7. ALBAN
"Asustha* s'est emparé de moi, m'engloutissant entièrement..."
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Mes mains tremblent, et mon coeur palpite sous ma poitrine. Enfin, c'est plutôt ce qui me reste de coeur et de sentiments, qui me terrasse sur place, en m'envoyant de violents pics mortels. Mon corps n'est plus que poussière, et ma tête, un tas de grava sans nom. Depuis des années, je suis secoué. Mais lorsque j'ai réussi à trouver Lucie, la femme de ma vie, j'ai sauté sur l'occasion. Mais apparemment, elle n'est plus celle qui m'aimait, et qui me supportait. Non, ce n'est qu'une copie, qu'une doublure, qui essaie de jouer son rôle. Sauf qu'elle sait mal jouée la comédie.
Elle a osé te gifler.
Oui, Lucie m'a giflé. Auparavant, elle ne l'avait jamais fait. Lucie n'a jamais utilisé la violence comme technique de réponse. Mais il faut croire que maintenant, elle sait se défendre. Sauf qu'elle ne sait pas ce que j'ai ressenti lorsque sa main fine a frappé ma joue nue, et sensible. Des flashs me sont revenu en pleine figure, comme celui où ma mère a frappé un homme, qui venait souvent lui rendre visite. Un homme d'une carrure moyenne, avec la poigne robuste. Il aimait être violent, et je suppose que c'est parce qu'il l'aimait. En tout cas, c'est ce qu'il lui affirmait parfois. Je les entendais, enfermer dans le placard près du lit, dans lequel ma mère et moi, dormions le soir.
Lucie ne t'aime pas.
Bien sûr que non, elle m'aime à sa façon, mais ce n'est pas assez. J'aimerais qu'elle me soit entièrement vouée, mais c'est tout simplement impossible. Parfois elle me sourit, pour ensuite mieux m'achever. Je sais parfaitement, que je devrais apprendre à changer, mais le problème, c'est que je n'y arriverai pas. Ma mère ne s'est jamais occupée de moi, me laissant seul, reprendre les gestes de chacun.
Lucie aime cet homme, celui avec qui tu l'as vu passer le plus clair de son temps.
Cet homme que je hais de tout mon être. Cet homme dont je dois me supprimer dans les plus brefs délais, afin de pouvoir m'accaparer Lucie, de plus près. Cet homme qui verra ce lien affectif qu'il a créé avec Lucie, se transformer en échec ; et qui devra s'avouer vaincu avant que je m'occupe de son cas personnellement.
Après quelques minutes à méditer sur le sujet, j'ouvre la porte de ma chambre délicatement, pour y trouver Lucie. Elle est allongée sur le sol, les yeux fermés, et le corps ponctué de soubresauts. Sans plus attendre, je la prends dans mes bras, afin de l'amener dans sa chambre. Je la pose ensuite dans son lit, avant de remonter délicatement le drap sur son corps tout fragile.
Maintenant, il faut que tout ça, soit à toi.
Déterminé à ne pas la perdre une seconde fois, je pénètre dans le salon, en faisant le moins de bruit possible. Puis je sors la clé de mon armoire, de la poche arrière de mon jeans, afin de l'ouvrir. J'y trouve une photo de nous, lorsque nous étions jeunes, et amoureux. Mais ce qui m'intéresse pour le moment, c'est son téléphone portable qui trône sur l'étagère. Je le prends d'une main brute, pour chercher l'homme qui a osé me l'a volé ; dans son répertoire. J'arrive rapidement à le trouver. Lorsque je vois son nom s'afficher, la colère grimpe en moi. Sans réfléchir, j'appuie sur le bouton « APPELER » sans oublier de masquer le numéro, et puis j'attends.
Il réponds enfin au bout de deux sonneries. Sa voix grave me fait grincer des dents ; faisant monter la rage un peu plus haut, dans mon corps. Mes respirations s'accélèrent et deviennent de plus en plus grandes. Il raccroche après quelques secondes d'appel.
- Salopard ! je hurle, de toutes mes forces.
- Qu'est-ce qui se passe ? souffle subitement Lucie, d'une voix tremblotante.
Je tourne alors la tête vers elle, les yeux écarquillés. La haine et la colère bouillonne de plus belle dans mes veines.
Lucie n'aurait pas dû venir pendant que je faisais ça, merde ! Je ne vais pas me contenir cette fois, comme toutes les autres d'ailleurs. Elle va encore me supplier de la laisser, alors qu'elle mérite que je la punisse pour ce qu'elle vient de faire.
Elle le mérite. Respire. Elle le mérite.
Je reste pendant quelques minutes à contempler son beau visage, qui risque d'être abîmé de mes propres mains. Putain, je me dégoûte ! Putain, putain, putain...
Mais elle le mérite, Alban.
Je m'approche donc d'elle, les poings serrés, imaginant qu'il s'agit de son cou entre mes mains. Putain, je l'aime. Mais malheureusement, elle n'en fait qu'à sa tête. Elle refuse de vouloir m'aimer correctement. Elle refuse de rester sage, et de faire ce que j'aimerais qu'elle fasse.
- C'est mon téléphone que tu tiens dans tes mains ? me coupe t-elle, d'une voix sèche.
Je rigole soudainement, en lâchant le portable à terre. Heureusement pour elle, il est loin d'être cassé. Lorsque je vois une de ses mains cacher sa bouche, il est trop tard. Asustha* s'est emparé de moi, m'engloutissant entièrement. Il paraît devant Lucie, et la voit comme sa proie, dont il ne doit pas se séparer.
Sans réfléchir, j'empoigne son cou d'une main, avec brutalité. Je soulève ensuite son petit corps du sol, pour la contempler de plus près. Son visage change de couleur instantanément, me laissant entrevoir ses veines se dessiner sur sa peau. Lucie me supplie silencieusement de la lâcher, mais Asustha refuse d'y obéir. Elle doit payer pour sa curiosité et ses vilaines paroles.
Se soumettre à toi, voilà ce qu'elle doit faire.
Parfaitement. Je dois être le seul à qui elle doit penser, rêver et fantasmer. Je veux être le maître de ses pensées, de ses paroles et aussi de ses gestes.
- Alban, elle tousse, si tu ne me lâches pas, je trouverais un moyen d'appeler la police, afin que je puisse témoigner contre toi, souffle t-elle, difficilement.
Je fronce les sourcils, en réfléchissant un tout petit instant. Je la lâche doucement, en la reposant à terre. Elle reste accrochée au mur, désespérément, reprenant alors son souffle. Pendant qu'elle baisse sa garde, je ramasse son téléphone, que je garde en main.
- Tu n'oserais pas, Lucie. Je n'ai pas de téléphone fixe, et si jamais tu oses prendre ton téléphone portable, je te promet de le bousiller, maintenant, devant tes yeux, je crache. Tu ne trouves pas ça dommage ? Si jamais j'écrasais ton téléphone, tes parents n'auraient plus de nouvelles de toi, je chuchote délicatement. Et crois moi, ce n'était pas mon but principal. A dire vrai, j'allais peut être te laisser leur parler pendant un temps. Mais je pense que c'est mort, je lance, abattu par la colère.
Une larme coule le long de son visage, trahissant alors toutes émotions, en train de la submerger.
- Tu es vraiment odieux, non, dégueulasse convient mieux ! elle peste. J'aimerais tellement t'aider, Alban, mais tu persistes à me repousser et à me faire du mal. Ce n'est pas comme ça, que tu comptes obtenir mon amour quand même ? elle ricane, amèrement.
Je reste un moment à la regarder dans les moindres détails, espérant trouver celle avec qui j'ai vécu une histoire d'amour, sans comparaison. Mais mes efforts sont vain. Elle est cachée par cette femme qui se déroule devant mes yeux.
- Ce n'est pas en faisant des choses aussi infectes, que tu comptes retrouver mon amour ? me demande t-elle, plus fortement.
- Tu m'appartiens déjà, Lucie. Cesse de jouer à ce petit jeu, sinon tu pourrais avoir de drôles de surprises, je la menace.
- Tu es le roi des cons, elle rigole froidement. Ce n'est pas comme ça qu'un homme doit aimer une femme. Je suis un être humain, et non une chose. Je n'appartiens pas à quelqu'un, mais je me lie à quelqu'un. Voilà longtemps que notre lien est rompu, et c'est bien mieux comme ça. Je reste ici, seulement pour t'aider à vaincre tes démons, et trouver des réponses à tes actes brutaux. Mais apparemment, tu refuses de coopérer, elle soupire.
Elle joue encore ; en vérité, elle n'en a rien à fiche de toi !
- J'en ai assez entendu ! je balance brutalement, en me dirigeant vers la porte d'entrée.
Je glisse son téléphone portable dans ma poche arrière de jeans, et je ferme a clé cette maudite porte. Je reste un moment, à observer celle ci, les pensées perdues dans un océan de contrariétés. Les choses sont de plus en plus compliquées, et j'essaie résister, mais je n'y arrive jamais. Lucie doit rester à mes côtés, nous sommes fait l'un pour l'autre. Tout nous a réunit, et c'est maintenant que les choses sérieuses doivent commencer. Je veux me marier avec elle, je veux avoir des enfants d'elle, et vivre sainement à ses côtés, jusqu'à ce que la vie décide de m'arracher de sa réalité. Le problème c'est qu'elle ne supporte pas cette idée. Elle a osé prononcer les pires mots à mon égard, et ça, je ne peux l'accepter.
Sans réfléchir, je prends la route pour me rendre à Harlem, un quartier qu'aimait tant ma mère. D'ailleurs, c'est pour cela que je m'y rends. Son souvenir divague dans les rues, m'appelant à sillonner dans celles ci. L'air est calme, et bizarrement ça m'apaise. C'est aussi le quartier où je suis né, alors.
Lorsque j'arrive devant le grand portail du cimetière, où repose tout un tas de gens, je m'arrête. J'y rentre la tête baissée, et le coeur pompant toute mon énergie. La tombe de ma mère est recouverte d'insultes, de mots, d'injures et de crachas. J'essaie de calmer en vain, la vague d'émotion qui me submerge. Sauf qu'il est trop tard. Les larmes coulent abondamment sur mes joues, laissant les souvenirs m'attaquer sans ménagement.
Les mains tremblantes, j'effleure du bout des doigts les insultes qui sont gravées au marqueur sur sa pierre tombale.
« Sale pute »
« Maintenant que t'es crevé, la vie retrouve son calme ! »
« Va baiser autre part, maintenant ! »
« LA PUTAIN DE NEW YORK »
Mon poing s'écrase subitement sur la pierre dure et froide. Je crie aussi fort que je peux, avant taper sur cette foutue pierre qui renferme ma mère. Les gens n'ont jamais su pourquoi elle faisait ça. Elle voulait tout simplement échapper à sa vie pourrie. Elle voulait aussi par la suite, que j'ai une vie décente, que je m'en sorte. Malheureusement, elle n'a pas réussi. Je suis devenu un monstre, comme l'homme qui l'a tabassait chaque soir, avant qu'elle se fasse prendre par un autre.
J'aimerais tuer tout les hommes qui lui ont fait du mal. Un par un, en voyant la peur et la culpabilité s'installer au fond de leurs yeux. J'aimerais frapper tout ces gens qui ont osé taguer des choses aussi ignobles sur ma mère. Marina m'aurait prié de rester calme, mais non, jamais. Je ne pourrais jamais plus être calme, et l'enfant qui lui souriait autrefois. Ces hommes et ces femmes m'ont tué, en volant mon enfance. Tandis que les hommes aimaient profiter de ma mère pour quelques dollars, les femmes l'insultaient de tout les noms. Mais les hommes aiment la battre lorsqu'elle refusait leurs services et leurs frics de merde.
J'ai vécu dans la violence, et je mourrais dans la violence.
Après avoir sécher mes larmes, je m'aperçois que je saigne des mains. De toute façon, j'en ai rien à foutre. Je prends alors la voiture, pour me rendre à notre appartement. J'ouvre tranquillement la porte, les mains tremblantes, pour voir Lucie toujours accrochée à ce mur, le regard dans le vide. Je m'approche alors d'elle, pour passer un bras autour de sa taille. Lucie ne ressent rien, elle ne dit rien. Je pose ensuite ma main sur sa joue, délicatement. Mon sang vient s'accrocher à tout les pores de sa peau, pour y laisser des empreintes. Je lui caresse désespéramment la joue, la tristesse me prenant en otage.
Supplie la, de rester avec toi...
Je prends une grande respiration, avec de poser tendrement mes lèvres sur les siennes. Elle ne réagit toujours pas. J'appuie alors mon corps sur le sien, espérant voir ses jolies pupilles s'emboiter dans les miennes.
- Je t'en supplie, ne me quitte pas.
Elle respire lentement, sans jamais bouger ses beaux yeux vers les miens.
- Lucie, j'ai besoin de toi, je l'embrasse.
Elle ne bouge pas d'un poil. Je la prends alors dans mes bras, pour l'allonger sur son lit. Son corps tremble lorsque je passe ma main sur ses bras nus. Dans un geste lent, je m'allonge au dessus d'elle, faisant attention à ne pas lui faire mal. Puis je passe ma main derrière sa nuque, m'accrochant à elle, sans aucune retenue.
- J'ai besoin toi, dans ma vie. Tu es ma vie, ma maison, mon abri, depuis que tu m'as donné ton coeur volontairement, je souffle.
- Les choses ne sont plus les mêmes, Alban. Mon coeur ne t'appartient plus, tu l'as brisé en milles morceaux. Jamais plus, je ne pourrais t'aimer, elle murmure à bout.
- Je t'interdis de me dire ça ! Ce ne sont que des foutaises ! je rapplique, d'une voix venimeuse. C'est toi qui me l'a brisé, en me quittant. J'ai du survivre sans toi, et maintenant que je t'ai avec moi, plus rien ne pourra nous séparer.
Je m'accroche à elle, en fermant doucement les yeux. Je rêve d'un avenir avec elle, et j'en aurais un, sans aucun doute.
Je ne suis rien sans elle.
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Asustha * : mal en Bengali / Je voulais l'utiliser en tant que "Le Mal". C'est un peu comme son double infernal, mauvais.
Coucou !! J'espère que vous allez bien aujourd'hui ???
Voici le premier chapitre au point de vue d'Alban ! Alors alors ??? Vous avez pu voir à quel point être dans sa tête, n'est pas chose facile...
Vous en pensez quoi ??? Dîtes moi tout mes amours !! COMMENTEZ et VOTEZ, c'est super important pour moi !!
Bisous bisous xx
PS : Désolée pour les fautes, et aussi pour les mots quelques peu vulgaires, mais c'est pour que vous compreniez bien ce qui se passe, enfin ce qui s'est passé.
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