21. LUCIE

Lorsque je franchis la porte de  ma maison d'enfance, le courage et la chaleur que Smith m'a transmit, s'envole d'instant. Tandis que mon père me fait face d'un sourire triomphal, puisqu'il sait que je l'ai fait, Alban accoure vers moi, très inquiet. Il me prend instantanément dans ses bras, mais je ne sens rien. Mes yeux restent ancrés à ceux de mon père. Mon père qui m'a raconté être allé chez Smith un jour en pensant que j'y étais. Mon père qui m'a dit avoir trouvé Smith, changé, en grand défenseur de la population de Mesa. J'avoue que ça ne me choque pas du tout, au contraire, je le retrouve bien là. Ce qui m'a d'ailleurs fait réfléchir à la fois où il a sauvé quelqu'un en échange de mes confidences sur la mort de mon petit frère, Charlie. Quand j'y pense, le prendre dans mes bras m'a fait me sentir vivante.

— J'ai bien cru que quelqu'un t'avait enlevé, mais George m'a rassuré en me disant que tu aimais bien courir pendant plusieurs heures. Tu vas bien ?

Je me dégage doucement de son étreinte en fronçant les sourcils. Puis, je me force à sourire tranquillement.

— Je vais bien, et toi ?

— Super. Hum, je vais prendre une douche avant qu'on y aille, si tu veux bien ? il me demande, en plantant ses lèvres sur ma joue droite.

Je ferme instantanément les yeux. Le visage de Smith m'apparaît, ainsi que son expression joyeuse qu'il a abordé à mon égard, tout à l'heure. Après lui avoir répondu positivement, Alban part à l'étage.

— Ma chérie, me murmure mon père, en posant ses mains sur mes épaules.

Ses mains viennent me masser doucement et sûrement, avant que l'on se retrouve dans le canapé. Je m'assois près de lui, en posant ma tête sur son épaule. Je suis un peu perdue entre toutes les choses qui définissent ma vie, maintenant. Mais je sais que mon père peut m'aider à affronter tout ça. Il a toujours été là pour me supporter en cas de coup dur, et ici, tout de suite, j'ai besoin de lui.

— Tu es vraiment sûre de vouloir partir ?

Je relève doucement la tête, pour le regarder droit dans les yeux. Lorsque je vois la tristesse danser au fond de ses pupilles, je ravale quelques larmes qui menacent de m'achever.

— Je ne suis sûre de rien, papa, je lâche sincèrement.

— Reste alors, il me déclare, d'une voix douce.

Je fronce les sourcils, un air dramatique s'installant sur mon visage.

— Écoute, je refuse de te perdre, Lucie. Pas une fois de plus. J'ai observé Alban quand tu es parti, il n'a pas changé, et je suis sûr qu'il n'est pas net. De toute façon, il ne l'a jamais été. Je suis tellement désolé de ne pas t'avoir protéger de lui, lorsque tu étais plus jeune, il baisse la tête, abattu. J'aurais pu te sauver de ce monstre et de ces horribles choses qu'il a osé te faire. Je sais exactement ce que tu essaie de faire, mais il est brisé, et parfois, il arrive que des gens ne soient pas guérissables.

Je souffle profondément avant de fermer les yeux. Si seulement les choses étaient plus faciles.

— Maintenant, je veux que tu restes et c'est un ordre. Fais-le pour ta mère qui a besoin de te voir pour se souvenir, fais-le pour toi et ton bien-être. Fais-le pour moi. Depuis que ta mère n'est plus à la maison, j'ai l'impression de m'enfoncer dans des profondeurs immondes. Mais, je tiens bon. Je fais semblant d'aller bien, pour ta mère et pour toi.

Rien que quelques jours auprès de mon père et loin d'Alban me permettrait une marge de manœuvre bien plus grande. J'aurais accès à mon portable, et je pourrais à tout moment prendre rendez-vous avec les services de santé. Mais le problème, c'est que j'ai peur de la réaction d'Alban. Depuis qu'il a accepté de se rendre à Phoenix avec un peu trop d'engouement à mon goût, je ne suis plus sûre de rien.

J'ouvre enfin les yeux, pour croiser tout l'espoir que mon père garde à mon égard.

— La relation que tu maintiens avec Alban, est malsaine. Tu ressembles tellement à ta tante, qui aurait aimé aider le monde entier. Elle a supporté la souffrance de beaucoup de personne pendant des années, c'est  d'ailleurs pour ça qu'elle est morte, il m'explique. Ce que j'essaie de te dire, c'est que je ne t'empêche pas de l'aider, si tu trouves ta cause juste, mais seulement de rester quelques jours ici, loin de lui, pour y réfléchir.

— Réfléchir n'a jamais tuer personne, j'essaie de plaisanter.

Mais la tentative est vaine. Un air dramatique reste encré sur nos visages. Un air que j'aimerais effacer. Je sais que je prends la bonne décision en aidant Alban à devenir un homme sain, loin de ses tourments, mais mon père a raison, j'ai besoin de réfléchir.

— Je vais parler avec Alban, je conclue, n'entendant pas de bruit d'eau qui se découle.

Curieux, mais pas si mal. Mieux vaut que je lui annonce que je reste, maintenant, qu'à l'heure de notre avion. Sans plus tarder, je souris passivement à mon père avant de monter les escaliers, lentement. Puis, je m'approche de la porte de notre salle de bain, mais la voix d'Alban m'arrête instinctivement. Je reste donc en retrait, en sachant parfaitement qu'écouter sa conversation n'est pas correct, mais ce qu'il est en train de dire m'intrigue de plus en plus.

— J'ai promis que j'irais à Madrid, chercher son putain de compromis, s'énerve Alban.

Quelques secondes passent.

— Dis-lui que pour l'instant, je n'ai pas vraiment le temps. Mais que je tiens toujours mes engagements. Ulrich et Bob me demandent déjà du fric pour toutes les merdes que je leur ai acheté, putain. J'ai besoin de temps pour trouver tout ça, mais surtout pour Lucie !

Il se tait. Puis, soudain, j'entends un bruit sourd. J'ai comme l'impression qu'Alban a tapé sur quelque chose, mais je ne saurais dire. Je reste ici, consciente du danger que je pourrais encourir, si Alban ouvrait la porte tout de suite. Mais je veux en savoir plus sur ce qu'il est en train de dire. Et puis, à qui parle t-il ? En tout cas, son interlocuteur me connaît.

— Je traîne plus dans cette putain de merde, Victor, j'ai arrêté depuis que Lucie est à nouveau à mes côtés.

Je m'approche un peu plus, puisque sa voix se fait plus basse.

— Je n'oublie pas ce que vous avez fait pour moi, mais franchement, j'ai encore besoin d'un petit peu de temps. En plus, je ne suis pas à New York en ce moment même. Antoine aura sa marchandise dans les temps, mais après ça, je ne veux plus entendre parler de lui.

Ma respiration se fait de plus en plus pressante, lorsque je n'entends plus rien.

— Oui oui, ça marche. Mais, je ne veux pas de fuite, sinon je risque de la perdre. Et je ne sais pas ce que je ferais sans elle, Victor.

Je me colle au mur d'en face, et quelques minutes plus tard, Alban émerge de la salle de bain. Lorsqu'il me voit, il me sourit, alors je me force à mon tour à le lui rendre. Puis, je m'approche, faisant abstraction de mes doutes et des paroles que je viens d'entendre.

— Alban, je pense rester avec mon père, pendant quelques jours.

Les secondes se découlent, puis passant les minutes. Je sens tout à coup une légère goûte de sueur, couler le long de mon front. Je la chasse d'un coup de main, avant de me mordre nerveusement l'intérieur de la joue, jusqu'à ce que je saigne.

Moi qui pensait que son visage allait changer du tout au tout, au lieu de ça, rien ne se passe. Il reste impassible à ce que je viens de lui dire. Mais, j'aperçois tout de même une réflexion de sa part, ce qui me fait trembler davantage.

— Bien sûr. J'en profiterais pour te préparer un petit quelque chose, avant que tu ne reviennes à l'appartement, il me sourit bizarrement.

Il s'approche soudainement, avant de planter un léger baiser sur mes lèvres.

— Tu reviendras n'est-ce pas ?

Je ris nerveusement, avant de hocher tranquillement la tête. Il ne doit se douter de rien.

— Bon, il me murmure en regardant sa montre, je vais peut-être y aller !

Alors qu'il s'apprête à dévaler les escaliers, il se retourne brutalement vers moi, ses yeux me longeant de haut en bas. Je me crispe aussitôt, ayant peur qu'il est trouvé mon comportement suspect.

— J'annule ton billet dans le taxi, et surtout, n'oublie pas de m'envoyer un SMS quand tu penses me rejoindre. En fait, je veux des SMS tous les jours !

Je respire un bon coup, prête à lui répondre, mais il se trouve qu'il est déjà parti. Je reste un moment debout au milieu du couloir, bouche bée, avant de réaliser qu'il est vraiment parti sans moi. C'est complètement irrationnel. Lui qui ne veut pas me laisser seule pendant une minute, il choisit maintenant de m'accorder quelques jours sans lui. C'est troublant, et j'ai l'impression qu'il s'agit de ses tourments qui le rattrapent. En plus de ce coup de fil bizarre, je me pose des questions.

Je descends les escaliers, encore toute retournée, avant de retrouver mon père adossé à la chambranle de l'ouverture du salon.

— Il est parti.

Mon père fronce les yeux, quelque peu déboussolé.

— Trop facilement.

Je me pince les lèvres.

— Sans me demander la moindre explication.

— C'est étonnant de sa part à celui ci, poursuit mon père.

Après quelques minutes de réflexion, je déclare en prenant le téléphone fixe :

— Maintenant. Je vais le faire maintenant, et cette fois, j'irais jusqu'au bout. Pas d'Alban pour me chopper la main dans la sac, et pas le stresse de me faire prendre.

Je compose le numéro des services de santé de New York, avant qu'une dame ne décroche au bout du troisième coups.

Ma voix tremble un petit peu dû à l'émotion, au début, mais je tiens bon. Au bout du téléphone, la jeune femme me prie de bien vouloir patienter. Puis quelques minutes après avoir écouter une chanson de style classique et à avoir regarder mon père m'interroger du regard, une dame me répond.

Je me racle la gorge, avant de lui répondre proprement, à mon tour.

— Je m'appelle Lucie, et j'aimerais bien prendre un rendez-vous avec votre service.

— C'est à quel sujet, mademoiselle ?

Je déglutis.

— Au sujet d'un ami, un ami qui souffre de trouble du comportement. Il a vraiment besoin d'aide, et j'ai peur de ne pas suffire à sa repentie.

Quelques secondes passent, où j'entends des bruits, comme si elle tournait des pages, comme un carnet de rendez-vous. Avant qu'elle ne reprenne la parole, je trouve le courage de lui poser la question qui me trotte dans la tête depuis le début de notre conversation.

— Pourrais-je avoir un rendez-vous avec vous ? je respire un bon coup. Si possible, sans mon ami pour l'instant.

— Il est important que vous sachiez, qu'il serait mieux d'en parler à votre ami avant de vous insérez dans cette voie là, mademoiselle. Il me faut son consentement, qu'il vienne de son plein gré. Vous comprenez ?

C'est comme si un mur s'effondrait sur moi. Je sais parfaitement que si j'aborde le sujet avec Alban, sa réaction ne sera que plus vive. Peut-être que je me dois d'essayer, peut-être qu'au lieu de programmer sa repentie moi-même sans lui en parler, on devrait faire face à ses problèmes, ensembles. Peut-être qu'il comprendrait alors que je ne suis pas celle qu'il lui faut réellement.

Je souffle un bon coup.

— Très bien. Merci, je ne sais pas quoi ajouter d'autre.

— Je vous souhaite une bonne fin de journée, mademoiselle. Une fois que votre ami sera prêt, rappelez-moi.

— Bien sûr, je souris dans le vide.

Je raccroche immédiatement.

— Tu ne baisseras donc jamais les bras, m'enquiquine mon père.

Je soupire grandement, avant de me mordre la joue.

— J'ai vraiment envie de l'aider à se repentir, à aller mieux, papa. Je sais que ça paraît incompréhensible après tout ce qu'il m'a fait, en m'humiliant, je souffle. Mais c'est le premier pour qui mon cœur s'est mit à battre, étrangement. Mon premier à tout, et je sens que le sauver de ses démons, m'aidera à oublier le mal qu'il m'a fait.

Mon père s'approche de moi, et me prend une nouvelle fois dans ses bras.

— Si tu sens que c'est la meilleure chose à faire, alors fais-le. J'ai confiance en toi, ma petite fille.

Je pose délicatement ma joue contre son épaule, avant de le serrer à mon tour dans mes bras. Son réconfort est tout ce dont j'ai besoin, à cette minute précise.

— Et si on se préparait une bonne pizza et des canettes de bière, devant la télévision ? je propose, en rigolant.

Celui ci me prend subitement le téléphone des mains, avant de me crier depuis le couloir :

— Je crois qu'il y a un match de catch sur la 20 !

Je m'installe confortablement, en attendant que mon père passe un coup de fil à la pizzeria la plus proche. Je pense que ces jours de répit sans Alban autour de moi, vont me faire du bien. Mais la réaction qu'il a eu, me trotte encore dans la tête. C'est là que je me rends compte que nous n'avons jamais vraiment eu une discussion sérieuse tout les deux. Maintenant, il est temps qu'on s'affronte, qu'on pose toutes nos cartes sur table.

Et puis, on verra bien comment les choses évolueront.

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Coucou !! Voici un nouveau chapitre !! J'ai vu que le précédent chapitre n'a pas été beaucoup voté, contrairement aux autres. Je sais que pour certain(e)s vous n'êtes pas en vacances, et c'est pas forcément facile d'aller sur Wattpad. Je m'excuse pour ça, mais en ce moment, je doute par rapport à cette histoire, dont j'ai essayé de faire revenir l'action et le suspense ! J'aimerais beaucoup que vous me disiez ce que vous pensez réellement de ces 21 premiers chapitres qui abordent ce deuxième tome. Parce que n'oubliez pas, il y a en trois autres qui suivent normalement.

Alors, n'oubliez pas de voter et de commenter, c'est important pour moi. (Je n'aime pas dire aux gens ce qu'ils doivent faire, pardonnez-moi, mais j'ai besoin de savoir...)

Bisous bisous ! Bonne vacances à ceux et celles qui y sont, et courage à tous les autres ! 😘

Sarah.

PS : VOUS ÊTES CONTENT(E) QUE LUCIE RESTE, FINALEMENT ?

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