12. SMITH
Je me réveille difficilement ce matin, avec toutes les cigarettes et l'alcool que j'ai ingurgité, la veille. La chanson de ma mère me revient en tête, et j'ai tout de suite envie de l'appeler pour lui dire que je ne vais pas bien, que tout dégringole autour de moi. J'ai envie qu'elle s'inquiète pour moi, qu'elle revienne pour voir que je suis loin d'être sobre et sain et sauf. Mais je me fais de fausses idées. Ma mère n'est pas là. Lucie, elle, oui. Je m'en veux tellement d'avoir réagit aussi violemment. Il faut dire que j'étais à chaud et que mon cota de colère était pété. Il fallait que je passe mes nerfs sur quelqu'un. Évidement elle était là, toujours, et c'est elle qui a pris.
En baillant un bon coup, je me lève, et saute de mon lit. Je me dirige vers la salle de bain, et envisage d'aller faire ma petite course ce matin, comme d'habitude. Lorsque j'arrive au pied de l'immeuble, je vois Lucas adossé au mur, une cigarette à la bouche. Il tire dessus à chaque bouffée en marmonnant dans sa barbe. Il est venu pour courir avec moi, vue sa tenue sportive. Il a même actionné sa nouvelle montre qui est capable de lui dire le nombre de pas qu'il fait, son rythme cardiaque ainsi que les kilomètre parcouru. Des fois, je me dis que je devrais m'acheter une montre comme celle-ci, mais j'oublie vite. Pour l'instant, j'aimerai plus vendre mon appartement, que d'acheter des gadgets qui valent plus d'une balle.
Je m'approche de lui, en fermant bien la porte de mon immeuble, qui visiblement a un carreau de pété. Encore des petits cons qui veulent se la jouer cool. Je comprends, j'ai déjà cassé pas mal de vitres sur des voitures quand j'étais jeune, juste pour paraître invincible et intimidant. Mais maintenant, je me rends compte que moi et mes potes, on était que des minables, des cas sociaux qui emmerdaient la ville.
Lucas tourne la tête vers moi, visiblement de mauvaise humeur. Je sais que lorsqu'il prend une cigarette c'est qu'il y a quelque chose qui cloche. A tout hasard, je dirais que le sujet qui fâche aujourd'hui, c'est Léna. Je ne sais pas ce qu'elle a fait, mais cela devait être brutal pour qu'il est l'air aussi froid.
— Salut, je me lance.
Il jette sa cigarette sur le sol, avant de l'écraser avec son pied. Puis, il me sourit amicalement. En fait, ils sont pas aussi différent l'un de l'autre. Ils essaient tout les deux de garder la face, ils ne veulent pas émettre le doute chez les gens. Sauf que moi, je l'ai grillé depuis longtemps. Dommage pour lui. Mais bon, on est deux dans le pétrin et de mauvaise humeur.
— Salut Sam ! Je viens avec toi, faire ce petit footing, j'ai besoin de prendre l'air, il m'explique.
J'acquiesce en silence, avant de commencer quelques foulées avec lui. Lucas regarde droit devant lui, constamment, sans prendre la parole. Moi, je respire autant que je peux. Après quelques minutes, la conversation sérieuse commence de sa bouche. Il garde toujours cet air sombre, en jetant des coups d'oeil frénétique sur sa montre, qui fait visiblement portable en même temps.
— Lucie est venue te rejoindre hier.
Sa phrase sonne plutôt comme une question cachée à l'intérieur. Dans ce cas, je réponds sincèrement parce qu'il le sera aussi avec moi. C'est à mon tour de regarder droit devant moi, sans dévier le regard. Je me rappelle encore de nos corps en mouvements. Mon plaisir m'a envahit toute cette nuit et j'ai dû me soulager avant de venir courir, mais ce problème de préservatif me hante plus profondément. Cette erreur m'amène systématiquement à l'erreur qu'ont commise mes parents, si s'en est une, parce qu'ils m'ont eu après.
— Elle n'aurait pas dû venir, même si j'aurai sûrement fait la même chose, je déclare tout bas. Je crois que je me suis comporté en véritable connard.
— Moi aussi, il lâche.
Un autre silence s'installe. Nous restons concentré sur notre course, mais aussi sur les deux filles qui occupent nos esprits. Puis, une question maladroite et un peu gênante, dérape soudain sur mes lèvres.
— Tu as déjà fait l'amour sans protection, toi ?
Lucas fronce les sourcils, en me jetant un léger coup d'oeil.
— Oui. Avec Tracy, il répond honnêtement.
Je secoue la tête. Cela paraît évident, puisqu'ils étaient ensemble pour de bon. Ils étaient amoureux, alors pourquoi ne pas faire cela sans protection. Quand l'amour est en jeu, on sait parfaitement que ces choses ne sont pas inquiétantes. Mais, le truc, c'est que Lucie n'est pas amoureuse de moi et moi, même si je tombe petit à petit pour Lucie, et cela depuis toujours, je ne suis pas encore confiant. Et puis, même si elle me plaît, et que je lui plais aussi, pour l'instant le désir l'emporte sur toute autre forme de sentiment. En plus, elle est trop brisée comme moi. Je pense que nous ne sommes pas encore prêts.
— Avec Lucie, vous l'avez fait sans, c'est ça ? il pose. Tu as sûrement peur que les choses tournent mal, c'est ça aussi ?
Il ne me laisse pas le temps de lui répondre, il connaît déjà la réponse. Je l'entends soupirer tout près de moi, avant qu'il se stoppe. Il reste debout à observer le ciel d'une manière étrange. Je viens immédiatement à côté de lui, pour tenter de voir ce qu'il arrive à voir entre ce ciel bleu et ces nuages épais.
— C'est sûr que tout peut arriver, au moment où on l'attend le moins. Mais il faut apprendre à avoir confiance, ce n'est pas comme si vous étiez des inconnus, pour l'un comme pour l'autre. Je comprends ta peur et je la respecte, mais d'un autre côté, avoir un enfant c'est quelque chose de symbolique. Moi, j'aurai voulu en avoir, mais avec ma maladie, j'ai peur, murmure t-il. Bref, je suis crevé et pas de bon conseil aujourd'hui.
Il se remet à courir, et moi avec. Il a raison, j'ai entièrement confiance en Lucie, et je sais qu'elle prend la pilule puisqu'elle me l'a assuré, mais tout peut arriver. Et le "tout peut arriver" est une partie que je déteste dans la vie. De plus, ne jamais me protéger pendant un acte quel qu'il soit, ne m'est jamais arrivé. Une preuve en plus que Lucie me tient bien.
— Et toi, tu as déjà laissé filé une fille avec qui tu te sentais en symbiose ? En plus de lui avoir presque crié dessus et posé un ultimatum ?
— J'espère que je n'aurai jamais à le faire. Mais quelque chose me dit que les choses ne finiront pas toutes belles et toutes roses. Même si je lui ai dit de ne pas m'abandonner, je sens qu'elle le fera tôt au tard. C'est ce que font les gens quand on s'accroche de plus en plus à eux et qu'on leur fait savoir, je débite.
— Tu as raison. Léna a dit une phrase bizarre hier, qui ne présageait rien de bon. Je crois qu'elle a l'intention de m'abandonner, enfin de nous abandonner. Parfois, ma vie d'avant me manque profondément et c'est à ce moment là que je me ferme, que je fume littéralement comme un pompier et que je me gave de pleins trucs dégueulasses. Je sais que ma maladie peut se déclencher à tout moment, mais je suis perdu en ce moment. Perdu entre le passé et le présent. Je ne suis pas allé au groupe de soutien depuis déjà quelques semaines, tout ça parce qu'elle occupe mes pensées. Mais dans le fond, elle a fait le bon choix pour nous deux. Avec mon coeur en reconstruction le jour et en destruction la nuit, je ne sais pas ce que j'aurai pu lui apporter. Sincèrement, je ne sais même pas si je suis encore capable d'aimer quelqu'un avec sincérité.
Je reste muet, en méditant ses paroles. Ma vie d'avant me manque parfois aussi, parce que ma mère était encore là pour me guider, et parce que c'était plus facile de faire semblant avant. Je pouvais me comporter comme un véritable connard sans rendre de compte à personne, et la vie avait beau être merdique, elle était facile par moment. Mais, je préfère être dans cette autre partie de ma vie, maintenant. Au moins, j'ai quelque chose à me raccrocher.
Nous finissons notre course sur une petite bière. Lucas se contente de retourner à la caserne pour étudier un peu plus les possibilités pour devenir sapeur-pompier professionnel. Moi, je me dirige vers l'ancienne salle de boxe de Jim, toujours en forme. Comme l'autre jour, je retrouve les même jeunes. Une vieille radio est interposée entre eux, les entraînant, les poussant à chaque seconde qui passe. Je les observe attentivement, les bras croisés. La jeune femme s'exerce sur l'un des punching-balls, tandis que les deux gars suent à se faire pompe sur pompe. Un sourire discret apparaît subitement sur mon visage, en l'effleurant pendant quelques minutes. Ils me rappellent moi, lorsque j'ai connu Jim et que j'ai commencé à venir me perfectionner dans ce sport.
Au bout de quelque temps, ils relèvent tout les trois la tête, et l'un des deux garçons arrête la musique. C'est à leur tour de me regarder, presque impatients que j'ouvre la bouche. Sans même savoir pourquoi je prononce ces paroles, je me lance.
— La proposition tient toujours, ou vous avez trouvé quelqu'un à la hauteur ?
Chacun leur tour, un sourire en coin se dessine sur leur visage. Ils ne doivent pas avoir beaucoup moins que mon en âge. Dans la vingtaine, je dirais en tout cas. Un des garçons, celui qui aime beaucoup les tatouages visiblement avec ses deux colombes et un drôle de petit chat sur son avant bras, s'avance vers moi.
— T'es de la partie, alors ? il me demande, en souriant.
Je souffle un bon coup, avant de sentir mon portable vibrer dans ma poche. Je lui demande deux minutes pour regarder de qui il s'agit. Il hoche la tête avant de rejoindre ses amis. Je m'éloigne pour voir que George m'a envoyé un message.
GEORGE : Tu peux venir, j'ai besoin de toi pour ma voiture. En plus, une bière t'attend.
Je ricane, avant de lui répondre que j'arrive dans quelques minutes. Aussitôt ma réponse tapée, je reviens vers les jeunes.
— Laissez-moi encore un peu de temps, et je vous dirais. Ne vous réjouissez pas trop vite, parce qu'avant de commencer vos entraînements, tout ce que vous voyez autour de vous, et bien, il va falloir le retaper. Salut les jeunes et à la prochaine !
Je pousse la porte, lorsque je sens quelqu'un me suivre. Lentement, je me retourne pour voir que le gars à la colombe est là. Je l'interroge du regard, alors qu'il enfile un haut.
— Je suis un ancien menuisier. Je travaille depuis mes dix-sept ans dans ce domaine, alors retaper cet endroit ne me fait pas peur, il déclare sans ciller.
Je crois que je vais bien aimer ce gars.
— Au fait, je m'appelle Ivan, il me présente sa main.
Je la serre en secouant la tête.
— J'aime la boxe depuis gamin, même ça ne fait que quelques mois que je m'essaie à quelques mouvements. Mais j'ai vingt-trois ans, et j'aimerai bien tenter de percer dans ce sport. D'après ce que j'ai vu et lu sur toi, tu es fort et rapide. Avec Avery, Jack et Dare, on s'est dit que tu pourrais nous aider.
— C'est ce qu'on verra Ivan, c'est ce qu'on verra.
Je le salue une dernière fois d'un coup de tête, avant de rebrousser chemin jusqu'à chez moi et passer sous la douche. Après m'être habillé léger, je file enfiler des chaussures et attraper mes clefs de voiture. Sur la route pour Phoenix, je repense à mon comportement et rédige quelques excuses dans ma tête à l'attention de Lucie.
La maison de George me saute aux yeux, quelques minutes plus tard. Je me gare sur le trottoir puisque sa voiture est garée à l'entrée. Je le vois déjà, le nez dans le capot. En claquant ma porte, je me surprends à regarder la fenêtre qui donne sur la chambre de Lucie. Heureusement ou malheureusement, elle n'est pas là à me regarder venir, avec toute la haine qu'elle doit avoir pour moi en ce moment.
Doucement, je secoue la tête avant de rejoindre George, qui est maintenant adossé à son capot, les yeux rivés sur moi. Je ne sais pas si Lucie lui a laissé des signes comme quoi elle avait l'air sonné ou troublé, mais apparemment, vu la tête de son père et le sourire amical qu'il me lance, il est clair qu'elle sait bien cacher les choses. Tant mieux, je ne veux pas que nos problèmes intervertissent sur leur relation père-fille. C'est bien la dernière chose que je souhaite.
— Ravi que tu es pu te libérer, Smith, remarque George.
— On m'a donné quelques jours de congé, alors j'essaie de me changer un peu les idées, je déclare positivement.
Il me sourit faiblement, avant de m'expliquer quel est le sujet qui fâche chez cette voiture. Apparemment il s'agirait d'un problème de contact avec le moteur. Je l'écoute attentivement et pendant plus d'une heure, j'essaie de voir ce que je peux faire en changeant quelques petites pièces pour vérifier si elles sont assez propres pour fonctionner. En vérité, elles laissent à désirer.
— C'est une vieille voiture. Je l'ai acheté quand Lucie avait cinq ans, donc, elle a aujourd'hui dix-neuf ans. Je sais qu'il serait tant de la changer, mais je ne sais pas si je veux vraiment m'en séparer. Elle en a vécu des choses avec nous, il souffle en tapant sur la carrosserie, nostalgique.
Je souris. Je comprends son amour pour sa voiture. Moi aussi, elle est plutôt vieille. Je me souviens qu'elle avait déjà six ans quand ma mère me l'a acheté pour mes dix-huit ans. Treize ans, c'est le bon âge pour une voiture. En tout cas, pour ma part.
— Tu veux qu'on fasse une pause bière ?
— Je ne peux décidément pas refuser une telle offre, je ris.
Il me tape dans le dos, avant de m'emboiter le chemin vers l'intérieur de la maison. Pendant que je nettoie mes mains sous l'eau, George s'occupe de sortir les canettes et d'allumer la télévision sur un match de boxe. Je vais commencer à croire qu'il est abonné à la fibre comme moi, et à la chaîne sport surtout.
Avant de m'affaler près de lui, je pars faire un tour vers les escaliers. Tout à coup, la voix de George me fait sursauter. Je n'ai aucune idée de comment il a fait pour savoir que j'étais ici, mais je me contente de l'écouter.
— Elle est sortie voir sa mère, tôt ce matin. Je pense qu'elle ne va pas tarder à arriver. Tu manges avec nous, ce midi ? J'ai pensé à mettre une troisième assiette pour des bonnes lasagnes, tu ne m'en veux pas ?
— Non, non.
Je m'assois près de lui dans le canapé, pour voir que le match va commencer dans quelques minutes, le temps de présenter les deux boxeurs. Après qu'ils se soient échangés un regard entendu, les deux boxeurs ôtent leurs grandes capes de la couleur de leur équipe et s'installent au milieu du ring pour faire le poing-contre-poing.
Soudain, la porte d'entrée s'ouvre et se referme délicatement. George est tellement accaparé par le début saignant de ce match, qu'il n'entend pas Lucie rentrer. Je profite donc de cette inattention pour me lever et me diriger vers elle. Je l'intercepte dans les escaliers. Elle tourne les yeux vers moi, qui suis toujours aux pieds des marches. Ses yeux sont rouges et son visage boursouflé. Aussitôt, elle tente de cacher ses bras rouges sang avec ses manches, mais il est trop tard. J'ai tout vu et je me précipite vers elle. Lucie court presque pour se réfugier dans sa chambre et me claque la porte au nez. Elle ferme à clé pour être sûre que je ne rentrerai pas.
Je pose à plat mes mains sur sa porte, ainsi que mon front. En respirant un bon coup, je ferme les yeux. Ses pleurs heurtent mes tympans qui saignent abondamment maintenant. Je déteste la voir pleurer. Le fait qu'elle ait mal, me rend malade à mon tour. Notre lien invisible s'est longuement développé et amélioré pendant tout ce temps, même loin l'un de l'autre.
— Lucie, je chuchote.
— Va t-en, laisse moi tranquille.
Sa voix est sèche et tranchante, mais elle me passe au dessus. Un cri de détresse transperce l'atmosphère. Brutalement, des pas se font entendre dans les escaliers. George apparaît, impuissant et aussi effrayé que moi, même plus. Je me décale pour voir s'il veut adresser quelques mots à sa fille. Il me fait comprendre que non par un mouvement de la tête, et dans ses yeux, j'arrive à lire la détresse qu'il m'envoie. Je secoue simplement la tête, le laissant filer en bas pour reprendre sa place devant son match.
— Lucie, écoute-moi. Je suis désolé pour hier, tellement. Quelques jours avant la cérémonie de ma mère, je suis allé voir son avocat avec mon père pour son testament. Elle m'a laissé une lettre m'expliquant les choix radicaux de mon père et sa violence aussi. Jamais je ne lui pardonnerai ses actes, mais maintenant, je connais la vérité, je lance tout bas.
Je prends une longue respiration.
— Il ne voulait pas d'enfant, tu sais, je ris amèrement. Il ne voulait pas d'un gamin, mais je suis né quand même. Au départ, mon père a cru que ma mère l'avait trompé, mais la simple vérité c'est qu'un jour, ils ont oublié de se protéger mutuellement pendant l'acte. Ma mère prenait la pilule, Lucie. Je suis arrivé.
Le silence me tord de l'intérieur.
— Je voulais pas te faire de mal, mais j'ai peur de l'avenir moi aussi. Je ne deviendrai jamais mon père, je le sais maintenant. Mais pour avoir un enfant, je veux que tous soient sûrs et certains. J'espère que tu me comprends, Lucie.
Je m'approche de la porte, en glissant mon oreille contre la paroi. Lucie a cessé de pleurer, je dirais. Un sourire maigre effleure mes lèvres, en espérant qu'elle m'ait pardonné ma mauvaise conduite comme je l'ai fait pour la sienne.
— Je sais que tu viens juste de rentrer de l'hôpital, tu veux en parler ?
Elle ne répond rien. Je me passe nerveusement une main dans le cou.
— C'est juste que, je sais ce que ça fait de regarder sa mère sombrer dans la maladie, sans pouvoir faire ce que l'on voudrait, je murmure.
J'entends le verrou se désactiver, puis plus rien. En hésitant encore un peu, je pousse la porte, puis une fois à l'intérieur, je la referme très lentement. Lucie est assise sur le bord de son lit, une photographie dans la main. En silence, je viens près d'elle, et laisse divaguer mes yeux sur l'instant figé de bonheur qu'elle tient entre ses mains. Je reconnais son père et puis, je déduis que la femme se trouvant près de lui, est la mère de Lucie. Bien sûr, Lucie est sur la photo, mais en beaucoup plus jeune. D'ailleurs, elle a ses bras accroché autour du cou d'un petit garçon. Je suppose que c'est son petit frère qui est mort.
— Cette photo a été prise dans le jardin. Elle date de longtemps, l'époque où on était encore une famille, où on était heureux, elle m'explique. Charlie venait d'avoir ses tout premiers gants de boxe de la part de papa, et moi, je l'avais encore lui. C'est l'année suivante que l'accident est survenu.
Je passe un bras protecteur autour de ses épaules, pour lui faire savoir que je suis là, près d'elle. Lucie pose le cadre qui contient cet instant sur le lit, avant de se lever et de commencer à faire les cent pas, devant moi.
— Je suis allée la voir, il y a quelques minutes. Pas longtemps, peut être deux petites heures, ou trois, je ne sais plus. Pas longtemps, oui, c'est sûr, elle réfléchie. Je suis partie en urgence. Non, je ne suis pas partie, on m'a poussé à partir, ce n'est pas la même chose.
Elle pose ses deux mains sur chacune de ses tempes pour les taper avec ses paumes. Je choisis de ne pas intervenir tout de suite. Je la laisse dans sa réflexion.
— Je l'ai vu. Je l'ai vu craché du sang. Elle en avait plein les mains et autour de la bouche. J'ai appuyé sur le bouton pour les aides soignants et après elles m'ont poussé à partir. Partir loin de ma mère qui toussait, toussait, toujours et encore.
Il se passe la main dans les cheveux, et remonte ses manches pour s'attaquer à ses bras déjà pleins de griffures et de petites perles de sang qui ne demandent qu'à se libérer. Elle gratte frénétiquement, et j'arrive pour l'en empêcher. Je prends chacun de ses poignets dans mes mains, pour les positionner derrière son dos.
— Elle mourrait sous mes yeux. Son visage est devenu pâle et ses yeux se sont éteints. Elle va mourir, elle glisse. Mes mains sont pleines de sang, et elle va mourir.
Je pose mon front contre le sien, et j'ouvre mes yeux pour tenter de les plonger dans les siens, sauf qu'ils ne font que révulser et tourner en rond.
— Lucie, c'est fini, calme-toi.
— Non, c'est pas fini ! Elle va mourir ! Elle va mourir, tu m'entends ! Mourir, mourir, mourir ! Morte, morte ! Quelle fille indigne, j'ai pu être pendant toutes ces semaines, mon dieu ! elle hurle.
Tout en l'observant de près, je nous balance vers son mur, où je la retiens, nos mains entrelacées contre celui ci. Lucie tente de lutter en me répétant que sa mère va mourir, à n'en plus finir. Mon coeur pleure pour le sien.
— Lucie, tu ne sais pas si ta mère va mourir. Elle est dans un état critique, d'accord, alors c'est le moment d'aller la voir chaque jour, toujours. Ne la lâche jamais. Une mère c'est ce qu'on a de plus précieux au monde, et il est temps que tu arrêtes de te morfondre pour son sort qui n'est pas encore arrivé. Elle a besoin de ta force, pas de ton chagrin. Ressaisie-toi, Lucie.
Elle fixe maintenant ses beaux yeux tristes sur les miens, avant de venir sceller nos lèvres. Elle m'embrasse fougueusement et je lui réponds dans la même langue. Je lâche ses poignets, pour agrippé ses hanches, tandis qu'elle s'accroche désespérément à mes cheveux. J'aime qu'elle me les tire.
Elle m'embrasse encore et encore, tandis que moi, je sens le désir monter en moi. J'essaie de me calmer, mais Lucie ne me laisse aucunes limites de répit. Elle relève sa petite jupe volante en jeans, tout en déboutonnant mon pantalon pour le baisser et dévoiler mon caleçon noir.
— Ton père est en bas, et je ne veux pas que ce genre de connexion entre nous devienne seulement un besoin quelconque de se noyer, même si l'idée est plutôt tentante. En faisant cela, on risque de tout faire sauter, je respire.
Lucie me regarde puis, elle saute pour m'enserrer la taille avec ses grandes jambes. C'est la première fois que je la vois porter une jupe depuis ces semaines difficiles. Je dois avouer que ça ne fais pas de mal.
— Je te pardonne pour m'avoir crié dessus, Smith.
Elle envisage un premier coup de bassin, que j'interprète par un premier gémissement. Elle m'embrasse encore un peu.
— Je comprends maintenant que tu ais peur, et que cela ne se reproduira plus avant que nous soyons sûrs. Mais, j'ai juste besoin de te sentir, de sentir que tu es bien là avec moi.
— Je suis là, Lucie.
C'est mon tour de donner un coup de rein assez puissant.
— Tu es là, avec moi.
— Je suis là, je répète.
C'est la vérité, je suis là.
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Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien ??
Bon, voici un nouveau chapitre, qui j'espère vous a plu ? Dîtes moi tout mes choux !! Dans le prochain chapitre, Smith va avouer quelque chose à Lucie, qui je pense, va vous faire crier et sauter de joie !!
Bisous !! S.
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