27. SMITH
Les jours passent à une allure phénoménale depuis cette fameuse nuit. Mais pourtant, j'ai le temps de penser à cet homme que j'ai tabassé pour savoir où se trouvait Victor. Apparemment, cette enflure était sortie. Rien de très grave, puisque je sais très bien que je le coincerais le moment venu. D'autant plus, que je sais exactement où il habite, enfin, où ils habitent. Quelque part, je suis assez satisfait que Paul ait trempé son nez dedans pour me faire parvenir leurs adresses. Voilà longtemps que je n'ai pas cogné sur du vrai, et je me ferai un plaisir de le faire sur eux.
Pendant les trois jours qui passent, Lucie vit avec moi, dans cet appartement qui commence à être de plus en plus pesant pour moi. Je songe sincèrement à changer. Mais j'attends encore un peu, parce que je ne veux pas brusquer les choses. Je m'occupe déjà pas mal avec mes recherches sur l'AED que je vais devoir réintégrer de sitôt pour prendre en charge mon affaire. Mais enfin, ce qui me plaît, c'est que Lucie affiche un enthousiasme sans faille, au fait que je reprenne la boxe, le sport de combat qui m'a vu grandir et m'a forgé.
D'ailleurs, nous sommes tranquillement installés, Lucie sur mon canapé et moi à la table, chacun sur nos PC, lorsque mon téléphone sonne. Je ne me précipite pas tout de suite dessus, parce que Lucie me dit avoir trouvé un bon site de formation à distance pour devenir coach sportif.
— Je te le mets en marque page, elle me sourit. Tu peux répondre, Sam.
Putain, ce que je l'aime ! Et putain, ce que j'aime le fait qu'elle m'appelle par mon prénom ou par mon diminutif. C'est tellement intime, tellement normal dans sa bouche. Moi, qui n'aime pas vraiment les prénoms que mes parents m'ont donné, là, j'ai envie de les entendre prononcé en boucle par la douce voix de Lucie.
Je lui fais un clin d'oeil, avant de prendre mon portable et de répondre d'une voix neutre.
— Allô ?
Ce qui me fait penser que je n'ai même pas penser à regarder le nom de la personne qui m'appelle.
— Salut, mon Sam-Sam ! sonne la voix joyeuse de Léna.
Je souris comme un idiot, parce que même si je sais que son appel n'est pas annonciateur d'une bonne nouvelle, sa voix me réconforte plus qu'elle ne le croit. Souvent, je me demande comment elle fait pour être aussi heureuse, même dans les moments douloureux et difficiles. Elle est ce qu'on pourrait qualifier d'un rayon de soleil. Même si en ce moment, les choses ne vont pas très bien entre Lucas et elle.
J'ai parlé avec Lucas, hier soir, pendant que Lucie était partie rendre visite à sa mère avec son père. Depuis sa crise cardiaque, ils sont beaucoup plus minutieux dans leurs visites.
On s'est installé dans un bar, sympa je dois dire. Je me souviens exactement de ce qu'il m'a dit. Des choses qui m'ont marqué et m'ont fait penser qu'ils n'étaient rien de plus que deux abrutis, c'est deux-là.
— Je veux pas qu'elle parte, m'a t-il soufflé, au bout de deux bières et une Tequila cul-sec.
Je lui ai donné un coup de coude dans les cotes avant de trinquer avec lui, notre petit shot de Vodka en main. Je ne voulais pas qu'elle parte non plus.
— J'ai besoin d'elle, tu vois. Elle me rappelle ce que j'ai perdu, il y a quelques années. J'ai conscience qu'elle est loin du profil de Tracy, elle est même aux antipodes. Mais elle me fait penser à ma jeunesse, au gars que je voulais être, un gars drôle et respectueux envers les femmes, il a commencé. Parce qu'elle n'a pas tord, je couche de temps en temps, sans la moindre honte, et sans ressentir le moindre plaisir. Mais je sais pas, à chaque fois qu'elle me provoque, qu'elle me touche, qu'elle me parle ou qu'elle me sourit, j'ai envie de redevenir ce mec que j'ai été dans le temps. Rien que pour elle.
Je l'ai écouté attentivement et regardé boire son dernier verre d'alcool de môme, comme il appelait, sur le cul.
— Je me déteste déjà pour dire de pareilles choses, mais j'oublie presque le drame qui m'a bouleversé, j'en oublie presque Tracy et ses jolies tresses dorées qu'elle portait le jour de l'accident. J'arrive à estomper la douleur, comme si elle agissait comme une éponge et qu'elle absorbait tout mes souvenirs douloureux.
Je n'en revenais pas qu'il dise de telles choses et qu'il finisse tout de même par s'engueuler avec Léna.
— Mec, je crois que depuis qu'on ne se parle plus, je me sens faible. C'est étrange, vraiment étrange.
Soudainement, il a laissé son verre vacant, avant de se relever et de partir en direction de la porte de sortie et d'entrée par la même occasion. Plus loin, je l'ai entendu soupirer pour lui-même.
— Putain, mais à quoi je pense moi, des fois. Je ferais mieux de fermer ma gueule.
Je me suis dis, en voilà un qui est aussi perdu que moi.
— Sam ? Tout va bien ? me demande Léna, d'une petite voix.
Me revoilà sur la terre ferme. Je jette un petit coup d'oeil à Lucie, qui me jauge d'un regard inquiet. Pour la rassurer, je lui souris tranquillement. Son corps tendu se relâche, et mon coeur fait un raté lorsqu'elle me rend mon sourire, chaleureusement.
— Ouais ouais, hum, comment tu te sens, toi ?
Je l'entends soupirer.
— Je suis prête pour le grand départ à Chicago, mais j'ai terriblement peur.
Je fronce les sourcils, avant de me lever et me diriger vers mon balcon. En voyant le siège positionné au bord, je me souviens de quelques petits folies que nous avons expérimentés avec Lucie, il y a quelques heures maintenant. Comme désireux de voir sa réaction, je ne peux m'empêcher de lui couleur un regard coquin. Lucie se mord la lèvre pour toute réponse.
— Pourquoi as-tu soudainement la frousse ? Où est passé la Léna courageuse, qui avance sans arrêt sans se poser de question ?
Elle rit brièvement, ce qui me réchauffe le coeur.
— Elle s'est cachée sous mon lit, je crois. Mais elle ne va pas tarder à refaire surface, m'avoue t-elle. Seulement, j'ai peur de vous quitté, la petite bande de copains.
Alors, c'est donc ça. Je préfère entendre cela, que de savoir qu'elle a peur de partir à Chicago. Ce qui n'aurait pas sens en soi.
— Même à des milliers de kilomètres, Léna, tu seras toujours avec nous. Mais putain, tes conseils et ta bonne humeurs, vont me manquer ! je ris sans pouvoir m'arrêter.
— En parlant de ça, j'ai appris par Max que tu partais de l'équipe pour monter ta propre affaire. Je suis tellement fière de toi, Sam. Je lâche jamais rien mon petit boxeur.
Un sentiment de fierté et de bonheur vient remplir mon coeur, tout à coup. J'ai hâte de la serre très fort dans mes bras quand le moment sera venu.
— Rappelle-moi quel âge tu as, je plaisante.
Je l'entends pouffer derrière le combiné.
— Je sais, je sais, j'ai trois ans de moins que toi. Mais ça ne veut rien dire. J'ai mûri trop vite, elle murmure, un soupçon de nostalgie dans sa voix. Ce sont les dures épreuves de la vie, que veux-tu. Dans ma tête, je suis beaucoup plus vieille que toi, mon petit.
Je réfléchis à ce qu'elle vient de dire et sous-entendre. Tout compte fait, elle a bien raison. Ce sont les épreuves de la vie qui nous façonnent et décident de quelle manière nous allons avancer. Cette fille est la meilleure. Je ne connais qu'une seule autre personne aussi sage qu'elle, Lucas.
— Bon, on dérive du sujet de mon appel, là, elle grogne un peu.
— Oups, pardon, je blague.
— Mon vol est programmé à deux heures de l'après midi, je compte sur toi. D'ailleurs, il faut que j'appelle Lucie.
— Pas besoin, elle est avec moi.
Je sens le sourire de Léna me couvrir, jusque ici. C'est tellement prévisible ce genre de réaction avec elle. On dirait qu'elle est devenue une fervente de notre couple.
— C'est une bonne nouvelle, dis-moi. Tout se passe bien, j'espère ?
Je jette un autre regard à Lucie, qui est à présent bien concentrée sur l'écran de son ordinateur portable. Un sourire traverse mon visage, lorsque je laisse défiler les trois jours de joie que nous avons passé jusqu'à là.
— Tu n'as pas de souci à te faire pour nous, Léna. Des nouvelles de Lucas ?
Elle laisse quelques minutes passées, avant de me répondre d'une voix forte.
— Je ne sais même pas s'il va venir. Je lui ai laissé un message au cas où, mais je n'ai pas pu me résoudre à l'appeler. Écoute, mon voyage va me permettre de prendre du recul, et c'est une bonne chose. En plus, je vais pouvoir revoir ma famille.
Je suis content pour elle. Vraiment, même si son départ me fait plus de mal que je le pensais tout au fond de moi.
— Bon, je te laisse. Dany m'a préparé des petits cookies maison pour mon départ, et il me semble qu'ils sont prêts.
— A tout à l'heure !
Nous raccrochons en même temps. Je ne rentre pas tout de suite à l'intérieur de l'appartement, j'ai besoin de cet air matinal. Au bout de quelques minutes, j'entends la porte se coulisser derrière moi et des bras fins entourer ma taille avec douceur. Lucie pose par la suite son menton sur mon épaule.
— C'était Léna ? elle me demande, tout bas.
Je me contente juste de hocher la tête.
— Je présume que c'est le grand départ, elle soupire.
Son souffle chaud se répand contre ma peau nue, ce qui me vaut un frisson. Aussitôt, je me retourne vers elle et pose doucement mes mains sur ses cheveux pour que je puisse observer son beau visage, bien dégagé pour mes yeux. Je rencontre la même tristesse que moi, même si elle ne connaît que Léna depuis quelques semaines. J'ai pu observer le vrai lien d'amitié qui s'est construit entre elle, en si peu de temps.
— Elle va énormément me manquer. Je sais que ça paraît fou, mais on était presque comme des meilleures amies. C'est une fille géniale à laquelle on se lie facilement.
— Tu as entièrement raison. Elle va manquer à tous le monde, j'ajoute. Laisser partir quelqu'un, c'est toujours aussi douloureux. Même si on sait que ce n'est pas pour toujours, ça laisse quelque chose au fond de soi, qu'on ne pourra jamais effacer. C'est indélébile, ancré en lettres d'or.
J'observe un léger changement d'intensité au fond de ses pupilles. Elles brillent moins, comme si mes paroles l'avaient touché au plus profond de son âme. Même si je sais qu'elle finira par repartir à New York, pour ses études, j'espère toujours au fond que son départ ne sera que lointain.
— Ouais, elle lance, en essuyant une larme qui coule le long de sa joue.
Elle me sourit faiblement, avant de rentrer à l'intérieur de l'appartement. Je la suis, légèrement déstabilisé et triste de lui avoir fait verser quelques larmes silencieuses.
— J'ai mis en marque page le site de formation, je te l'enverrai par mail ou alors, je ne sais pas, peut-être par portable.
Je secoue la tête.
— Merci, tu es un ange. Tiens, pour la peine, je vais nous préparer un bon repas. Qu'est-ce que tu en dis ?
Mon coeur se réchauffe un peu plus, lorsqu'elle retrouve son sourire.
— C'est d'accord, mais je cuisine avec toi, sinon niet.
Je fais la moue, avant de céder et de lui prendre la main. Une fois derrière le comptoir, nous nous échauffons à faire le poulet que je suis parti chercher hier, avec des pommes terres au four. Le repas se déroule sans encombres, si on met de côté la petite bataille de pain à la fin. Très vite, l'heure de se rendre à l'aéroport se fait sentir.
Lucie attrape une petite veste en jeans qu'elle a récupéré de chez son père, pendant que je prends les clefs de ma voiture et mes papiers. Le trajet est silencieux, mais ce n'est pas dérangeant dans la mesure où ce silence me paraît apaisant et familier. Au bout d'un certain moment, je glisse ma main dans celle de Lucie, et j'ai le droit à un sourire jusqu'aux yeux de sa part. J'adore ses sourires.
— Je crois qu'on est arrivé, me sonne Lucie, en se détachant.
Je lâche sa main sur le coup, pour enlever mes clefs et descendre de la voiture. Lucie me suit, et nous avançons tous les deux vers l'intérieur de l'aéroport. Pendant que je regarde les différents avions prêts à décoller, je charge Lucie d'envoyer un message à Léna pour l'avertir de notre présence. Cet aéroport est immense, mais nous finissons enfin à y voir plus clair. Au bout d'un long chemin, je vois la silhouette d'une petite femme se découper, accompagnée d'un homme robuste. Il s'agit de Léna et Dany.
— Ah ! Vous êtes venus ! s'écrie Léna, soulagée.
Je ne lui laisse aucun temps de parole, je la prends dans mes bras. Je crois même lui écraser quelques cotes dans notre étreinte, mais j'en strictement rien à foutre. Elle aussi, parce qu'elle s'applique à me serrer de toutes ses forces. Du coin de l'œil, j'observe Lucie parler avec Dany, même rigoler avec lui. Après coup, je le vois lui offrir un cookie de sa préparation. Elle ne refuse pas.
— Tu pensais vraiment qu'on ne viendrait pas ? je lui demande, tout bas.
— J'ai eu peur, un moment. Mais je sais bien que vous m'aimez autant que je vous aime. Vous êtes mes trois mousquetaires, elle rit.
Lorsque je me détache de son corps, j'arrive à voir quelques larmes rouler sur ses joues roses.
— Merde, j'avais pas prévu ça, elle tique nerveusement.
Dany et Lucie s'approchent de nous, et c'est au tour de Lucie de la prendre dans ses bras. Les larmes redoublent et dans les deux camps.
— Tu sais, en venant ici, Léna et moi, on pensait pas rencontrer des gens comme toi, comme Lucas, ou comme Lucie maintenant. Mais finalement, on a peut-être de la chance, qui sait. En tout cas, je suis pas du genre à être sentimental (il hausse les épaules en grimaçant) bon peut-être un peu, si, mais je voulais te dire que j'étais heureux de vous avoir avec moi. On forme une véritable équipe et je sens qu'elle va durer.
Je lui donne une tape sur l'épaule. Il est vrai que je n'ai jamais vraiment eu une conversation avec Dany, et encore moins un échange de sentiment, mais je suis content de l'avoir aujourd'hui. J'en ai besoin. Besoin de voir que tout va bien, même si un de nous quitte le navire pour s'installer ailleurs pendant quelques temps.
— Je suis bien heureux, moi aussi.
— Tu veux un cookie ?
Je secoue la tête, tout en lui souriant. Après une bouchée, je dois dire qu'ils sont succulents. Vraiment très bon.
— Léna m'a parlé de ton projet, enfin le fait que tu partes de la caserne, il amorce. J'avais dans la même optique, moi aussi.
Je tourne mon regard sur lui, surpris. Je savais qu'il ne voulait pas rentrer dans la case des sapeurs-pompiers professionnels comme Lucas, mais je pensais qu'il terminerait sa carrière de pompier volontaire.
— Tu veux faire pâtissier ?
— Non, je veux rentrer dans la police, il m'avoue sérieusement.
Je reste un moment, silencieux. Une lueur brille dans ses yeux, comme pour me montrer sa détermination.
— Mais, j'ai encore le temps, il termine.
— Je te souhaite bien du courage, mon pote.
Il rit, avant de croiser les bras sur son torse imposant. Je ne l'avais jamais remarquer avant, mais bon sang, il a autant de muscle que moi, on dirait. On a pratiquement la même carrure. Soudainement, une idée me vient à la tête.
— Dis, j'aurais bien besoin de bras volontaires, si mon projet aboutit. Comme je dois retaper tout l'endroit, il va me falloir des muscles.
— Avec plaisir, mon pote.
Il me rend mon accolade du début. Enfin, la séance de pleures et d'au revoir de la gente féminine est terminée. Lucie et Léna s'avancent vers nous. Apparemment, sa valise a été enregistré et elle part pour être mise en soute. Nous discutons une dernière fois, tous les quatre. Léna semble ailleurs, elle regarde toujours derrière, à l'affût d'une seule personne : Lucas. Les minutes passent mais il n'arrive pas, ce que je ne manquerai pas de lui reprocher la prochaine fois qu'on se verra tous les deux.
Alors que Léna s'apprête à longer le couloir qui la mène vers son avion, ses yeux s'écarquillent et un sourire vient se peindre sur son visage. Je me retourne, suivit de très près par Dany et Lucie. Lucas arrive, casquette vissée sur le crâne et lunettes de soleil. Lui aussi, sourit, mettant de côté toutes leurs disputes et leurs sentiments douloureux.
Il s'approche d'un pas rapide vers Léna, et une fois qu'il est à sa hauteur, leurs deux corps se confondent dans une étreinte chaleureusement. J'arrive même à voir Lucas presser les yeux si fort, qu'il absorbe les moindres émotions qui émanent d'eux. Une fois leur câlin terminé, Léna reste figée pendant un petit temps, jusqu'à ce que Lucas produise l'impensable en l'embrassant tendrement sur les lèvres.
Le baiser est furtif mais passionné et brutal.
Sans rien dire, il repart dans la direction inverse. Léna reste un moment à observer sa silhouette disparaître dans la foule. Mais vient le moment, où une hôtesse appelle tous les voyageurs pour le vol de Chicago. Léna prend une grande bouffée d'air, en nous faisant un geste de la main.
Elle disparaît vite. Nous voyons son avion décollé et c'est le moment pour nous, de partir aussi. Dany nous propose une sortie dans un bar dans le centre de Phoenix, pour un petit remontant. Lucie accepte pour nous deux. J'envoie tout de même un message à Lucas, mais aucune réponse. Enfin, jusqu'à une demie heure.
LUCAS : Peux pas. Je prends déjà un verre avec Cherryl, une fille de mon groupe de soutien.
Je fronce les sourcils et ne perds pas une minute à lui répondre.
MOI : Fais pas le con.
Mon portable vibre aussitôt.
LUCAS : Non, t'inquiète. J'ai juste besoin d'un moment.
Je laisse en suspend notre conversation ici. Je respecte totalement son choix, parce qu'on à tous besoin, dans sa vie — même plusieurs parfois — d'un moment de répit.
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Coucou !! J'espère que vous allez bien ? :)
Voilà le 27ème chapitre tant attendu, j'espère qu'il vous a plu ? Dîtes moi ce que vous en pensez. N'oubliez pas de me laisser un petit commentaire pour me dire votre impression ! :)
Gros bisous et à bientôt !
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