2. SMITH

Assis dans la salle d'attente, non loin de la chambre de Lucie, je laisse aller ma colère. Je tape des pieds et des mains. Voir la honte qu'elle a éprouvé quand l'infirmière allait lui enlever sa blouse devant moi, me met hors de moi. Je sens que le chemin va être long, mais je compte bien arriver avec elle, pour elle. De toute façon, je ne la laisserai jamais tomber. Jamais. Même si elle trouve des prétextes pour se laisser dévorer par sa part d'obscurité, je ne la laisserai pas sombrer. La voir inconsciente pendant trois jours sur ce lit d'hôpital, alors que je ne pouvais rien faire pour qu'elle se réveille enfin, m'a fait réfléchir. La voir rouée de coups, apeurée et toute tremblotante dans cet appartement de malheur, m'a fait réfléchir également. Et je me demande comme j'ai pu être aussi bête et ne pas voir qu'elle se jetait la tête la première dans le gueule du loup. Quoiqu'il en soit, j'ai bien senti que je tenais à elle pendant ce temps où elle dormait paisiblement.

Je tiens à elle et j'ai toujours aussi peur de la perdre. Mais cette fois, mentalement. Elle est tellement fragile depuis tout ces drames et puis particulièrement ceux qui comprennent Alban. Lucie m'effraie parfois, mais je sens que mon coeur se reconstruit de plus en plus, au fur et mesure où elle me laisse prendre les rênes et la toucher. Je sais que mon touché la révolte, mais il faut que je soigne le feux par le feux. Même si parfois, je lui fais du mal, je la froisse, il faut que j'apprenne à l'apprivoiser dans le bon sens et la toucher de la même manière. Par étapes.

Alors que je souffle plusieurs fois, pour gérer la situation qui se joue sous mes yeux, mon téléphone sonne dans la poche arrière de mon jeans. J'aperçois le nom de Léna s'afficher, et sans réfléchir, je décroche. Je n'ai même pas le temps de dire quelque chose, qu'elle part déjà dans un grand monologue. Elle s'inquiète de ne pas me voir revenir, avec Lucas, en plus d'autres interventions catastrophiques qu'ils ont mené en mon absence. Elle me dit même qu'ils sont en route tout les deux vers l'hôpital de New York et qu'ils arrivent dans quelques minutes.

— Attends, tu viens de dire quoi à l'instant ?

J'ai l'impression d'avoir mal compris.

— Bah, comme je m'inquiétais, j'ai demandé à Lucas de te pister avec le GPS incrusté dans ton téléphone. Tu comprends, j'ai su dès ton message à propos de ton départ, qu'il y avait anguille sous roche. Je savais que Lucie se cachait là-dessous. Mais voilà maintenant sept jours que tu n'es pas rentré. Ça sonnait étrange alors voilà.

Je reste sans voix, tandis que j'entends Lucas dire qu'ils sont en train de se garer sur le parking.

— Tu m'en veux ? me demande Léna, d'une toute petite voix.

Oui, bien sûr.

— Non, non. Bon bas à tout de suite du coup, je déclare. Je suis au deuxième étage dans la salle d'attente.

— Ouais à toute !

Elle raccroche tout de suite, tandis que je pose frénétiquement mon portable sur la chaise à côté de moi. Je me passe une main dans les cheveux, épuisé. Je ne pensais pas qu'en prenant le volant, il y a sept jours, que ma vie prendrait un tout autre tournant. En fait, avant que je rencontre Lucie, je n'avais pas vraiment d'amis comme j'en ai maintenant, et je n'avais personne à qui m'accrocher. A part ma mère.

D'ailleurs, mon père a essayé de m'appeler plusieurs fois, mais je refuse d'entendre sa voix. Alors il n'avait pas d'autre choix que de me laisser des messages vocaux. Bien sûr, je les ai écouté. Il parlait vite, et me précisais la date du rendez-vous avec l'avocat de ma mère et puis, le jour de la cérémonie.

Dans deux semaines, je vais devoir accepté. Accepté qu'elle m'a quitté pour un monde meilleur. Je n'ai jamais cru à toutes ces conneries de paradis, mais elle, si. Alors pour elle, j'ai envie d'y croire. J'ai envie de voir le bon dans ce drame, comme elle a toujours su le voir.

Alors que je rumine tout seul dans mon coin, j'entends un petit couinement, synonyme que la porte de la salle d'attente s'ouvre. Immédiatement, je me retourne pour voir Léna suivit de Lucas, rentrer à l'intérieur du petit espace. J'ai à peine le temps de me lever que Léna me capture dans ses bras dans un câlin remplit d'amour. Mes défenses se relâchent subitement, et j'accepte de la serrer dans mes bras comme si elle était ma guérison. Je l'entends rigoler, avant qu'elle me tape tranquillement dans le dos.

Lucas se racle la gorge brutalement, brisant le silence triste et morose qui flottait dans cette pièce, il y a encore quelques secondes. Aussitôt, je lui souris, tandis qu'il se contente de hocher la tête en enlevant ses lunettes soleil. Les cernes sous ses yeux en disent long. Je suis sûr que Léna est allée chez lui pour le réveiller en pleine nuit, à cause de son inquiétude à mon égard. Elle a dû lui crier dessus pour me pister aussi, je suppose.

— Je vais rendre jaloux Lucas, si tu restes encore une minutes de plus dans mes bras, je lui chuchote tout bas.

— Ça m'étonnerait, elle me répond, confuse.

Je sens une pointe de tristesse dans sa voix, mais je décide de ne pas le relever. Puis, je pars embrasser Lucas en lui mettant une bonne tape dans le dos. Apparemment la situation entre eux, ne s'est pas arrangée depuis la dernière fois. Cela en devient presque gênant.

— Comment va t-elle ? s'empresse de me demander Léna, en s'asseyant sur la chaise près de moi.

Lucas suit le mouvement après quelques minutes d'absence, en s'asseyant en face de nous. Je le vois se masser les tempes avec précision, et regarder le sol avec contemplation. Instantanément, je repense à la fois où il m'a confié avoir perdu sa copine. L'hôpital doit être pour lui, un souvenir aussi douloureux que pour moi.

— Comment tu sais...

Léna me coupe en posant une main rassurante sur mon épaule.

— Je le sais, c'est tout.

Elle dit cela comme si elle comprenait ce que je vis à cet instant, comme si elle avait vécu cette souffrance au moins une fois dans sa vie, aussi. Je fronce donc les sourcils, attendant qu'elle m'en dise plus. Mais elle persiste à être silencieuse. C'est d'ailleurs Lucas qui brise le silence à ce moment là. Léna soupire.

— Elle a d'abord cru qu'il t'était arrivé quelque chose, mais elle s'est dit ensuite que c'était impossible. Que tu étais un battant, et pas un type du genre à avoir un accident. Et puis, tu nous l'aurait dit.

Je tourne la tête vers Léna, en l'interrogeant du regard. Elle ne fait que me sourire maladroitement.

— Ne me demande pas comment elle a su que c'était Lucie qui allait sûrement mal, j'en sais rien. Je lui ai fais confiance, c'est tout, il déclare.

— Intuitions féminine, les gars ! Alors, Sam, comment elle se sent ?

Je reprends mes esprits, et je remercie silencieusement Léna de ne pas m'avoir posé la fameuse question à laquelle je n'aurai pas pu répondre. Heureusement, elle n'a pas la moindre envie de savoir ce qui s'est passé pour qu'elle arrive ici. Ou alors, c'est peut être encore une de ses intuitions féminines ? Peu importe. Une grimace se forme sur mon visage, et elle comprend tout de suite ce que cela signifie.

— On est là, Sam, tu le sais ? Bon, tu comptes faire quoi ?

Je hausse les épaules. Je n'en sais rien. Déjà, j'espère qu'elle sortira bientôt, et que j'aurai l'occasion de passer du temps avec elle, pour qu'elle reprenne goût à la vie, et confiance en elle et aux personnes qui l'entourent.

— Tu crois qu'on pourrait rentrer avec toi, dans sa chambre ?

La voix de Léna change de hauteur. C'est comme si elle m'avait posé cette question timidement. Je pose mes yeux sur elle, avant de soupirer un bon coup. Je ne sais même pas si elle veut encore de moi dans sa chambre, après l'épisode de sa crise et de ses cicatrices, alors des gens en plus, je ne sais pas si c'est une bonne idée.

— Je comprends, Sam. En tout cas, on restera là le temps qu'il faut pour t'épauler. Et puis, je suis pressée de la rencontrer en personne. La dernière fois, je n'ai fait que l'apercevoir en coup de vent. Cette fois, je sais que tu la retiendras si elle décide de filer à l'anglaise.

Elle rit un peu, et moi aussi. J'aperçois du coin de l'œil, que Lucas l'observe étrangement. On dirait qu'il la regarde de la même façon dont je vois Lucie. Pourtant, malgré la tension qui règne entre eux, ils continuent de se repousser l'un l'autre.

— On est là, Sam, renchérit Lucas.

Puis, il sort précipitamment de la salle d'attente comme s'il était en train d'étouffer à l'intérieur. Je lui emboîte le pas, suivit par Léna, qui paraît maintenant toute petite. Les médecins s'échauffent entre nous, entre les patients et les urgences.

— Smith ! j'entends soudain.

Je me détourne pour voir George, arriver du couloir adjacent à celui dont on se trouve. Lui aussi, n'a pas beaucoup dormi. En plus de sa situation avec sa femme, il doit gérer la mauvaise nouvelle avec Lucie. J'admire son courage et sa ténacité, même si j'ai la sensation qu'à tout moment il pourrait s'effondrer.

Il se poste devant moi, en saluant mes amis d'un coup de tête. En un seul regard, je comprends qu'il veut la voir. Je laisse donc mes amis, pour accompagner George, jusqu'à la chambre de Lucie. J'ouvre lentement la porte, et le laisse rentrer à l'intérieur. Puis je referme derrière lui. Sans pouvoir m'en empêcher, j'observe attentivement le portrait familial qui se joue sous mes yeux. George pleure maintenant à chaudes larmes tandis que Lucie le serre de toutes ses forces dans ses bras. C'est tout simplement magnifique. J'aurai aimé recevoir des câlins digne de ce nom de la part de mon père, même à mon âge. Mais c'est impossible.

Je reste un moment à les fixer impoliment, jusqu'à ce que Lucie pose ses yeux sur moi, et esquisse un sourire timide. Je lui souris en retour, avant de rejoindre Léna et Lucas, les mains dans les poches. J'amorce quelques pas vers eux, avant d'entendre leurs voix monter dans les tours. Je me fige. Je ne les jamais vu ainsi. On est censé être soudés ensemble.

— Je ne m'excuserai pas, grogne Lucas.

J'aperçois Léna le regarder fixement, l'un en face de l'autre. Un combat se mène entre les deux fronts, et je dois dire que j'arrive à sentir leurs colères de là où je suis.

— Je pensais que tu avais plus de classe que ça, Lucas, crache tout bas mon amie.

— Et moi, je pensais que je t'intéressais vraiment, souffle fortement Lucas.

Léna se tait tout de suite, en écarquillant les yeux. Elle n'a pas l'air de comprendre ce qu'essaie de lui expliquer Lucas. Moi non plus d'ailleurs.

J'effectue les pas qui me restent à faire pour me trouver à leur hauteur. Lucas arbore une mine fermée, alors que Léna nous explique qu'elle se rend à la cafétéria d'en bas, pour aller manger un petit quelque chose. Je hoche la tête, et Léna encaisse l'indifférence de Lucas avant de prendre l'ascenseur.

Je me décale pour être plus proche de Lucas, tout en me posant sur le mur. Son regard est encore perdu sur le sol sans importance de cet hôpital. Je le vois tout à coup se fermer. Alors je fais ce qu'il aurait sûrement fait pour moi.

— Moi aussi, les hôpitaux ne sont pas mes grands amis, mais je me dis qu'on y passe tous un jour. Peut être pas pour de bonnes raisons, mais y passe tôt ou tard. Tu veux aller fumer un peu ?

Il tourne la tête vers moi, visiblement surpris, avant de hocher simplement la tête. En silence, nous prenons l'ascenseur à notre tour, pour filer à l'extérieur de cet endroit qui nous rappelle à chacun trop mauvais de souvenirs. Lucas remet ses lunettes de soleil, tout en vissant une casquette sur ses cheveux blonds. Je ne dis rien, et j'attrape mon paquet de cigarette que j'ai glissé dans la poche arrière de mon jeans troué. Je lui tends une cigarette et j'en prends une pour moi après. Avec l'aide de mon briquet, on allume chacun notre petite perte en fumée, puis sans aucun bruit, on fume comme si c'était la chose la plus importante sur ce monde.

— Tracy détestait quand je fumais à l'époque. J'ai arrêté pour elle, mais j'ai recommencé à cause d'elle. Bien sûr, le groupe de soutien m'a aidé à me tirer ces saloperies de la tête. Sauf que ce putain d'hôpital me rappelle trop de mauvais souvenirs. Elle a succombé à ses brûlures dans un hôpital similaire, et je n'ai rien pu faire d'autre que de patienter parce que c'est connards m'ont empêché de la voir. Je crois que je me souviendrai toujours de ce jour. Même si j'ai de l'aide, j'avais encore jamais remis les pieds dans un hôpital. Je pensais pas que les souvenirs allaient si vite faire surface, il grince des dents.

— Moi je le savais. Je savais que j'allais penser à ma mère automatiquement, mais comme je n'ai pas pu la sauver, je me dois d'essayer avec Lucie. C'est ce qu'elle aurait voulu dans le fond. Elle savait qu'elle allait mourir et parfois, je lui en voulais de le prendre aussi bien, aussi normalement.

— Je comprends. Un cancer s'est pas rien, mais je comprends aussi ta mère. Lorsque tu sais qu'il est trop tard, que tu vas forcément mourir, tu laisses aller tes regrets et puis tes peurs aussi. Tu deviens vide.

Je tourne vers lui, avant de tirer une dernière fois sur ma cigarette. Il connaît si bien les sentiments d'autrui, que j'en tombe toujours des nues maintenant. Avant, il me faisait flipper et chier, mais j'ai appris que la plupart du temps, ce qu'il disait, se révélait véridique et purificateur pour les âmes blessées et en peines comme moi.

— Seuls mes parents et Tracy le savait, mais de mes treize ans jusqu'à mes dix-neuf ans, j'ai eu une maladie grave et très sérieuse, qui touchait mon intestin. C'est la maladie de Crohn. Je ne vais pas dire que je suis guéris, mais je vais bien. J'ai toujours un traitement, c'est pour ça qu'avec l'alcool j'y vais mollo, et que je vais te chopper qu'une cigarette. Voilà pourquoi j'étais un petit con avec mes parents. J'en voulais à la Terre entière de m'avoir refiler une maladie de merde. Heureusement Tracy m'a aidé à y voir plus clair, mais maintenant, elle n'est plus là.

Il écrase sa cigarette à peine entamée sur sol, avec le bout de ses baskets. Je reste coi face à cette révélation. C'est peut être pour cela il comprend si bien pourquoi c'est bête de gâcher sa vie pour si peu de chose. C'est peut être pour ça qu'il a choisi qu'on l'aide parce qu'en plus de sa maladie, il a perdu sa copine et qu'elle était sa lumière dans les brumes de sa vie. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il me révèle une telle chose. Surtout, que je le vois sain et en bonne santé tout les jours. Il ne se plaint pas souvent et profite de sa vie comme un homme normal. Je vois que je ne suis pas le seul avec une âme brisée.

— J'ai l'impression d'avoir plombé l'ambiance. C'était pas du tout mon intention, je voulais que tu le saches parce que tu es mon ami, et que je sais quelle souffrance tu partages à l'idée que ta mère est morte et qu'elle portait plutôt bien sa situation. J'ai appris avec beaucoup, beaucoup de temps, que rien n'arrive pas hasard. On avait décidé que j'aurai cette maladie et grâce à elle, j'ai rencontré Tracy qui bossait dans le service médical. Elle était un peu plus vieille que moi à l'époque. Elle a été ma rédemption et mon point d'honneur.

Je l'admire encore plus maintenant. Ce mec est un vrai battant.

— Hum, tu sais ce qui arrive à Léna ces derniers temps ? il m'interroge, ailleurs.

Je suis encore surpris, mais je me contente de dire la vérité. A vrai dire, je sais rien, mais je la sens triste et un peu trop sur la défensive depuis quelques temps. Je pensais que Lucas en saurait plus que moi. Apparemment non.

— Je ne sais pas, elle a l'air elle-même, mais quelque chose cloche. Au début, je croyais que ça avait un rapport avec toi, mais comme tu ne sais rien.

Lucas secoue la tête, avant de planter son regard dans le mien. J'aime de plus en plus partager des moments avec lui.

— Elle m'a surpris avec une fille à poil, chez moi. Tu sais pendant notre premier rendez-vous, Léna s'est montrée joyeuse et très intéressée. J'étais bien parti pour l'embrasser, mais elle s'en est allée. Pendant notre deuxième rendez-vous, son portable sonnait tout le temps, j'ai pété un plomb, mais je me suis excusé. Après ça, je l'ai réinvité, mais elle a décliné toutes mes offres. Alors je me suis dit que c'était mort. Je te jure les femmes, c'est compliqué à comprendre. Tracy n'était pas comme Léna, on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. J'ai la sensation qu'en observant Léna, je fais face à un réseau de code à chiffres complexes que je dois déchiffrer en moins de dix secondes.

— Je suis bien d'accord avec toi. Seulement, je crois que je ne suis pas celui qu'il te faut si tu veux des conseils dans ce domaine là. Je ne sais même pas où je vais aller avec Lucie, je plaisante.

Il me sourit et nous remontons au première étage, où je vois Léna nous attendre, calée contre le mur de tout à l'heure. Elle tient une barre de céréales dans ses mains, dans laquelle elle croque comme une acharnée.

— J'arriverai à lui faire cracher le morceau, mais je sens que ça va prendre du temps, me souffle Lucas. Je vais me chercher un verre d'eau au distributeur.

Je lui fais un signe de tête avant de rejoindre mon amie. Elle lève les yeux au ciel quand elle me voit ranger mon paquet de cigarette. Mais pourtant, elle ne dit rien. Élancé, je passe un bras autour de ses épaules pour l'attirer dans un câlin qui dure à peine une minute. Elle me sourit chaleureusement, tandis que j'essaie de déceler dans son regard une quelconque faille. Mais je vois rien. Lucas a raison, on fait face à une série de données auxquelles je ne comprends strictement rien.

— Le père de Lucie te cherchait tout à l'heure. Il est dans la chambre, tu ferais mieux d'aller les retrouver.

Léna me dit cela tout en regardant attentivement un message sur son portable. Ses sourcils sont froncés et elle paraît contrariée.

— Tout va bien ?

Elle relève la tête vers moi, avant de secouer la tête machinalement. Je me gratte la nuque en plissant les yeux, avant de me diriger vers la chambre de Lucie. Je prends une grande bouffée d'air avant d'entrer à l'intérieur. Mes yeux s'arrêtent immédiatement sur elle, qui dort paisiblement sur son lit d'hôpital. Tout à coup, George se lève de sa chaise et vient me prendre dans ses bras dans une embrassade virile.

A première vue, je me fige. Jamais je n'avais senti ce genre d'accolade. D'accord, il y a celles avec mes amis, celles avec ma mère, celles avec Lucie. Mais celle-ci sonne différente.

— Merci infiniment, Fiston.

Ma gorge devient soudainement sèche à l'entente de ces paroles. Je ne peux rien dire. Je suis happé par la situation et par ce mot avec lequel il vient de me qualifier. Mon père ne me considérait que comme un gosse pas son fils. C'est la première fois que j'ai le sentiment d'être pris comme un fils.

Subitement, je me rends compte que j'avais attendu ce moment pendant toute ma vie. Une simple accolade et un simple "fiston". J'admire George depuis que je l'ai rencontré, de part sa sincérité et son amour pour Lucie. Et aujourd'hui, il m'offre une place dans son coeur. Ce que je n'ai jamais eu par mon propre père.

— Je suis tellement heureux, il me déclare en se dégageant doucement.

Son regard se fixe sur Lucie, qui est sans doute beaucoup mieux dans son sommeil que sur la Terre ferme. Quoique.

— Tu m'as ramené ma fille, Smith, et rien que pour ça, je te donnerai sa main.

Je ris en même temps que lui. Mon regard se pose aussi sur Lucie, au visage paisible. Tout en y réfléchissant, peut être qu'un jour, je la voudrais, sa main. Mais pour l'instant, il est temps qu'on reparte de zéro.

Il est temps qu'on gomme tous et qu'on reconstruise tous à notre manière.

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Coucou tout le monde !! Voici le deuxième chapitre de FFU3 ! Je suis désolée pour ma petite absence entre ces deux chapitres, j'aime bien avoir de l'avance et écrire tout à la suite ! Bref, je suis bien inspirée pour ce troisième tome comme les deux autres, mais je dirais que celui ci va être mon préféré à écrire même s'il est tout aussi bouleversant, c'est là que tout les sentiments, la palette entière, se peint sous vos yeux. J'espère que vous êtes prêts et prêtes ?

Alors comment avez-vous trouvé ce chapitre ???? Vous l'avez aimé ??? Entre les révélations frappantes de Lucas sur son adolescence, la dispute entre Léna et Lucas, et le mal-être de Smith, George et Lucie, vous tenez le coup ??? Dîtes-moi tout !! Les commentaires sont important pour moi, d'autant plus, que nous avançons de en plus en plus dans l'histoire de nos deux héros.

Ici, dans ce tome 3, vous allez apprendre à connaître un peu plus chacun de nos personnages, tout en étant focalisé sur l'histoire de Smith et Lucie bien sûr, mais vous allez en savoir plus sur Lucas, Léna, Dany et bien d'autres, ce qui devra vous mettre la puce à l'oreille. Je ne sais pas encore combien de chapitre ce tome doit faire, mais il sera peut-être ou sûrement un peu plus gros que 35 chapitres comme les deux premiers !!

Bisous, S.

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