17. LUCIE

"Je reste immobile..."

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- Tu penses qu'on pourrait être heureux, tout les deux ? me souffle tranquillement Alban, en passant sa main sur mes épaules frêles.

Depuis que nous avons fait le tour de Central Park, et que les souvenirs heureux du couple qu'on était avant, ont refait surface ; je suis comme ailleurs. Ma tête est ailleurs, perdue entre ces millions de photos qui y trottent à l'intérieur. On était heureux avant. Avant que tout ne se déclenche. Avant qu'Alban ne parte en vrille. Maintenant je sais pourquoi il est comme ça, mais ça n'excuse pas tout. Il aurait dû m'en parler, et me laisser l'aider.

Sans que je puisse répondre, Alban ricane légèrement, avant de tourner la tête vers moi.

- Je suis complètement idiot. Bien sûr qu'on peut être heureux toi et moi, il me sourit grandement. Enfin, il suffit de nous regarder. J'ai enfin réussi à me livrer à toi, et tu sais maintenant tout de moi, ma faiblesse et mon amour inconditionnel pour toi. Je t'aime Lucie, et cela, jusqu'à la fin de mes jours. Je ne cesserais jamais de penser à toi, jour et nuit. Tu me hantes depuis que tu es partie ce jour là, et désormais, tu es devant moi.

Alban se stoppe brutalement, me faisant pivoter, de sorte que je sois face à lui. J'ai du mal à le regarder dans les yeux, à cet instant précis. Tout simplement parce que j'y vois son amour pour moi, consumer son regard sans ménagement et avec férocité.

- Je ne te laisserais plus jamais filer. Tu es la femme de ma vie, et je te prouverais que je suis l'homme qu'il te faut, Lucie.

Il a l'air tellement sincère, que je pourrais presque lui pardonner tout. Mais c'est impossible. Je ne sais jamais si c'est vraiment lui qui me parle, en ce moment. Je dois me méfier constamment de ce qu'il me dit, et de la façon dont il me parle.

- Tu es comme une pommade qu'on m'appliquerait pour me guérir. Tu es ma dose de bien être. Tu es celle qui peut me sauver, en restant à mes côtés. Tu es mon avenir.

Sans que je m'y attende, Alban pose tranquillement ses mains sur mes joues, puis il dépose délicatement ses lèvres pleines sur les miennes. Son baiser est doux et plein d'émotion. Au début, mes lèvres refusent de bouger. Je ne peux pas lui répondre. Je ne peux pas lui faire croire que je l'aime en retour. Je ne peux pas être une illusion. Je le briserais, et comme il l'a dit, je suis celle qui le sauvera. Celle qui pourra enfin le libérer de ses démons, qui s'exposent à lui, de plus en plus. Même si je vois le changement qui s'effectue en lui, je peux encore voir l'ombre dans ses yeux.

Au fur et à mesure que ses lèvres amadouent les miennes, je laisse le flot de ses émotions me transpercer. Je passe mes mains autour de sa nuque, avant de la caresser tendrement. Je me souviens que ce geste avait le don de l'apaiser, de le rassurer. Pour l'instant, c'est tout ce dont il a besoin. C'est exactement ça.

- Je te promet de ne plus jamais te faire de mal. Si jamais, je faillis à ma promesse, j'en assumerais les conséquences, il me murmure, le visage enfouit dans ma nuque.

Je regarde les gens marcher sur les places, au loin. Je n'imagine pas à quel point, leurs vies sont plus faciles que la mienne. La mienne qui se résume à être coincée dans un sentiment de culpabilité et de tristesse avec mon premier amour, et un sentiment de manque curieux, pour un homme avec qui j'ai traversé beaucoup de chose en seulement quelques semaines, voir quelques mois.

- Tu es d'accord ? il me demande, d'une toute petite voix.

Je ferme les yeux, l'espace d'un instant. Puis, je respire profondément, avant d'enlever mes mains de sa nuque. Celles ci planent au dessus de son dos, tremblantes.

- C'est d'accord.

Je lui rends son accolade, en m'accrochant à son corps, qui avant, me donnait une entière protection.

•••

Heureusement, il n'y a pas grand monde au petit snack, ce soir. Alban a l'air à l'aise, ce qui m'aide à me détendre. Il faut dire que l'ambiance qui règne dans ce petit espace, avec une petite touche rétro, est plutôt calme et sans prise de tête. Les serveurs et serveuses rient si fort, qu'on dirait qu'il s'agit d'un lieu de rencontres, ou de rendez-vous entre potes. Plutôt bon, comme premier point.

- Tu es avec moi, Lucie ? me questionne gentiment Alban, en posant sa main sur la mienne.

Je détourne la tête des serveurs, qui sont en pleine discussion, derrière le comptoir. En un sourire, je réussis à conquérir Alban, dont le pouce caresse ma peau, dans un mouvement lent et apaisant.

- Oui, oui. Tu disais ?

- Rien, Lucie. Tu aimes ? Je veux dire le silence, les lumières, les fleurs, le calme ?

- J'aime vraiment beaucoup, Alban. Merci pour ce charmant endroit, qui est une véritable réussite, je ris.

Alors qu'il s'apprête à ouvrir la bouche, son portable l'arrête soudain. Je l'entends sonner dans sa poche avant, dans sa veste noire. Alban m'adresse instantanément une grimace, en signe d'excuse.

- Vas y, je peux attendre contrairement à ton appel, je lui souris.

Avant de partir, il dépose un léger baiser sur ma joue. Ensuite, il part pour se retrouver dehors. D'ici, je n'arrive pas à le voir, mais la sonnette de la porte, m'a montré ce léger détail. Heureusement, quelques minutes plus tard, Alban revient. Mais il a l'air préoccupé, et je ne sais pas exactement pourquoi. J'essaie de faire comme si je n'avais pas vu l'inquiétude apparaître sur son visage, soldé par un pli au milieu de son front. Je reste calme.

Nous commandons tout les deux, une bonne blanquette de veau. Ma mère avait l'habitude de nous en faire, lorsque j'étais plus jeune, surtout le dimanche et à la demande de Charlie. Il en raffolait, toujours un compliment ou un petit mot pour maman. Elle avait forgé un lien encore plus fort avec lui, qu'avec moi. Mon lien qui me reliait à elle, était un peu superficiel, au contraire de celui de mon père. Après l'accident, ce lien s'est écrasé, il s'est déchiré, disparaissant dans les méandres de l'inconnu. Bien sûr, je regrette ce que j'ai pu faire à son égard, mais elle n'était pas la seule avoir perdu un être cher. Papa et moi, avions aussi perdu un frère, un fils. Et aussi, un bout d'elle.

- Et si on allait voir ton père, demain ? lance soudainement, Alban.

- Quoi ? j'hésite.

Alban s'arrête immédiatement de manger, pour fixer ses yeux au plus profond des miens. Durant quelques secondes, je suis déstabilisée, et je ne comprends plus rien de ce qui se passe.

- On pars ce soir, où très tôt demain. Je m'arrangerais pour les billets, ne t'en fait pas, il m'explique tranquillement.

- C'est par rapport à ton appel ? je tique, étrangement.

Alban tire sur son col, prétextant qu'il a chaud, avant d'en revenir à notre sujet de conversation. Il fronce les sourcils, en posant ses mains à plat, sur la table. Puis, il ferme les yeux, comme s'il réfléchissait à quelque chose de très important.

- Alban, c'était quoi cet appel ? je m'inquiète.

- C'était mon école, rien de grave, me répond t-il, sans accroche. Je veux simplement que tu vois ton père le plus rapidement possible. Tu as besoin de le voir, Lucie. J'aimerais qu'on aille le voir, maintenant, s'il te plaît.

Sans voix, je secoue attentivement la tête. Alban me sourit tranquillement, avant de serrer ma main dans la sienne. Le déroulement du repas se passe sans accroche, on rigole même en pensant au bon vieux temps. Alban veille à ne pas à parler de notre période sombre, et moi, à parler de ses confidences qui ont été un énorme pas pour lui.

Le chemin vers l'appartement est tout aussi calme. Alban gare la voiture près du trottoir, et jure subitement entre ses dents, en regardant deux hommes postés devant le digicode de l'immeuble.

- Sors de cette voiture, maintenant, m'intime prudemment, Alban.

Je descends de la voiture à une vitesse phénoménale, afin d'attraper la main qu'Alban me tend, dans la pénombre. Plus nous nous approchons de ces hommes, plus mon coeur bat vite. Je n'ai aucune idée de qui il s'agit, mais Alban, sait lui par contre.

- Alban ! crie l'un d'eux, d'une voix grave.

Alban s'arrête instantanément à quelques mètres d'eux, sur le trottoir. Il se penche vers moi, et m'ordonne de rentrer à l'intérieur des bâtiments. Sans discuter, je tape le code, l'abandonnant à ces deux hommes assez étranges. Puis, je me cache entre deux poutres blanches dans le hall, pour qu'ils ne me voient pas. Je suis suffisamment près pour les entendre parler.

- Qu'est-ce que vous voulez ? tonne sèchement, Alban.

- Tu le sais très bien, ça, espèce d'abrutis. Mais ce soir, on faisait seulement une petite balade. Et puis, on est tombé sur ton immeuble. T'es pas content de notre petit surprise ? rigole l'un des hommes.

- Arrêtes tes conneries ! Vous allez me laisser tranquille, et remballer vos injures, et partir loin d'ici. Ne revenez jamais, crache Alban, tout bas.

Les ricanements de ces hommes me font froid dans le dos, lorsqu'ils déchirent l'immense silence des rues de New York.

- Il arrive, prépare toi bien. Tu ne peux pas lui échapper cette fois, pauvre con. Un marché est un marché, Alban.

J'entrevois le regard d'Alban devenir noir de haine. J'ai déjà vu ce regard, lorsqu'il en venait au coup. Je prie pour qu'il ne fasse rien cette fois, en plissant gravement les yeux.

- Tu diras à ta copine de faire gaffe à sa gueule également, hurle fortement, le plus grand des deux.

Quelques minutes plus tard, ils disparaissent, et Alban arrive à grands pas. Je fais semblant de l'attendre dans le haut de l'escalier. Ce soir, je n'ai pas le coeur à me battre contre Alban, au risque de réveiller ses démons, et de gâcher la belle soirée qu'on s'est faite. Au lieu de lui poser tout un tas question sur ces deux types, je passe mon bras autour de sa taille, et je pose ma tête sur son épaule. Alban me ramène jusqu'à l'appartement, qui baigne dans l'obscurité.

Sans plus tarder, je me débarrasse de mon manteau, et de mes vêtements, pour enfin dormir. Alban ne me suit pas, il reste dans le salon, son ordinateur sur les genoux. Je n'ose pas lui parler après ce que j'ai entendu, il y a quelques minutes. Après avoir vu discrètement qu'il était sur un site pour commander les billets d'avion, je m'enferme dans ma chambre avec précaution. Puis, j'essaie de m'endormir, emmitouflée dans les draps épais de mon lit.

•••

- Lucie, ma chérie, on va devoir y aller, me murmure Alban, tout bas.

J'émerge difficilement, mais fort heureusement Alban est là. Il m'a apporté un plateau, où un bol de céréales et une tasse de café, y reposent. Sans faire de cas, je me tâche à boire ma tasse et à manger tout le contenu de mon bol.

En regardant attentivement ma chambre, je vois une valise au pied de mon lit, presque pleine. Alban intercepte mon regard, auquel il répond par un sourire curieux.

- On part dans quelques minutes, il est presque quatre heures de l'après midi, il lance, chaleureusement.

J'écarquille les yeux, avant de sauter dans le premier pantalon que je trouve. J'enfile ensuite un de mes soutien-gorge, suivit d'un haut et d'un gilet. Alban me regarde attentivement, cachant un petit sourire malin derrière ses mains.

- Pourquoi tu ris ? je le fusille du regard, paniquée.

- Tu es drôlement mignonne, lorsque tu te dépêches, il débite. J'y peux rien, c'est nerveux, il faut croire.

- Tu aurais pu me réveiller, non ? je constate, une grimace sur le visage.

Il hausse les épaules, avant de disparaître dans la pièce principale. Après m'être attachée les cheveux, et avoir enfilé des chaussures, je déboule dans le salon, prête pour retrouver mon père. Alban a raison, j'ai besoin de le voir. Mon père s'est m'apaiser mieux que personne.

- C'est parti ? me demande Alban, tendu comme un arc.

- Ouais !

Alban prend alors nos deux valises, avant de fermer la porte de ses ton appartement à clé. Lorsque nous arrivons dans la rue, Alban vérifit tout les recoins de l'immeuble, puis, il monte enfin en voiture. Pour combler notre silence, il enclenche la radio, où le dernier hit de Ed Sheran passe.

Le vol dure à peine cinq heures, ce qui me donne encore l'occasion de me reposer. Mais surtout, de préparer cette rencontre, dont j'appréhende beaucoup les conséquences. Quand mon père verra Alban, je suis quasiment sûre qu'il ne loupera pas une occasion de le ridiculiser. Bien sûr, sans jamais utiliser la force. Ce n'est pas vraiment son genre, sauf en cas, d'extrême urgence. Mais Alban n'en est-il pas une, finalement ?

Le trajet dans le taxi, se fait moins agréable. La main d'Alban qui se veut rassurante, n'a aucun effet sur moi. Aussi bien, que lorsque nous arrivons devant la porte d'entrée de la maison de mes parents, je la lâche sans ménagements. Avant de frapper, j'offre un sourire crispé à Alban, qui tout compte fait, est plus proche d'une grimace. Je souffle un bon coup, puis mon poing s'abat doucement sur le bois de celle ci.

Mon père nous ouvre, un air surpris sur le visage. Sans plus attendre, je le prends dans mes bras. Son amour me soulage, et me protège.

- Tu m'as manqué ma puce, il me chuchote au creux de l'oreille.

- Moi aussi, tellement, papa.

Je ferme les yeux, et les ouvre aussitôt, pour voir qu'il ne s'agit pas d'un rêve, mais bien de la réalité. Mon père me lâche, et ses yeux remplit de stuppeur se posent instinctivement sur Alban, qui reste dans son coin, l'air un peu nerveux. Alors pour me donner du courage, je souffle un bon coup. Mes parents ont déjà vu Alban un fois, mais ça remonte à bien longtemps. Ils ont également été les témoins de sa brutalité, sur moi. Ils l'ont haï en même temps que moi, souhaité sa mort en même temps que moi.

- Voici Alban...

- Je sais qui il est, et j'espère que tu as une bonne raison pour ramener ce fumier ici, Lucie, crache mon père sans peine.

Je me mords nerveusement la lèvre, en suivant mon père dans le salon, Alban sur mes talons et toujours aussi silencieux.

- J'attends, lance brutalement mon père, qui perd patience.

Les mots sont sur le bout de ma langue, mais ils ne veulent pas sortir. Je risque un regard vers Alban, mais celui ci fait preuve de fière allure, la tête baissée. Maintenant, j'ai du mal à respirer, devant la mauvaise scène qui se déroule devant mes yeux.

Je m'approche de mon père, espérant secrètement le convaincre par mes regards désespérés. Sauf que visiblement, il attend des réponses claires et nettes ; ce que je comprends parfaitement. Si on m'avait dit que j'emmènerai Alban à la maison, je aurai tiré une balle dans la tête avant que toute cette connerie se réalise.

Alors que je m'apprête à m'expliquer, on sonne à la porte. J'adresse un regard lourd de sens à mon père, mais il se contente seulement de hausser les épaules. Je déteste quand il fait ça. En respirant bien fortement, je prends mon courage à deux mains, avant d'ouvrir la porte. Instantanément, mon corps se fige, emportant mon coeur par la même occasion. Je reste immobile, les yeux rivés droit devant moi.

Smith se tient devant moi, toujours aussi mystérieux, mais moins impénétrable qu'avant. Pendant que je triture nerveusement mes doigts et que mon pied retient la porte d'entrée, Smith me regarde pleinement. Il cherche comme à fouiller mon regard, qui trahit toutes mes pensées. Nous restons silencieux, avant que mon père et Alban nous rejoignent, pas un regard entre eux. Je me pousse pour le laisser passer, et lorsque je referme la porte, Alban me sourit affectueusement. Mais ce qui est bizarre, c'est que cette fois, ça ne m'atteint pas.

Smith est ici, près de moi.

A suivre....

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Coucou !! Les retrouvailles approchent dis-donc ! Mais que va t-il bien pouvoir se passer ? Je me demande bien comment vous allez réagir, et ce que vous pensez de ce qui va se passer ! Alors, dites moi ???

Comment avez-vous trouvé ce chapitre ??? Dîtes moi tout !!! C'est important pour moi d'avoir des commentaires de retour !!!

Que cache Alban ? Qui sont ces hommes ?

|SUSPENS|

• Surprise ding ding •

Comment la trouvez vous ? 😋


Bisous, bisous !

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