23. Smith

Deux jours.

Ça fait deux putain de jours que Lucie est partie de Mesa pour reprendre le cours de sa vie, je suppose. Mais pas seulement, puisqu'il n'y a pas qu'elle dans l'histoire. Je suis là aussi, à me battre contre ce punching-ball qui nourrit ma soif de colère et mon envie de gagner ces jeux, pour qu'elle puisse être libre. J'ai mal aux mains, mais je continu à frapper plus fort. Mon imagination déborde sur des horizons qui m'aident à faire disparaître ma fatigue et ma souffrance. Carter ne gagnera pas.

Carter ne gagnera jamais ces jeux !

Ce sont les mots que je me répète, pour essayer de mon concentrer sur mon combat qui a lieu ce soir. Sauf que, Lucie semble persister et me torturer. Elle me hante depuis son départ. Sa présence a disparu au sein de mon appartement, ce qui rend la chose beaucoup plus réaliste.

Merde, est-ce que je m'écoute deux secondes ? On dirait un ado en manque, en manque de sa copine. Même pire, on dirait un obsédé qui essaie de s'abreuver dans le combat pour oublier sa tentation. Putain, c'est du n'importe quoi ! Lucie est partie et c'est son choix. Même si dans quelques jours, il me sera indispensable de venir la chercher, pour que je puisse avoir son soutient. Enfin ce n'est pas la première des raisons. Non. Lucie DOIT revenir à Mesa pour assister au dernier des combats, c'est l'une des règles établies par les organisateurs.

C'est sûrement une grosse blague ! Des organisateurs qui aiment se faire du fric sur le dos des boxeurs, comme moi. Même si j'ai ma part, je suis sûr que ces enfoirés se font un plaisir à nous prendre une au deux liasses de billets. Des sous dont j'aurais besoin vite fait, pour me trouver un boulot. Je ne veux surtout pas atterrir entre les mains de mon père, en sachant que ma mère ne peut plus rien faire. Ou ne veut plus rien faire. De toute façon, elle a toujours été de son côté à le défendre corps et âme, malgré ce qu'il lui faisait subir. Je n'ai jamais pu comprendre ni tolérer de telles âneries.

- Oh, Smith ! crie subitement, Paul. Je crois que tu es en train de rêvasser !

Je soupire, avant de me concentrer sur le poing rouge qu'à laisser ma main sur le punching-ball. Dans nos combats, les gants sont interdis. Ils jugent ça trop facile, un peu comme de la triche.

- Tu es encore en train de rêvasser, Smith ! peste Paul.

Je me tourne vers lui, les nerfs gonflés à bloc. Je ne suis pas vraiment d'humeur aujourd'hui. J'ai encore mal dormi, à cause de mes cauchemars toujours aussi présents dans mon esprits. Mais aussi à cause de cette idée de ne pas retrouver Lucie à mes côtés, le matin.

- Parles moi autrement, je lui conseille gentiment.

Paul se lève des estrades, sur lesquelles il était assis, pour s'approcher de moi. Son regard est charger de colère ou alors de haine. Je ne sais pas vraiment comment interpréter ça, mais c'est complètement zarbe. Jamais, je ne l'avais vu aussi énervé.

Je prends alors une pause, m'approchant moi aussi de lui. Il s'arrête à quelques mètres du point où je me situe, en continuant à m'observer avec acharnement.

- Ne me donnes pas d'ordre, Smith ! Si j'ai envie de te parler méchamment, je le fais. Tu ne décides de rien, tu comprends ? il crache.

- Il t'arrive quoi là ? je ris, amèrement.

Paul me toise pendant quelques secondes, dans un silence morbide, avant de faire demi-tour. Je ne cherche pas plus loin, et continu à frapper sur mon punching-ball tout pourri.

- Va te faire foutre, Smith ! Toi, et tout le reste ! tique t-il.

Je fronce les sourcils, me demandant à quoi il peut bien penser, en me disant de telles conneries. On a toujours été des bons potes, et voilà qu'il m'insulte sans même m'expliquer. Décidément, Paul a vraiment perdu la boule. Ou peut être est-ce à cause de Lucie ? Elle lui fait peut être perdre la tête ?

Cette fille est un alien. Un coup, elle essaie d'en savoir un peu plus sur moi, me disant qu'elle est capable de m'aider. Puis le lendemain, elle ne veut plus me voir. Tout compte fait Lucie est un alien et une tornade. Elle fait des dégâts, surtout chez Paul.

Tout en y réfléchissant, ça pourrait être une bonne occasion pour qu'elle revienne à Mesa. Je n'aurais qu'à lui expliquer que Paul a des sentiments pour elle, et que par malheur il croit à des choses improbables, qui lui brisent le coeur.

Ne vais-je pas un peu trop loin, moi ? J'en ai rien à foutre de leur histoire de coeur, ça ne me regarde en rien ! Même s'il s'agit de Paul, je n'ai rien à faire dans ces conneries pareilles ! Lucie doit revenir pour assister au dernier combat, comme le disent les règles : point barre.

Je ne vais pas me chauffer le cul, et me farcir tout le boulot pour la retrouver. Paul m'aidera sûrement, une fois que je lui aurais révéler la vérité. Simplement, et délicatement. Je suis sûr qu'il comprendra et qu'il sautera sur l'occasion pour la récupérer, cette fois ci.

**

Je reste quelques secondes, affalé dans mon canapé, à regarder les matchs de boxe à la télévision, lorsqu'un souvenir me brouille la vue. Je me rappelle avoir vu, ici même, un de ces matchs avec Lucie. Elle était souriante, il me semble. Encore une farce de mon imagination. J'aimerais ne plus jamais avoir de souvenir. Ouais, carrément ! Être amnésique, et oublié tout de ma vie. Personne ne viendrait me faire chier pour faire des trucs minables, et débiles.

Mais il y a un truc que je ne dois pas négliger. Je dois absolument trouver du boulot, et je me rappelle vaguement de cet accident, où Lucie avait pleurer à chaude larme. Ce jour là, j'ai découvert une des nombreuses cicatrices de cette fille. Et je me suis fait proposer un boulot chez les pompiers. Je me demande si c'est toujours ok, et que la proposition ne m'est pas passée sous le nez.

C'est quand même dingue qu'un homme vous propose de travailler avec lui, seulement après avoir déduis des choses sur le comportements que vous avez pu avoir dans cette situation précise. J'ai d'abord cru à une plaisanterie, mais il avait l'air si sûr de lui. Maintenant, c'est à moi de prendre des initiatives, pour que ma vie prenne un nouveau tournant. Tout compte fait, c'est un point de plus pour moi, puisque si je fais ce métier ; personne n'osera me toucher profondément ou s'attacher à moi. La peur de me perdre sera trop dure et trop constante pour cette fameuse personne.

L'adrénaline pulse soudainement dans mes veines, me poussant à prendre la route vers la caserne, la plus proche de chez moi. Ma voiture étant déjà sortie, je risque d'arriver plus tôt. Je monte alors à l'intérieur de celle ci, avant de me lancer vers ces sauveurs au sang froid. En y repensant, ma mère m'a toujours dit que je ferais un bon sauveur de l'humanité. Il est peut être temps, que j'accomplisse cette facette de ma personnalité, que ma mère a su voir en moi.

Après quelques minutes de trajet, j'arrive devant le grand bâtiment des pompiers, où un camion est stationné. L'envie jusqu'à bout des doigts, je m'avance vers des hommes en uniformes. Au fur à mesure que je m'approche, je reconnais vaguement l'homme qui m'a proposé ce job. Un homme aux cheveux grisonnants, pas plus vieux que mon per...Frank.

- Ah ! Regardez, qui voilà ! s'écrie celui ci, brutalement. On est soudainement intéressé par les stages de recrutement ?

Je hoche la tête, dans un mouvement familier, sans même prendre le temps de délier ma langue. Il me tape subitement sur l'épaule, en me sourit sincèrement. Je me demande une fois de plus ce qui m'a pris de venir ici, et comment je me suis mis l'idée de pouvoir intégrer cette caserne.

- Suis moi, mon petit gars !

Je salue les pompiers, avant de rejoindre l'homme qui m'a proposé ce stage, dans une petite pièce isolée. Il me présente un document, sans même me laisser respirer et m'explique les démarches à prendre. Je finis par signer pour un stage rémunéré. Plutôt pas mal ! Si jamais Frank me demande des comptes, avec l'argent qu'ils vont me donner, je pourrais facilement le berner.

- Bienvenue dans l'équipe ! s'émerveille t-il.

- C'est seulement pour quelques mois, je lui rappelle, sur un ton lasse.

- Tu verras, ça sera beaucoup plus que quelques mois, comme tu dis ! C'est beaucoup plus qu'une expérience, ou qu'un métier. C'est un devoir, me lance t-il, déterminé.

Je lui serre dignement la main, avant de déguerpir de cet endroit flippant. D'un côté, je suis bien content d'avoir trouvé ce boulot. Mais de l'autre, je me traite de con. J'aurais pu trouver quelque chose de plus...En fait, j'en sais rien du tout. Ma vie, je la passerais seul, - peut être avec un de ces animaux de compagnies, mais sans amour ni souffrance.

Alors que je reprends la route, mon portable vibre au fond de la poche de mon vieux jean. Je m'arrête instantanément sur le bas côté de la route, afin de jeter un coup d'oeil à celui ci.

PAUL : Ramène tes fesses à l'entrepôt, réunion urgente. J'en sais pas plus.

Je frappe un bon coup mon volant, et jurant plusieurs choses. Merde ! Qui sont les enflures qui ont mis une réunion à deux heure de l'après midi ? J'avais tranquillement envie de reprendre l'entraînement, mais je vais devoir attendre. Fais chier !

J'arrive une demie heure après, à l'entrepôt, où plusieurs personnes m'attendent.

- Voici le petit Samuel ! pouffe, Carter.

- Ta gueule Carter, rugit Paul.

Celui ci ferme sa bouge, en veillant à bien fusiller du regard mon ami. Je me range alors de son côté, faisant face aux fameux organisateurs de ces jeux. Ils n'ont pas l'air en grande forme, contrairement aux autres jours de combats. D'habitude, ils jubilent à l'idée de voir du sang et de la bagarre.

- La jeune femme n'est pas avec toi ? me demande Dean, un des organisateurs.

- Non, elle ne se sentait pas bien.

- C'est faux. Plusieurs personnes témoignent de sa fuite, il y a deux jours de cela. C'est une faute grave et impardonnable pour cette jeune femme. Des équipes sont rendues chez elle, afin de la ramener ici. Elle doit assister au combat, sans ça, tu ne gagneras jamais Smith.

- Putain, pourquoi ne pas m'avoir averti plus tôt ? Vous êtes aussi abrutis que vous le faite penser ! je crache.

- Les règles sont les règles, Smith ! tonne, Cal.

Je ne comprends pas. Comment ont-il pu savoir quelle était repartie chez elle ? Il y a forcément des traîtres ici, sans que je le sache. Je me retourne systématiquement vers Paul, qui n'allait pas bien ce matin. Serait-ce pour ça qu'il a été aussi agressif avec moi ? Il a su la vérité, et est allé le répéter. L'enfoiré de première !

- T'aurais pu me dire ce que tu comptais faire, Paul, je lui murmure en serrant les dents.

- De quoi tu me parles ?

Il feigne l'indifférence ce petit merdeux !

- Dénoncer Lucie, sans même me le dire ! Tu sais ce qu'elle risque, ce que je risque lorsque ces deux cons apprennent la fuite d'un des deux candidats, non ? je grogne. Mais bien sûr que si, tu le sais ! Merde, pourquoi Paul ?

- Ce n'est pas moi, idiot. C'est Pamela et Leah, qui ont vendu la mèche. Leah est venue à la fête, sauf qu'en arrivant, elle a vu Lucie prendre un taxi. Un taxi qui quittait la ville, il soupire.

J'aurais dû m'en douter que ces deux connasses me feraient un coup bas. Elles en ont profité pour atteindre Lucie, qu'elles ne supportent pas. Si jamais, je ne la retrouve pas avant les équipes, je ne pourrais jamais démentir leur affirmation.

- Le temps passe vite, Smith. Tu as quelques heures de moins que nos équipes, sur le chemin de ta chère protégée. Je te conseille de faire vite, me souligne Dean, en me tendant un papier.

Je lui arrache presque des mains, pour pouvoir saisir les informations qui sont écrites dessus. Il s'agit de l'adresse de Lucie. Elle habite donc à Phoenix.

- Pourquoi vouloir m'aider ? je tonne.

- On veut du suspense, de la douleur, du combat, du sang et surtout des coups durs ! s'exclame Cal, en se levant de sa chaise.

- Surtout du fric, ouais ! je réplique, amèrement.

Sans même me retourner, je file dans ma voiture, mettant l'adresse dans mon GPS. Je me dois de retrouver Lucie avant ces hommes qui sont capables de tout. Afin d'espérer continuer les jeux et les gagner. Sinon, je risque de céder ma victoire à Carter pour le combat qui aurait dû avoir lieu ce soir. Ce qui me donne une longueur de moins, par rapport à lui. Il faut que je le fasse pour elle, pour moi, pour nous. C'est pour ça, que lorsque j'arrive sur l'autoroute, j'enfonce la pédale de l'accélérateur, avec toute la détermination qui bouille en moi.

A suivre...

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Coucou !! J'ai eu l'inspiration, les jours d'avant, pendant la semaine. Alors mon chapitre a coulé de source ! J'espère qu'il vous a plu ? Dîtes moi tout !! Je veux savoir les moindres de vos pensées ! ;) (Il est peut-être un peu bizarre, non ??)

JE VEUX ÊTRE BOMBARDÉE !!

Les choses se corsent pour Smith et Lucie. Arrivera t-il, avant cette équipe qui est à la recherche de Lucie ? Réussira t-il à gagner le prochain combat ?

Tout ça, dans le prochain chapitre !

Bisous, Sarah.

PS : Voici la fabuleuse couverture que m'a faite Little_Dress_Purple que je remercie de tout coeur !! Elle est vraiment sublime ! Je ne sais pas si vous avez vu, mais je l'ai mis en fond de mon profil avec la première couverture qu'elle m'avait faite !!

Voili voilou, je voulais vous la montrer ! Ca ne sera malheureusement pas l'officiel du tome 2, parce que je pense mettre Lucie en couverture, puisqu'il se rapportera un peu plus à elle ! ;)

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