ai laissé mon portable dans ma chambre et je tiens à rester veiller auprès de Maman. Oh, il comprendra bien.
Vers quatre moins le quart, mon père descend vers nous, qui regardons une émotion sur le shopping. Maman s'est réveillée, il y a peine dix minutes. Je suis contente de voir que mon père a retrouvé le sourire. Apparemment, il est du même avis que moi.
— Quelle connerie, vous regardez encore ?
Maman rit et moi, je lève les yeux au ciel.
— C'est pas des conneries, papa. Ce sont des femmes qui s'affrontent au niveau de leur shopping.
— C'est bien ce que j'ai dis, tout ça c'est de la connerie, il s'esclaffe. Vous voulez du café ?
Je n'ai pas le temps de répondre, Maman prend la parole.
— Si c'est de la connerie pour toi, alors faisons autre chose. Fais-moi danser, par exemple.
Nous échangeons toutes les deux un sourire complice. Mon père me coule un regard étonné, pendant que je hausse les épaules à son attention.
— Alors ? Je ne me rappelle plus si tu étais un bon danseur.
C'est à cet instant précis que mon père s'avance vers ma mère pour la prendre délicatement dans ses bras. Alors que je m'apprête à mettre la radio, Maman se met à fredonner une chanson.
— J'étais le meilleur sur la piste et je suis encore le meilleur.
— Alors montre-moi, elle rit.
Je souris devant tant d'amour, avant de m'éclipser dans la cuisine pour me faire mon fameux café. De là où je suis, j'entends leur conversation qui fait fondre mon coeur.
— Je me rappelle du jour de notre mariage, Christine. Je me souviens à quel tu étais belle dans cette robe en dentelle. Qu'est-ce que j'étais chanceux et amoureux. Je suis tombé amoureux de toi, encore plus ce jour là. Même si tu as fait tombé ta flûte de champagne sur ta robe, même si tu riais si fort que l'assemblée s'arrêter de parler. Je t'aimais parce que tu n'avais peur de rien, parce que tu n'avais pas froid aux yeux et parce que tu ne tenais pas ta langue. Aujourd'hui, je t'aime beaucoup plus, parce que tous les jours, tu continues à me montrer à quel point la vie est précieuse. Je me fous que tu n'es plus toute ta tête, de ne plus être l'homme avec qui tu désires passer ta vie. Je me fous de tout ça et de tout ce que les gens autour de moi, me diront. Je t'aime, et sache que ce soir, je tombe une nouvelle fois amoureux de toi. Parce que l'amour, ça ne se commande pas, et parce que l'amour n'a besoin que de respirer librement.
Je vois que ma mère pleure et que mon père continue à fredonner la même chanson, pour eux. Les larmes ne peuvent plus être empêcher, et je cours me réfugier dans ma chambre, pour leur laisser leur moment intime. Je m'assois sur mon lit, le souffle coupé. Mes mains viennent d'elles-mêmes éponger mes larmes, mais celles-ci refusent de partir, de s'arrêter.
Soudainement, mon portable sonne, il s'agit de Samuel. Je décroche immédiatement.
— Lucie ??? Putain, je t'ai envoyé, je ne sais combien de message !
Je regarde pour voir qu'il m'a envoyé au moins cinq SMS. Gênée, je me mords la lèvre inférieur.
— Excuse-moi, excuse-moi, il s'exclame. Je me suis inquiété, tu comprends ?
— Ouais, ouais.
Je masque ma voix, encore en proie à l'émotion.
— Bon, je présume, que tu n'as pas vu mes message.
— Non.
— Le Maire a accepté mon projet. Il a dit être fier de la jeunesse d'aujourd'hui, qui se lance dans le renouveau.
Je souris en pleurant. Je suis si contente pour lui. Au moins, je peux presque partir à New York le coeur léger de ce côté-ci.
— Félicitation.
Le silence s'installe entre nous.
— Tout va bien Lucie ? il s'inquiète. Avec ta mère, tout se passe bien ?
Je retiens mon sanglot, mais malheureusement, ma respiration saccadée me trahit.
— Tu pleures, Lucie ?
Sa voix est plus forte, mais tout aussi douce.
— Je pleure de joie.
C'est vrai, je suis tellement heureuse de voir mes parents réunis, mais triste qu'ils doivent se séparer pour bientôt.
— Pourquoi tu pleures, Dove ?
J'aime qu'il m'appelle comme ça. Bon sang, comment je peux être aussi bête ? Il m'aime, il est amoureux de moi, il me donne des surnoms intimes et il s'inquiète sans arrêt pour moi. C'est mon petit-ami, nous sommes ensemble. Moi aussi, je suis amoureuse de lui. Moi aussi, je l'aime, et je n'arrive même pas lui dire. Bon dieu.
— Je sais pas...la journée a été intense pour moi, je réponds en toute franchise.
— J'arrive, si tu veux, me propose Samuel.
Je souris encore plus, en épongeant mes larmes. C'est un saint.
— Non, ne t'inquiète pas.
Je n'ai envie qu'il me voit dans cet état, et puis, je veux laisser mes parents tranquilles. Ils ont besoin de leur moment à eux.
— Tu es sûre ?
Je réprime un petit rire.
— Ouais, Samuel. Mais promet-moi un truc.
Je l'imagine froncer les sourcils, tout en me souriant chaleureusement.
— Dis-moi.
Je prends une grandes inspiration, et sans savoir pourquoi, je lui demande de me promettre ce que j'aimerai pour toujours, faire avec un homme. En l'occurrence, lui.
— Promet-moi de toujours me faire danser. N'importe quand, n'importe comment, mais toujours.
— C'est promis, Lucie, il me répond tout de suite.
Je me mords les doigts. Je lui fais promettre des choses et moi, je ne suis même pas foutue de rester avec lui. En fermant les yeux, une seconde, je revois mes parents danser et mon père dire que l'amour ne se commande pas, qu'il ne demande qu'à se libérer en chacun de nous. C'est tellement beau.
— Quoiqu'il se passe, quoiqu'il arrive, souviens-toi que c'est toi. Toujours toi.
J'ai besoin de lui dire. J'espère qu'il comprend que ces mots sonnent comme un je t'aime.
— Pour moi aussi, c'est toi, Lucie. Ça sera toujours et à jamais, toi.
J'hésite à lui demander tout de suite à me pardonner pour ce que je m'apprête à faire, mais je n'en fais rien. Au lieu de ça, je raccroche, puis je m'allonge dans mon lit. Samuel respecte mon silence puisqu'il ne m'envoie plus aucun message. Il n'essaie pas non plus de m'appeler.
Vers six heure et demi, mon père frappe à ma porte pour me dire qu'ils partent et que je dormirai seule dans la maison ce soir. Lorsque la porte d'entrée se renferme derrière eux, je me sens terriblement seule, et je repense à la proposition de Samuel. Je sais qu'il serait furieux de me savoir toute seule ici, c'est d'ailleurs pour cela que je lui envoie un message pour qu'il me rejoigne.
Au bout de ce qui me semble une éternité, Samuel sonne à la porte. Je lui ouvre d'un geste brusque, avant de me jeter littéralement dans ses bras. Il me rattrape, en passant ses mains sous mes cuisses. Sans rien dire, je l'embrasse doucement, il répond à mon baiser avec plus de fièvre. Bientôt, je le sens grossir contre mon ventre. Avec son pied, il ferme la porte avant de me poser à terre. A l'aide d'une main, il me tient fermement contre son torse, et de l'autre, il tourne la clé dans la serrure.
— J'ai envie de toi, je lance, tout bas.
J'ai tellement envie de lui, tellement envie de sentir sa chaleur me remplir et rassurer tous mes doutes.
— Tu vois, j'ai bien fait de venir, il plaisante.
Je souris, avant de l'embrasser une nouvelle fois. Je l'entraîne vers le canapé, où je le fais asseoir. Prise de frénésie, je lui arrache son haut noir ainsi que le mien. Puis, je déboutonne mon pantalon et mon soutien gorge. Les yeux de Samuel brûlent de désir, et moi, je transpire d'envie. Dans un geste captivant, il capture mes seins, ses préférés. Il les malaxe, les mords, les suce, les choie, avant de s'attarder sur ma nuque encore intacte et dégagée. Moi, je m'évertue à lui déboutonner son pantalon également.
Je laisse un gémissement heurter sa peau, lorsque j'aperçois son membre dur, qui dépasse déjà de son caleçon. C'est la chose la plus douce et la plus belle, que je n'ai jamais vu, ni senti. Samuel s'arrête un moment, pour se contempler comme moi je le fais. Je sens qu'il aimerait que je m'occupe de lui, mais je bloque. Pourtant, je l'ai déjà fait avec Alban, mais toutes les fois où je l'ai fait, c'était contre mon gré. Désolée, je regarde tristement Samuel, dont les yeux brillent de malice.
— On a tout le temps, il me rassure, en caressant doucement ma joue.
Si seulement...
Il fouille dans sa poche arrière pour en retirer un préservatif. Le coquin.
— Tu veux me le mettre ?
Je secoue timidement la tête, avant de le lui prendre des mains. Il me déchire l'emballage parce que mes mains tremblent beaucoup trop. Puis, j'abaisse son caleçon pour le lui mettre.
— Ouh...il siffle entre ses dents.
— Quoi ?
Il me sourit nerveusement.
— Tu as les mains froides.
Je souris, avant d'enlever délicatement ma culotte. Les mains chaudes de Samuel se postent sur chacune de mes hanches. Sensuellement, il m'aide à l'aspirer dans mon antre de femme. Je commence à boucher les hanches sous son commandement. Tantôt lentement, tantôt brutalement. Je m'abaisse, je monte, je m'abaisse, je monte. Il gémit contre moi, et laisse même ses dents râpées d'une façon érotique, ma nuque. Nous jouissons ensemble, respiration contre respiration, coeur contre coeur, corps contre corps et âme contre âme.
— Je t'aime Lucie.
Je ferme les yeux pour savourer ses mots. Tout à coup les paroles de mon père me reviennent et je me lance dans un grand vide.
— Moi aussi, je t'aime Samuel.
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Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien !
Désolée de ne pas l'avoir corrigé mais j'avais hâte de vous le poster !
Dîtes-moi ce que vous en avez pensé, et qu'est-ce que vous pensez de la révélation de Lucie qui tardait à vos oreilles ?
Bisous.
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