11. LUCIE
"C'est un souvenir horrible..."
**
Je me retrouve allongée dans mon lit, les draps relevés sur mon corps à moitié dénudé, lorsque je vois le jour se lever au loin. Soudainement, je me souviens m'être assoupie sur l'épaule d'Alban, devant la télévision. C'est donc lui, qui m'a ramené dans ma chambre, et qui m'a déshabillé. Dans un réflexe, je touche mes bras et mes mains, dont la texture moite et humide, me fait faire une grimace. L'envie de prendre une douche est plus qu'omniprésente dans mon esprit. D'un geste vif, je me lève pour partir en direction de la salle de bain.
- Tu as bien dormi ? me souffle subitement, Alban.
Un simple sourire vient se dessiner sur mes lèvres, lorsque je retourne pour l'apercevoir, adossé au mur près de moi. Avant de répondre, j'observe son visage, qui étrangement, est lumineux aujourd'hui.
- Hum, oui, je pense. Et toi ? je lui retourne la question.
Il faut dès maintenant que nous apprenions à avoir une conversation normale, sans que tout dégénère. Les choses ne sont peut être plus si catastrophiques qu'avant, mais il reste toujours une part démoniaque en lui. Une part dont je dois l'aider à se débarrasser petit à petit. C'est d'ailleurs pour ça que je compte rappeler les services psychiatriques, dès qu'il sera hors d'état de me nuire. Je me dois d'être prudente, avec lui.
- Je pense aussi, il me sourit calmement.
Je hoche la tête dans un mouvement lent, avant de me diriger vers la porte de la salle de bain. Seulement, Alban n'a visiblement pas finit de me parler, lorsque j'entends son raclement de gorge résonné dans le couloir.
- Avant que tu ne prennes ta douche, je voulais te prévenir que mes amis ne vont par tarder à arriver.
Ses amis ?
Ses amis de la fac de droit ?
Je reste pendant un moment à fixer la porte d'entrée, qui se trouve derrière Alban, à quelques mètres. Alban ressent brutalement mon stresse ; je peux le voir à son expression.
- Ça te dérange ?
- De quoi ? je réponds, sonnée.
- Que mes amis viennent à la maison ? il m'explique, sous la réserve.
Bien au contraire.
C'est juste que je ne veux pas que les choses tournent mal. Alban s'est déjà engagé dans un mensonge, la dernière fois que Lydia est venue. Et il suffirait d'un petit dérapage de ma part ou de la sienne, pour raviver la colère qui sommeil en lui. Sauf que visiblement, Alban n'a aucune envie de partager ce côté là de sa personnalité, avec ses amis ; ce que je peux tout à fait comprendre après tout.
- Non, je suis contente pour toi, je souris timidement.
- Je suis rassuré, Lucie. Tu avais l'air si préoccupée, il y a quelques secondes, rapplique t-il, d'une voix inquiète.
Alban s'approche de moi, pour me prendre dans ses bras, délicatement. Puis après ça, il m'embrasse lourdement, en plaçant ses mains sur mes joues. Je tente en vain de le repousser, mais je pense directement aux conséquences de mon actes. C'est comme si mon cerveau était réglé pour ne plus jamais le froisser.
- Tu verras, tout se passeras bien, il me chuchote, en déposant ensuite un léger baiser sur mon front. Et puis, je suis là pour toi, maintenant.
Je vois tellement de sincérité dans ses yeux, que j'en ai mal au coeur. Moi qui pensais à un revirement de situation, je me sens tout à coup bizarre. En temps normal, je devrais être soulagée qu'il soit comme ça, si gentil et attentionné, avec moi. Mais c'est tout l'inverse ; la panique me prend de court. Je ne le reconnais pas, dans ses sourires et ses paroles délicates. J'ai toujours cette impression de faux, lorsqu'il me parle ainsi. Pourtant ses yeux me hurlent qu'il est sincère avec moi.
- Nous serons heureux, toi et moi, tu verras, clame t-il, comme une promesse.
Après cela, il part tranquillement en direction du salon, où il s'installe tranquillement dans le canapé. Tremblante, j'actionne la poignée de la porte donnant sur la salle de bain, avant de m'engouffrer à l'intérieur. J'enlève un à un, le peu de vêtement que j'ai sur moi, pour ensuite me placer sur le pommeau de douche.
L'eau brûlante coule sur ma peau, et je dois dire qu'elle a un effet réparateur sur celle ci. Pendant l'espace de quelques minutes, j'observe mes cicatrices, avec attention. Surtout celles qui sont gravées sur mon poignets. C'est un souvenir horrible. Je me souviens vaguement les mains d'Alban effleurer mes poignets, pour y attacher des cordes, avec force et hargne. Le sang avait coulé ce jour là. Il tirait si fort sur mon corps que les cordes m'ont coupé la peau avec beaucoup de brutalité. J'ai pleuré pour la première fois, ce jour là. Heureusement, il a sonné également la fin de notre histoire glauque.
Même après tout ces souvenirs, je n'arrive pas à me détacher de l'objectif que je me suis fixée. Beaucoup de personne me diront que c'est malsain, et que la seule solution qui s'offre à moi, est de l'abandonner à son propre sort. Mais je m'y refuse. Je suis encore attaché à lui, à la personne douce qu'il est d'ordinaire, à la personne dont je suis tombée amoureuse en premier. Celui qui était rieur, doux, et surtout flatteur.
Aujourd'hui, je suis sûre que cette personne sommeille toujours en lui, à côté du mal qui le ronge constamment. J'en ai la preuve. Lorsque nous avons fait l'amour, hier soir, je l'ai redécouvert tel qu'il était avant que tout ne dérape. Même ce matin, il avait l'air chaleureux et surtout joyeux. Quelque part, ça me fout les jetons de le voir de cette manière. Mais c'est cette personne qui doit vivre parmi ce monde, et prendre le dessus sur l'autre. Et maintenant. Je veux faire ça pour son bien avant tout, mais aussi pour le bien des autres, auxquels ils pourraient vouloir du mal.
Seulement j'ai l'impression que mon mensonge d'hier, que j'aimerais tant oublier, à eu l'effet d'une bombe. Une bombe à retardement, dont nous ne sortiront qu'à moitié vivant, et même.
**
Après m'être vêtue d'un pantalon et d'un pull, je m'avance vers le salon, pour retrouver Alban, qui regarde tranquillement la télévision. Lorsque je m'apprête à m'asseoir, la sonnette retenti. Alban m'intime alors de rester assise ici, le temps qu'il aille lui même ouvrir la porte d'entrée. Je lui envoie alors un regard remplit de frayeurs, sans le vouloir.
- Ne t'inquiète pas, Trésor, il me murmure.
Trésor ? C'est tellement nostalgique et lourd de sens. Une chose est sûr, il a replongé dans nos anciennes années d'amour, affreuses mais qui avaient si bien débutés.
Lorsqu'il ouvre la porte, et que Lydia apparaît sur le pallier, tout sourire ; mon coeur semble se détacher de ma poitrine pendant quelques petites secondes. Alban la salue alors, avant de saluer ses deux autres amis. Il s'agit d'une femme aux cheveux roux, et à la silhouette élancée ; et un homme plutôt blond, et légèrement plus grand qu'Alban.
- Je vous présente Lucie, ma copine, déclare t-il d'un ton sûr, mais un peu anxieux.
- Enchanté, me sourient-ils.
- Lucie, voici Dan, dit-il en me désignant le blond, et voici Charlotte.
Je leur souris poliment, avant de voir une étrange lueur de joie, briller au fond des pupilles d'Alban. Je reste un moment, à le regarder s'épanouir avec ses amis. La nostalgie grandit de plus en plus en moi, emplissant mon coeur à une vitesse ahurissante. J'aurais tellement aimé qu'il reste comme ça, avec moi, tout le temps. Peut-être bien que s'il avait été aussi enthousiasme et entreprenant à l'époque, je ne serais sans doute pas partie. Nous aurions peut-être un chien et des petits bouts de choux, à courir dans la maison.
Je vois soudainement des images heureuses et remplies de bonheur, défilées devant mes yeux. Je suis prise de court par la main d'Alban qui se pose doucement sur mon bras. Je relève alors les yeux sur lui, en lui souriant à contre coeur.
- Trésor, tu vas bien ? me demande Alban.
Si tu m'appelais Lucie au lieu de Trésor, tout irait déjà mieux.
- Oui, oui.
Je me retourne vers ses amis, avant de lui avoir accordé l'un de mes plus beaux sourires, qui cache énormément de choses que je ne préfère pas aborder avec lui, maintenant. Alban, se place à côté de moi, sur le canapé, tandis que ses amis trouvent la place sur les fauteuils qui ornent le salon.
- Alors comme ça, vous êtes tous en école de droit ? je lance, calmement.
- Oui, j'aimerais faire juge plus tard, comme Dan, rétorque Lydia. Quant à Charlotte, elle aimerait être...
- Magistrat, m'informe Charlotte, avant Lydia.
Je hoche lentement la tête, pour lui montrer que j'ai bien compris ce qu'elle voulait dire. Charlotte m'a plutôt l'air de quelqu'un d'assez réservé, timide. En tout cas, il est sûr qu'elle est beaucoup moins entreprenante et pipelette que Lydia. D'ailleurs, celle ci me fixe depuis le début de leur arrivée, ce qui me met vaguement mal à l'aise. Je tente alors un regard vers Alban, mais je m'aperçois, qu'il m'observe déjà avec des yeux pétillants. C'est bien la première fois que je le vois aussi heureux. Il a tellement l'air épanouit, que ça en devient troublant pour moi.
Je n'aurais décidément par dû lui dire une telle chose hier, les yeux dans les yeux. J'ai tellement mal au coeur, à cette seconde précise.
- Je suis vraiment content que vous soyez là, souffle Alban. J'avais une envie de rencontres et de retrouvailles !
- On est surtout content de te revoir, et d'enfin rencontrer cette fameuse Lucie, plaisante Dan, d'une voix grave.
Lydia se met subitement à rire, en tapant légèrement sur l'épaule de celui ci, qui fronce les sourcils.
- Nous, ce qu'on aimerait par dessus tout, c'est que tu reviennes parmi nous, Alban. Maintenant que tu as retrouvé Lucie, comme tu me l'as dit la dernière fois, tu pourrais passer plus de temps en notre compagnie, exige Lydia. Sans te vexer, Lucie, rit-elle en m'adressant un sourire un peu forcé sur les bords.
Je lui souris poliment, tout en observant son regard qui change d'une allure furibonde, lorsqu'il passe de mon visage à celui d'Alban, qui visiblement ne lui est pas indifférente. Bon sang, comment fait-il pour ne rien remarquer ? Comment fait-il pour ne pas voir à quelle point, elle sourit grandement lorsque son regard croise le sien ? La dernière fois qu'elle est venue, elle avait l'air si enthousiasme. Aujourd'hui, elle montre bien plus que de l'enthousiasme, presque comme de la jalousie, ou de la possession.
- Et comme je te l'ai gentiment dit, la dernière fois, je reviendrais dans quelques jours, il lui sourit automatiquement.
Alban se contrôle ; il veut que tout se passe bien, qu'il n'ait pas la moindre erreur ou embûche de faite. C'est bien ce que je pensais. Il essaie de faire bonne impression, comme il l'avait fait avec moi, la première fois qu'il m'a abordé. Mais va t-il un jour, leur faire le même coup qu'à moi ? Va t-il leur apporter le coup fatal, qui a réussi à me détruite, d'une seule fissure ? J'en doute fortement.
- Prends ton temps, Alban. Je saurai garder ces deux jeunes femmes à la laisse, ricane Dan.
Je ne peux m'empêcher de sourire, lorsque je vois le visage de Lydia se décomposer, et celui d'Alban, reprendre des couleurs. Je pense que j'apprécie déjà Dan et simplicité. Il tient aussi à Alban, mais contrairement à Lydia, il le fait savoir tout en finesse. C'est un chouette type, à première vue.
- Merci, ça m'aidera à me concentrer sur ma si jolie femme, lance t-il, en m'embrassant sur la joue.
Je me mords brutalement la joue, les remords montant brusquement en moi, me démangeant à pleine dents.
**
La visite de ses amis se passent rapidement et sans prise de tête, fort heureusement. Ils finissent par quitter l'appartement un peu avant l'heure du repas de midi. Dan nous a gentiment parlé de l'une de ses affaires, qu'il doit gérer en exercice. Il s'agit d'un divorce avec des clients assez coriaces. Charlotte et Lydia, elles, disent prendre quelques semaines de vacances. Le fait de les entendre parler de leurs écoles, avec autant de passion, surtout pour Dan ; me bouffe le coeur. J'aimerais tellement retourner en cours de psychologie, mais Alban se refuse à cette idée.
Lorsque la porte se referme enfin, je souffle un bon coup, avant de me retourner vers Alban, qui a préféré rester assis confortablement sur son canapé. Au lieu de m'asseoir à ses côtés, et faire semblant que notre histoire continue de grandir au jour le jour, je me poste devant lui, me mordant vivement la lèvre inférieure.
- Pourquoi ? je balance, déterminée.
Alban lève les yeux vers moi, le regard interrogateur.
- Pourquoi tu es si avenant avec tes amis ? Pourquoi tu es si gentil, si toi, devant eux ? Pourquoi tu ne t'es pas mis en colère lorsque Lydia t'a froissé tout à l'heure ? Pourquoi c'est toujours moi, qui me prends tes coups, et tes insultes ? je débite, d'une traite. Aimer quelqu'un ne se résume pas à le prendre comme un punching-ball, Alban. Surtout que la comédie ne peut plus durer.
- Attends, Lucie.
- Je ne fais que ça, attendre Alban, toujours ! Lorsqu'ils ont passé la porte, tu avais l'air si heureux, si toi. Mais tu ne cesses jamais de jouer une comédie, et surtout avec moi. Pourquoi ? De quoi as tu peur ?
- Lucie, je, il s'arrête tout à coup.
J'ai l'impression de l'avoir repousser dans ses retranchements, mais j'ai vraiment envie de savoir. Je veux savoir pourquoi j'ai dû endurer toute cette merde pendant tant d'années, et pourquoi je dois revivre le même enfer.Je veux que les choses avancent.
Après s'être tirer légèrement les cheveux, en fermant les yeux, il tapote la place qui se trouve près de lui, sur le canapé.
- Assieds toi, et ne me coupe pas dans mon élan, surtout, rapplique t-il, d'une voix sérieuse.
Je m'assois près de lui, hésitant quelques secondes à lui prendre ses mains. Tout compte fait, je glisse mes doigts entre les siens, pour l'aider dans cette phase difficile. Et là, je sais exactement de quoi je parle, même si je pars dans l'inconnu le plus total.
C'est bien la première fois, que j'ai autant la frousse.
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Coucou !! Comment vous allez ? ;)
J'espère que vous avez aimé ce chapitre ??? Dîtes moi tout !!! Les prochains chapitres promettent d'être haut, encore une fois, en émotion !! Alors alors ??? N'oubliez pas de laisser un petit commentaire, c'est vraiment important pour moi !! J'avoue que les deux derniers chapitres n'ont pas vraiment été commenté, enfin moins que les précédents ! Mais ce n'est pas grave ! :) Il faut savoir que je suis une dévoreuse de vos commentaires et de vos avis !!
Allez bisous, mes amours ! xx
PS : J'ai fait une histoire avec LittleWriterM qui s'intitule Sing With Me. Elle se trouve sur son profil !! Allez vite découvrir et nous dire ce que en pensez !! C'est quelque chose qui nous tient vraiment à coeur, et on espère que cela vous plaira !! :)
PS 2 : J'ai mis en ligne la nouvelle version de THE GANG GAME, dont la première version était sur Wattpad, il n'y pas si longtemps ! Allez vite redécouvrir les aventures de Killer et Amy !! :) Voici la couverture !
Bisous bisous xx
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