4. SMITH
"J'ai le coeur gros, si je réfléchis un tant soit peu..."
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Je me réveille, le corps en sueur. J'ai vraiment passé une sale nuit ; mes pensées étaient tournées sur ma mère et sa santé, ainsi que sur la disparition mystérieuse de Lucie. Mes cauchemars m'ont orienté sur les scénarios les plus sombres, et les plus vils, m'en donnant presque la chair de poule. Mais après tout ce ne sont que des rêves, qui n'apportent rien à la réalité. Sauf, qu'ils m'ont quand même mis le doute. J'ai peut-être l'air de passer pour un fou, mais j'ai cette impression de mal, qui plane au dessus de nos corps. Même si au plus profond, Lucie me détestait peut-être parfois, elle m'a toujours fait comprendre le contraire. Je n'ai pas été le seul à répondre aux pulsions qui s'échappaient de nos corps, stimulés par une sorte de désir sans nom.
Une chose est sûre, elle n'a pas pu me quitter, nous quitter, en se cachant seulement derrière un vulgaire message. Il y a un hic dans cette disparition, sans traces, ni contraintes. Mais le seul problème qui se présente à moi, est ma loyauté. J'ai toujours été loyal envers les gens, avec qui je vis des choses; tout en les respectant bien sûr. En l'occurrence, Lucie faisait partie de ma vie, il y a quelques semaines ; et elle a parfaitement réussi à se glisser sous les pores de ma peau. Voilà pourquoi, je ressens un vide à l'heure d'aujourd'hui. Chose qui n'est pas bonne pour moi, et ma volonté de vivre seul, jusqu'à la fin de mes jours.
L'amour pour moi est un sentiment paradoxal, éphémère, qui ne sert qu'à faire souffrir les gens qui s'y frottent. Mes parents sont un bon exemple à toute cette mascarade, où les sentiments sont les principaux acteurs. Bien sûr, que je ne suis pas comme eux, et que je prendrais soin à ne pas répéter leurs erreurs. Mais en voyant les femmes d'aujourd'hui, comme Pamela ou alors Leah ; qui se laissent savourer avec autant de faciliter, je n'ai envie de rien. Oui, Lucie est bonne et elle est loin d'être comme ça, mais à aucun moment je n'envisagerais quelque chose avec elle. Non parce qu'elle n'est pas belle, bien au contraire ; Lucie est une femme remarquable, jolie, et pimpante. Tout ce dont un homme normal et idéal, rêverait. Bien évidemment, tout ce que je ne suis pas. Je pense que si jamais j'avais une femme dans ma vie, je la ferais souffrir à chaque secondes passées à mes côtés.
Soudainement mon téléphone sonne, faisant taire toutes mes réflexions, révélant ensuite un message. Il s'agit d'un message signé Teddy. Je fronce instinctivement les sourcils, me posant dix milles questions. A l'heure actuelle, je suis en pleine phase de remise en question, ou alors de doute. Et putain, tout ça me fait flipper !
J'ouvre donc le message, curieux de savoir ce qu'il contient.
INCONNU : C'était sympa la dernière fois de te croiser, Smith. On se demandait avec Joah, si tu voulais pas un de ces quatre passer aux courses de moto, histoire de se faire une petite virée ! Ted.
Je lui réponds immédiatement, en lui disant qu'on pourrait sûrement se voir dans la semaine. Même si celle ci risque d'être mouvementée, je me garde quelques instants pour souffler. Tout compte fait, je suis content d'avoir su affronter un bout de mon passé, pour pouvoir passer à autre chose. Bon, il y a quelques envies que j'aimerais vraiment assouvir et régler au plus vite, mais pour l'instant, je dois à tout prix me consacrer sur le présent. Après, je compte m'occuper de quelques petits problèmes à régler, dont le cas Carter.
Après avoir déjeuner, j'enfile mon jogging et un débardeur, prêt à sillonner la ville. J'ai toujours pris l'habitude de courir le matin, pas seulement pour entretenir mon corps, mais aussi pour bien commencer la journée en inspirant un bon bol d'air frais. C'est d'ailleurs ce que m'avait appris Jim, l'ancien propriétaire de la salle d'entraînement, où j'allais tout les matins sans faute. Cet homme était comme un second père pour moi, mais lui aussi, a fini par m'abandonner. Comme tout les autres, à la fin de l'histoire.
Pendant ma course, je passe devant la caserne, où j'aperçois Léna, Dany et Lucas, discuter devant la grande façade. Je m'arrête quelques minutes, décidé à me rattraper de mon refus d'hier. Lorsque j'arrive à leurs hauteurs, Dany vient instantanément me donner une petite frappe dans le dos.
- Il ne manquait plus que toi, Samuel, il plaisante.
- C'est vrai, et cette fois, tu n'as pas le droit de refuser, me réprimande Léna.
- Tout dépend de ce que vous allez me faire ? je ris.
Ils se mettent brutalement à rigoler, en se jetant des coups d'oeil en douce. Une sensation de bien être et de joie, s'incruste subitement dans ma peau, comme un électrochoc. Je les regarde patiemment s'observer, l'air moqueur. J'ai comme l'impression que tout à changer, et que rien ne s'est passé en même temps. Comme si rien n'avait existé, avant tout ça. Je suis heureux d'avoir trouvé une vie comme celle ci, mais ce vide ; qui diminue parfois comme dans ces moments là, est constamment ancré en moi, comme un tatouage. Un tatouage à l'encre indélébile et pénétrante, forçant alors toutes les portes de mes cellules, de mes organes, ainsi que de mes muscles. En s'attaquant bien sûr à mon coeur, déjà bien amoché.
En parlant de tatouage, il y a quelques jours, je désirais en faire un dans le cou, qui rendrait hommage à ma mère. J'hésite encore, mais peut être que le fait d'avoir cette femme si forte et si douce en même temps, tracée sur ma peau, me portrait chance. Ma mère est tout ce qu'il me reste sur ce monde cruel, et aux multiples facettes, avec l'image de mes souvenirs aussi. Des souvenirs qui me font trop mal, parfois. Mais ma mère est sans doute le souvenir le plus beau, qui restera à jamais graver dans les entraves de mon corps, et dans les millions de neurones que je possède. Me marquer serait comme une sorte de salutation à tant de courage et d'amour.
Je suis si fleur de peau en ce moment, que j'en fais des cauchemars la nuit. Moi qui croyait devenir fort grâce à mes nouvelles activités et à ma nouvelle vie ; je plonge vite. A dire vrai, j'ai peur d'être abandonné une unième fois, et cette fois par la femme qui a contribué à l'homme que je suis, aujourd'hui.
J'ai le coeur gros, si je réfléchis un tant soit peu.
- On va manger dans un bistrot, non loin d'ici. Cette fois, tu ne peux pas dire non, hein Samuel ? rapplique doucement, Léna.
Je ne réfléchis pas cette fois, et je fonce. Léna me sourit grandement, avant de regarder timidement Lucas. Après quelques secondes à rester plantés là, nous prenons la route en quête de ce fameux bistrot, et c'est Dany qui conduit. En regardant par la fenêtre, les passants marcher, j'arrive presque à revoir les quelques chemins que nous avons emprunter, ma mère et moi, lorsque j'étais plus jeune. Je regrette tant cette époque, où ma mère était toujours elle-même, souriante et touchante. Maintenant, elle est devenue triste et libre.
Lorsque ma mère s'est endormie hier soir, dans mes bras, j'ai vu à quel point les traits de son visage, étaient paisibles. J'ai d'abord eu la frousse de ma vie, croyant qu'elle était partie pour toujours. J'ai immédiatement posé mes yeux sur sa poitrine qui se soulevait lentement. C'est donc à ce moment là, que je me suis aperçu, qu'elle était libérée de tant de douleur et de souffrance. Même si je sais qu'elle aimerait mieux sombrer dans un profond sommeil, elle n'imagine même pas le tsunami qui va s'abattre sur moi. Et j'espère qu'à ce moment là, la disparition de ma mère sera la dernière des merdes que j'aurais à éprouver.
Je n'ai jamais aimé être trop émotif. D'ailleurs mon père m'a appris à être dur et fort, mais dans le mauvais sens. Il m'a abattu chaque jour, en me prouvant que j'étais une merde, et un fils indigne d'être aimé par qui que se soit. J'ai encaissé sans rien dire, devenant toujours un peu plus hargneux, chaque jour qui passait. Les larmes se sont remplacées d'elles-même, par la colère qui continue de me ronger chaque seconde qui passe, dans ma vie. J'ai beau avoir aimé changer, la douleur n'en sera pas plus petite. Et je sais pertinemment que personne ne pourra me guérir contre ce mal-être, qui devient insoutenable.
La trajet a été court ; je n'ai pas vu le temps passer, constamment plongé dans mes souvenirs les plus enfouit dans mon esprit. Dany s'arrête alors devant un petit panneau qui nous indique, que ce bistrot fait les frites les plus délicieuses de tout les temps. Je réprime donc un rire, avant de sortir de la voiture.
Après décision, nous prenons une table en terrasse ; il fait assez bon dehors. Encore fidèle à moi même là dessus, je commande une bonne bière, et le plat du jour. Dany et Léna prennent un coca, et des frites ; tandis que Lucas prend une limonade, avec un hamburger. Ce gars m'a l'air aussi renfermé que moi.
- Mais oui, Samuel est un vrai héro, jubile Léna.
- C'est vrai ça, Maddie n'a pas arrêté de vanter ton courage à Max, continue Dany.
Je les observe, incrédule. Je n'ai jamais été un héro, et je ne le serais jamais. C'est bien la première fois que je réussi à sauver quelqu'un. Ma vie n'est fait que d'échecs et d'actes que j'aurais préféré oublier. Je n'ai pas réussi à sauver Jim, ni même ma mère. Et sans oublier Lucie, qui a été un défaite acerbe. Elle était difficile à avaler, puisque je me suis senti si impuissant, alors que je lui avais toujours promis la victoire.
- Je préfère vous arrêter tout de suite, je ne suis pas un héro. Je ne suis pas la bonne personne, qui sauve sans arrêt des gens. Je suis le contraire, je soupire. Je suis celui qui blesse pour toujours.
- Mais tu l'as sauvé des flammes, Samuel. Cesse une minute de te dénigrer, tu veux ? me conseille Léna. Je te connais seulement depuis quelques heures, mais lors de l'incendie, j'ai vu à quel point tu étais vulnérable et bon.
Je suis scotché, sans voix.
- Derrière nos fantômes, on a toujours quelque chose de bon et de véridique à retirer en nous, s'exclame soudainement, Lucas.
Dés lors, je n'avais jamais entendu une vraie parole de Lucas à mon égard, ni même un avis de sa part. Mais j'ai l'impression qu'il sait parfaitement ce qu'il admet ici, maintenant, tout de suite. J'ai cette impression vague qu'il l'a déjà vécu, à un moment dans sa vie. Je fronce les sourcils, en restant muet.
- Je dois aller m'entraîner à la salle de sport, à plus tard, lance Lucas, le visage impassible.
Je le regarde partir, d'un pas rythmé.
- Tu vois, c'est exactement...
- Où se trouve la salle d'entraînement ? je la coupe.
- A la caserne. Tu comptes le rejoindre ? me questionne Dany.
Je ne lui réponds pas, me levant lentement, avant de reprendre ma route vers la caserne. Ce mec m'intrigue quelque peu avec ses phrases existentielles. Je ne sais pas ce qu'il a vécu, mais j'ai cette sensation qu'il est autant remplit de cette souffrance que moi. Et puis, j'ai besoin d'entourage en ce moment. Un entourage plus sincère que ceux en qui j'ai toujours vu de la sympathie, et non de l'hypocrisie.
Comme quoi la vie peut faire tellement de dégâts, sans qu'on demande rien à personne.
Lorsque j'arrive à la caserne, j'entends des bruits de fonds. J'ouvre alors la porte rouge qui me fait fasse, pour y apercevoir Lucas faire des pompes. Mes yeux sont instinctivement attiré par le punching-ball accroché au milieu de cette salle. Des gants sont posés sur le sol, tout près de celui ci. Je m'approche donc pour les enfiler, et ensuite mettre un premier coup. Je ressens subitement l'adrénaline se libérer dans mes veines.
Lucas se lève brutalement, pour prendre une serviette, afin d'essuyer les gouttes de sueur qui tombe sur son front. Puis, il s'assoit sur un banc qui se trouve derrière lui.
- Ma copine est morte à la suite d'un incendie, brisant avec elle toutes nos perspectives d'avenir, et nos rêves les plus profonds, commence t-il. Moi aussi, j'ai fait souffrir des gens, sans aucune culpabilité. Mais Tracy a su m'aider mieux que personne. Et me voilà récompenser pour mes conneries, siffle t-il. On ne s'engage pas là dedans, sans raisons valables. On a chacun quelque chose qu'on essaie d'oublier en vain, coincer dans notre coeur.
Il se lève subitement pour prendre sa veste ; je le regarde surpris de toutes ces révélations. Lorsqu'il m'a parlé de Tracy, j'ai de suite penser à Lucie, qui m'a longuement proposer son aide, mais j'ai toujours été doué pour refuser. Je préfère d'autant plus vivre seul sans risquer faire du mal aux autres, que d'essayer de croire en vain qu'on peut me sauver.
- On n'est pas tous des héros, comme tu dis. Tout compte fait, ouais, on sera jamais des héros. Mais parfois, il faut apprendre à se faire confiance, et surtout croire en soi, même lorsque tout ne va plus, il me balance, en fermant la porte derrière lui.
A bout de force, je m'écroule au sol, la respiration agitée. J'enlève mes gants avec hargne, avant de crier dans le vide. Je suis tellement en colère contre le monde entier, mais surtout contre ma mère qui fait semblant de trouver les choses sans importances. Elle est en train de me détruire, sans même en prendre conscience. En pensant à ça, je revois mon père me déclarer que jamais plus les gens ne m'aimeront. Sans m'en rendre compte, des larmes coulent sur mes joues. C'est la troisième fois, en quelques mois. Les deux première fois, ont toutes été avec Lucie. Peut-être que les gens m'abandonnent, puisque je ne cesse jamais de les décevoir ?
Plus jamais, je ne pourrais croire en moi ; les gens disparaissent aussitôt après avoir pris le temps de me graver éternellement. Mes erreurs les font fuir à tout jamais, révélant jusqu'alors ma juste nature.
La vie est si cruelle.
A suivre...
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Coucou !! Comment vous allez aujourd'hui ? :)
Bon j'ai écris ce chapitre pour vous faire plaisir, mais aussi pour essayer de penser à autre chose que ma rentrée, demain...(J'ai pas envie !!!) Bref, dans ce chapitre vous avez pu voir à quel point Smith ressent les choses plus qu'il ne le montre, et vous avez aussi vu son côté vulnérable. Il en veut au monde entier, à sa mère, à son père, et aussi à la vie en elle-même. Elle ne l'a pas épargné, comme des milliers de personnes sur Terre malheureusement. Vous avez pu voir à quel point il doute, et à quel point il est perdu en ce moment. Il se doute aussi que le message de Lucie est faux, mais il est trop loyal pour voler à son secours pour l'instant. Parce que tout simplement, il est un homme bon, et respecte son choix. Mais ne vous en faîtes, ça va bientôt vriller !
Alors alors ?? Vous l'avez trouvé comment ce chapitre un peu à découvert, si je puis dire ??? Je veux tout savoir !!! Et Lucas ??? Et Léna ??? Et Dany ???
Petite Note : Il n'y aura pas de chapitre avant ce week-end, ou alors, la semaine prochaine :/
Bisous bisous !! Bonne reprise pour ceux, qui eux aussi reprennent demain ! Et bonne vacances, pour ceux qui sont tout juste en vacances, en train de savourer ce temps encore magnifique !
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