1. Conséquence

song : Human - Rag'n Bone Man

« Qui ne veut pas subir les conséquences de ses fautes doit éviter d'en commettre»

- 𝐄́𝐦𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐆𝐢𝐫𝐚𝐫𝐝𝐢𝐧

˗ˏˋ Cᴏ̂ᴍᴇ 'ˎ˗

Je plisse mes yeux sous les lumières aveuglantes présentes au-dessus de ma tête. Ça tourne, le monde tourne, laissant la gravité mettre mon estomac à rude épreuve. Je peux sentir sous mes pieds qu'elle se métamorphose en fichue toupie Beyblade.

Les images de la soirée torride passée avec la jeune fille du bar me reviennent subitement en tête. Sa bouche contre la mienne, son regard consumé par le diable qui me possédait. Son corps réagissant à chacun de mes gestes et ses ongles plantés dans mon dos lors de mes mouvements sensuels. Mais la chute a été terrible quand elle m'a étrangement comparé à un de ses fichus bad boys de bouquins. L'excitation est descendue aussi vite qu'elle est montée.

Un petit rire s'extirpe de mes lèvres tandis que je m'avachis sur la chaise en plastique à la couleur de merde.

Très grosse erreur de sa part !

Je n'aime pas l'amour, comme l'histoire du coup de foudre et ces conneries niaises de la vie. Mais surtout, l'élément que tous les films mettent en avant : le méchant et le gentil ; le mec au caractère de merde et l'allure de racaille qui a finalement un cœur de bisounours.

La vague d'incertitude qui trônait dans mon esprit s'évapore au fur et à mesure que les aiguilles de l'horloge située en face de moi avancent. L'alcool dans mon sang se dissipe, ce qui laisse enfin apparaître ce qui s'est passé pour que je me retrouve dans ce merdier : mon poing dans la gueule d'un mec. L'engagement d'un combat qui, comme toujours, a mal tourné. Lui à l'hôpital, moi sur l'une de ces chaises dégueulasses d'un des commissariats de Memphis.

Les menottes sur mes poignets me défoncent la chair au moment où je cherche à étaler mes jambes pour être plus à l'aise. C'est ça à chaque tombée de la nuit, je laisse l'euphorie des soirées résonner dans chaque parcelle de mon corps et après, quand l'alcool et la drogue redescendent, je me retrouve comme un con assis dans une de ces cellules miteuses.

L'envie de roupiller me prend les tripes, néanmoins, je ne laisse jamais Morphée m'emporter avec lui. Il prendrait plaisir à tirer les ficelles de mon cœur noirci par des rêves remplis de démons. Des démons qui m'ont condamné à perdre toute cohérence dans ma ligne de conduite.

J'ai longtemps demandé de l'aide. Or, ils ont tous tenté de me convaincre que je mentais, ce qui a laissé en moi une profonde blessure, désormais noircie par la peine et la rancœur.

Un crétin au visage durci et à l'uniforme noir où est inscrit « police » se poste devant moi. Je détaille un peu ses traits : ses cheveux noirs et gris avec un début de calvitie, ses iris sombres me regardent de haut, sans oublier sa mâchoire carrée, contractée.

— Tu comptes continuer à me mater ? raillé-je.

— Tu devrais arrêter de faire des bêtises. Ça fait déjà trois fois depuis le début de semaine, commente-t-il.

Je roule des yeux pour montrer que je me branle totalement de son avis et lui tends les menottes qui me lacèrent les poignets pour qu'il me libère enfin de cette fichue chaise. Un soupir d'aise s'échappe de mes lèvres quand je suis enfin délivré. Cependant, un goût amer traverse ma gorge ; s'il me détache, ça signifie que mes parents sont là.

La poisse...

Je connais assez ma mère et mon père pour savoir qu'ils vont me faire chier tout le long du trajet. Un long moment entre mon mal de tête et leurs hurlements, reproches ou rejets. La plupart du temps, je ne réponds pas et les laisse s'énerver seuls. Mais là, je ne suis pas d'humeur.

Ma langue glisse sur ma lèvre inférieure, sentant qu'elle est gonflée. Ce con ne m'a pas épargné. Le flash de son poing sur ma gueule me revient subitement et la cause est toute simple : l'argent.

Le monde fonctionne par des petits billets verts, au point où parfois, certains idiots deviennent totalement fous à l'idée d'en perdre. L'argent est la source de toutes les guerres, de tous combats et de tourments. Les pays se battent pour devenir les leaders mondiaux de demain et les gens souhaitent tout faire pour ne pas se retrouver sous les ponts.

Le flic me fait un signe de la tête, me demandant de le suivre vers l'accueil, où l'on m'attend. Je déambule dans le commissariat, les mains dans les poches de mon jean noir et la tête penchée en arrière.

Au fur et à mesure que j'avance, la lumière du jour me massacre la rétine et me force à plisser les yeux en soupirant. En vérité, ce n'est pas si difficile de remarquer mes géniteurs. Les cheveux de jais et bouclés de mon père – identiques aux miens – sont échevelés, prouvant la nuit courte que ma mère et lui ont dû avoir. Je me poste devant eux, et en remarquant les flammes dans leurs yeux cernés par la fatigue, mes lèvres s'étirent dans un sourire sarcastique.

— Pour une fois, nous avons un point commun. Des cernes aussi creux que mon avenir sur cette Terre, les provoqué-je avec nonchalance.

Ma mère se lève rapidement pour me faire face et sans que je comprenne quoi que ce soit, sa main vient violemment se loger contre ma joue. Je manque de perdre l'équilibre et me redresse, les poings serrés. L'adrénaline commence à martyriser mon corps. Mes poils se hérissent, ma mâchoire se contracte et je me rapproche dangereusement d'elle. Mon regard vert d'eau identique au sien se plonge dans un ring mental que je compte bien gagner. Or, mon père en décide autrement. Il intervient à tire-d'aile en se mettant entre nous.

— Tu te comportes comme un préado, Côme, alors que tu as vingt ans ! s'exclame ma mère.

— J'en ai rien à foutre de ton avis.

Sur ces mots, je pars récupérer mes affaires que l'on m'a confisquées à mon arrivée : téléphone, écouteurs, quelques billets et mes lunettes de soleil. Une fois le tout glissé dans ma poche, je me dirige vers l'extérieur en remontant la capuche de mon sweat noir sur ma tête et mes lunettes de soleil sur mon nez afin de me protéger au maximum des rayons du soleil tout juste levé.

Je me dirige vers la Volvo rouge de mon paternel et m'appuie contre celle-ci.

Quelques minutes plus tard, mes géniteurs sortent du commissariat. Mon père tente de calmer ma mère, mais celle-ci ne semble pas prête à se taire.

Dans ma famille, c'est elle qui mène la danse. Un caractère de merde et un travail de journaliste qui lui prend tellement de temps qu'elle en oublie ses proches. Du moins, jusqu'à l'appel du commissariat qui l'a informée que j'étais incarcéré.

Ses yeux plongent dans les miens pendant que j'augmente le son de ma musique dans mes écouteurs. Les phares qui s'allument me montrent que mon père a déverrouillé la voiture. Je n'attends pas une seconde : je fonce à l'intérieur.

Les jambes écartées et la tête appuyée contre la vitre, je suis littéralement affalé, bercé par "Watch me" de The Phantoms. Une chanson dynamique et assez puissante, mais qui n'égale pas les hurlements de ma génitrice.

Je retire un écouteur et les observe se batailler. Mon père la réprimande, elle encaisse et l'envoie chier en disant que comme toujours, il est trop cool avec moi.

— C'est tous les soirs que nous allons le récupérer à pas d'heure dans un commissariat ou au coin des rues insalubres de la ville. Enji, je n'en peux plus ! Je travaille, moi, et à huit heures, je dois être au boulot ! Je dois tout faire pour gérer cette famille ! Et si mon propre fils se met à jouer au délinquant pour je ne sais quelle raison, nous allons faire faillite. Donc il ira chez Julyann !

— Pourquoi ? Tu crois que je glande ? On sait tous les deux que c'est une mauvaise idée qu'il y aille ! renchérit mon père.

Je sais pertinemment qu'il ne cherche pas à me protéger, mais qu'il essaye plutôt de la dissuader de m'envoyer là-bas. Je le comprends, c'est sa façon de me préserver de ma noirceur. Je me noie dans des profondeurs aussi ténébreuses que mon propre cœur. J'ai beau avancer, marcher dans les rues à côté de ses abrutis qui se voilent la face, mon cœur n'est plus là, il est en erreur 404 depuis un bon bout de temps.

— Il ira chez Julyann ! conclut ma mère.

— Julyann est encore trop sensible pour que Côme le rejoigne.

—  Côme ira chez lui. Point.

—  Julyann pourrait recommencer, Olivia, et on fait comment là ? s'énerve mon père.

— Enji, tu n'es pas assez sévère avec lui, et moi, il ne m'écoutera pas. Je pense que c'est une bonne idée de l'envoyer chez son frère, car il arrivera sûrement à lui faire arrêter toutes ses conneries.

Mes poings se serrent lorsque je remarque la détermination de ma mère. Je suis allergique à tout ce qui s'apparente à l'autorité. Mais là, avec cette phrase, tout chez Julyann me répugne du plus profond de mon âme. Le pire, c'est que ma mère croit qu'il pourrait potentiellement me sortir de ce côté sombre qui me consume constamment. S'il y a bien une personne que je n'écouterai pas, c'est bien cet abruti.

Irrité, je tire sur l'écouteur coincé dans mon oreille et m'accroche à leurs sièges en plantant mes yeux dans ceux de ma génitrice, une ridule amère collée au visage.

— Jamais. Je. N'irais. Chez. Lui, affirmé-je.

— Côme, je ne te laisse pas le choix. Là, c'est la fois de trop ! s'exclame-t-elle en coupant court à la conversation.

Je mords l'intérieur de ma lèvre pendant que mon père tente de la persuader que c'est une mauvaise idée. Il craint tellement que je le rejoigne. Cependant, ma mère est sérieuse. Elle est prête à tout pour éviter que je gâche sa carrière, quitte à ruiner la petite vie tranquille de mon grand frère.

Très bien, man', tu veux jouer, nous allons jouer.

Tu veux me nuire, ça va se terminer comme la première fois, car je compte bien gagner !

Que le combat commence...

Ⓒ 𝐒𝐓𝐎𝐑𝐃𝐈𝐀𝐍𝐘



Salut ♥

Voici le tout premier chapitre du point de vue de notre cher Côme. Qu'en pensez-vous de ce personnage ?

Avez-vous une idée de ce qui pourrait se passer dans la suite de l'histoire ?

En tous cas, Côme vous réserve quelques surprises avec son côté badass ;)

Avec amour.

Stordiany ♥︎

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