31. Lucie

Peur, Colère, Frustration.

Voilà ce que je ressens en ce moment même, dans cette voiture, aux côtés de Smith. Mes lèvres me démangent encore plus qu'il y a quelques minutes, m'envoyant en pleine figure des images de mon côté audacieux. Qu'est-ce qu'il m'a pris, bon sang ? Je me demande bien pourquoi je l'ai embrassé, alors qu'auparavant il se donnait en spectacle avec Leah. Lorsque j'ai entendu des gémissement, la bile m'est montée à la gorge. J'avais envie de vomir. Cette fille est mauvaise, vraiment mauvaise pour les gens qui l'approchent. Je sais parfaitement que Smith est aussi fautif qu'elle, mais Leah est une manipulatrice hors pair.

- On arrive dans quelques heures, Lucie, me rassure Smith.

Des images défilent dans ma tête, subitement, toutes plus horribles les unes que les autres. Lorsque j'ai eu mon père au téléphone, il y a quelque minutes de cela, sa voix était ferme, mais le connaissant par coeur ; il essayait juste de me rassurer et de ne pas craquer devant moi. Sauf que ça ne marche pas. Mon père a le droit de pleurer. C'est la femme dont il est amoureux depuis trente ans. Je ne pourrais jamais comprendre sa peine, mais c'est ma mère. Et même si elle a souvent été absente et odieuse avec moi, je sais qu'elle souffre. Elle souffre encore et encore de la mort de Charlie, comme je souffre aussi. Mais la souffrance d'une mère ayant perdu son enfant est encore plus forte. Une souffrance qui peut la consumer à tout moment. Une souffrance qui en a profité pour s'immiscer dans les pores de sa peau, lorsque sa cousine est morte dans ce putain d'accident de voiture.

Je souffre pour elle.

- Merci Smith, je murmure tout bas.

- C'est le moins que je puisse faire.

Je l'observe dans les moindres détails. J'ai l'impression que depuis quelques jours, nous avons passé un cap. En tout cas, je ressens de nouvelles choses, dont je ne devrais pas voir ni moindre sentir le même soupçon. Mais malheureusement, j'ai comme la sensation qu'il essaie de s'immiscer en moi, au plus profond de mon coeur, et qu'il essaie constamment de me faire du mal. Peut-être ne le fait-il pas exprès ? Je le connais, il n'est pas sadique au point de faire du mal aux gens, seulement pour en rire ensuite. Ça serait plutôt le genre de Carter. Mais en faisant ça, Smith fausse légèrement l'image implacable que j'avais de lui. Tout compte fait, je n'ai pas mon mot à dire, puisque nous ne sommes ni en couple, ni amants.

- Tu comptes faire quoi après tout ça ? me demande soudainement, Smith.

Tout ça, oui. Il vaudrait mieux qu'on l'appelle comme ça. Surprise par sa question, je pose ma tête contre la vitre, pour voir toutes ces voitures s'élancer à toute vitesse sur cette deux voies.

- Je pense reprendre mes études, s'ils veulent toujours de moi. Ensuite, je trouverais un bel appartement qui donne sur la Tour Eiffel. Après, ce n'est que de l'improviste ! je ris, les larmes aux yeux. Et toi ? je lui demande, en tournant la tête vers lui.

- Moi ? Euh, j'en sais rien. Je vais vivre ma vie comme j'aurais dû le faire, il y a bien longtemps.

Un sourire se dessine sur mes lèvres, imaginant Smith en smoking, ou alors en pantalon foncé, avec une chemise blanche, à demie-ouverte. Il serait très beau dans ces habits. Mais je crois qu'il aime plutôt bien ces joggings.

- Tu as oublié une partie ! je réclame. Celle où des tout petits chatons t'accompagneront à chaque balade que tu feras au bord des lacs de la région.

Il tourne la tête vers moi, en se pinçant les lèvres, pour sans doute s'empêcher de rire. Un pli se forme au milieu de son front, lorsqu'il fronce les sourcils. J'ai toujours voulu l'effleurer de mes doigts, mais après ce qui s'est passé entre nous, ça ne serait pas vraiment adéquat, ni très judicieux de ma part.

- Qui te dis que j'aurais des chats, et non des furets ?

- Oh non, c'est dégoûtant ! je tire la langue.

Il enclenche la cinquième vitesse, en rigolant à gorge déployée. Il se moque complètement de moi, en fait. Je ne pense pas qu'il est le genre de mec à aimer les furets. C'est impossible ! Ou alors, c'est que je ne le connais vraiment pas.

- Tu voudrais des chats, toi ? il s'exclame.

- Non, c'était juste pour l'image du petit vieux, seul avec ses chats, je plaisante. Non, plus tard j'aurais un petit chien qui s'appellera Tobby, et des enfants qui le dorloteront toute la journée, pendant que je prendrais mon pied avec l'homme de ma vie ! je rêve.

- Quelle belle perspective d'avenir, Lucie. Rappelle moi de botté le cul de l'homme ta vie, d'accord ? siffle joyeusement, Smith.

Je tourne la tête vers lui, en fronçant à mon tour les sourcils. Je m'imagine subitement des années plus tard, avec deux enfants, mon chien, et l'homme de ma vie. Puis, Smith qui débarque pour lui filer un coup de pied aux fesses. Je préfère ne pas me retrouver dans cette situation dans la vie réelle. Même si j'avoue que ça serait hilarant.

- Et pourquoi aurait-il mérité ça ? je demande, en lui souriant.

- Telle que tu décris ta vie future, elle paraît merveilleuse, alors cet homme mérite une bonne correction ! m'explique t-il, d'une voix suave.

- Peut-être que tu n'auras pas le faire, je murmure, les mains moites.

Smith se tourne vers moi, lorsqu'il s'arrête au feu rouge. Une lueur brille au fond de ses yeux, faisant naître un frisson au creux de mes seins. Ses yeux sombres sont tellement intenses, que je peine à m'en détacher. Et c'est seulement lorsqu'une voiture nous klaxonne, que le charme se rompt, nous ramenant vite à la terre ferme. L'homme qui nous a klaxonné nous dépasse à une allure phénoménale, avant de faire un signe désobligeant pour Smith.

- C'est pas possible des gens aussi con, sur la route ! grogne Smith.

Je souffle, avant de fermer les yeux. J'aimerais que le temps passe plus vite pour qu'enfin je puisse reprendre ma vie d'avant. Mais il est difficile d'imaginer ma vie, sans la présence de Smith près de moi, maintenant. Pourtant, je vais devoir m'y faire.

**

- Lucie, on est arrivés, murmure Smith, en me caressant légèrement la joue.

J'aimerais qu'il laisse sa main douce, glisser contre ma peau, pendant une éternité, mais malheureusement il est temps que je me lève. Lorsque je tourne la tête, Smith me sourit paisiblement, avant de me retrouver de l'autre côté de la voiture. Il m'ouvre la portière, et me détache. Je sors alors dehors, en le remerciant en silence. J'aperçois subitement mon père s'avancer vers nous, les yeux rouges de chagrin. Je me précipite alors dans ses bras, et lui embrasse la joue.

- Je suis là maintenant, papa.

- Oh ma petite fille. Je suis désolé de t'avoir dérangé, mais ta mère est en plein délire d'après les médecins. Elle a des hallucinations, jour et nuit, il souffle difficilement. Elle...l'a...l'appelle, tu sais.

Je souffle un bon coup, avant de me dégager délicatement de notre étreinte. Je jette un coup d'oeil vers Smith, qui est resté en retrait. Je lui fais un signe de s'approcher, et c'est ce qu'il fait, les mains dans les poches. Quand il arrive à notre hauteur, il libère une de ses mains pour serrer celle de mon père, et lui sourit gentiment.

- Vous avez peut-être faim ? demande mon père, perdu. Il est quelle heure ?

- Il va bientôt être sept heure, monsieur, répond délicatement Smith.

Mon père écarquille les yeux, et s'avance vers la porte d'entrée pour nous laisser pénétrer dans la maison, là où il fait plus chaud. Je passe alors en première, heureuse de retrouver la chaleur de mon foyer. Puis lorsque Smith passe, mon père l'arrête en mettant son bras en travers de son ventre. Je les observe pendant quelques secondes, se jauger du regard, avant que mon père lui dise d'un ton sérieux :

- C'est pas comme si j'étais un vieux débris de quatre vingt ballets, qui vous insulte à tout bout de champs, mon gars. Alors vous pouvez m'appelez George ! Mais attention, pas de connerie avec ma fille, sinon c'est niet pour avoir mon consentement le jour de votre mariage !

Smith m'envoie un regard effrayé, avant de baisser les yeux vers mon père, qui attend visiblement une réponse. Sauf que Smith n'a pas l'air de savoir quoi dire. Je m'avance alors, pour prendre mon père par les épaules, un sourire sur les lèvres.

- Tu n'auras pas à le faire, papa.

Il se tourne tout les deux, pour m'observer attentivement. Je lève les mains en l'air, avant de reculer légèrement vers le fond du couloir.

- Je parlais du consentement pour le mariage, d'accord.

- Je préfère, blague mon père. Allez rentrer mes petits !

Je pars en direction du salon, où la télévision est allumée sur les informations. Je m'assois alors dans le canapé, Smith fait de même, et mon père ne tarde pas à nous rejoindre avec des morceaux de pizza dans une assiette. Je passe alors une part à Smith, qui la mange en moins de cinq minutes. N'ayant pas très faim, je n'en prends pas. Mon père imite Smith, quelques secondes plus tard.

- Alors Smith, vous faîtes quoi dans la vie ?

Il ouvre la bouche, avant de la refermer tout à coup. Soudainement, je me rappelle l'avoir entendu parler de s'engager auprès des pompiers. Je me tourne alors vers mon père, pour lui suggérer cette idée.

- C'est une très bonne idée. Lorsque j'étais jeune, j'ai toujours voulu sauver les gens comme le faisait mon père, mais j'ai très vite déchanté, nous explique mon père. Et vous êtes dans quelle caserne ?

- Je suis à Mesa.

- D'accord. C'est là que vous emmeniez ma fille, pas vrai ? nous interroge mon père, du regard.

Je rigole, gênée du comportement un peu trop important de mon père, envers Smith. Je suis contente qu'il s'intéresse à lui, mais s'il pouvait arrêter de poser des questions personnelles, ça m'arrangerait largement, à dire vrai. Mais bon, connaissant mon père, ce n'est pas encore finit.

- Oui, c'est là bas que nous allions, papa. Mais il n'y a aucun rapport, je tique.

- Je suis juste curieux, ma puce, me sourit-il.

Il se tourne instantanément vers Smith, près à en faire sa victime pour la soirée. J'ose alors poser ma main, timidement, sur la sienne qui est toujours aussi chaude, comme à son habitude. Il est en débardeur, mais j'ai l'impression qu'il a constamment chaud, sans raison.

- Vous l'aimez ma fille ? accuse mon père.

J'ouvre la bouche, en fronçant les sourcils. J'envoie ensuite un regard noir à mon père, en lui faisant un signe, pour qu'il arrête avec ses questions trop intimes. Il est persuadé qu'on est en couple...

- Oui, bien sûr. J'aime Lucie, souffle Smith, en serrant un peu plus ma main.

...et Smith en rajoute des tonnes. Mon père ne que peut avaler le faite que nous sommes ensemble, alors que ce n'est pas le cas.

- Je suis fatiguée, et je pense que c'est aussi le cas de Smith, je vais lui montrer la chambre d'ami.

Je me lève, et emmène Smith vers les escaliers, mais mon père me stoppe, en posant doucement sa main sur mon épaule.

- Il est hors de question qu'il dorme dans la chambre d'ami, enfin. Il va dormir avec toi, Lucie, propose mon père.

- Mais...Ok. Tu sais où c'est Smith ?

Celui ci hoche la tête, et monte les escaliers à tout vitesse, pour que je puisse enfin parler à mon père. Je ne l'ai pas reconnu ce soir, ni avant d'ailleurs. D'habitude il n'est pas aussi lourd lorsque des gens m'accompagnent à la maison. Mais il faut croire que Smith avait l'air appétissant et que mon père voulait en faire son diner.

- Qu'est-ce qui t'arrive, tout à coup ? je lui murmure.

- Excuse moi, vous me rappelez tellement, moi et ta mère lorsque nous étions jeunes. Je veux seulement que vous vous sentiez bien ici, sans contraintes particulières. Tu comprends ?

- Hum, oui. En parlant de maman, tu comptes y aller à quelle heure pour la visite, demain ?

- Avant de manger, je pense.

- Très bien, je viendrais avec toi. Bonne nuit papa, je lui donne un baiser sur la joue.

- Bonne nuit ma puce !

Après ça, je monte tranquillement vers ma chambre, et cette fois je n'oublie pas de frapper. Smith m'intime alors de rentrer, et lorsque je me retrouve à l'intérieur, je m'aperçois qu'il est seulement vêtu d'un caleçon. Je relève alors les yeux vers son visage, en voyant qu'il se dandine. Je comprends tout de suite ce qu'il essaie de me faire comprendre.

- Oui, tu peux aller prendre ta douche, je ris.

Il me remercie, avant de s'enfermer dans ma salle de bain. Pendant ce temps, je récupère un vieux t-shirt, assez long, que je fais glisser sur moi. Puis, je m'installe dans mon lit. J'éteins ensuite la lumière, pour qu'il n'y ait plus que ma petit lampe de chevet d'allumée.

Quelques minutes plus tard, je sens mon lit s'affaisser sous le poids de Smith, me donnant un hoquet de surprise. Délicatement, Smith vient coller son torse nu et brûlant contre mon dos, posant ensuite son bras sur ma taille. Je sens subitement de l'eau me couler dans le cou, à cause de ses cheveux mouillés. Je frémis, ce qui fait visiblement sourire Smith.

- Bonne nuit, Lucie.

- Bonne nuit, Smith.

Mes cauchemars n'apparaissent pas une seule fois, grâce à la présence rassurante de Sam Smith.

A suivre...

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Coucou !!

J'espère que vous allez bien aujourd'hui ? Bon, j'ai eu le temps de faire ce chapitre hier, et un peu ce matin, alors je voulais vous le poster aujourd'hui. Je ne voulais pas vous faire attendre, de toute façon je ne pouvais pas, vous me connaissez !

J'espère qu'il vous a plu ? Dîtes moi tout !!

Mille merci pour vos commentaires encourageant sur les deux précédents chapitres ! Mon coeur s'est réchauffé pendant pas mal de temps !! Merci !!

Bon, j'attends vos commentaires par milliers !

Petite note : J'ai la couverture de FIGHT 2 : Face à Face, normalement ! Et j'ai aussi fait le résumé, et commencé la préface ! Yeah !

Bisous, Sarah 😇

Plus que quatre chapitres.

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