1. LUCIE (CHANGÉ)

"Je le haïrais toute ma vie, autant que je l'aime encore..."

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Crève-cœur.

J'ai cru pendant un moment échapper à l'enfer, mais tout n'était qu'illusion. Cette croyance n'était que poussière, et à l'instant même où il m'a prise dans ses bras, j'ai su. J'ai su que tout allait recommencer, et que cette fois serait la dernière. Mon corps ne serait plus qu'un objet de désir, et de torture à la fois. Mes jours seraient désormais comptés, ainsi que la date de ma fin. J'avais déjà tout prévu, lorsque mes pieds ont frôlé le sol de notre ancien appartement, qui n'a pas changé depuis tant d'années. Je savais qu'à peine après avoir ré-ouvert mes cicatrices aux poignets, je serais libre. Mais malheureusement pour moi, Alban avait tout préparé, tout. Il ne voulait pas risquer le fait que je lui échappe, encore une fois. Non. Cette fois, il était prêt à en finir, et à me faire payer le prix de toutes ces années de silence. L'épreuve s'annonçait rude, et mortelle. Un allé tout droit vers les enfers. Mais y aurait-il un retour, encore ? Je peine à y croire.

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Des gouttes de sueurs coulent sur mon front, lorsque l'angoisse s'empare de moi. Je n'ose pas ouvrir les yeux, de peur d'affronter son regard. Si ça se trouve, il est encore devant la porte de ma chambre, en train de m'observer dormir. Je ne peux pas me lever, tellement mes muscles sont lourds, et ma tête, bancale. Je respire alors un bon coup, avant de bouger un bras vers le côté droit de mon lit. Mon coeur s'active de plus en plus, à chaque millimètres que franchit ma main. Lorsque mes doigts touchent le creux qu'a formé son corps, je soupire. Il est parti.

— Merde, je murmure tout bas.

Sans plus tarder, j'ouvre les yeux, pour contempler la porte blanche qui se dresse devant moi. Alban n'est pas là, en train de m'observer. Il m'a laissé seule dans ce trou terré, sans nourriture, ni eau. Les muscles tremblants, je pose instinctivement mes pieds à terre. Puis je tente de me lever, en me tenant fermement aux rebords du lit. Lorsque j'arrive au bout de celui ci, et donc en face de cette fameuse porte, je m'élance sur la poignée, mais je tombe de suite à terre. Mon genou me fait encore terriblement mal. Une douleur intense s'élance dans les pores de ma peau, comme si on m'enfonçait quelque chose de pointu à même la chair.

Les larmes aux yeux, je lève mon bras, en direction de cette maudite poignée en fer. Dès qu'un de mes doigts la touche, j'essaie en vain d'actionner le mécanisme qui permet de l'ouvrir, mais rien ne marche. Il l'a fermé à clé, ce salaud !

— Putain de merde, je grogne entre mes dents.

Soudainement, j'entends le bruit d'une porte claquée. Je rampe instantanément vers mon lit, à toute vitesse. Puis je m'aide de mes draps, pour grimper dessus. Dans un mouvement vif, à m'en déchirer tout les muscles, je tire les draps sur moi, en essuyant rapidement mes larmes. Je tente vainement de me calmer, mais rien ne marche. Plus j'entends ses pas s'approcher, plus mon cœur se brise dans ma poitrine.

Lorsque j'entends la clé s'insérer dans la serrure, un cri de stupeur traverse le barrage de mes lèvres. Je pose soudainement ma main sur celles ci, essayant de fermer les yeux. Je vois subitement de la lumière traverser le cadre sombre de ma chambre, suivit d'une silhouette. Je respire un bon coup, avant de resserrer ma prise sur la taie de mon oreiller.

Je crois suffoquer, lorsque sa main froide et robuste touche ma peau. Au contraire d'hier soir, il est doux et délicat, effleurant ma joue avec profondeur. Mon rythme cardiaque baisse la cadence, et mes muscles se détendent d'un seul coup. J'ouvre les yeux avec peine, pour le voir m'observer avec ardeur. Brutalement, il s'accroupit au bord du lit, afin d'être à ma hauteur.

— Tu as bien dormi ? me demande t-il, tranquillement.

Les visions d'hier soir me hantent, et me picotent la peau, telles des lames de rasoir. Alban a l'air tellement différent de celui qui a osé, une fois de plus, lever sa main sur moi. Il devrait sincèrement envisager de se faire soigner, pour qu'un jour il espère trouver quelqu'un qui l'aime vraiment. Mais mieux vaut ne pas lui dire, au risque de développer une colère noire en lui.

Voyant qu'il attend patiemment ma réponse, je hoche la tête, ne pouvant délier ma langue, devenue lourde à cause de mes cris.

— Je t'ai rapporté des croissants, me chuchote t-il. Si je me souviens bien, tu adores ça. En tout cas, à l'époque, tu en raffolais, rit-il.

J'ai du mal à croire que depuis tout ce temps, il se souvienne de ça. Moi, j'étais trop préoccupée à oublier ces souvenirs insupportables, les chassant au plus fin fond de ma mémoire. Pourtant lorsque j'observe en détail son visage, ses traits et ses expressions m'apparaissent comme tellement sincères, que j'aurais presque envie de les toucher, afin de pouvoir en discerner le vrai du faux. Mais je m'en dissuade, lorsqu'il essaie de poser ses doigts sur mes cheveux. Je me contracte, en réalisant un léger soubresaut. Alban grimace, avant de retirer sa main.

— Je suis désolée, souffle t-il, les traits déformés.

Souffre t-il, autant que moi ? Ou est-ce encore une de ces horribles mascarades ?

Il quitte la chambre, d'un pas lourd. Puis, juste avant de disparaître, il se retourne vers moi. Ses yeux sont pleins de désespoir, si j'en interprète bien la nature. Mon coeur se brise une nouvelle fois dans ma poitrine. J'ai aimé Alban de toute mon âme, et le voir dans cet état me fait toujours aussi mal. Je n'aurais jamais pensé avoir de la peine pour lui, un jour. Mais au fur et à mesure des journées passées à ses côtés, tout est revenu comme un coup porté droit au coeur. Il a beau être un monstre le soir, le jour c'est un tout autre homme qui se réveille. Sauf lorsqu'il a bu, bien évidemment. Mais je le vois dans ses yeux, tout ce dont il a besoin est de l'aide. Malheureusement, je ne suis pas sûre d'être suffisamment forte mentalement pour ce genre de chose. Je le haïrais toute ma vie, autant que l'aime encore. La meilleure solution serait de le quitter pour toujours, puisque je suis sa tentation. Malgré ça, il est impossible que je m'échappe. Alban a posé une serrure à toutes les portes. Nous vivons constamment enfermés dans cet appartement. Pour être plus exacte, je vis dans la peur et la souffrance, chaque millisecondes qui passent.

— Je t'attends dans la cuisine, lance t-il, doucement.

Je reste quelques minutes, à observer le plafond qui se dresse devant mes yeux. Mon esprit divague sur les semaines précédentes, où ma vie rimait à quelque chose. Même si j'étais perdue, j'avais Smith pour me relever, et maintenant ce n'est plus le cas. Avec le message qu'Alban m'a forcé à lui envoyer, Smith ne voudra plus jamais m'adresser la parole. Pourtant, j'en ressens le besoin, depuis des semaines. J'aimerais tellement savoir comment il va, mais mon portable m'a été retiré par Alban, tout de suite après l'envoie de mon message.

Les idées se mélangeant dans ma tête, je finis par me lever. Mon genoux me fait taire un gémissement rauque, m'obligeant à tenir convenablement debout. Alban ne doit absolument pas voir ma souffrance, sinon, le monstre en lui se réveillera, afin d'achever sa mission. Quelques minutes après, je pénètre dans la cuisine, le visage impassible. Alban m'observe, un sourire vague sur le visage. Lorsque je m'assois, je prends soin de mettre une place entre nous. Puis je prends un croissant, que je dévore en quelques secondes.

— Dis donc, tu avais une de ces faims, se moque Alban.

Son rire sincère apaise les frissons de terreur qui longent constamment le moindre de mes membres. Mais une colère encore inconnue, continue de me dévorer toute entière.

— Arrête, je souffle, hors de moi.

Alban fronce les sourcils, feignant toutes tentatives.

— Pourquoi ? je grogne presque.

Alban fronce systématiquement les sourcils, me lançant un regard froid. Il ne comprends pas où je désire en venir.

— Pourquoi je suis là ? Pourquoi tu étais là, bordel ? Pourquoi tu m'as forcé à envoyer ce message à Smith ? Puis, d'abord comment tu...

La colère me monte jusqu'au cerveau, et encercle chacune des parcelles de mon corps. Je veux savoir pourquoi je suis ici, pourquoi il m'a enlevé. Alban me coupe l'herbe sous le pied, prêt à me répondre visiblement.

— Tu ne comprends donc pas ? Je suis fou de toi, Lucie. Je t'ai cherché partout, et heureusement je t'ai trouvé. Et puis, je n'ai pas honte de le dire, mais j'ai réussi à pister ton téléphone, il m'explique.

Je me passe une main fébrile dans les cheveux. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris.

— Tu m'as pisté, vraiment ? je murmure, peinant à le croire. Et après, tu dis m'aimer, je m'esclaffe amèrement. Si tu m'aimais un tant soit peu, tu aurais respecter mon choix de fuir. Mais apparemment tu as tenue ta parole.

— Je t'avais prévenu, Lucie.

Je souffle, à bout. Je suis si naïve, et il a raison, il m'avait bien prévenu de son entêtement à me retrouver. Mais plus les semaines passaient, plus je me disais qu'il avait renoncé.

— Alors le spectacle t'a plu ? je lance amèrement.

Je ferme les yeux, essayant de me calmer. Si je n'arrête pas tout de suite, la bête se réveillera, et je perdrais définitivement son côté doux et protecteur, que j'ai aimé lorsque je l'ai rencontré. Ses démons s'empareront alors de la dernière forme de vie, qu'il possède, et un jour, ils gagneront à tout jamais.

— Lucie, ne commence pas, il soupire, tentant de se calmer. Je suis allé te recherche parce que tu as autant besoin de moi, que j'ai besoin de toi. Je l'ai fait pour toi, pour nous.

Je ne peux plus me taire. Il doit savoir à quel point, il est mauvais pour moi, et que je suis mauvaise pour lui. Nous ne sommes pas fait l'un pour l'autre. Nous ne l'avons jamais été. Mais Alban s'obstine à le croire, alors que moi, je le sais déjà. Je l'ai su lorsqu'il m'a frappé pour la première fois. Sauf, que je pensais tout simplement, qu'il s'agissait d'un acte manqué. En fait, il s'agissait du début d'un calvaire sans nom.

— Tu ne l'as pas fait pour moi, Alban. Tu l'as fait pour nourrir ta soif de désir et de douleur, mais certainement pas pour moi, je tente de lui expliquer.

Soudainement, il se lève, faisant crisser les pieds de sa chaise sur le sol. Puis s'approche de moi, à grand pas, pour m'attraper violemment par les poignets. Il me fait lever, pour me plaquer contre son corps glacial. Je garde la tête haute, essayant de savoir quelle est sa source de motivation. Comment peut-il me faire du mal, alors qu'il m'aime ? Enfin, c'est ce qu'il dit.

— Comment peux-tu penser une chose pareille, Lucie ? me chuchote t-il, en me caressant la joue, de sa main libre.

— Parce que c'est la vérité.

— Mais bien sûr que non, voyons. Je t'aime, et je l'ai fait pour toi, il me murmure tout contre l'oreille. Quand je t'ai vu avec lui, j'ai failli rentrer dans ces foutus vestiaires pour le tuer de mes propres mains.

Je déglutis difficilement, lorsque je me rends compte qu'il m'a suivit, et qu'il était bel et bien là depuis le début du combat. Le fait qu'il ait profité de cet événement et de la faiblesse d'un homme, pour agir à son goût, me révulse. Une larme coule sur ma joue, tellement ses bras me serrent fort.

— J'étais mieux avec lui, qu'avec toi, je murmure en le regardant droit dans les yeux.

Il se met à rire amèrement, avant de me lâcher, en me poussant brutalement vers les chaises. Mon bras heurte une de celles ci, laissant un cri de douleur s'échapper de mes lèvres. J'aperçois subitement des larmes couler sur les joues d'Alban, qui m'observe avec rogne. Pris d'une colère noire, il envoie tout balayer par terre, brisant des verres.

— Tu n'es pas la Lucie que j'ai connu, il hurle. Tu n'es plus celle qui m'a quitté, il bafouille.

Il se rapproche de moi, à grands pas. Je m'aide de mes coudes, pour reculer, et me sortir du danger. Mais Alban m'agrippe les chevilles avec fermeté, me ramenant à lui. Alors je joue ma dernière carte ; je le supplie de ne pas me toucher. Il lève fermement les yeux vers moi, me montrant qu'il est trop tard, que les démons l'ont déjà dévoré. Ma respiration se bloque, et je me sens légèrement sombrer dans une crise.

Alban me griffe avec ses ongles, me faisant glisser sur le sol. Une fois qu'il est prêt, je sens son lourd poids s'abattre sur mon ventre, me coupant le souffle, définitivement.

— Tu l'aimes ? il me demande, sagement.

Je ne réponds rien. Il m'assène alors un coup au visage, avant de regretter son geste.

— Mais non, tu m'aimes moi. Tu n'aimes que moi, excuse moi Lucie, il souffle tout bas.

Il s'allonge sur mon corps, prenant cette fois ci, soin de ne pas m'écraser. Puis il dépose légèrement ses lèvres sur les miennes, avant de me serrer dans ses bras, comme si j'étais sa bouée de sauvetage. Nous restons pendant quelques minutes, voir des heures, serrer l'un contre l'autre, couché sur le carrelage froid de la cuisine. Je l'entends lentement pleurer, le visage enfouit dans mon cou, me dégoûtant toujours un peu plus. C'est à ce moment là, que je m'aperçois qu'il est aussi brisé que machiavélique. Alban est un homme à doubles facettes. Un homme à qui je voue une haine sans nom, contrastant avec la peine qui encombre mon coeur pour lui.

Une peine qui risque de le détruire, pour toujours.

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Dans ce tome, vous allez pouvoir découvrir ce qui se cache dans la tête d'Alban, avec plusieurs point de vue. Mais à travers ce chapitre, vous avez pu d'ors et déjà voir à quel point il est brisé, tourmenté, brute, déboussolé, tendre parfois, et machiavélique. Lucie nous a dit qu'il possédait deux visages, mais pourquoi ? C'est ce que nous allons découvrir en même temps que l'histoire qui se déroulera. De nombreux personnages feront leurs entrées, laissant des interrogations sans réponses. Accrochez vous bien, parce que ce tome risque de vous hanter, chaque secondes des prochaines journées que vous allez passer à lire celui ci. Bienvenue en Enfer.

Coucou !! Alors vous allez bien ??? :)

Bon, je n'ai pas pu résister à vous le faire à Noël, donc je choisis de continuer maintenant. J'espère que vous êtes contents ? En tout cas, je voulais tout de même vous dire quelque chose d'important. Les publications ne seront plus aussi régulières, mais elles seront toujours là. Alors ne vous inquiétez pas !

Compte rendu de ce chapitre : comment vous l'avez trouvé ?? Votre ressenti ?? Je veux tout savoir !! Vous savez comme c'est important pour moi, ahah !! Je vous le rabâche tout le temps !!

Bisous, bisous xx

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