11. LUCIE (EXPLICITE)

- Tu veux bien m'embrasser, Smith ? je lui demande d'une toute petite voix.

Il pose son front contre le mien. Aussitôt, il effleure seulement mes lèvres avec l'aide des siennes et commence à aspirer mon air, mes respirations intenses. Puis, sa langue vient lécher de façon érotique, ma lèvre inférieure. Je hoquette sur le moment, tout en m'accrochant à ses biceps. C'est tout ce que je peux faire, parce que j'ai l'impression de tomber. De sombrer dans l'ombre avec lui.

Il m'embrasse enfin. Lentement d'abord, puis fougueusement. A chaque coups de langue qu'il effectue près de la mienne, avec la sienne, il me montre à quel point son coeur est brisé, à quel point il est brisé. Pour moi aussi, cette matinée a été éprouvante. J'ai détesté imaginer ma mère, mais je n'ai pas pu faire autrement. Alors j'ai pleuré pour elle et pour Pénélope. Smith a raison, même si je ne l'ai connu qu'au pire des moments, j'ai vu à quel point elle pouvait réparer les âmes qui sont cassées. J'ai vu à quel point son regard était profond, tout comme celui de son fils. Smith ne le sait peut être pas encore, mais il a ce pouvoir également. Il est en train de le faire pour moi.

Ce week-end a été horrible pour moi, très éprouvant, mais ses petits messages avant de m'endormir m'ont aidé à aller mieux. J'ai su fermer les yeux, sans penser à mes démons qui trottent de plus en plus dans mon esprit ces temps-ci. Il est en train de me sauver comme il le dit, et aujourd'hui, c'est mon tour de l'élever. C'est mon tour, de répondre à son besoin, de faire taire sa crainte et sa tristesse. J'ignore encore, quel jour nous iront mieux. Peut être dans une semaine, ou bien deux, ou alors dans un mois. Je n'en sais rien. Mais pendant ce temps, nous allons nous unir pour mieux triompher dans cette nuit noire.

Smith continue de m'embrasser avec toute la force, toute la haine et toute la tristesse qu'il puise au fond de lui. Moi, je le lui rends. C'est comme un combat. Il me donne la haine qu'il éprouve à l'égard de son père - j'arrive même à penser au petit garçon et à son visage apeuré à chaque fois que son père osait le toucher ou toucher sa mère - tandis que moi, je lui renvoie tous mes souvenirs d'Alban. Les bons comme les mauvais. Je me déverse sur lui, et il fait la même chose pour moi. Je le sens, son désespoir et son envie, couler sur mes vêtements.

Brutalement, Smith nous retourne, et je heurte le mur de plein fouet. J'étouffe un gémissement, alors qu'il est en train de m'enlever mon haut. Ses mains tremblent. Ses lèvres, elles, sont partout sur mon cou. Il me mord, me suce, m'embrasse, sans ménagement. Étrangement, j'aime sa violence. Elle a une certaine forme de douceur, au contraire des gestes que Alban pouvait avoir pour moi.

Il n'est plus là, il ne me trouvera plus. Jamais. Je me répète ces mots en tête. Mes muscles deviennent mous, mais je garde un semblant de bon sens. Je me rappelle soudainement les paroles de Smith, lorsqu'il m'a dit que nous devrions nous fixer sur notre repentie, au lieu de glisser sur ce chemin là.

Lentement, je fais glisser mes mains sur sa poitrine, où je sens son coeur battre irrégulièrement, puis, je le repousse. Ses yeux me scrutent et me donnent une magnifique démonstration de son désir. Ses pupilles sont dilatées et son souffle est erratique. Je ferme les yeux, pour reprendre mon souffle, et surtout, parce que je n'arrive pas à affronter son regard.

- Lucie, il murmure.

Il pose à nouveau ses lèvres sur les miennes, plus doucement cette fois, en décortiquant nos moindres mouvements de bouche, de langue. Le silence est planant. Je n'entends que nos respirations s'intensifier, nos gémissements, et le froissement de mon haut à chaque fois que nos poitrines s'effleurent. Je laisse durer le moment, parce que j'en ai autant besoin que lui. Je me sens en sécurité contre ce mur, avec ses bras qui m'encadrent et ce grand torse collé à moi. L'eau continue de couler entre nous, je crois même que nous en buvons à chaque fois que nous penchons la tête, pour que notre baiser atteigne des sommets.

- Smith, je crois qu'on...

Je perds ma langue. Il m'embrasse encore, et cette fois, ses mains déchirent mon haut d'un coup sec seulement au col. Elles sont avides et me cherchent. Mais mes sens se mettent en alerte de façon brusque, quand il commence à me griffer. Des flashs d'Alban me reviennent en tête. Ma respiration se coupe. Aussitôt, comme pour me protéger, je pousse Smith de toutes mes forces de l'autre côté de la douche. Il se retrouve cloué au mur, en face de moi. Ses yeux sont remplit d'inquiétude. Je m'en veux qu'il ne comprenne pas, je m'en veux de lui faire du mal alors qu'il a besoin de moi. Je m'en veux tellement.

En baissant la tête, je fixe mes pieds. Mes converses sont toutes poisseuses. En deux-trois mouvements, je les enlève en même temps que mes socquettes. Je sens le regard de Smith, mais je ne peux pas lever les yeux, au risque de me noyer. J'observe mon haut à moitié déchiré. C'est brutal. Animal. A l'image du trou béant qui s'ouvre progressivement dans son coeur.

Une respiration.

Je sors de la douche, en éteignant l'eau, puis je me dirige vers la baignoire qui est un peu plus loin. Je n'ai jamais vu un appartement équipé d'une douche et d'une baignoire, jusqu'à maintenant. Je n'y prête pas attention, j'allume l'eau dans celle ci et attend qu'elle se remplisse d'eau chaude.

Deux respirations.

- Viens, tu dois te détendre Smith, je déclare tout bas.

J'espère qu'il m'a entendu. J'ai parlé si bas, que j'ai peur de ne même pas avoir sorti un son. Heureusement, j'entends les petits clapotis que ses pieds nus font sur le sol. Sans un bruit, il s'allonge à l'intérieur, en fixant droit devant lui. Il ne m'accorde pas un regard, et j'ai mal. Mon coeur s'affole.

- Je connais rien de mieux qu'un bon bain, pour faire taire le chagrin, je chuchote.

- Tout ce dont j'ai besoin, c'est toi, il répond d'une voix dure.

Je ressens un pincement au coeur, dû au soupçon de colère qui se cache sous les traits de sa voix. Je ne réponds rien, au lieu de cela, je me dirige vers les serviettes et les gants de toilettes. J'en prend un au hasard, et empoche le gel douche ainsi que le shampoing qui traine dans la douche. Puis, je m'accroupis à ses côtés. Il reste silencieux, lorsque je malaxe sa chevelure avec le shampoing à la pomme qu'il possède. Je veille à être douce et agréable.

- Je ne mérite pas toute cette attention, Lucie, il murmure, d'une voix cassée.

Je me demande bien pourquoi il croit une telle chose. Sûrement à cause des paroles blessantes de son père et des piques qu'il lui envoie sans arrêt. J'en ai eu un petit aperçu tout à l'heure, et cela ne devait pas être la première à laquelle Smith devait faire face. Maintenant, je sais à quel point Smith a pu souffrir et sa mère aussi. Je trouvais cela écœurant que Alban ose lever la main sur moi, mais un père sur sa femme et son fils, c'est révoltant sur tout les points. J'aimerai presque militer pour ce petit garçon que Smith était autrefois. Oui, je dois d'abord sauver ce petit garçon, avant que l'homme qui l'est maintenant, soit enfin libre. Toutefois, il est sur la bonne voix. Jusqu'à maintenant. La mort de sa mère, sa concrétisation et l'attitude brute de son père, dégomme tout.

Je grogne tout bas, avant de prendre un peu d'eau pour lui rincer les cheveux. Après je m'occupe de son torse, de ses jambes, de ses bras, de son corps tout entier. Quand vient le tour de son dos, je le sens serrer les dents lorsque je passe le gant sur sa cicatrice. Immédiatement, je l'enlève et passe ma main dessus, avant d'y déposer un baiser. Les mauvais souvenirs d'Alban sont passé, mais il subsiste une pointe amère qui se cache en moi.

- J'embrasse ton âme, je laisse échapper entre mes lèvres.

Smith lâche un soupir, avant de laisser ses épaules s'affaisser. Je décide donc de les embrasser, tout doucement, juste un effleurement, léger comme l'air. Il frémis de tout son corps, avant d'enfermer mon poignet autour de ses doigts chaud et ridés à cause de l'eau. Je me fige, en même temps que le temps.

- Ne me fuis pas. Je ne suis pas lui, et je ne serais jamais lui. A ton tour de me faire l'amour, il m'explique calmement.

Je sens mon pouls dans chaque extrémités de mon corps. Mon corps va s'effondrer sur le sol d'une seconde à l'autre, sauf que la main de Smith me retient. Je sais que je vais me noyer, mais je ne peux pas. Je ne peux pas le laisser seul, parce que moi aussi je souffre. Je souffre pour lui. Tellement, qu'il m'en est difficile de le voir dans cet état miteux. Mais quelque chose me mine. Et si nous nous utilisions tout les deux seulement pour enfoncer nos chagrin, pour les enterrer ? Notre but s'élève au bonheur, à la rédemption. Mais j'ai l'impression qu'en utilisant nos corps comme seul moyen de secours, Smith et moi, ne faisons que plonger dans des eaux troubles. Ses paroles dans la voiture m'ont fait réfléchir, et il est vrai que ce désir puissant qui nous retient à l'autre pourrait tout faire dériver lors d'une tempête plus grave que les autres. Les vents tournent et tout peut se produire et à tout moment.

J'enlève mon poignet de sa poigne, avant de venir me poster en face de lui. Comme ça, il ne peut rien fixer à part moi. Les yeux dans les yeux, les émotions fusent.

- Je ne compte pas pour toi, alors ? il me demande à véhémence.

Je passe une main moite sur mon visage qui sent encore son odeur à forte dose. Mes membres commencent à trembler, en proie à une crainte qui envahit mon esprit et s'implante dans mon crâne. C'est de cela dont j'ai peur. Je crains qu'en couchant ensemble nos sentiments ne soient pas ceux qu'on voit vraiment, que l'on se trompe et que tout bascule comme avant. Que le cauchemar recommence. Pourtant, je sais pertinemment que Smith ne lèverait jamais la main sur moi, ou n'importe quelle femme. Il me l'a promis et puis, je le vois, je le sens au plus profond. Son coeur est bon et il bat pour un monde sans violence préméditée.

- Si.

Je ferme les yeux. Tout se rejoue, encore et encore. Alban se trouve à nouveau devant moi, et me demande sincèrement si je l'aime, si nous ferons un couple heureux plus tard. J'ai dû lui mentir, mais les mensonges sont fini. Je ne veux plus mentir, et encore moins à Smith, qui lui, a toujours été honnête avec moi.

J'avale difficilement ma salive, pendant que le regard de Smith devient froid. Il se renferme. Voilà longtemps que je ne l'avais pas vu agir de la sorte avec moi. La première fois, c'est quand il m'a fait savoir qu'il ne voulait pas de mon aide.

- Pas suffisamment en tout cas.

Je me mords les ongles, avant de m'approcher un peu plus de lui et de m'accrocher aux blancs de la baignoire.

- Tu ne comprends pas, je lance.

Smith s'approche lui aussi, et lève le menton pour que nos lèvres ne soient qu'à quelques centimètres. J'ai juste à me pencher pour que nous puissions nous embrasser. Mais je reste à bonne distance. Ses yeux se sont radoucis.

- Je n'ai jamais demandé à une fille de me faire amour, Lucie. Je tenais à te le dire, il m'avoue. Je sais que tu as peur, et c'est normal. Moi aussi, j'ai peur. Tout le monde a peur de quelque chose. Mais je te le redis une autre fois, je ne suis pas lui.

- Je sais Smith. Je sais, je répète. Je sais aussi que tu ne m'utilises pas, mais la peur est toujours là. Tu peux m'offrir beaucoup d'illusions et révéler ton vrai visage au moment fatidique. Celui où, je tombe follement amoureuse de toi. Tu peux faire comme lui, me faire souffrir comme lui, mais...

- ...tu sais que je ne ferais jamais une chose pareille. Contrairement à toi, je n'ai pas peur de te dire que tu comptes énormément pour moi. Maintenant, il ne me reste plus que toi et mes amis.

Trois respirations.

- Je tiens aussi à toi, Smith, je crie sans le vouloir.

Je me dégage de la baignoire, pendant que je m'effondre sous la douleur et la crainte. Jamais ne je n'aurai cru que ma vie prendrait un si mauvais tournant. Je ne voulais pas.

- Oui, mais tu es encore en train de te battre contre moi, Lucie ! il hurle à son tour. Ne pense plus, maintenant. Ne pense plus à rien. Je suis là, tu es là. Je suis moi, tu es toi. Rappelle-toi, tu n'es plus à New York. L'homme qui t'a fait souffrir n'est pas devant toi à ce moment précis. Celui qui te fait face vient d'assister aux adieux de sa mère en étant impuissant. Je me trouve pathétique, mais tu es la seule à pouvoir m'aider, la seule dont j'ai besoin. Je l'ai toujours su en fait. Viens, prends ma main.

Il me la tend tendrement. Je fais le vide en moi, tout en me dirigeant vers lui. Je m'accroche à lui, et rentre dans l'eau chaude. Smith me fait asseoir sur lui, pour qu'on puisse se regarder droit dans les yeux. Je vois à quel point, il est éreinté et moi, je suis là à lui casser les pieds avec mes peurs. Il souffre et moi, je n'y vois rien avec mes doutes.

- Rien que toi et moi, Lucie. C'est tout ce que je demande, ce que je veux. Retiens-moi dans des eaux meilleures s'il te plaît, il me susurre à l'oreille, en replaçant mes mèches.

Tout doucement, je fais glisser mon haut en dehors de la baignoire, sur le sol. Ensuite vient mon soutien-gorge qui trouve la même place. Sous l'eau mes mains plonge sur les boutons de mon jeans. En l'ouvrant et ma braguette par la même occasion, ma main vient toucher et caresser la veine qui palpite le long de son érection. J'observe les yeux de Smith prendre feux, pendant qu'il laisse ses mains s'occuper de mes deux seins. Il embrasse chacun de mes tétons en tirant soigneusement dessus avec l'aide de ses dents. Je gémis, c'est un point sensible chez moi et il l'a bien compris, en vue du sourire taquin qu'il m'adresse.

Petit à petit le stresse me perd, la confiance me gagne. Je n'ai jamais fait l'amour à un homme à proprement dit, mais Smith me donne le courage de me lancer à le faire. D'un coup de main je descends mon jeans jusqu'à mes genoux, puis avec l'aide de ses pieds il l'arrache à mes jambes. Celui-ci se retrouve à flotter à la surface de l'eau, et ma petite culotte aussi, qui suit le rythme, quelques secondes plus tard.

Quatre respirations.

Smith pose une de ses mains sur ma hanche, celle où l'immonde cicatrice est dessinée en gros. On ne peut pas la rater et moi non plus, à chaque fois que je passe sous la douche et devant un miroir. Je serre les dents quand ses doigts s'attardent. Il essaie de faire comme la dernière fois, la faire disparaître. Durant ce temps, je pose mes mains sur ses épaules, alors qu'il dirige son autre main vers l'entrée de mon sexe. Il touche et caresse doucement l'intérieur de mes cuisses en continuant à me regarder avec profondeur. Je mords jusqu'au sang mes lèvres lorsqu'il insère deux doigts dans mon intimité en commençant ses vas et viens. C'est exquis, tellement que je ferme les yeux.

- Regarde-moi Lucie, je veux le voir quitter tes pensées, tes yeux.

J'ouvre instantanément les yeux, pour les figer aux creux des siens. Ils sont chauds et chaleureux. Ils me rassurent en une seconde, et je me laisse à onduler sur sa main. Smith se penche vers moi, et laisse sa langue courir près de mon oreille. Il détend chacun de mes muscles.

- Tu ne m'abandonneras pas, toi ?

Je ne réponds rien. Il accélère le mouvements de ses doigts, qui donne des vibrations dans l'eau entre nos deux corps. Je geins en mordant dans son épaule. Il est silencieux. Soudain, il enlève ses doigts de ma moiteur alors que je m'apprête à passer la barre de l'orgasme, pour me pénétrer avec force. En me redressant, je m'aperçois que quelque chose à changer dans son regard. Il est volé, je n'arrive plus à lire à l'intérieur. Je panique automatiquement, en le laissant me guider. Mes coups de rein et les siens sont brutaux, sans équivoques, sans issues possibles. Je tente de garder la tête sur les épaules, mais je me perds parmi toutes mes pensées.

- Lucie.

Il se retire violemment, sa joue contre la mienne. Il ne me regarde plus. Ses doigts sont inscrits dans ma peau, et me tirent de façon brusque.

- Ne.

Il me pénètre plus profondément.

- M'abandonne.

Il se retire, me laissant dubitative et haletante. Je m'accroche à ses cheveux, tandis qu'il me chuchote ses mots à l'oreille. Son rythme est lent, et c'est là que je me noie. Toute seule.

- Pas.

Il me pénètre et recommence sa façon de se mouvoir, rapide et efficace. Ses mains me guident dans la partie sauvage de notre étreinte. Il dirige tout, et pousse aussi de son côté. Mes yeux se révulsent tant je suis loin. Je fais l'amour à Smith mais de sa façon. Brute de décoffrage.

Le dernier coup de rein arrive, et je ne peux pas m'empêcher de crier mon plaisir. Smith crie mon nom, avant de poser sa tête sur mon épaule. Nous restons pendant un moment, l'un dans l'autre. Je me sens protéger.

Cependant comme Smith l'a si bien expliqué, les bonnes choses sont souvent suivi d'une mauvaise chose. Là, il s'agit d'une panique totale de la part de Smith cette fois. Pas moi. Ses yeux sont écarquillés quand il relève la tête. Il ne bouge pas, il reste immobile. Je fronce les sourcils, alors qu'il décide enfin à bouger frénétiquement la tête, dans tout les sens. Il regarde partout à la recherche de quelque chose, mais je ne sais pas quoi.

- Smith ? je l'appelle, timidement.

Il donne un coup de poing dans l'eau, me faisant sursauter. Ses yeux se figent sur moi, une certaine colère y passe l'ombre d'une minute. Je ne me sens pas aussi bien que tout à l'heure.

- Je n'ai rien mis pour te protéger, pour nous protéger, merde ! Comment j'ai pu être aussi con ! il grogne.

Je n'ai même pas fait attention à ce détails. Pendant que je me rappelle avoir pris la pilule depuis mes dix-huit ans, je sens la poitrine de Smith cogner contre la mienne à toute vitesse. Il respire fortement et lourdement. En soufflant un bon coup, je pose mes mains sur ses joues, emprisonnant de cette façon, son regard fugace.

- J'ai totalement confiance en toi, Smith. Et puis, je prends la pilule depuis un bon moment.

Mon rire nerveux déchire la tension qui nous entoure. Il suffoque presque alors que j'essaie désespérément de le rassurer. On a échangé les rôles, mais apparemment je ne suis pas aussi douée que lui.

- Relève-toi, il m'ordonne d'une voix tranchante.

Je ne proteste pas. Je sors de la baignoire et lui aussi. Il me tend fermement une serviette que j'enroule autour de moi, tandis qu'il en met une autour de sa taille. Puis sans un mot, il se dirige vers le salon. Je le suis, sans faire de bruit. Lorsque je le vois ouvrir son paquet de cigarettes pour en prendre une, j'ai la nausée. Je réprime une expression de dégoût, tout en observant les moindres émotions qui passent et repassent sur son visage, maintenant préoccupé.

- Smith, je prends la pilule, je t'assure, je me répète.

- Je te crois, me répond t-il, d'un ton lointain.

Six respirations.

Il ne me regarde pas, jamais. Nous n'aurions pas dû faire une telle chose. Je m'en veux maintenant de le voir dans un état pareil. Un état de frayeur et de colère.

- Alors...

Il me coupe, faisant exploser mon coeur déjà en mille morceaux.

- Ce n'est pas le problème, Lucie. Non, ce n'est pas toi. Je viens te faire l'amour sans protection, alors que je ne sais même pas si on peut avoir un avenir ensemble. Si tu en veux un avec moi. J'ai fait un pas de travers qui aurait pu briser nos vies à tout jamais. Tu aurais pu être enceinte et j'aurai pu devenir hargneux comme mon père avec le bébé. Ou peut être que tu m'aurais abandonné parce que tu ne voulais pas de moi. Ces choses, ce ne sont pas de la rigolade, Lucie ! C'est de cette manière que mon enfer a commencé ! il hurle.

J'ouvre la bouche, mais je me ravise. Il me lance un regard coriace, qui m'arrête sur place. C'est comme s'il m'enfonçait dans le sol.

- Rhabille-toi et pars. J'avais dit depuis le départ que je voulais être seul.

Je reste un moment à le regarder jouer avec sa cigarette entre ses dents. Elle n'est pas allumée mais je sens qu'il aimerait qu'elle le soit. Je ne comprends pas ce qui le retient. Sans mots, je file dans la salle de bain pour me sécher vivement et enfiler mes vêtements. Je pars pieds nus, et Smith continue à scruter le mur blanc en face de lui. Les muscles de sa mâchoire tressautent.

Avant que je ne claque la porte, je l'entends marmonner pour lui même :

- Personne ne m'écoute. J'ai besoin d'espace, mais il n'ont pas l'air de s'en rendre compte.

Je dévale les escaliers à toutes vitesse, et je sors dans la rue, mes pieds à l'air. Mon mascara a sûrement roulé sur mes joues. Les gens voient à quel point je suis détruite à ce moment là. Certains me dévisagent sans honte, me portant un jugement dans leur tête. Je m'en fiche complètement. Non, je ne fais que penser à Smith et au moment où tout a basculé. Mais que s'est-il passé ?

Je fuis, je cours le plus vite possible. Mes pieds me font mal, mais je n'y pense pas. Tout ce que je vois en face de moi, c'est la colère de Smith. C'est lui qui vient de m'abandonner là, et pas l'inverse. C'est lui qui...

Sept respirations.

Après être arrivée devant une pharmacie, je pose mes mains sur mes cuisses et bascule pour vomir le peu que j'ai. Heureusement, c'est un coin désert. Je sèche mes larmes tout en toussant. Soudain, j'entends des pas se faire près de moi, et une main se poser sur mon dos.

- Vous allez bien mademoiselle ? me questionne une voix féminine.

Je relève la tête et la pharmacienne en blouse blanche - Carla d'après sa petite étiquette - remonte ses lunettes sur son nez avant de me tendre un papier avec lequel je peux m'essuyer la bouche. Elle répète sa question une autre fois, en me souriant chaleureusement. Je secoue la tête de haut en bas, avant de lui demander si je peux avoir une pilule du lendemain. Elle grimace avant de me demander de bien vouloir la suivre. C'est ce que je fais.

Adossée au comptoir, j'attends patiemment en me rongeant les ongles. Carla arrive enfin avec une petite plaquette sur laquelle est inscrite une pilule. Elle m'explique qu'il faut la prendre rapidement, mais que le risque que je sois enceinte n'est pas réduit à zéro, même si je prends cette pilule et la pilule depuis longtemps. Pendant un instant, je le comprends. Nous avons pris des risques auxquelles nous n'avons pas pensé, et c'est grave.

- N'oubliez pas de vérifier vos prochaines règles, et si jamais vous avez retard, repassez, nous effectuerons un test de grossesse, elle me suggère.

Je la remercie lorsqu'elle m'apporte un verre d'eau et que je peux enfin la prendre. Je déglutis difficilement, avant de me sauver. Je remets mes chaussures et je marche, je marche. Alors que je fatigue, j'entends des voix familières près de moi. Je regarde au loin, et j'aperçois Léna et Lucas au loin, en train de discuter. Heureuse d'avoir trouvé quelqu'un que je connais, j'accélère mon pas.

- J'étais contente, je t'ai embrassé voilà, pique Léna.

Lucas a les bras croisés, et l'air sévère.

- C'est tout ? Tu t'es dit que tu allais m'embrasser comme ça, et que j'allais pas en demander plus ?

- Il y a deux jours, je t'ai surpris avec fille. Tu baises avec n'importe qui, même avec une blonde aux gros seins et à la langue pendante. Tu es comme tout les mecs, Lucas James.

Lucas s'avance, et je me fige. Il colle son front au sien, et Léna souffle.

- Je suis loin d'être un connard, mais toi, tu es une sacrée allumeuse. Tu m'envoies des signaux contraires tout le temps, Léna Oliver ! Je suis un mec, ouais. Au début, je pensais que tu ne m'intéressais pas, mais après notre verre, je suis me rendu compte du contraire. Je pensais que je t'intéressais aussi, mais ce n'est pas le cas, du coup. Maintenant, dis-moi sincèrement Léna, tu veux tenter le coup ou non ? Parce que si c'est non, je préfère qu'on arrête de se voir et de jouer aux copains-copains.

Je vois au loin, que quelque chose chagrine Léna, que quelque chose la bloque, mais je ne sais pas quoi. Elle relève la tête, l'air impassible.

- Très bien, on arrête de jouer aux copains-copains, comme tu dis. On est des collègues, rien de plus. Tu sais, je crois que tu vas bientôt pouvoir respirer en paix, sans moi, elle lui dit calmement.

Lucas fronce les sourcils, visiblement déçu de sa réponse. Moi aussi, un instant, j'ai cru qu'elle allait tenter le coup, mais je ne la comprends que trop bien.

- Bonne journée, Léna.

Lucas disparaît en traversant la rue, tandis que Léna grogne un bon coup. Elle reste immobile. C'est à ce moment là, que je choisis d'apparaître. Sans un mot, elle me prend dans ses bras, et moi, je la serre dans les miens.

- Smith ?

Je hoche la tête.

- Lucas ?

Je lui demande même si je sais parfaitement que c'est le cas. Elle hoche la tête à son tour.

- Tu veux boire un verre ?

- J'ai entendu dire la Tequila pouvait effacer toutes les tristesses de l'âme, je murmure.

Elle rit.

- Va pour une Tequila alors !

Nous partons à la recherche d'un bar, mais aucun ne nous convient. Finalement, elle m'invite chez elle pour boire un chocolat chaud et se gaver de petits gâteaux. Pas mal non plus, pour soigner les peines de coeur.

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Coucou tout le monde !! J'espère que vous allez bien ???

Je vous remercie du fond de mon coeur, vous êtes toujours aussi nombreux à suivre les aventures de Smith et Lucie, et j'avoue que ça me fait chaud au coeur ! En tout cas, j'espère que ce tome vous plait ? ;)

Alors ce chapitre ? La réaction de Smith ? Celle de Lucie ? Comment vous l'avez trouvé ??? Dîtes-moi tout !!

Je vous embrasse fort et vous dis à très bientôt ! Le week-end prochain normalement !!

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