7.Mauvaise manière
song : War Zone - Neena Rose
«Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs.»
- 𝐕𝐢𝐜𝐭𝐨𝐫 𝐇𝐮𝐠𝐨
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˗ˏˋ Cᴏ̂ᴍᴇ 'ˎ
Un physique de déesse enrobant un mental d'emmerdeuse. Je me suis toujours dit quelque chose : "Le karma, c'est comme une roue de la Fortune. Parfois, il tombe sur toi, mais quelquefois, il t'accorde quelques surprises."
La pote de Kaléo, par exemple, est celle qui a décidé de me les briser hier. Cependant, cela ne m'étonne même pas. Vu le rouquin, il ne peut qu'avoir des amis dans son genre.
Plantée devant moi à côté du ring, elle croise ses bras sur son torse et roule des yeux. Son regard affiche directement son dépit et pendant ce temps, je me marre intérieurement. Elle ne se démonte pas pour autant, mais surtout ce que Kaléo ignore, c'est qu'il vient de me donner ma chance pour rentrer chez moi.
S'il me demande de me charger à lui apprendre la boxe, c'est qu'il tient à cette fille plus que tout. Mais si je la fais chier au point où elle va se plaindre à son pote, il ne voudra plus de moi chez lui. Je connais assez mes parents pour savoir qu'ils ne vont pas me mettre à la porte, ce n'est pas dans leurs convictions et j'aurais tout ce que je souhaite.
— Tiens donc, comme le monde est petit, la provoqué-je.
Je lance ma cigarette par la seule fenêtre ouverte et me rapproche d'elle. Ses cheveux noirs sont noués en un chignon, elle porte un vieux sweat noir et un jogging de la même couleur qui met tout de même ses formes en valeur. Cependant, mes yeux s'attardent sur ses chaussures : de vulgaires Converses.
— Tu comptes faire de la boxe avec ces godasses ou tu en as d'autres ? demandé-je.
Toujours aucune réponse de sa part, ce qui fait bouillir mes veines au plus profond de mon âme. Je me rapproche dangereusement d'elle, mais elle ne bouge pas. Seuls quelques mètres nous séparent et lui seront peut-être fatals si elle continue à faire son emmerdeuse.
— Tu avais plus de répartie avec de l'alcool dans le sang, beauté, dis-je en appuyant sur le dernier mot.
Elle bout de l'intérieur. Sa respiration devient rapide, ses yeux noisette s'assombrissent et son corps tremble de colère. Je passe une main sur mon visage et ouvre la bouche pour la provoquer à nouveau afin qu'elle finisse enfin par me parler. Cependant, contre toute attente, elle se rapproche de moi, à quelques centimètres de mon visage au point où je sens sa respiration se poser contre mes lèvres charnues.
— Je te conseille de te la fermer et de ne pas parler pour rien dire ! Tu es là pour m'apprendre à boxer, pas pour te la jouer à la Jean-Paul Gaultier.
Elle a du caractère, c'est une certitude, mais elle s'engage dans un combat qu'elle a de grandes chances de perdre. J'ai plus de rentre-dedans, je suis plus fort qu'elle et même si elle dit ce qu'elle veut, elle ne fait pas le poids contre moi. Hier, elle s'est barrée sans qu'on finisse notre conversation, mais cette fois-ci, j'aurai le dernier mot.
— C'est justement dans le cadre de la boxe que je te dis ça. Ton sweat, tu l'oublies, tout comme ton jogging, car je ne pourrais pas voire si tu fais les bonnes positions et pour ce qui est des converses, sache que c'est signe d'entorse et ça ne te maintient en aucun cas la cheville ! On ne te l'a jamais appris en sport, ou ce sont des cours que tu séchais constamment ? craché-je.
Elle reste stoïque, le regard plein de flammes et d'amertume. Elle sait que j'ai raison, mais elle a trop de fierté pour l'avouer.
Cette fois-ci, c'est un point partout Minimoys !
— Donc je viens comment ? En maillot de bain ?! continue-t-elle.
Elle m'énerve ! Même quand elle a tort, elle veut avoir raison. Et ce genre de comportement, c'est ce qui me rend le plus ouf. Je me mords la lèvre pour me contrôler et fais craquer mes phalanges pour qu'elle arrête son petit jeu de "je pose des questions débiles" !
— Tu viens comme ça te chante, en maillot, en pyjama, mais le but, c'est que ce ne soit pas large et le mieux serait de dégager ton ventre pour que je puisse au maximum voir tes hanches. Maintenant que c'est dit, on peut passer à l'échauffement. Tu vas t'éloigner un peu et me faire face en me suivant !
— Tu as cru que j'allais te suivre comme un chien en plus ?
— Sans rire, tu ne penses pas être un poil agaçante là ? C'est ton pote qui m'a demandé de l'aide donc au lieu de faire ton emmerdeuse, bouge-toi un peu et fais ce que je te dis !
Après la mention de Kaléo, elle se calme rapidement et roule des yeux en s'éloignant un petit peu de moi et me laissant au passage un peu d'espace pour respirer. J'affiche un léger sourire satisfait. Pas parce que je l'ai calmé, mais plutôt, car j'ai trouvé un moyen de lui faire vite fermer son clapet : son pote la citrouille.
Ils doivent se connaître depuis longtemps et je pense que le petit rouquin de mon frère n'aurait jamais imaginé que me donner cette opportunité serait pour moi une occasion de potentiellement mettre mon plan à exécution. Si j'arrive à briser son petit cœur, j'arriverai à me barrer de cette embrouille.
La vérité va finir par se savoir pour Julyann et ce jour-là, je ne veux pas être présent.
— Bon, tu commences ? Car il est vingt-deux heures et j'ai cours demain !
Je souffle, agacé, et lui lance un regard noir. De son côté, elle fait de même, nous nous lançons dans un cercle vicieux, l'un comme l'autre, on se tue mutuellement du regard. Elle ne baisse pas les bras et continue de me tenir tête.
Je n'aime pas ça !
J'extirpe mon téléphone de ma poche et lance la première playlist proposée par Spotify. Mon regard est toujours planté dans le sien pendant que j'entame un étirement qui va sûrement éviter qu'elle se fasse un claquage dès le premier jour.
Elle me suit sans broncher, mais ses yeux parlent à sa place dans une danse endiablée entre la haine et les envies de meurtre. Mes articulations craquent sur chacun de mes mouvements et le silence de la nuit m'apaise sous cette couverture nuageuse qui enrobe le ciel de Chicago.
— Bon, ça devient chiant de tordre mes genoux, mon cou, mes coudes. Je pense que mon corps a compris qu'on allait faire du sport et je n'ai franchement pas le temps ! continue-t-elle.
Un raille d'agacement s'échappe de mes lèvres et je passe une main sur mon visage pour tenter de me contrôler. Kaléo a décidé de me refourguer l'une des pires meufs de tout Chicago en boxe.
— Écoute, minimoys ! Le but est de préparer ton corps pour éviter que tu te fasses mal, donc si tu n'es pas contente, la porte est là-bas et tu te casses sans broncher, car là, tu me gonfles ! tonné-je en pointant la porte.
— Primo, mon prénom, c'est Flavia ! Tu saurais le répéter sans m'appeler minimoys, la naine ou je ne sais quel surnom dégueulasse pour démonter un physique ? Deuxio, c'est toi qui restes désagréable avec tes mauvaises manières !
— Tu parles de mauvaises manières, alors que tu me les brises depuis presque vingt minutes. Au lieu de casser les couilles, Flavia, essaye d'enregistrer mes mouvements, car ça t'évitera de te faire mal.
— Non, mais dites-moi que je rêve ! Mec, tu t'es comporté comme un connard hier, tu t'attendais à quoi ?! Je ne vais pas non plus te baiser les pieds et te faire un gros câlin. Stolto
La naine est à deux doigts de me sauter à la gorge, et j'adore ça. Sa voix résonne dans la pièce aussi fort que j'ai l'impression qu'elle est sur le point de me fondre dessus. Ses joues sont rouges de rage, ses phalanges sont blanchies par la colère d'Hadès qui gronde en elle. C'est comme si un volcan était prêt à entrer en éruption à tout moment.
— Ah bon ? Pourtant le connard t'attirait.
— Ouais, c'est comme quand tu commandes Macdo, tu t'attends à avoir un hamburger de ouf, mais finalement, tu es déçu, car cela ne ressemble pas du tout à l'image.
— Tu viens vraiment de me comparer à un Big Mac ?
— Tu me compares avec des personnages de film qui ont des oreilles pointues et la taille d'une fourmi donc bon, arrête de faire celui qui est offensé alors que tu n'es pas mieux !
— Mais bien sûr ! Arrête un peu de piailler, tu me donnes plus mal à la tête qu'autre chose !
— Bah alors arrête de me répondre ! déclare-t-elle. Stolto*.
Je ris jaune et mes poings se serrent. Elle commence sérieusement à me les briser. Je déclare d'une voix tranchante :
— Tu sais dire autre chose que des mots incompréhensibles ?
— C'est de l'italien et je trouve que ce mot te correspond bien, le préado. Ah non, attends, j'ai potentiellement un autre mot pour enrichir ton dictionnaire de pseudo mauvais garçon.
Elle laisse en suspens sa phrase pour s'éloigner jusqu'à la porte, laissant derrière son passage toutes les tensions dans la salle de boxe. Je la regarde faire, mais comparé à la veille, celle-ci se retourne et monte son majeur en l'air.
— Arrivederci, stronzo** !
À ses mots, elle passe la porte en la claquant, me laissant encore seul comme un con à observer la pièce vide. Instinctivement, je tape fort dans le sac à mes côtés et hurle à plein poumon.
— Donc c'est comme ça que tu marches ? Tu n'assumes pas tes dires et te barres ! Alors, minimoys, on fait la belle, mais on fuit ?
Un sourire satisfait se colle sur mon visage, car cette fois-ci, c'est moi qui ai eu le dernier mot. J'en oublie ma douleur à la main et mon cœur qui se consume, c'est plutôt un soulagement qui vient s'emparer de moi. Mais, ce sentiment est éphémère, il disparaît aussi vite qu'il est apparu, car la porte se rouvre sur une naine encore plus en colère. Elle se place devant moi et plonge ses yeux consumés par le diable. Son marron se transforme en ébène et le rouge sur sa peau démontre toute la rage présente en elle.
Flavia détourne un peu le regard et se détache de moi pour prendre mes gants posés sur l'un des bancs. Sans protection, elle les enfile et vient se remettre devant moi. Je décide de prendre la deuxième paire présente dans mon sac et me place à mon tour en face d'elle.
Regard contre regard, rage contre rage, le dernier point est de se mettre en position.
Je monte la garde proche contre mon visage, fléchis les genoux pour aller plus vite et relève les talons pour faciliter mes déplacements. L'Italienne en face de moi fait la même chose, mais mal : sa garde n'est pas assez serrée, ses genoux pas assez pliés et elle garde ses talons au sol.
Certains me diraient de ne pas la frapper, car on ne frappe pas une femme. Cependant, j'ai envie de voir ce qu'elle a dans le ventre. Si elle sait mettre les coups encore plus qu'elle a du répondant.
J'imagine le gong sonner et m'avance près d'elle, mais pas pour lui infliger le premier coup : pour que ce soit elle qui commence. Un cri s'échappe de ses lèvres quand elle tente un crochet du gauche. Instinctivement, je l'évite en le bloquant avec mon coude.
— Même pas mal ! la provoqué-je avec un sourire narquois.
Elle enchaîne avec une droite que je contre aussi. Je sens sa respiration s'accélérer par la frustration.
— Alors, c'est tout ce que tu sais faire ? On dirait une petite fourmi à bout de souffle.
D'un cri de rage, elle enchaîne les différents coups, tout aussi forts les uns des autres, mais elle n'arrive en aucun cas à atteindre mon visage ou les endroits qui marquent des points. Elle n'utilise que ses bras, mais je vois bien que son cardio n'est pas au top, dû à son jeu de jambes pourri. Elle s'essouffle rapidement, car elle ne sait pas comment se placer et surtout, est mal positionnée. Or, sa conviction me donne une claque en pleine gueule.
Flavia est une guerrière, mais elle ne sait pas user de ses talents et se fait trop déstabiliser par son adversaire.
Je décide de mettre fin à ce calvaire et je lui envoie un balayage dans ses jambes qui lui fait perdre l'équilibre. Avant sa chute, je l'attrape par la manche de son sweat pour éviter qu'elle se fasse mal sur le tatami. Essoufflée, Minimoys s'avoue vaincue et tape contre le sol, frustrée. Intérieurement, je crie victoire, or, elle m'a quand même impressionnée par sa détermination.
— Samedi, quatorze heures ! Sache que la première chose que je peux te dire, c'est ne laisse pas tes émotions te guider dans un combat. Tu perdras forcément, car en boxe...
Je laisse mes mots en suspens pour me rapproche dangereusement de son oreille pour lui susurrer :
— Tu dois renfermer tes sentiments dans une cage pour éviter que ton adversaire ne voie tes failles.
À la suite de mes mots, je lâche sa manche et pars récupérer mon sac pour la laisser en plan sur le tatami. Une chose est sûre, cette fille ne perd pas le moral, elle se bat bien, mais manque de maîtrise et je ne perds pas pour autant mon objectif : me rapprocher d'elle pour me sortir de cet enfer.
𓆘
Épuisé, je passe enfin la porte de l'appartement et retire mes chaussures afin d'être le plus à l'aise possible. Mon corps réclame tout de même son dû par les grondements de mon ventre, mais avant tout ça, j'ai besoin d'une bonne douche et de décompresser.
Je m'engage dans le corridor menant vers ma chambre, cependant un éclat de voix me stoppe instantanément.
— Tu étais où ?
Je souffle bruyamment en reconnaissant la voix désagréable de mon grand frère. Échauffé, je lui fais volte face et croise mes bras sur mon torse pour lui faire comprendre que je n'ai pas envie de lui parler. Je remarque dans la pénombre à peine éclairée par la lune qui traverse le séjour que Julyann porte un bas de pyjama rouge à carreau bas qui démarque sa ceinture d'apollon et ses abdos peu dessinés.
— Réponds-moi, Côme !
Son ton est totalement différent de celui de ce matin, prouvant qu'il a retrouvé son caractère de « grand frère protecteur ». Avant Julyann, j'ignorais tout de la bipolarité, les phases, ses manières. Depuis, j'ai appris une chose : Julyann n'est plus celui que j'ai connu, qu'il soit en maniaque, « normal » ou dépressif. Mais surtout, qu'elles peuvent changer du tout au tout, parfois, elle reste durant un ou deux jours, comme ça peut arriver qu'elle persiste pendant des semaines.
— À la boxe, réponds-je en le voyant ouvrir une troisième fois la bouche.
— Côme, il est vingt-trois heures trente, ce n'est pas une heure pour aller boxer.
— Je devais entraîner une pote à ton mec pour info. D'ailleurs, en parlant de lui, tu comptes lui dire quand que tu es malade ?
Mes poings se serrent en voyant mon frère devenir blanc. Il passe sa main sur son visage en soupirant, me montrant que cette situation le dépasse aussi. Il n'assume pas d'être comme ça, or, il se doit d'être un minimum honnête avec la citrouille.
— Ce n'est pas si simple ! se défend-il.
Je ris jaune et esquisse un pas vers lui pour être à seulement quelques centimètres du sien. Je le hais. C'est mon frère, mais je le déteste, rien que voir sa gueule me les brise. J'aimerais lui faire ressentir ce que moi, j'ai ressenti. J'aimerais qu'il soit comme moi, le cœur piétiné en un bon millier de morceaux. J'aimerais qu'il se réveille tous les soirs avec le cœur brisé, les larmes qui manquent de s'écrouler et la rage au cœur, car ce qu'il a fait est juste impardonnable.
Julyann, je vais te réduire en cendres.
— Je savais très bien que tu n'étais pas le fils parfait que papa et maman me décrivaient. Tu as toujours su sortir du droit chemin sauf que, comparé à moi, tu ne te faisais jamais attraper. Mais sache un truc Julyann, ton masque finira forcément par tomber, que ce soit devant les parents ou devant Kaléo, et je pense qu'ils vont tous tomber de quelques étages en voyant qui tu es vraiment.
— Ne lui dis pas, s'il te plaît, supplie-t-il.
— Ne t'en fais pas pour ça ! Tu feras l'erreur de toi-même.
Sur mes mots, je m'éloigne de lui, le laissant seul dans le couloir sombre, comprimé entre la tristesse et la colère. Pour ma part, la mienne ne date pas d'aujourd'hui, elle a commencé à cause des mensonges de mon aîné et en voyant que celui-ci continue encore et toujours à me gonfler. Mais mon espoir est qu'un jour, tous ses mensonges soient révélés au grand jour. Pas par moi, plutôt par ses propres erreurs et ce jour-là, tout le monde verra le vrai visage de Julyann Reyes et...
J'espère pouvoir voir le visage dépité de mes géniteurs ce jour-là !
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*Abruti
**Au revoir, imbécile
Ⓒ 𝐒𝐓𝐎𝐑𝐃𝐈𝐀𝐍𝐘
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Salut ♥
Aïe, aïe, un nouveau chapitre tendu entre Côme et Flavia ! Et aussi entre Côme et Julyann.
Je suis tellement heureuse de vous retrouver tous les dimanches avec un nouveau chapitre à chaque fois, j'espère que mon histoire vous plaît actuellement.
D'ailleurs, que pensez-vous de Fight Feelings avec l'arrivée de ce chapitre 7 ?
Je vous dis à la prochaine fois pour un nouveau chapitre.
Avec tout mon amour.
Stordiany ♥︎
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