Chapitre 1 (*)
Smith
Le diagnostic est tombé, laissant à ma mère une nouvelle plus que dégoûtante. Un putain de cancer du sein la ronge depuis plusieurs mois, et on se retrouve comme des cons ! Que dis-je ? Des années. Et maintenant, il a choisi de la tuer. Si jamais je pouvais lui enlever à coup de main, je le ferais sans trop tarder. Mais c'est impossible ! Cette saloperie de cancer ne partira jamais.
Le médecin est venu ce matin dans la chambre de ma mère, pour nous l'annoncer, le visage fermé comme si on se trouvait à la morgue. Alors c'était foutu ! C'est foutu ! En plus de ça, ma mère chiale à n'en plus finir, me donnant des migraines pas possibles.
Heurté de plein fouet par le choc, je m'assois sur son lit d'hôpital et prends sa main dans la mienne encore trop égratignée du combat d'hier. Elle plonge son regard noisette dans le mien, caramel. Caramel comme mon enfoiré de paternel.
Je refuse de penser à lui pendant un tel moment. Il n'a rien à faire ici.
- Maman, je te promets de trouver un moyen, je lui souffle doucement.
Ce ne sont pas des paroles en l'air. Je me promets de lui payer de nouvelles interventions, ou alors des trucs qui pourraient la faire sourire durant cette épreuve.
- Non Sam, ce n'est pas à toi de faire ça. Je peux me charger des frais de l'appartement et de l'hôpital toute seule, m'explique-t-elle calmement.
J'enlève instantanément ma main de la sienne, pour la dévisager sans retenue. Elle a perdu la tête, oui ou merde ? Comment elle veut s'en sortir seule ? On a des dettes de malade à rembourser depuis que l'autre con s'est barré. En plus de ça, lorsque son patron a appris ses absences répétées, il l'a viré comme une malpropre ! Alors là, c'est clair ! On est presque à la rue. Si jamais on ne rend pas ce putain de paquet de fric au propriétaire de l'appartement, ma mère sera expulsée et moi aussi par la même occasion. Elle n'aura nul part où aller. Et puis, elle n'a pas intérêt à se pointer dans ma piaule - de ce qu'est devenu notre appartement autrefois - sinon elle va faire une attaque.
Donc c'est moi qui me charge de l'appartement, que j'ai pris à ma charge depuis quelques temps déjà, grâce à l'argent des combats. Et le remboursement n'est qu'une question de temps.
- Comment tu comptes faire pour tout rembourser ?
Son visage pâlit subitement, dû à mes paroles et mon ton dur. Je sais que j'y vais parfois un peu trop fort, mais j'ai raison sur ce coup-ci. Elle va devoir accepter mon aide, ou rien ! Je ne vais pas me mouiller le cul pour rien !
- Je devrais pouvoir y arriver avec l'argent que ton père me verse tous les mois, s'exprime-t-elle en se relevant.
Je ris amèrement, prêt à m'étouffer avec l'acide qui se forme dans ma gorge.
- Tu as vu ce qu'il te verse au moins ? je rétorque, d'une voix froide. C'est que dalle !
- Samuel Pitt Smith, pourrais-tu avoir l'amabilité d'être moins grossier avec la personne malade qui se trouve en face de toi ! hausse-t-elle le ton.
Je grogne immédiatement, avant de me passer nerveusement la main dans les cheveux. Je déteste quand elle m'appelle par mon premier prénom. Les souvenirs me submergent par milliers. Ça me fait trop penser à mon grand-père que j'ai tant aimé lorsque j'étais petit, et qui s'est éteint tragiquement après un cancer également.
- Je suis assez grande pour me débrouiller seule. Mais si tu veux absolument m'aider, j'en suis ravie ! conclue-t-elle, en respirant un bon coup.
- Je ferais mieux d'y aller !
Je me lève lentement. Elle se rapproche soudainement de moi, avant de me prendre dans ses bras. Elle me serre comme si j'étais sa bouée de sauvetage. Tandis que moi, je n'ose même pas la toucher, de peur qu'elle disparaisse sous mes yeux. Je tiens beaucoup trop à elle, pour la regarder mourir à petit feu dans cet hôpital de malheur. En plus, les jours y sont ternes ici.
- Je t'aime Samuel.
Mon cœur bat si fort à l'intérieur de ma poitrine, à l'entente de ces mots tant chéris.
- Moi aussi. Je ferais tout pour qu'on s'en sorte, je lui chuchote.
Elle se décolle de moi pour planter son regard brillant d'émotion dans le mien. Puis elle me sourit tristement. Putain, je déteste la voir aussi minable et aussi vulnérable ! Je crois que si jamais je croisais mon père dans la rue, je n'hésiterais pas à lui débiter tous les mots que je rêve de lui dire, tout en lui rendant tous les coups qu'il a su nous donner, mais au centuple. Et dans une lenteur interminable, pour qu'il puisse voir ce qu'il a laissé derrière lui. Des âmes fracassées et des cœurs incapables d'aimer à nouveau comme ils ont su aimer.
- Est-ce que je t'attends demain, pour déjeuner ?
Je la regarde se rallonger dans son lit, les membres tremblants.
- Non, désolé. J'ai déjà prévu quelque chose, je confie, en baissant le regard.
Lorsque je relève la tête et que je croise son regard remplit de tristesse et de nostalgie, je me dis que je suis le pire des fils qu'une mère puisse avoir. Quel enfant abandonnerait sa mère malade pour déjeuner ? Eh bien, c'est tout à fait mon genre. J'ai toujours été comme ça. C'est d'ailleurs une des raisons qui justifie le fait que mon père ne m'a jamais aimé. Parce que j'étais indifférent et égoïste. Je comprends mieux pourquoi personne ne peut m'aimer maintenant. Et je suis bien content, d'une certaine façon. On me fout la paix.
- Ça va, te fatigue pas mon garçon ! Comme je te comprends.
Je fronce les sourcils, la main sur la poignée. Je suis prêt à partir, mais le sentiment d'abandon est beaucoup trop présent en moi, pour que je puisse la quitter comme ça.
- Moi aussi, je n'aurais sûrement pas aimé assister à la mort de ma mère, impuissante.
Va t'amuser, mon chéri ! débite-t-elle, en me faisant un clin d'œil.
J'ai envie de la secouer par les épaules de toutes mes forces, quand elle dit des choses pareilles, mais je n'en fais rien. Je n'ai pas la force aujourd'hui. Je me contente seulement de contempler son visage amaigri par ses traits tirés.
- Je reviendrais maman ! Très bientôt, je promets, avant de passer la porte.
Je l'observe ensuite pendant quelques secondes à travers la grande baie vitrée qui donne sur sa chambre. Pendant un court instant, je crois apercevoir des larmes couler le long de ses joues. Soudainement, la colère monte en moi, tel un raz de marée. Mais pour éviter de casser quelque chose ici, je me craque durement les phalanges. Puis je sors de l'hôpital.
C'est toujours aussi dur de la voir dans cet état.
En montant dans ma petite Ford, je sens mon portable vibrer dans ma poche. Il s'agit de Paul, mon meilleur ami, qui présente et aide à organiser des combats illégaux. Des combats auxquels je participe depuis que j'ai l'âge de me servir de mes poings à bon escient. Ce soir c'est le grand soir ! C'est l'ouverture du jeu de combat.
Comme toujours, je vais devoir sauver une petite salope venue de son plein gré, pour jouer la parfaite lèche cul, et se procurer du plaisir. Des fois, j'ai tellement la rage que je finis par éclater la gueule de mon adversaire au sol. Mais ce soir, je n'ai pas vraiment la forme pour. Je ne sais même pas si j'ai envie d'y participer.
Pourtant, il le faut parce que les combats payent bien. L'argent est vraiment mon seul motif de continuer à vivre dans l'illégal, hormis ma soif d'adrénaline qu'il me faut pour me sentir moi.
Paul : Ce soir. Local B. 20h, dans les vestiaires.
Je ne lui réponds pas, prenant les éléments en note. Puis je file jusqu'à mon appartement, où les choses sont rangées en vrac. On dirait un vrai dépotoir, le truc ! Mais il faut croire que j'aime ça. J'aime vivre solo dans les pièces sombres.
Je m'étale sur mon canapé, en soupirant grandement. Quelle journée pourrie ! Je ne peux compter que sur le combat de ce soir. J'espère simplement que ça ne sera pas de la grosse daube. Mais quelque chose me dit que ça sera loin d'être le cas. Puisque j'ai rencontré mon adversaire, et depuis, je n'ai qu'une seule envie, lui faire ravaler son sourire narquois qui ne m'avait pas manqué.
Mon portable vibre pour la seconde fois, dans ma poche. Il s'agit de Leah. Ce que je pourrais qualifier de mon plan-cul. Tout est plus facile avec elle. Je n'aime pas les choses compliquées.
Leah : Ce soir, je te fais une petite gâterie ?
Un sourire se dessine sur mon visage. Aussitôt, je l'imagine en train de me faire les pires cochonneries qui existent. Les images défilent dans ma tête, me laissant subitement à l'étroit dans mon caleçon. C'est fou ce que cette nana est bonne ! Même à distance, j'ai envie de la plaquer contre un mur et m'enfouir dans sa chaleur. Sans préliminaire ni rien.
Moi : Bien sûr. On ne change jamais les règles, Leah !
J'ai soudainement envie de prendre une bonne douche, pour me préparer à cette connerie, que je suis sûr de gagner haut la main. Sans plus attendre, je passe sous le jet d'eau, me faisant du bien.
Lorsque j'ai fini, il est déjà l'heure de prendre la route.
Prêt, je me dirige vers ma voiture, et passe prendre Leah qui m'attendait bien sagement dans son canapé, pour seuls habits, ses sous-vêtements que j'aime tant. Je n'ai pas pu résister à une séance de sexe intense avant de partir pour le combat. Elle avait l'air de bien aimé, voyant les cris qu'elle a poussé.
Avant d'arriver à la salle indiquée par Paul, je passe dans un supermarché, où j'achète bien sûr du Whisky, suivit d'une bouteille de Vodka. La vendeuse me regarde bizarrement, avant que je lui adresse un regard assassin. Comme si les gens n'avaient plus le droit d'acheter ce qu'ils veulent sans se faire juger...
Je remonte ensuite dans ma bagnole, avant de confier les bouteilles à Leah, dont la main se balade fortement vers mon entrejambe. Elle veut déjà me chauffer, la coquine ! Elle verra lorsque le combat sera terminé et qu'on finira la soirée ensemble, tous les deux.
En quelques temps, nous voilà arrivés au lieu indiqué.
- Si tu gagnes, je te promets d'accélérer la cadence, minaude-t-elle, en me faisant un clin d'œil.
Elle descend tout de suite de la voiture, pour passer par une porte noire qui donne directement accès au sous-sol. Je la suis, en matant bien évidemment ses fesses qui se balancent d'une façon sexy. Au loin, j'aperçois Paul. J'arrive vers lui, décontracté, afin de signer le règlement, comme tous les soirs.
- Tu es en retard.
Il bronche. Je ne relève pas.
- Bon, tu te sens prêt ?
- Ouais ! Je suis sûr que je ne vais pas le rater !
- Fais attention, tout de même ! Le mec n'est pas une mauviette, ou un mytho comme tu as rencontré dans les autres matchs. Il n'a rien avoir avec les autres joueurs ! me raconte Paul, sérieusement.
Je sais qui il est. Son prénom me donne envie de vomir, tout en frappant dur dans un punching-ball.
Carter....
Le problème, c'est que je n'ai pas peur. Il peut me dire tout ce qu'il souhaite, je gagne toujours. C'est écrit depuis longtemps. Je suis le meilleur ! Et ce n'est pas une petite femmelette dans son genre qui me fera fuir.
- Et puis... (il baisse d'un ton) il s'agit de Carter. Le môme que tu détestais et qui a foutu le feu à votre club. Heureusement qu'il n'y a pas eu trop de dégâts majeurs à la salle.
Je revois son sourire narquois, sa colère alors que Jim, le responsable de la salle, s'occupait plus de moi. Ce gars était déjà mauvais à l'époque. Mais je ne préfère pas y repenser. C'est d'ailleurs pour ça que je ne relève pas les paroles de Paul. Parce que si, il y a eu des dégâts. Certes, pas dans la salle elle-même, ils étaient plutôt mineurs. Mais celui qui perce encore mon cœur est cent fois pire : quelqu'un est mort ce soir-là. Jim. Un homme qui me faisait office de figure paternelle, mais aussi un homme auquel je voulais ressembler plus tard.
Je secoue la tête pour faire partir les mauvais souvenirs.
- Les vestiaires sont là-bas, mon pote ! me dirige-t-il, en me pointant une porte. Bonne chance !
Je me dirige vers les vestiaires, sans perdre de temps. Mais juste avant de rentrer, Leah me retient par le bras et plaque ses lèvres aussi fines que du fil de fer, sur les miennes. Je passe aussitôt mes mains autour de son corps bien en chair, et lui fais sentir la source de mon désir soudain. J'aimerais la baiser tout de suite à même le sol, mais c'est impossible. Je dois m'entraîner si je veux gagner ce combat de merde.
- Gagne ! ordonne-t-elle, en ronronnant presque.
- Compte sur moi ! je rétorque, en lui faisant un clin d'œil.
Elle s'en va vers le ring dans une démarche féline. Pendant ce temps, je passe la porte des vestiaires, pour ensuite enfiler mes gants. J'envoie quelques coups et gammes dans l'air, avant de me concentrer sur mon endurance et mes pas. Je me sens enfin vivant, entre la sueur et les cris.
Lorsque le signal sonne, j'enlève mes gants et installe mes bandes noires autour de mes mains. Dans nos combats illégaux, nous n'avons pas le droit aux gants de protection. C'est dangereux, mais c'est aussi ça le plus hilarant dans l'histoire. En plus, j'aime ressentir les coups par les mains et sur ma peau. Les traces de lutte me forgent.
- Ça commence ! La fille qu'ils ont choisi, c'est franchement du lourd ! rigole Paul.
J'en ai rien à foutre de la pute qu'ils choisissent, j'ai promis de ne jamais toucher une seule d'entre elles. Et jusque-là, j'ai toujours réussi à tenir ma promesse. Je suis peut-être un salaud de première classe, mais je ne me laisse pas avoir, ni charmer par une conne au cul trop plat.
- Dommage que tu ne puisses pas... mime-t-il en faisant claquer sa langue contre sa joue.
Je rigole un bon coup, en faisant taper mes poings ensemble. Puis je m'avance vers l'endroit où je peux observer mon adversaire en toute intimité. Je l'affronte de mon regard le plus sombre. Il n'a pas l'air intimidé. Pourtant, il le devrait ! Il ne sait pas à quel point je suis devenu dur et froid après son passage.
Cela fait un bon bout de temps, lui et moi.
- J'envoie le coup ! me souffle Paul, avant de se mettre au milieu du ring.
Lorsque Paul parle dans son micro tout pourri et qu'il demande le nom de mon adversaire, la foule est en délire. Alors, quand Carter passe devant moi, en me narguant de la pire des manières, je lui crache sur les pieds. D'un seul coup, il rit moins.
Viens mon tour, je fais ma grande entrée, sous les acclamations de la foule déchaînée.
On monte ensuite sur le ring, nous défiant du regard comme des bêtes sauvages prêtent à se déchiqueter. Carter me sourit d'une façon sadique, et retourne sa tête vers notre lot de consolation, notre gain. Je fais de même. Lorsque mes yeux percutent cette chevelure dorée, et ces yeux clairs d'une pure beauté, un sourire moyen se dessine sur mes lèvres. Elle a tout sauf l'air d'une pute, celle-là ! Elle fout quoi ici ?
- Les gars vous connaissez le principe, celui qui gagne le jeu à l'issu des cinq combats, a le droit à cette femme ! prononce Paul, en nous pointant la jeune femme du doigt.
Carter rigole subitement comme un gros porc, tandis que je l'observe tranquillement. J'ai l'impression qu'il y a un truc qui cloche dans ce merdier ! Ses vêtements sont à moitié déchirés, son regard a perdu tout instant de vie, et sa joue est en sang. Tout à coup, le gong m'arrache à ma contemplation.
Le combat commence.
Carter s'avance vers moi, et commence par m'envoyer un uppercut en plein dans la joue. Je le récupère, la rage montant en moi. En lui envoyant un gros coup dans le bide, je me rappelle soudainement ce que je dois faire.
Je dois gagner et me casser d'ici. Vite fait.
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Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien ! Alors que pensez-vous de ce premier chapitre ? Vous aimez Smith et son caractère de gros dur ? Et qui est cette jolie blonde martyrisée ?
J'attends avec impatience vos commentaires !
Rendez-vous au prochain chapitre ! ;)
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