14. LUCIE
Mon nouveau téléphone en main, je ressors du bâtiment, plus légère que tout à l'heure. L'homme qui s'est chargé de moi, m'a refait un contrat avec mon ancien numéro. Je préfère avoir le même numéro qu'avant, pour que mon père et Smith n'aient pas à refaire un contact en mon nom.
Je marche sans m'arrêter. Si je m'arrête, les larmes vont couler et je vais me noyer. Les mots de Smith m'assaillent comme des balles de mitraillette. Ils me trouent de l'intérieur, dans le coeur, le corps, l'âme, et l'esprit. En respirant un bon coup, j'allume mon nouveau téléphone pour envoyer un message à mon père, pour l'avertir que je ne rentrerai pas tout de suite. Comme je connais son numéro par coeur, tout est plus facile. Au bout de quelques minutes, je reçois une réponse de sa part, puis un autre message d'un numéro qui m'est inconnu. J'ouvre immédiatement.
INCONNU : Alors tu t'amuses bien dans le centre de Phoenix ?
Je m'arrête soudainement après avoir lu ces mots, si bien que je percute de plein fouet quelqu'un. Je me retourne pour m'excuser, mais les mots me manquent lorsque le visage familier de Paul se peint sous mes yeux. Je suis surprise de le voir ici. Il me sourit, surpris lui aussi. Il fronce légèrement les sourcils.
— Lucie !
— Paul ! je souffle.
Il essaie de me dire quelque chose, mais rien ne sort. Quelques minutes passent, et je décide de briser la glace.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? je demande.
Paul ouvre la bouche, et comme tout à l'heure, aucuns mots ne sort. Gêné, il se gratte la nuque, avant de me sourire encore une fois.
— Je me balade. J'ai pris l'habitude depuis quelques mois, en fait, depuis que Smith a quitté les combats de boxe, il m'explique. Justement, j'allai aller boire un verre quand tu m'as heurté, il rigole. Et toi, que fais-tu là ?
J'hésite un moment à lui dire la vérité, mais je me ravise, parce que je ne sais pas comment ils se sont quittés Smith et lui. Avec toute cette histoire de vérité caché autour de ces combats et de moi, je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé depuis. Je sais juste qu'il est devenu pompier volontaire, et qu'il a changé en mieux.
Je m'éclaircis la voix.
— Mes parents habitent ici, donc bon, je ris.
— Je n'étais pas au courant, désolé. Sinon, tu te doutes bien que je ne t'aurai pas posé la question, il rit à son tour.
Je regarde un peu autour de moi, légèrement gênée, moi aussi. Je me rappelle que Smith m'ait dit qu'il avait un petit faible pour moi. J'espère sincèrement que ce n'est plus le cas. Mais je n'arrive pas à le voir quand je le regarde dans les yeux. Une lueur y brille, mais son interprétation ne vient pas jusqu'à moi.
— Smith a de la chance de t'avoir Lucie, il souffle.
Un silence se fait. Encore une fois, je brise la glace.
— Je dois rentrer chez moi, Paul. Je suis contente de t'avoir vu, à plus tard.
Je fais un petit geste de la main, en amorçant quelques pas devant moi. Paul m'interpelle tout à coup. Je me retourne vers lui, le temps s'arrête lorsqu'il sort ces mots.
— Fais bien attention à toi.
Il disparaît sans que j'ai pu lui répondre. Son avertissement me trotte dans la tête en plus du message inconnu. Je continue tout de même à marcher, tout en jetant des petits coups d'œil derrière moi. Mon portable vibre une seconde fois. Je lisse l'écran avec mon index avant de lire le message.
INCONNU : Tu ne me réponds pas, Lucie. Je suis déçu. J'ai compris, tu veux me voir en personne pour me répondre. Bouge pas, j'arrive.
Je tourne sur moi-même pour guetter une silhouette familière ou un geste quelconque qui chercherait à m'interpeller. Rien. Enfin, jusqu'à ce que je me retourne et marche droit devant moi. Je vois ombre passée sous mes yeux. C'est à ce moment là, que je panique. Je tremble et mon souffle devient court. Sans réfléchir, je rentre dans le centre commercial je le plus proche. Je marche vite, emprunte les escalators, avec cette même impression d'être suivie. Bien sûr, je bouscule encore pas mal de gens, emprise à une de mes crises d'angoisses.
— Faîtes attention où vous marcher, bon sang ! crie un homme, derrière moi.
J'ai bousculé sa femme.
— Je m'excuse, je hurle, avant de déguerpir.
Je marche plus vite, lorsque mon téléphone vibre encore. J'aurai mieux fait de changer de numéro, tout compte fait.
INCONNU : Arrête de fuir Lucie, je suis juste là. Retourne-toi.
Je m'arrête en ne percutant personne cette fois, puis je me retourne. Je le vois. Son visage, son sourire narquois et son air dangereux, devant moi, à quelques mètres. Victor est ici. Il m'a suivit. Je ne perds pas une minute, je cours le plus vite possible. Mes poumons me brûlent, et mes jambes me font mal. Mes cotes m'élancent et ma hanche me fait souffrir. Le rire tyrannique de Victor, tout près, me donne envie de mourir. Je n'entends plus que cela. J'ai la sensation d'être piégée dans un vieux film d'action, où la victime fuit son prédateur, en sachant déjà qu'il la rattrapera tôt ou tard. Ce n'est qu'une question de temps.
Mon téléphone vibre encore une fois, mais je ne regarde rien. Je cours sans fin, et dès que j'arrive à trouver une issue de secours, je la prends. La porte se referme sur moi, mais elle se ré-ouvre, pour claquer une seconde fois dans un bruit sourd. Je dévale les escaliers à toute vitesse pour pouvoir ressortir d'ici. En voyant le nombre de marches que je passe, j'arrive à voir que j'ai au moins monté trois étages avec les escalators et je ne m'en suis même pas rendue compte. Je descends, le souffle court, la crainte se mélangeant à l'adrénaline dans mes veines.
Un autre message, auquel je ne réponds pas non plus, arrive. Je ne jette pas de coup d'œil, je ne veux pas risquer de perdre le rythme. Il va me rattraper d'une minute à l'autre, sinon. Il faut que je cours, tout de suite. Dans le feux de l'action et de la terreur, je glisse dans les escaliers et je me prends le mur en face de moi. Ou peut-être qu'on m'a poussé ? Une vive douleur au front vient s'allumer, mais je ne m'arrête pas pour autant. L'ombre de Victor passe sous mes yeux et me donne froid dans le dos.
Je me plaque contre la porte rouge, qui m'indique que je suis déjà au premier étage. Plus que quelques marches et je suis à la sortie. Pourtant, je reste clouée sur place. Les pas se rapprochent et son rire est partout. Automatiquement, je referme mes mains sur mes oreilles tout en criant silencieusement. Je prie pour qu'il parte et qu'il me laisse tranquille.
Un autre message. Cette fois, je saisis mon portable pour voir que les deux derniers messages venaient de mon père, qui me dit d'être prudente. J'ouvre le message qui date de quelques secondes auparavant, les mains tremblantes. Victor.
INCONNU : Lève les yeux.
De peur de le voir s'écrouler devant mes yeux, de l'autre côté de la cage de l'escalier, je fixe mes converses. J'essaie de prendre plusieurs grandes bouffées d'air, tout en calmant le jeu sur mon rythme cardiaque, qui a sûrement atteint les cent-quarante par minute. Le silence vient soudain faire rage, je n'entends plus rien du tout. Plus de panique, plus de pas lourds, plus de rires perfide. En fermant les yeux, je relève la tête.
— Respire Lucie, j'entends tout près de moi.
J'ouvre précipitamment les yeux, en me reculant à l'aide de mes bras. Paul se tient devant moi, les traits tirés par l'inquiétude. Je n'arrive pas à parler, je ne sais même pas pourquoi il est là. C'était Victor qui me poursuivait, je l'ai vu de mes propres yeux, pas lui. Pourquoi est-il ici ?
— Tu peux te relever ? me demande t-il, d'une voix douce.
Je secoue légèrement la tête avant de goûter à mon sang, qui coule le long de ma lèvre inférieure. On dirait que je me la suis fendue lorsque j'ai percuté la porte couvre-feu. Doucement, je me relève toute seule, en évitant soigneusement l'aide de Paul. J'ai mal partout, mais principalement à l'épaule gauche. J'ai dû rouler sur elle, avant de me cogner.
— Tu saigne à la tête et à la lèvre, on devrait aller à l'hôpital. Je vais appeler Smith pour l'avertir de la situation, il conclue.
Alors comme ça, j'ai ma réponse, ils se parlent toujours.
— Non, Paul, je souffle, à bout de force.
Il fronce les sourcils.
— Pourquoi ? Il est censé te protéger, il m'a dit qu'il le ferait.
C'est à mon tour de froncer les sourcils, mais j'abandonne vite, en voyant que j'ai vraiment mal à la tête. Me protéger de quoi ? De quoi parle t-il ? Est-ce que Paul est au courant à propos d'Alban et moi ? Smith aurait osé lui dire ? Je ne comprends plus rien.
Ma tête me tourne et les murs s'effondrent sous moi. Je tombe en avant, mais Paul me rattrape. Il me soutient en passant un bras autour de ma taille, tout en m'appuyant sur sa hanche gauche. On descend tranquillement le peu de marches qui nous reste, puis l'air libre s'abat sur nous. Paul me guette d'un regard méfiant et inquiet.
— Dis-moi pourquoi je ne dois pas l'appeler, Lucie. Sinon, je l'appelle tout de suite.
Je soupire un bon coup, puis passe une main dans mes cheveux. Mes doigts sont en sang.
— Parce que, crois-moi, là tout de suite, Smith n'a aucune envie de m'aider. Je ne vois même pas pourquoi il le ferait, je murmure.
— Moi, je sais absolument pourquoi il le ferait, Lucie, et...
Je ne le laisse même pas finir, je ne veux pas entendre la suite. En me balançant lentement sur la droite, j'attrape mon téléphone et je lui tends mon portable. Paul le prend instantanément, et m'interroge du regard.
— Appelles George, c'est mon père.
Il s'exécute en coinçant mon portable tout contre son oreille. En attendant que mon père décroche enfin, Paul regarde ce qui se passe autour de nous. Il scrute les moindres détails en plissant les yeux.
— Bonjour monsieur. Je suis un ami de votre fille et de Smith. Je vous appelle pour une urgence. Venez tout de suite devant le centre commercial The Container Store.
Il raccroche et je respire enfin.
— Lucie, tu n'es pas en sécurité ici, me déclare sombrement Paul.
— Je dois comprendre quoi là ?
Il observe les gens derrière moi.
— Tu ne sais pas toute l'histoire.
Mon pouls s'affole et je risque de tomber dans les pommes. Cette fois, je ne panique pas, je suis en colère. On me cache des choses et je dois avouer que je n'aime pas du tout cela. Paul est-il au courant pour Victor ? Et Smith est-il au courant, aussi ?
— Et qu'est-ce que je dois savoir ? je crache, rageusement.
Il soupire.
— C'est pas à moi de te le dire.
Je ris amèrement. Évidement.
— C'est à Smith, c'est ça ?
— Affirmatif.
Je ne dis plus rien, jusqu'à ce que mon père vienne me chercher. Je ne veux rien dire, ni parler. La voiture de mon père vient se garer devant moi. Il claque sa potière brutalement et vient m'arracher aux bras de Paul. Il le remercie d'un coup de tête avant de remonter dans sa voiture en même temps que moi et démarrer en trombe. Direction l'hôpital de Phoenix. Je refuse d'y aller, je tente plusieurs fois de dissuader mon père de m'y emmener, mais il persiste.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
Son ton est dur. Je culpabilise.
— Je suis tombée dans les escalators. J'ai loupé le coche de la sortie.
Il fronce les sourcils, l'air de ne pas me croire, avant d'acquiescer. Je ne préfère pas le mêler à toute cette histoire, dont je ne sais même pas le fond. Je sais qu'un jour, il faudra que je lui dise la vérité sur ma rencontre avec Smith et le fait que je me retrouve soudain avec Alban, mais ce n'est pas le moment. Pas maintenant.
Le trajet est silencieux. Il m'accompagne jusqu'aux urgences, où je suis pris en charge presque une demi heure après mon arrivée. Mon père en profite pour rendre une visite à ma mère, en vitesse. Il ressent le besoin d'en savoir plus sur ce qui s'est passé et je le comprends parfaitement. Moi aussi, je le voudrai.
— Mademoiselle Dawson, Lucie Dawson ? m'interpelle une infirmière.
Je tourne la tête vers une jeune demoiselle en blouse blanche, des cheveux blonds comme les miens, des lunettes de vue, noires et rondes ; un sourire amical peint sur le visage. Rassurée, je me lève et marche dans sa direction.
— Si vous voulez bien me suivre.
Elle ouvre la marche vers une salle qui fait cabinet. Puis, me demande de m'allonger sur un siège noir comme ceux des dentistes, qui se règlent. Je m'installe, stressée. Elle doit le voir ou le sentir, puisqu'elle s'approche de moi, et essaie de me détendre. Je ne pensais pas que les gens qui exerçaient aux urgences étaient aussi patients et aussi attentifs. Elle doit être une exception.
— Je m'appelle Rose-May et je vais faire ce qu'il faut pour vous soigner à la tête. Tout d'abord, je vais arrêter le saignement de votre lèvre, elle m'explique calmement.
Elle revient avec un coton désinfectant, qu'elle applique dessus, puis elle m'appose une crème pour cicatriser. Rose-May, de son nom, me dit que mes blessures ne sont pas si graves dû à ma chute dans l'escalier. Elle soigne mon front et me fait grâce de points de sutures mais pas d'un vilain pansement. Ensuite, elle me confie à un autre médecin afin que je fasse une radio pour mon épaule, et pour ma tête aussi. Elle a peur que je subisse un traumatisme crânien, qui entraînerait des lésions cérébrales, ou au pire des cas, un œdème cérébral.
Je suis le docteur Mariano dans une salle de radio, d'abord pour mon épaule, puis ensuite nous changeons de lieu, pour une salle où on effectue des IRM, afin de vérifier si je n'ai rien au niveau de mon cerveau. Après multiples examens, on m'annonce que je dois passer au moins une nuit chez eux, pour qu'ils s'assurent que je vais bien. Ils me gardent donc en observation, et c'est Rose-May qui veille à ma charge cette nuit. Mon père reste dormir sur le fauteuil près de mon lit d'hôpital. Cette nuit, je n'arrive pas à dormir. Je repense et repasse en boucle les mots de Smith, sa révélation, mais aussi les paroles de Paul. Quelque chose m'est cachée et je n'aime pas du tout cela.
Le lendemain, j'ai mal à la tête, aussi bien qu'ils me donnent des calmants. Rose-May revient pour m'apprendre que je n'ai rien de très inquiétant à la tête. Ce n'est qu'une blessure superficielle, qui laissera sans doute une toute petite cicatrice, mais qui risque de partir avec le temps. Comme si je n'en avais pas déjà assez de ces vilaines choses.
— Pour votre épaule, il s'agit d'une élongation. Rien de très inquiétant, ne vous en faites pas. Votre chute a été violente, et votre muscle était mal échauffé, pas préparé à une chute de cet ordre, il y a eu seulement un étirement de celui-ci, elle explique consciencieusement. Vous pratiquez un sport ou vous travaillez ?
— Non.
Bientôt, je retournerai finir mon master à New York et je reprendrai l'athlétisme, c'est une chose sûre. Tout rentrera dans l'ordre.
— Très bien. Il va falloir du repos à cette épaule, pour trois-quatre jours. Vous en prendrez bien soin, hein ? elle me sourit.
Je hoche la tête, bien sagement. Cette femme ne doit pas avoir beaucoup plus que moi, elle a sûrement même dans mes âges.
— Je vais vous mettre une attelle pour que les choses soient plus faciles.
Mon père reste silencieux pendant qu'elle m'installe mon attelle. Il ne m'a pas parlé de Maman depuis des heures, depuis qu'il est venu prendre soin de moi, en fait. Il n'a pas parlé et j'avoue que cela m'inquiète grandement. J'essaie de ne pas le faire voir, mais c'est plus fort que moi.
— Je pourrai avoir une discussion avec vous, mademoiselle Dawson, sans votre père ?
Rose-May regarde poliment mon père, lorsqu'elle me pose la question. Je me retourne et jette un léger coup d'oeil vers lui, pour voir qu'il se lève et part sans un mot. J'ai envie de pleurer.
— Vous m'avez dit que vous aviez vingt-quatre ans, et que vous n'avez jamais eu de chutes de ce genre, avant celle ci. C'est donc votre première, et ce qui m'inquiète, c'est votre jeune âge, mais aussi votre état santé. Une chute est souvent lié à la maladresse. Mais parfois, cela peut expliquer la cause de quelque chose de plus grave, conclue t-elle, sérieusement.
Elle remonte ses lunettes sur ses yeux, avant de prendre le temps de préparer une seringue, comme si elle s'apprêtait à me faire une prise de sang. Je ne dis rien.
— Parfois, il s'agit de problème d'alcoolisme, ou alors de maladie comme celle de Parkinson ou alors Alzheimer, ou bien neurologique. Avec l'IRM que mon collègue vous a fait, j'écarte la maladie neurologique. Avez-vous des antécédents dans votre famille pour Parkinson ou Alzheimer ?
Je souffle, tranquillement.
— Oui, Alzheimer.
— Très bien, je vais vous faire cette prise de sang, et puis, s'il s'avère que quelque chose se trouve anormale dans votre bilan sanguin, je vous ferai revenir. Je vous laisse donner votre numéro de téléphone à l'entrée. Bien sûr, c'est de votre droit de refuser, si toute fois les choses ne se présentaient pas bien, les tests pour la maladie d'Alzheimer et celle de Parkinson existent et je vous incite à les faire. Quand, vous serez prête, mais le plus tôt sera le mieux.
Je hoche seulement la tête, incapable de répondre. Elle m'installe un garrot juste au dessus de ma veine, qu'elle serre bien fort, puis elle m'applique un coton avec un substance froide dessus. La pointe de l'aiguille plantée dans mon bras, je regarde mon sang partir dans au moins cinq petits tubes. L'intervention se termine cinq minutes après, et Rose-May se rassoit en face de moi, sérieuse, comme tout à l'heure. Son visage est peut être un peu plus sombre.
— Est-ce vous avez subit une maltraitance quelconque ? Surtout, je ne suis pas là pour vous juger, mademoiselle Dawson. Le secret médical est de valeur dans cet hôpital, comme tous les autres sur cette Terre.
Je déglutis difficilement face à cette question inattendue. Mes yeux se ferment d'eux-même.
— Vu les marques, les cicatrices sur vos poignets, sur vos bras et puis sur votre mâchoire, je n'en laisse pas de doute. Seulement, c'est à vous de juger bon de me le dire. Je ne vous force pas, j'essaie de comprendre ce qui a bien pu se passer pour que vous trébuchiez dans ces escaliers, alors que vous êtes jeunes et en bonne santé, à priori. Il existe des procédures pour ce genre de comportement et vous pouvez porter plainte. De plus, si jamais, en plus de la maltraitance, le viol ou l'abus sexuel entre en ligne, il existe des examens spéciaux.
C'est trop, je ne peux plus rien entendre. Je sors de la salle sans un mot, et je retrouve mon père dans sa voiture. Il démarre sans me poser de question. Je n'ai même pas donné mon numéro à l'accueil, mais à quoi bon. En posant ma tête contre la vitre, je réalise soudain que ma vie a basculé en seulement quelques secondes, et que je suis responsable de tout.
— Je sais que tu me caches quelque chose, Lucie. Je te fais confiance depuis toujours, mais c'est le moment d'en parler, tu ne crois pas. Quand je suis arrivé à l'hôpital, il y a trois semaines, je n'ai rien demandé. Je me suis tu et j'ai attendu. Mais, je ne peux plus faire semblant, fermer les yeux sur ce qui s'est passé entre toi et Alban. Si tu as quelque chose à me dire, important ou pas, dis-le moi maintenant.
Mon coeur saigne pour le sien, mais je dois le protéger de la vérité. Je peux le protéger, lui, comme il l'a fait pour moi. Je reste sans voix, alors que j'aimerai tout lui expliquer. Son soupir me traverse tout entière mais ce sont ses cris silencieux qui me déchirent, me pénètrent. J'agonise en silence, tandis qu'il encaisse.
Une fois garée devant la maison, je me tourne vers lui. Il regarde la porte du garage qui s'ouvre lentement.
— Alban a essayé de me tuer ce soir là, parce que je voulais l'aider. Smith est arrivé et il m'a sauvé. Et pour aujourd'hui, je suis tombée, c'est tout.
Après tout, ce n'est qu'un demi mensonge. Mon père me fait face avec toute la peine du monde sur ses épaules et je me hais encore plus.
— Tu ferais mieux de rentrer à la maison, j'ai besoin de faire un tour. La journée a été intense, il me semble entendre.
J'ouvre ma portière, impuissante. Dès que je pose un pied à terre, les paroles de mon père m'achèvent.
— Restes à la maison. Enferme-toi, ne sors plus jamais seule. Je ne veux pas te perdre comme j'ai perdu ta mère.
Je me retourne, immobile. Le temps s'arrête et la Terre ne tourne plus sur elle-même, elle ne bouge plus.
— Tu as raison, le destin de ta mère parle pour elle en ce moment. Apparemment, elle était destinée à une vie semée d'embûches et de souffrances, parsemée de plusieurs dépressions, de la maladie d'Alzheimer et d'un cancer au cerveau par dessus le marché. La vie est cruelle comme tu dis, et je préférais être mort en ce moment que de vivre tout ça. Je pense chaque jour à me foutre en l'air, mais je me rappelle ensuite, que tu es toujours là, toi. Jusqu'à aujourd'hui.
Je referme violemment ma portière, une larme solitaire coulant sur ma joue. La haine s'installe en moi, mais cette fois-ci, j'en ai marre. Je remets ma ceinture.
— Démarre Papa. J'ai une bien meilleure idée, je souffle.
Il tourne les yeux vers moi et en un seul regard, il comprend. En démarrant, je repense à cette fameuse journée parfaite qu'on a vécu tous les quatre, lorsque Charlie était toujours avec nous. On avait marché toute la journée dans les rues, en s'arrêtant dans les magasins et pour manger des glaces. Et puis Papa nous avait amené voir un magnifique couché de soleil pour clôturer cette journée. C'était magique et c'est ici qu'on a scellé notre amour. C'est sur la plage de Venice Beach que la famille Dawson est devenue invincible et forte.
Il nous faut moins six heures de route pour y aller, mais après tout, il n'est que seize heure tout pile. Je sais que les jolies couleurs orangées du soleil qui disparaîtront derrière l'océan Pacifique, feront renaître de leurs cendres, cet amour détruit, tout pleins de cicatrices, comme moi.
**********************************
Coucou tout le monde !! J'espère que vous allez bien ? Bon, pour cette histoire d'enlever mon tome 2 et 3 de FIGHT FOR US, ne vous en faîtes pas, j'ai déjà fait mes corrections, sur le tome 2. J'ai changé le premier chapitre. J'ai fait en sorte que Lucie ne sache pas que c'est Alban qui a tout manigancé, parce qu'elle est censée l'apprendre dans ce tome, dans le chapitre prochain pour être exact, si je ne dis pas de bêtises. De plus, j'ai mis un nouveau prologue sur le tome 2 pour remplacer la préface, qui met en scène Smith à l'hôpital. J'ai fait la même chose sur le tome 1, qui met en scène un personnage que vous avez appris à connaître dans le tome 2. Allez faire un tour et dîtes-moi ce que vous en pensez ! :)
Alors qu'est-ce que vous pensez de ce chapitre ? Victor tapit dans l'ombre se montre au grand jour pour torturer Lucie. Bon, je présume que vous avez une petite idée quant à la présence de Paul sur le moment. Paul ressent encore quelque chose pour Lucie, mais il a compris qu'elle aimait Smith et il est content. Seulement, il est là pour garder un oeil sur elle, aussi. Deux hommes protecteurs rien que pour elle, la chance !!
Dîtes moi ce que vous avez pensé de ce chapitre !!
En tout cas, je voulais en profiter pour vous remercier du fond du coeur, parce que vos commentaires me font chaud au coeur et aussi parce que je vois à quel point le nombre de lecteurs augmente chaque jour ! Je suis trop contente, euphorique ! En plus, quand je vois que FIGHT FOR US 1 et 2 commencent à se faire une place dans les listes coups de coeur de certains ou certaines Wattpadien(ne)s, je suis débordée d'une joie sans nom. Merci infiniment ! J'espère que nos héros, moi et vous, on continuera jusqu'à très loin avec cette histoire. (En maison d'édition aussi !!)
Bisous !!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top