23. LUCIE

Je laisse ma tête heurter le sol, tandis que les mains de Samuel lâchent mes poignets. Je récupère mes mains pour pleurer en silence, et sans honte. En fermant les yeux, je revois cette photographie d'Alban prise dans son appartement. Il est allongé raide mort, une seringue prêt de lui. Le message qu'a laissé Victor dessous, en guise de commentaire, me fait encore froid dans le dos. Je me souviens encore de cette question répugnante.

A qui le tour ?

Mon dieu, est-il sérieux ? Veut-il seulement me faire peur, ou est-ce lui qui l'a poussé à prendre de la drogue pour se suicider ? Je n'arrive pas à savoir. Tout s'embrouille dans ma tête, et j'étouffe depuis hier. En silence, j'agonise. Je sais que je devrais me réjouir de sa mort, de sa disparition. Sauf, que je n'y arrive pas. Je ne peux pas.

Comme pour me faire revenir à la réalité, je sens Samuel me prendre dans ses bras et me serrer fort. J'aperçois vaguement qu'il me transporte jusqu'à à ma chambre et me dépose à l'intérieur de mon lit, avant de me border comme le ferait un parent pour son enfant. Puis sans un mot pour moi, il s'éloigne jusqu'à trouver mon père sur le pas de ma porte. Je tourne la tête vers la fenêtre.

Je voudrais disparaître, ne jamais avoir vécu cette vie.

— Je repasserai plus tard, j'entends Samuel chuchoter tout bas.

— Elle aura besoin de toi. Tu sais, ce qu'elle vient de te dire, elle ne le pensait pas une seule seconde. C'est seulement que parfois, lors de ses crises, elle peut s'avérer blessante, lui explique mon père.

Le pire c'est qu'il a raison. Je voudrais m'excuser auprès de Samuel pour mon comportement déplacé et pour la gifle que j'ai osé lui mettre, mais ma langue refuse de suivre le mouvement. Je reste muette, en serrant fortement ma couette. J'aurai aimé qu'il ne parle plus jamais de plainte à déposer, mais il ne pouvait pas savoir.

—Je sais, souffle Samuel.

Il sait, mais je sens au plus profond de lui que mes paroles l'ont blessé et ont laissé en lui, un vide considérable. Je me promets de réparer mon erreur, mais avant, j'ai besoin de sommeil et de me vider la tête surtout.

— Tu étais courant ? le questionne mon père.

— Je n'en savais rien. A vrai dire, je ne sais pas quoi dire face à cette nouvelle, murmure Samuel.

Moi non plus, renchérit mon père.

Un silence s'ensuit entre les deux hommes, pendant quelques minutes, juste avant que Samuel ne déclare filer pour s'occuper de quelques affaires. J'entends mon père refermer la porte derrière lui, et descendre à son tour, en me laissant avec ma peine et ce trou béant dans la poitrine, que je ne saurais décrire.

•••

Les jours passent. Un, deux, trois. Samuel m'envoie des messages passe-partout, qu'on enverrait à quelqu'un avec qui on entretient une relation quelconque. Sauf qu'entre nous, il n'y a rien de quelconque ou encore de platonique. Je m'en veux tellement, parce que c'est ma faute s'il ne s'attarde pas sur le contenu de ses messages.

Alors que je m'habille tranquillement, décidée à faire un tour en ville aujourd'hui, mon téléphone vibre pour m'annoncer un message. Depuis que Victor a osé me contacter et m'envoyer cette photo, je tremble à l'idée de m'apercevoir qu'il s'agit une énième fois de lui. Heureusement pour moi, il s'agit juste de mon père qui me faire savoir qu'il restera déjeuner avec ma mère.

J'ai essayé mainte et mainte fois de partir avec lui, pour la voir, mais il refuse catégoriquement. Il dit qu'elle est trop faible pour me recevoir. Un jour arrivera que j'irai quand même sans son accord. Je veux voir ma mère, je veux savoir comment elle va et précisément de quoi elle souffre. L'annonce de la maladie d'Alzheimer m'a achevé mais ce n'est rien comparé à la tumeur qui commence à grignoter son cerveau. Mon monde s'est écroulé.

J'enfile mes baskets, la tête remplit de souvenirs lointains, puis je remonte mon gilet par dessus ma brassière de sport. J'ai envie de courir dans la rue, librement et m'acheter un bon goûter dans la boulangerie du coin. C'est tout ce dont j'ai besoin, aujourd'hui. Alors sans plus tarder, j'attrape mes écouteurs que je branche à mon Ipod, et j'enclenche ma Playlist running qui a servi pour la dernière fois, pendant mes entraînements à l'athlétisme. Il faut dire que cela fait longtemps. La piste et les tours de piste, me manquent.

Je veille à bien fermer la porte d'entrée et laisse glisser les clefs dans ma poche avant de mon jogging, tandis que j'installe mon Ipod fixé sur mon poignet. Je commence par quelques foulées, assez légères, pour ensuite accélérer mon rythme. J'ai toujours cette boule d'appréhension qui se balade dans ma gorge et parfois dans mon ventre, mais je passe au dessus. Alban n'est plus de ce monde, mais Victor et ses amis, sont toujours aussi présents. En plus, j'ai le mauvais pressentiment qu'ils savent exactement où j'habite.

Ma course dure quelques minutes, jusqu'à ce que je m'arrête à une boulangerie et me goinfre de toutes les pâtisseries qui daignent croiser mon regard. Assise en terrasse, je savoure le beau temps et la petite brise qui fait secouer mes cheveux avec légèreté.

Mes pensées dévalent à toute vitesse et le sujet Alban revient à la charge pour me torturer l'esprit. Soudainement je suis prise d'un violent chagrin, en me disant que Alban n'a personne, il n'a aucune famille pour son corps. Je n'y avais pas pensé avant que la triste vérité me perce entièrement. Maintenant, je me demande bien ce qu'il se va se passer. Ses amis sont venus une seule fois, quand j'étais là, puis plus rien.

Culpabilité.

Je secoue assez furieusement la tête, refusant de penser à ce genre de chose. Il voulait me tuer, ne l'oublions pas. Une chose comme celle là ne s'oublie pas, et ne se pardonne encore moins. Il a beau avoir une place dans mon coeur, malgré toute la haine que j'éprouve à son égard, je ne peux pas. Il trouvera bien quelqu'un pour ses obsèques et son enterrement. Les gens me trouveront sûrement égoïste et injuste, mais je n'ai plus de force.

Je mords dans mon cookie pour tergiverser sur autre chose. Brutalement, je ressens des petits picotements qui me dévorent la cuisse, par intervalles. En fronçant les sourcils, je m'aperçois que mon téléphone m'affiche un message. Il s'agit de Léna, apparemment. En voilà une bonne nouvelle, on ne s'est pas revue depuis la semaine dernière, où j'avoue, nous avons bien discuté, l'une sur l'autre. C'est vraiment une fille adorable et elle est tout ce qui me manquait sur le plan amitié. Elle fait partie des gens que compterai sur ma main plus tard, sans aucun doute. On se ressemble, elle et moi.

Je clique sur l'écran de mon téléphone et lis le message.

LÉNA : Rejoins-moi devant la caserne, j'ai quelque chose à vous dire, à tous les quatre. Urgent.

Je fronce les sourcils, en déposant les sous sur la table. Puis, je me dépêche à rentrer par chez moi. Lorsque j'arrive dans la rue, j'arrive à voir la voiture de Samuel garée dans l'entrée, et Samuel adossé à celle-ci. Il pianote sur son téléphone, pendant que le mien vibre une seconde fois.

LÉNA : Sam vient te chercher.

Effectivement, puisqu'il est juste devant moi. J'ai l'impression d'avoir transpirer grossièrement et de puer, mais cela ne semble pas déranger Samuel, puisqu'il me prend chaleureusement dans ses bras. Il ne cherche pas à m'embrasser, il me serre contre son corps et j'avoue être comblée. J'en avais besoin. J'avais besoin de son contact pour me rassurer, pour me sentir vraiment entière.

— Tu m'as manqué, il me souffle.

— Toi aussi. Terriblement, je murmure. Tu ne peux pas savoir à quel point...

Il ne me laisse pas finir, en posant son index à plat contre mes lèvres. Un sourire idiot s'installe sur ses lèvres et je ne peux m'empêcher de le relooker attentivement. Il est vraiment trop beau.

— On parlera de ça plus tard, tu veux ? Il y a urgence avec Léna, apparemment.

— Oui, tu sais ce qu'elle a nous dire ? je demande.

Il hausse gravement les épaules, me tenant toujours près de lui, ses bras autour de ma taille.

— Non, aucune idée, et toi ? il m'interroge à son tour.

— Je sais pas.

Je pose ma tête sur son épaule pour souffler un peu, et profiter du moment calme. Samuel respire tranquillement, en laissant ses mains masser le bas de mon dos. Je dois ronronner quelques fois, parce qu'il se met à rire sans raison. Je lui renvoie un regard noir, avant que le moment se brise par le bruit de son téléphone.

—Je crois qu'on devrait y aller, sinon Léna va piquer sa crise. Il me semble que c'est vraiment vraiment urgent, rapplique Samuel.

Je grimace avant de me diriger vers la porte d'entrée, juste histoire de passer vite fait sous la douche et me changer, mais Samuel me rattrape en attrapant mon poignet.

— Tu fous quoi ?

Je fronce les sourcils, comme si c'était évident que j'aille prendre une petite douche.

— Je voulais passer sous la douche et puis me changer, j'explique.

Il reste impassible le temps d'une demi-seconde, secoué, avant d'afficher un sourire coquin plein de sous-entendus, que je ne tarde pas à comprendre.

— On prendra notre douche ensemble, Lucie. On doit partir maintenant, on a plus le temps.

Il m'ouvre la portière d'un geste galant, avant de s'installer derrière le volant. Il démarre sans ménagement, si bien que j'attache ma ceinture, une fois que nous sommes sur la route. Je profite du trajet pour ranger mes écouteurs et mon Ipod. Samuel me jette quelques petits d'oeil, avant de se mordre nerveusement la lèvre. J'ai la vague impression qu'il est nerveux. Je décide donc de faire baisser la tension.

— Tu sais que tu pues maintenant ?

Il tourne la tête vers moi, intrigué. Je commence à rire dans mon coin, avant de lui expliquer la cause.

— Tu n'aurais jamais dû me prendre dans tes bras, parce que maintenant tu pues tout comme moi, je plaisante.

— C'est n'importe quoi ! Mais bon, si tu le dis. De toute façon, je m'en fous, parce que j'aime te savoir toute transpirante et le simple fait de sentir ton odeur sur mon corps, m'excite comme un gamin devant une barre chocolatée.

Cette fois, j'explose littéralement de rire. Samuel me regarde patiemment, en cherchant ce qu'il a pu dire de si hilarant. Je cherche moi même, à vrai dire. Mais, je me sens bien. Plus que bien, à rire de tout et de rien.

— Bas quoi, tu voulais la version courte peut être ? il se moque.

Je hausse un sourcils.

— J'ai gravement, irrésistiblement, fichtrement, envie d'être en toi, il balance.

Je me tais. Samuel rit un peu, avant de planter sa main sur ma cuisse d'un geste doux. J'ose le regarder pendant quelques secondes, où j'en profite pour nouer mes doigts aux siens.

— Tu sais que c'est pas une blague, il recommence.

Je fronce les sourcils, l'air de ne pas comprendre. En fait, je sais exactement sur quel sujet il veut se lancer. Depuis ces jours passés loin de l'autre, je me suis rendue compte que la seule chose qui me ferait du bien, c'est partir, c'est prendre une bouffée d'air mais loin d'ici. Pendant que mon père était à l'hôpital, j'ai eu vent d'un courrier de NYU. Apparemment mon père m'a réinscrite pour l'année prochaine, et je me dis que c'est une bonne chose de reprendre une activité à plein temps. Que mes journées soient faites de quelque chose en rapport avec mon avenir.

— Lucie ?

— Oui ? je réponds, intriguée.

Il s'arrête à un feu rouge, en mettant son frein à main. Puis, il se retourne vers moi, un air sérieux sur le visage. J'aimerai bien savoir ce qu'il essaie de me faire passer, mais ses yeux ne sont pas assez clairs. Je hausse soudain les épaules, le questionnant une seconde fois, mais en silence cette fois. Samuel se mord la lèvre, rapidement, avant de redémarrer sous le feu vert.

J'hésite un moment à lui demander ce qu'il voulait me dire, mais je me tais encore. Durant la fin du trajet jusqu'à un petit bar, je contemple nos deux mains accrochées ensemble. Je remarque ses tatouages qui épousent parfaitement son bras, qu'il laisse transparaître au monde entier. J'avoue que je le vois mal sans toute cette encre. Elle fait partie de lui.

Une idée me vient subitement à l'esprit en pensant à cela. Je me dis que plus tard, il faudra que je lui réclame une photo de lui, mais sans toutes ces décorations tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc.

Lorsque nous arrivons devant le bar, Samuel se gare, tandis que moi, j'observe nos trois amis assis à une table sur la terrasse. Ils paraissent silencieux, ailleurs. Léna nous voit enfin arriver, mais cette fois-ci son visage ne s'éclaire pas d'une lueur joyeuse mais seulement d'une lueur de soulagement. Je me demande ce qu'elle a nous dire si important, et j'avoue que je commence légèrement à me stresser.

Samuel s'installe à côté de Lucas, pendant que moi, je prends place près de Dany. Léna nous fait tous face, une grimace lui déformant le visage. Elle se tripote nerveusement les mains. Personne ne parle.

— J'ai commandé le nombre de verre d'eau, elle nous explique. Eh oui, il fait chaud, alors aujourd'hui c'est de l'eau ! Vous savez que l'alcool nous donne encore plus soif au lieu de couper notre soif !

Elle sourit sans trop faire attention. Personne ne réagit. Samuel accuse sans broncher, Lucas baisse la tête, et Dany regarde sa meilleure amie avec incompréhension.

— J'attends seulement que le serveur arrive, parce que, je sais pas, j'ai toujours la poisse quelque soit la chose. Alors, je suis sûre qu'une fois que je vais commencer à parler, eh bien, quelque chose ou quelqu'un va nous interrompre. Et j'ai tous sauf envie de me faire arrêter dans ma haute tirade.

Elle rit nerveusement, en jetant des petits coups d'oeil frénétiques vers l'intérieur du bar. Heureusement pour elle, le serveur arrive assez rapidement en nous donnant à tous un verre d'eau fraîche avec une paille colorée. Léna saute sur sa boisson et en dévore déjà la moitié. C'est le moment fatidique.

— Bon, eh bien, voilà, elle mâchouille sa joue. Je m'en vais à Chicago dans quelques jours.

La vague s'arrête près de moi, le temps que je réalise qu'elle vient de parler de quitter la ville pour aller à Chicago ; puis elle s'écrase violemment sur mon corps. On se connaît depuis quelques semaines, mais je me sens abattue. J'avais raison depuis le début, je savais qu'elle deviendrait mon amie. J'ai aimé passer des moments avec elle autour d'un chocolat chaud et aussi autour d'un bon verre de vin blanc l'autre jour. Mais c'est terminé. Pas pour toujours, mais pour un temps.

J'observe la scène. Tous le monde est sur pause. Léna, elle, attend et attend toujours en sirotant. Elle finit même par aspirer de l'air avec sa paille.

— Tu peux répéter ? questionne Lucas, sur la touche.

Lucas, qui lui cache ses émotions d'habitude, semble bouleversé. Léna doit le remarquer, puisqu'elle n'hésite pas une seule seconde à lui prendre la main. Je crois que ce geste compte comme une bouée au milieu de l'océan.

— Tu pars à Chicago ? Mais comment ça ? Tu en as parlé au chef ? bombarde Dany.

Léna attrape la main de son meilleur ami dans l'autre. Je me souviens qu'il était là aussi, quand je suis venue squatter plusieurs heures chez elle. Dany ne paraît pas comme ça, mais il est sensible, déconneur, mais surtout à l'écoute des gens, chose que j'admire.

Pour l'instant, Samuel et moi, ne disons pas un mot. En regardant du coin de l'oeil Samuel, je comprends vite qu'il voit son silence comme une façon de se protéger contre la bombe que notre amie vient méchamment de lâcher.

— Oui, j'en ai parlé au chef. Mon boulot chez les pompiers n'étaient qu'une immersion, une magnifique expérience que je dois quitter. Maintenant que je me sens remontée et prête à affronter les difficultés qu'est la vie, je repars continuer mes études à Chicago. Je veux revoir mes parents et ma soeur. Elle va se marier dans quelque temps et le meilleur, serait que je sois présente, tu ne crois pas ? elle plaisante.

Léna essaie d'être joyeuse malgré la tension qui étreint tous ses muscles. J'arrive à voir par le petit TIC qui démange sa paupière droite.

— En fait, c'est une conneries, où sont les caméras ? s'inquiète Dany.

Léna souffle un bon coup, avant d'expliquer à Dany qu'elle part bien dans quelques jours, en milieu de semaine. Elle lui propose même de lui montrer son billet d'avion, mais il refuse d'un revers de main.

— Mais putain de merde, dites quelque chose ! N'importe quoi, mais ouvrez vos bouches ! s'énerve Dany.

Lucas laisse tomber la main de Léna a plat sur la table. Elle l'observe lourdement, tandis qu'il l'ignore royalement. Il finit quand même par prendre la paroles, quand Dany engage l'excuse bidon du petit coin. Gênant.

— Tu ne peux pas partir, déclare Lucas.

Léna ne répond rien, visiblement choquée, mais Samuel, lui, appuie les propos de son amis. Pendant un quart de seconde, elle me supplie de l'aider, mais je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas lutter contre les regards tristes et meurtriers que ces deux grands hommes balancent sans aucune gêne.

— Tu ne peux pas partir, et tu ne partiras pas, répète plus activement Lucas.

Léna s'approche de lui, mais il l'évite en se penchant sur le côté.

— Tu ne peux pas nous abandonner. Tu ne peux pas abandonner Dany, parce que c'est ton meilleur ami et qu'il ne te ferait jamais de crasse pareille. Tu ne peux pas abandonner Sam, parce qu'il a besoin de toi, il a besoin de tes conseils et de tes câlins. Merde, tu ne peux pas m'abandonner moi, parce que j'ai besoin de toi, parce que je veux voir ton sourire tous les matins en arrivant au boulot et entendre tes soupirs à chaque fin de journée, il commence. Je regrette ce que je t'ai dis la dernière fois, soyons amis, mais par pitié ne me repousse pas. Mon coeur ni tiendrait pas. C'est particulier d'ailleurs, parce qu'il n'a appartenu qu'à une seule femme jusqu'à maintenant. Mais je crois, qu'il commence à se reconstruire et tu y es sûrement pour quelque chose. Je ne sais même pas si je suis amoureux de toi, mais je sais que je tiens assez à toi pour croire que tu ne partiras pas, en fin de compte.

Léna ferme les yeux, des larmes coulant sur ses joues.

— Mais je dois partir, Lucas. Je n'ai pas le choix et surtout, j'en ai besoin.

Il se tourne vers elle, ne lâchant jamais plus le regard. Je les observe avec une certaine nostalgie en mémoire.

— Bon voyage dans ce cas, et pleins de bonnes choses pour ton avenir.

Lucas se lève d'un bon, puis avant de repartir vers sa voiture garée sur le parking d'en face, il rebrousse chemin vers nous. Léna est son seul champ de vision et j'avoue que mon coeur se brise en milles morceaux devant de tels aveux.

— On a toujours le choix, Léna.

Après avoir dit ces mots haut et fort, il disparaît et démarre en trombe pour partir le plus loin possible. Pour réconforter Léna qui tombe en sanglot, je me rapproche et la prend dans mes bras.

— Je vais me commander quelque chose de plus fort. Si vous me cherchez, j'suis au bar, nous fait savoir Samuel.

Il rentre à l'intérieur du bar, et les pleurs de Léna doublent de volume. Je la serre entre mes bras, et elle se laisse faire, en nichant sa tête sur mon épaule. Mes mains caressent doucement son dos, pendant que je tente de la rassurer. Les trois hommes qu'elle aime le plus sur cette Terre à présent, ont tous pris la fuite alors que cette décision est plus qu'importante pour elle.

— Je viens de tout gâcher. J'y ai beaucoup réfléchis, tu sais, mais je me devais de reprendre ma vie en main. Bien sûr, je me sens plus que bien avec vous, mais j'ai ma famille là bas et mon avenir. Même si mon passé y demeure, je dois y aller. Je ne peux pas rester pompier volontaire pour toujours, d'autant plus que je veux travailler dans la sociologie.

Elle sèche ses larmes en se rasseyant normalement dans son siège. Ses yeux se perdent sur les passants qui longent la ville. Elle boit toujours son eau, qui lui manque très bientôt. En un regard, Léna me supplie de lui donner le mien. Je hoche la tête positivement et elle se précipite dessus.

— Je savais que la chose ne serait pas facile à avaler, mais je pensais recevoir plus de compréhension de leur part, elle rechigne presque.

— Ils tiennent à toi, Léna, voilà pourquoi ils réagissent d'une telle façon. Bon, même si je tiens à toi, je respecte totalement ton choix.

J'hésite un moment à lui faire part de mon envie de repartir à New York pour finir mes études que je n'ai jamais fini. Les cours me manquent, je dois avouer. C'est flippant de penser une chose pareille, mais c'est la vérité.

— Moi aussi, je vais repartir à New York, à la fin de l'été.

Léna fronce les sourcils, surprise.

— Je sais bien, Léna. Samuel va réagir comme Lucas, buté sur le fait que je ne peux pas partir. Mais je comprends que tu puisses avoir envie de t'évader et de finir tes études. C'est exactement ce que je veux faire, sauf que je me sens de plus en plus accrochée à ici.

Léna me sourit tristement. On vit la même situation, à quelques semaines d'écart. Elle se lance la première et bientôt je la suivrai. Les réactions risquent de mêmes augures. Je déteste déjà ce moment, celui où Samuel se dira qu'il avait raison en déclarant que je le quitterai un jour pour reprendre une bouffée d'air frais.

— Lucie, je crois que je suis amoureuse de l'idée que Lucas et moi, donnerions si on était ensemble. Hélas, ce n'est pas possible. J'ai été idiote de me rapprocher de lui, et de m'en éloigner toute suite après. Mais tu sais, la vie ne m'en laisse pas le choix contrairement à ce qu'il dit. Je dois me rendre à Chicago pour gérer quelques affaires, elle m'avoue.

C'est à ce moment là que Dany choisit de réapparaître. Il s'assoit près de sa meilleure amie, l'air beaucoup plus inquiet qu'énerver, maintenant.

— C'est à cause de lui ? il questionne, silencieusement.

Je les observe, s'affronter du regard, avant que Léna craque en déglutissant lourdement. La réponse percute Dany de plein fouet, qui change tout de suite d'expression. Maintenant, il a l'air pensif. Je n'aime pas beaucoup cela.

Alors que le silence règne depuis déjà quelques minutes, Samuel pointe le bout de son nez, et vient s'asseoir près de moi, en croisant ses bras. Dans cette position, il est tellement intimidant, que je n'imagine même pas ce qu'il me dira quand je lui avouerai reprendre mes études à New York. Oh mon dieu.

— Fais attention Nana. Et je plaisante pas quand je dis ça, je veux te voir revenir parmi nous. Tu es ma meilleure amie, et je serai prêt à butter n'importe quel mec qui s'approche un peu de trop près. Tu te souviens ce que je t'ai dit hier soir, un coup de fil et je le finis ce fumier, OK ?

Léna jette un coup d'oeil vers Samuel, qui ne dérive jamais le regard. Il est tendu comme un arc, et moi, mal à l'aise pour mon amie.

— Compris Dany, elle souffle.

Un instant plus tard, Léna demande à Dany de rentrer chez eux, pour qu'il l'aide à faire sa valise, ce qu'accepte tout de suite son meilleur ami. Je les regarde partir vers la jolie Renaud grise de Dany et disparaître plus loin.

Samuel ne réagit pas, il ne parle même pas. Je tente de me rapprocher mais je rétracte mon geste dans les secondes qui passent. Je finis par me retirer de la table, ce qui apparemment le fait réagir. Samuel se lève également, et me suit jusqu'à sa voiture. Le trajet s'engage et personne n'échange.

Une fois à l'intérieur de son appartement, il me prête un pantalon de sa mère, qu'il dit avoir retrouvé et un t-shirt qui lui appartient. Puis, il me laisse tranquillement aller à la douche seule. Pour seule excuse, il m'explique avoir quelque chose à faire d'important. Je hoche la tête, sans tenter quoique ce soit pour le retenir.

Je rentre dans sa salle de bain, et enfin de compte, je l'entends me suivre sans faire de bruit. Moi qui croyais qu'il était déjà parti, je sursaute. Collée contre le lavabo, je le laisse me butiner les lèvres, tantôt tendrement, tantôt brutalement.

— Si tu pars, ne me laisse pas dans le flou, s'il te plaît.

Puis il disparaît sans aucune autre parole. Je comprends en mettant la douche en route, qu'il a peur. Tout aussi peur que moi. Mais alors que j'ai peur de l'avenir, de ce qui peut arriver prochainement, lui, a peur de me perdre moi. Sa peur de l'abandon le submerge une nouvelle fois. Après son père qui les abandonne, sa mère qui meurt, je suis la prochaine. Et il se peut que je sois celle qui fasse le plus de dégâts. Mon coeur se rétracte tout de suite, rien qu'à cette idée.

********************

Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien !

Le chapitre vous a t-il plu ? Dites moi tout ça ! Que pensez-vous du départ de Léna ?

Je voulais vous dire que j'étais un peu déçue par rapport au nombre de vote qui baisse constamment et au niveau des commentaires. Je suis désolée de ne pas pouvoir publier tous les jours, si régulièrement, mais j'ai mes études. Bien sûr, je sais que parfois, on peut manquer de temps pour voter ou alors on peut, être timide et ne pas commenter, mais un auteur a besoin de savoir si son chapitre a plu, si son histoire plaît toujours. Pour ma part, c'est primordial.

Je ne suis pas du genre à dire ces choses là, mais aujourd'hui j'ose, parce que voir cette diminution me touche.

Voilà, ce n'est aucun cas pour blesser mais plutôt pour vous mobiliser ! En attendant, je voulais aussi vous dire que FFU 1, 2 et 3 ont été retenus comme nominés dans un concours.

Bisous et bonne journée.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top